Centrafrique : fin de mission pour les soldats français

Les derniers militaires français ont quitté la capitale, Bangui, ce jeudi 15 décembre 2022.Clap de fin de la coopération militaire entre Paris et Bangui. Les 47 derniers soldats français qui occupaient le camp militaire situé dans l’enceinte de l’aéroport M’Poko ont quitté la capitale centrafricaine ce jeudi 15 décembre pour rejoindre Libreville (Gabon).

Selon RFI, les clés du camp de Bangui-M’Poko ont été symboliquement rendues mardi 13 décembre au chef d’état-major de l’armée centrafricaine, le général Zéphirin Mamadou. La rétrocession du camp s’est faite dans la discrétion, mais à l’issue d’un processus « complètement transparent », souligne le média, citant les autorités françaises.

La France a plaidé pour que la base revienne à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca). Mais, il revient aux autorités centrafricaines de décider qui va occuper les lieux.

Les hommes de la compagnie paramilitaire privée russe, Wagner, qui occupent déjà un hangar dans l’enceinte de l’aéroport, pourraient bien hériter des lieux. Certains observateurs pensent aussi aux Rwandais, déployés au sein de la Minusca mais aussi de manière bilatérale.

« Une victoire de plus au compteur des panafricains qui luttent sur tous les terrains contre la recolonisation française de l’Afrique », s’est réjoui sur Twitter @K_Mythe2. Abondant dans le même sens, @SackoVeridique, qui remercie Dieu pour ce départ, estime que « l’Afrique va maintenant respirer en paix ». « Très bien ! Nous ne voulons pas des impérialistes », renchérit @Timothee_Mufutu.

@FilaFrancky n’est pas du même avis que ses prédécesseurs et affirme : « Force à vous et merci pour le soutien que vous avez fourni et que vous continuez à fournir ».

Le départ d’aujourd’hui vient clôturer un processus de désengagement entamé il y a de cela 18 mois. Paris a suspendu son accord de coopération militaire avec la Centrafrique en avril 2021, en raison de la présence des mercenaires russes de Wagner. Depuis lors, les missions ont été réduites au fil des mois. En octobre dernier, à l’officialisation de ce départ, il ne restait plus que 130 soldats français au sein d’une mission logistique.

Burkina : les Français invités à quitter la ville de Koudougou

L’ambassadeur de France à Ouagadougou, Luc Hallade a exhorté ses compatriotes à quitter dans l’urgence la ville de Koudougou (Centre-Ouest) à cause de la pression terroriste.Dans une note signée le 12 décembre dernier, le diplomate a appelé les ressortissants français à se « relocaliser à Ouagadougou ou Bobo-Dioulasso » et à éviter Koudougou, au regard de la pression des groupes djihadistes sur la 3e plus grande ville du Faso.

« Rester à Koudougou représente un risque important pour vous-mêmes mais aussi pour ceux qui pourraient devoir vous porter secours en cas de menace immédiate », a-t-il souligné, rappelant aux Français leur « sécurité prime sur toute autre considération ».

L’ambassadeur de France a justifié sa requête par les événements intervenus récemment à proximité (moins de 30km) de Koudougou qui montrent, selon lui, que la pression terroriste se fait de plus en plus forte et surtout proche.

Il fait référence aux alertes de regroupement de djihadistes dans la forêt de Tiogo, une commune rurale située à l’Ouest de la ville.

Luc Hallade a invité les ressortissants français « avec insistance » à rester à Bobo-Dioulasso ou Ouagadougou, surtout pendant cette période des fêtes de fin d’année. La note concerne « d’ailleurs le reste du pays (sauf Ouaga et Bobo), passé en zone Rouge (formellement déconseillée) depuis le coup d’Etat du 30 septembre dernier ».

« Si la situation devait évoluer favorablement, nous pourrons ensemble réexaminer cette demande de relocalisation. Mais dans l’immédiat, elle me paraît urgente et incontournable », a conclu le diplomate français.

A Washington, Addo s’inquiète de la « présence de Wagner » au Burkina

Après le Mali, la compagnie militaire privée russe Wagner, offrirait ses services au Burkina Faso.À Washington où il participe au sommet États-Unis – Afrique qui s’est ouvert le mardi 13 décembre, le président ghanéen Nana Akufo-Addo a affirmé que le Burkina Faso a fait appel aux services de la compagnie militaire privée russe, Wagner pour lutter contre les groupes jihadistes. 

« Aujourd’hui, les mercenaires russes sont à notre frontière nord. Le Burkina Faso a maintenant conclu un arrangement avec le Mali pour que les forces Wagner présentes dans ce pays puissent intervenir au Burkina.», a déclaré Nana Akufo Addo alors qu’il rencontrait mercredi 14 décembre le secrétaire d’État américain, Antony Blinken.

Selon le président sortant de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), « une mine dans le sud du Burkina » a été attribuée au groupe Wagner « en guise de paiement » de ses services.

Pour le chef de l’Etat ghanéen, « voir opérer » les mercenaires de Wagner « à notre frontière est particulièrement pénible pour le Ghana », soulignant la position ferme de son pays sur la guerre russo-ukrainienne.

« Outre le fait que nous n’acceptons pas l’idée que les grandes puissances fassent à nouveau de l’Afrique leur théâtre d’opération, nous avons une position particulière, que vous connaissez, sur la guerre en Ukraine, où nous avons été très clairs dans notre condamnation de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Par conséquent, la présence de ce groupe à nos frontières est un sujet d’inquiétude et de préoccupation considérable pour nous », a-t-il indiqué, espérant « avoir une occasion privilégiée de parler de ses implications » avec les autorités américaines.

Le gouvernement burkinabé n’a pas encore réagi aux déclarations du président ghanéen. Le Burkina Faso comme le Mali, la Guinée et le Soudan n’ont pas été invités au sommet Etats-Unis-Afrique en raison de leur instabilité institutionnelle. Ces quatre pays ont la particularité d’être dirigés actuellement par des juntes militaires.

Lutte contre le terrorisme au Bénin : une loi punit les militaires déserteurs

La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a désormais la possibilité de juger les militaires déserteurs ou refusant d’aller au front contre le terrorisme.Le Bénin veut s’assurer de la loyauté de ses soldats dans la lutte contre le terrorisme. Pour ce faire, les parlementaires béninois ont adopté à l’unanimité, le jeudi 08 décembre 2022, la loi n°2022 complétant la loi n°2018-16 du 28 décembre 2018 portant Code pénal en République du Bénin. Celle-ci prévoit la poursuite judiciaire des militaires qui refusent ou fuient les rangs de l’armée béninoise engagée dans le combat contre les jihadistes.

Cette loi modifiée comporte toutes les nouvelles dispositions insérées dans le texte, notamment celles relatives aux infractions spécifiques aux membres des Forces armées ou de sécurité publiques et assimilées.

En son article 2, elle donne compétence à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) de juger les infractions propres aux membres des forces armées ou de sécurité publique et assimilées.

« Il convient d’introduire dans le droit positif des dispositions visant à sanctionner toute personne coupable de désertion ou autres infractions connexes ou similaires : qui pourraient être commises par un membre des Forces de sécurité ou de défense régulièrement incorporé qui, sans droit, rompt le lien qui l’attache à son corps », souligne le rapport de la commission des Lois.

L’adoption de cette nouvelle disposition vise à renforcer la défense et la sécurité du Bénin en la dotant d’un arsenal juridique de définition et de répression des infractions spécifiques aux membres des Forces de défense et de sécurité.

Depuis novembre 2021, le Bénin a enregistré des attaques terroristes dans sa partie Nord. L’armée béninoise et les hommes de la police républicaine ont été déployés dans ces zones pour parer à la menace terroriste. 

Burkina : Le Président du Parlement de la transition à Bamako

Pour son premier voyage à l’étranger, Ousmane Bougouma a choisi le Mali où il va rencontrer le Chef de l’Etat, Colonel Assimi Goïta et participer à la clôture de la session du Conseil national de la Transition malien.Le président de l’Assemblée législative de transition (ALT), Dr Ousmane Bougma, accompagné d’une délégation de députés, est arrivé ce mercredi 14 décembre à Bamako, pour une visite de 72h, a rapporté le Parlement.

Il a été accueilli à l’aéroport par son homologue, le président du Conseil national de la transition, le Colonel Malick Diaw.

« Pour sa première sortie officielle, le Dr Ousmane Bougma a fait le choix du Mali, pour selon lui, renforcer les liens d’amitié entre ces deux peuples qui partagent une histoire et une géographie commune », a expliqué le Direction de la communication de l’ALT, précisant que le Dr Bougouma va rencontrer le président du Mali le colonel Assimi Goïta avant d’échanger avec la diaspora Burkinabè. Il participera aussi à la clôture de la session parlementaire du Conseil national de la Transition (CNT).

Ce voyage du président de l’ALT à Bamako alimente encore les débats sur les velléités de rapprochement entre Ouagadougou et Moscou.

Le capitaine Ibrahim Traoré avait également effectué sa première visite à l’étranger à Bamako où il avait parlé de lutte contre le terrorisme avec le colonel Assimi Goïta et de coopération avec la Russie, selon des sources concordantes.

L’armée nigériane a massacré des enfants dans sa guerre contre Boko Haram (média)

Des enquêtes menées par l’agence Reuters sur des opérations militaires contre le groupe jihadiste révèlent que des milliers d’adolescents ont été délibérément tués par des soldats.Cinq jours après avoir révélé le secret programme d’avortement forcé mené par l’armée nigériane contre des femmes et filles ayant eu des relations avec des membres de Boko Haram, l’agence Reuters charge à nouveau les forces de défense et de sécurité du pays. Dans une enquête publiée lundi 12 décembre, l’agence d’information anglaise, citant des témoins, affirme que « l’armée nigériane a massacré des enfants dans sa guerre contre les insurgés islamistes ».

« Plus de 40 soldats et civils ont déclaré à Reuters avoir vu l’armée nigériane tuer des enfants ou vu des cadavres d’enfants après une opération militaire. Les estimations s’élèveraient à des milliers », écrit l’agence.

Nos confrères soutiennent que des soldats et des gardes armés employés par le gouvernement leur ont déclaré que les commandants de l’armée leur avaient ordonné, à plusieurs reprises, de « supprimer » des enfants supposés collaborer avec des militants de Boko Haram ou de sa branche de l’État islamique, ou avoir hérité du sang contaminé de pères insurgés.

Des meurtres intentionnels de milliers d’enfants se sont ainsi produits avec une fréquence floue dans la région pendant la guerre, selon les témoins interrogés par Reuters. Cette dernière signale qu’elle n’a pas été en mesure de vérifier de manière indépendante chacune de ces estimations. Mais, précise-t-elle, les journalistes ont enquêté sur six incidents spécifiques et ont découvert, sur la base de témoignages oculaires, qu’au moins 60 enfants au total avaient été tués dans ces épisodes, le plus récent en février 2021.

Selon Reuters, la plupart des enfants des six actions menées par l’armée ont été abattus, certains dans le dos alors qu’ils fuyaient. Mais les soldats ont utilisé une gamme de méthodes pour tuer. Des témoins ont détaillé des cas spécifiques dans lesquels des soldats nigérians ont également empoisonné et étouffé des enfants.

« Les soldats ont dit qu’ils ont tué ces enfants parce qu’ils sont des enfants de Boko Haram », témoigne une mère de bébés jumeaux citée par l’agence anglaise.

Certains parents ont déclaré à Reuters qu’ils avaient été laissés à l’agonie parce que leurs enfants avaient été emmenés par l’armée et ne sont jamais revenus. Ils ne pouvaient pas être sûrs, ont-ils dit, si leurs enfants disparus depuis longtemps étaient morts ou vivants.

Ce travail est basé sur des entretiens avec 44 témoins civils ayant eu connaissance de meurtres et de disparitions d’enfants. Reuters a également interrogé 15 membres des forces de sécurité, des soldats, des miliciens locaux et des gardes armés, qui ont déclaré avoir participé ou observé des assassinats ciblés d’enfants.

Burkina : un capitaine soupçonné d’avoir détourné la paie des VDP

L’armée a dit enquêter sur les allégations de malversations financières et de détournements de deniers publics après des révélations du journal d’investigation L’Evenement.Un officier de l’armée Burkinabè, un capitaine, est soupçonné d’avoir détourné 400 millions FCFA destinés à des supplétifs civils, qu’il disait avoir mobilisés pour participer à l’opération « Laabingol 2 ».

Selon nos informations, il s’agit des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) du Centre-nord. Mais ces derniers n’ont rien reçu et s’en sont plaints aux moments des faits, sous la présidence du lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba.

Le bimensuel d’enquêtes s’est fait l’écho des malversations financières des fonds destinés aux VDP. Ainsi, il a fait cas des familles des supplétifs tombés au front qui n’ont pas reçu de prime pour l’inhumation des victimes alors que le Décret de juin 2020 fixe ce soutien étatique à 1.000.000 F Cfa en un versement unique.

L’autre avantage financier accordé aux VDP qui fait l’objet de rapace des militaires, c’est la prime forfaitaire d’invalidité, prévue par l’Article 05 dudit précité. Elle s’élève à 25.000 francs F Cfa et doit être versée chaque mois pendant cinq ans au soldat denu invalide. Parmi une dizaine de supplétifs civils blessés contactés par APA, aucun n’a reçu cette indemnité.

Le journal L’Évènement a révélé une autre niche d’enregistrement des Officiers de l’armée Burkinabè. Il s’agit des volontaires fictifs. La pratique consiste à augmenter faussement le nombre de VDP sous sa responsabilité afin d’en percevoir les primes. Elle a « permis à des Officiers de gagner en moyenne par mois au moins une dizaine de millions de francs CFA », a commenté le journaliste Serge Ata Oulon, auteur de l’article.

Entre 2020 et 2021, les supplétifs civils de l’armée ont coûté au budget de l’Etat plus d’d’un milliard 350 millions F Cfa, a relevé le bimensuel. Les frais de fonctionnement de l’ensemble des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) s’élevaient à 893.525.086 F Cfa en 2020. En 2021, ce montant était de 462.880.000  F Cfa.

« La gestion de ce pactole est aujourd’hui entachée par des odeurs de malversations et de détournement des frais de formation et d’alimentation, de fonctionnement mensuel des groupes de VDP, de la prime forfaitaire mensuelle d’invalidité, des frais d’inhumation, du soutien financier aux ayants droits des VDP décédés en opération, de VDP fictifs », a expliqué le M. Oulon.

Les volontaires occupent une place de choix dans la stratégie de lutte contre le terrorisme du capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir en fin septembre 2022 par un putsch. En octobre, il a lancé le recrutement de 50.000 supplétifs civils de l’armée qui a recueilli plus de 90.000 candidatures.

Mi-décembre, le gouvernement a annoncé la création d’un Fonds de soutien à l’effort de guerre, à hauteur de 100 milliards F Cfa, destiné à la prise en charge et à l’équipement des VDP.

Le capitaine Traoré veut « l’indépendance totale » du Burkina

Le président Ibrahim Traoré a, dans un bref discours diffusé samedi soir, affiché son optimisme quant à la victoire contre les jihadistes.Pour la 2e année consécutive, il n’y a pas eu de commémoration faste du 11-Décembre, marquant l’accession du Burkina Faso à l’indépendance. « L’heure n’est pas à la fête. Notre indépendance n’est pas acquise, parce que nos terres sont occupées. Notre économie est balbutiante et nos mains sont liées », a justifié le capitaine Ibrahim Traoré.

Au pouvoir depuis le 30 septembre 2022, il a estimé que le destin du pays a changé ce jour-là. « Le combat pour l’indépendance totale a commencé », a affirmé le président de la Transition. Il a indiqué que «ce combat passe par les armes, mais aussi par nos valeurs, nos comportements, le redressement de notre économie ».

Au sujet de la lutte armée contre « contre l’ennemi qui occupe nos terres », le capitaine Traoré a soutenu qu’elle est à son préambule. Il a exprimé sa reconnaissance aux unités engagées contre les jihadistes, qui « tiennent encore bon sur le terrain » depuis des mois.

Quant à la relance économique, le président de la Transition a souligné qu’elle passe forcément par la lutte contre la corruption. « Cette lutte également est enclenchée », a-t-il assuré.

« Afin que cette lutte soit menée par les Burkinabè pour libérer les terres du Burkina », le capitaine Traoré a demandé à la population de consentir plus de sacrifices et à rester « confiants, soudés et mobilisés » derrière les forces combattantes contre le terrorisme.

Le chef de l’Etat a appelé à un changement de comportement et a salué l’élan de solidarité naissant « des Burkinabè qui ont accepté de nous donner leurs camions pour aller ravitailler des Burkinabè » dans plusieurs localités sous blocus des groupes jihadistes. 

De même pour l’encadrement et la formation des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), le capitaine Traoré a indiqué que l’armée a reçu des dons de toutes natures allant des vivres aux équipements et aux travaux d’infrastructures.

Pour lui, « l’espoir est permis ». « Notre lutte ne s’arrêtera que lorsque tous les enfants du Burkina Faso mangeront à leur faim et dormiront tranquillement dans leur pays », a conclu le tombeur du lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba. 

La crise sécuritaire que traverse le Burkina depuis 2015 a provoqué le déplacement de près de deux millions de personnes et fait des milliers de victimes civiles et militaires.

Burkina : l’armée reprend une ville à la veille de l’indépendance

Les Forces armées nationales du Burkina Faso ont lancé plusieurs opérations de reconquête du territoire national, selon des sources sécuritaires.« La ville de Solenzo est désormais entre nos mains. Nous avons sécurisé tous les secteurs. Il nous reste quelques voies d’accès », a affirmé à APA, ce samedi en début de soirée, un officier de l’armée Burkinabè.

Il confirmait ainsi, des images diffusées par l’Agence d’informations du Burkina (AIB) faisant cas de la libération des mains des djihadistes, de la ville de Solenzo, chef-lieu de la province des Banwa, dans la Boucle du Mouhoun.

« Le drapeau national flotte à nouveau à Solenzo, à la veille de commémoration d’indépendance (11 décembre 1960). Les soldats de « l’opération Solenzo » poursuivent leurs actions contre les terroristes qui avaient pris le contrôle total de la ville depuis plusieurs mois », a expliqué le rédacteur en chef de l’AIB, Apollinaire Tilado Abga.

Début septembre 2022, des membres du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) terroristes avaient installé leur quartier général dans la résidence du Haut-commissaire des Banwa, à Solenzo, selon des images largement partagées sur les réseaux sociaux. Dans la foulée, l’armée avait informé que des dispositions seraient prises pour rétablir la sécurité et la quiétude dans la province,

Plusieurs sources ont indiqué que le drapeau national rouge jaune vert flotte à nouveau au Haut-commissariat de Solenzo. Elles ont ajouté que cette prouesse de l’armée a été réalisée après une dizaine de jours de combats menées par des forces spéciales. Au cours des affrontements, près d’une « soixantaine de djihadistes ont été neutralisés, des plots logistiques détruits et du matériel de guerre récupéré ».

Plusieurs opérations de reconquête du territoire national sont en cours, selon des sources sécuritaires. Depuis plus de sept ans, cet État Sahel est confronté à une crise sécuritaire menée par plusieurs groupes jihadistes

Sahel : libération d’un otage allemand enlevé depuis 2018

Jörg Lange, un humanitaire allemand de 63 ans détenu depuis 2018 au Sahel, va retrouver les siens.Jörg Lange arrive au bout de sa traversée du désert. Ce samedi 10 décembre, la directrice générale de l’ONG Help a fait état de la libération de son collaborateur allemand, détenu depuis plus de quatre années au Sahel, une région comprenant les territoires bordant le Sahara et dans laquelle opèrent plusieurs groupes jihadistes.

« Nous sommes très soulagés et reconnaissants que notre collègue Jörg Lange, après plus de quatre ans et demi, puisse retourner auprès de sa famille », estime la directrice générale de Help, Bianca Kaltschmitt, dans un communiqué.

Elle remercie « vivement toutes les personnes qui ont contribué à cette libération ou qui l’ont soutenue, en particulier la cellule de crise du ministère des Affaires étrangères, la police criminelle, ainsi que les autorités et des amis au Mali, au Niger et dans les pays voisins ».

Jörg Lange avait été enlevé le 11 avril 2018 dans l’ouest du Niger par des hommes armés à moto près d’Ayorou, dans une région frontalière du Mali en proie à des attaques jihadistes récurrentes. Son chauffeur nigérien avait été libéré peu de temps après, selon certaines sources.

Au moins quatre otages occidentaux sont encore détenus au Sahel, selon un décompte ne recouvrant que les cas rendus publics par leur entourage ou leur gouvernement : le Français Olivier Dubois, enlevé le 5 mai 2021, l’Américain Jeffery Woodke (14 octobre 2016), l’Australien Arthur Kenneth Elliott (15 janvier 2016) et le Roumain Iulian Ghergut (4 avril 2015).

Un autre Allemand, le père Hans-Joachim Lohre, dont on est sans nouvelles depuis fin novembre, est largement considéré comme ayant été enlevé, bien qu’aucune revendication n’ait été rapportée, selon l’Agence France-Presse (AFP).

Burkina : Plus de 100 milliards de FCFA pour la prise en charge des VDP

Le gouvernement a annoncé la création d’un Fonds de soutien à l’effort de guerre contre les groupes jihadistes.L’annonce de la mise en place d’un Fonds d’appui à l’effort de guerre a été faite lors d’une rencontre entre le capitaine Ibrahim Traoré et les partenaires sociaux, tenue ce vendredi 9 décembre 2022, à Ouagadougou, a rapporté la Présidence du Faso.

« Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le gouvernement a décidé de recruter 50 000 volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Ces VDP seront payés à 60 000 FCFA par mois et par personne; ce qui doit mobiliser 36 milliards FCFA par an pour leur prise en charge », a justifié le ministre de l’Economie, Aboubacar Nacanabo.

Il a également expliqué que les VDP doivent être équipé en armes, en tenues de guerre, en engins et en carburant pour le déplacement. « Tout cela est évalué à 106 milliards FCFA », a ajouté Dr Nacanabo.

Pour alimenter ce Fonds, le gouvernement a proposé plusieurs sources de financement endogènes. Il s’agit entre autres, de la contribution volontaire de chaque Burkinabè, du prélèvement de 1% sur le salaire net des travailleurs du public, du privé, des députés, des taxes sur certains produits de grandes consommations, exceptés les produits de première nécessité. « Les produits concernés sont, entre autres, la boisson, le tabac, la connexion Internet, les produits de cosmétique et la parfumerie », a précisé la Présidence.

La contribution de certaines sociétés d’État comme l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP), la Loterie nationale du Burkina (LONAB), le fonds minier de développement local, sera également sollicitée.

A ce niveau, « nos estimations nous amènent à 80 milliards FCFA, mais nous pourrons faire des efforts au niveau du budget de l’Etat pour le complément », a ajouté le ministre Nacanabo.

Pour garantir une gestion transparente du Fonds de soutien à l’effort de guerre, le gouvernement envisage de créer un site Web pour publier toutes les informations de façon continue sur la collecte des fonds et les dépenses, et de mettre en place un comité de gestion.

« Ce comité sera composé de personnes de bonne moralité, des organisations syndicales, du REN-LAC, de l’Autorité supérieure du contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE/LC) », a assuré le ministre.

En mi-novembre, le capitaine Ibrahim Traoré, avait mis en place un « comité de collecte des contributions de toutes les bonnes volontés pour accompagner l’effort national » dans la lutte contre le jihadisme.

Burkina : des hommes armés incendient des camions-citernes

Les véhicules avaient quitté un convoi escorté par l’armée burkinabè.De retour d’une mission de ravitaillement de la mine d’or d’Essakane dans le Sahel, des camions citernes ont été attaqués par des hommes armés, jeudi 8 décembre 2022 en fin d’après-midi. Plusieurs sources concordantes ont précisé à APA que l’incident s’est produit entre Ouanobian et Naré, dans la région du Centre-nord, notamment sur l’axe Dori-Kaya.

Le bilan fait état de plusieurs camions-citernes incendiés, plus d’une soixantaine précisément selon des passagers qui ont emprunté l’axe suite à l’incident. Des chauffeurs ont été blessés, d’autres portés disparus. « De nombreux conducteurs ont rejoint Tougouri à pied, plusieurs autres sont injoignables pour l’instant », ont indiqué nos sources.

« Les camions (ciblés) sont incendiés hors convoi. Après le départ de l’escorte, une cinquantaine de citernes ont quitté Essakane pour Dori (dans le Sahel). Arrivés à Dori, ils ont trouvé que l’escorte était déjà partie mais ils ont continué sans les militaires en espérant les rattraper. C’est après l’explosion d’un engin explosif qui a coûté la vie à un soldat que l’information est parvenue à l’escorte dont une partie a fait demi-tour pour gérer la situation », a expliqué Wendpouire Charles Sawadogo, observateur des mouvements djihadistes au Burkina.

L’axe Dori-Kaya est régulièrement le théâtre d’incidents liés aux groupes armés non étatiques.

Les USA et le Maroc encouragent les pays méditerranéens et africains à adhérer à l’Initiative PSI

Les États-Unis d’Amérique et le Maroc ont encouragé tous les pays méditerranéens et africains à adhérer à l’Initiative de sécurité contre la prolifération (PSI) et à prendre part aux futurs événements liés à la PSI.Dans un communiqué conjoint du Département d’Etat US et du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, rendu public suite à la clôture de la Réunion de la PSI pour l’Afrique du Nord, tenue du 6 au 8 décembre à Tanger, Washington et Rabat ont invité « tous les pays méditerranéens et africains qui n’ont pas encore adhéré à l’Initiative de sécurité contre la prolifération à le faire et à participer aux futurs événements liés à la PSI ».

La Réunion de Tanger, « la première du genre dans la région », a démontré le partenariat et les engagements pour contrer les menaces des armes de destruction massive (ADM) dans la région, souligne la même source.

« Durant trois jours, des responsables civils et militaires de dix gouvernements ont passé en revue les tendances en matière de prolifération des ADM, les instances juridiques internationales et nationales liées à l’interdiction des ADM et les questions relatives à l’arrêt et à l’inspection des cargaisons transportant de présumées ADM, de leurs vecteurs et des matériaux connexes », explique le communiqué.

Selon la même source, l’événement comprenait également des exposés d’experts, un exercice de simulation basé sur un scénario, en plus d’une visite au port de Tanger Med pour observer une inspection de cargaisons.

La PSI a été créée en 2003 afin d’arrêter ou d’entraver les transferts d’armes de destruction massive, de leurs vecteurs et des matériels connexes à destination et en provenance des États et des acteurs non étatiques suscitant des inquiétudes en matière de prolifération.

A ce jour, 107 États ont approuvé la déclaration des principes d’interception de la PSI et se sont engagés à prendre des mesures efficaces pour interdire les transferts d’ADM conformément à la législation nationale et aux obligations internationales, à adopter des procédures simplifiées pour un échange rapide d’informations et à renforcer les lois et cadres nationaux et internationaux pertinents.

Burkina : les télécommunications ciblées par les jihadistes

La destruction des installations des compagnies de téléphonie mobile par les jihadistes est une «stratégie» pour couper ces zones du reste du pays.Dans la nuit du jeudi 24 au vendredi 25 novembre 2022, des hommes armés affiliés au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) ont fait irruption dans le village de Ouo, sur l’axe Banfora-Gaoua, dans la Comoé, à l’ouest du pays. Selon des sources concordantes, ils ont saccagé des édifices publics et vandalisé des installations de compagnies de téléphonie mobile.

Un technicien en maintenance en téléphonie a fait savoir que les assaillants ont coupé les câbles, dynamité les batteries et les plaques solaires servant à alimenter l’antenne et saccagé le dispositif de transmission du réseau, coupant ainsi le village de Ouo du reste du monde.

La femme de Bernard Zango est agente de santé dans la localité. « Lorsque j’ai appris la nouvelle de l’attaque à travers les réseaux sociaux, j’ai tenté de l’appeler sans succès. C’est 48 heures plus tard, qu’elle s’est rendu dans un autre village à une trentaine de kilomètres pour me donner de ses nouvelles », a dit le laborantin en santé publique à APA.

553 sites de téléphonie mobile hors service  

Le saccage des infrastructures de télécommunication fait désormais partie du mode opératoire des jihadistes à chaque incursion dans une localité. Observateur des mouvements jihadistes au Burkina, Wendpouiré Charles Sawadogo a indiqué que le phénomène s’est amplifié « depuis bientôt plus d’une année », au gré des attaques des groupes armés non étatiques.

Au total 293 antennes téléphoniques ont été saccagées par les insurgés islamistes à la date du 28 novembre 2022, selon les données de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP). Ces actes de vandalisme ont mis hors service 553 sites de téléphonie mobile.

Toutes les régions du pays sont concernées par ces actes de saccage, à l’exception de la région des Cascades, a affirmé notre source à l’ARCEP. Elle a précisé que les zones les plus touchées sont le Sahel, l’Est et la Boucle du Mouhoun.

Habitante de Manni à l’Est du pays, Awa Lankoandé a témoigné de son calvaire pour communiquer avec ses proches. « A Manni, cela fait maintenant plus de trois mois que nous souffrons. Tantôt le réseau est là, tantôt c’est parti. Pour joindre nos familles, c’est par coup de chance » a-t-elle déploré.

La destruction des antennes téléphoniques est en réalité une « stratégie de contrôle entier » des zones sous le joug des groupes armés, a estimé M. Sawadogo. « Ils ont besoin de cet isolement des zones du reste du pays pour mieux exercer leurs activités », a-t-il ajouté.

L’isolement de ces localités annihile les efforts des populations à contribuer à la lutte contre le terrorisme. Les membres des groupes jihadistes « coupent les réseaux téléphoniques pour que les gens n’arrivent pas à communiquer avec les autorités », a soutenu le journaliste spécialiste des mouvements djihadistes, Wassim Nasr, sur France24 en octobre 2022. Ce qui rend impossible les alertes, les messages et informations que les civils partagent avec l’armée.

« Conséquences désastreuses »

Si les jihadistes ont aussi besoin de réseau « pour contacter leurs complices qui sont dans les villes et effectuer des transactions mobile money », ils utilisent plus les « Talkie-Walkie » comme moyen de communication entre eux, a confié M. Sawadogo.

Wendpouire Charles Sawadogo a souligné des « conséquences énormes » pour les économies locales. Il a fait savoir que les destructions des pylônes de téléphonie bloquent les transactions monétaires mobiles entre la localité et le reste du pays. « Le taux de bancarisation au Burkina Faso est extrêmement faible. La quasi-totalité de la population utilise le mobile money (…). Ceux qui sont dans les zones relativement sécurisées ne peuvent pas souvent apporter une aide à leurs parents, même s’ils le veulent », a indiqué l’observateur des mouvements jihadistes au Burkina.

« Même se ravitailler, cest tout un problème. Il y a quelques jours, un résident (d’une localité) m’expliquait qu’il ne pouvait rien payer, faute d’argent  et que ses parents vivant à Ouagadougou ne peuvent pas l’aider, à cause du problème de réseau », a témoigné Wendpouiré Charles Sawadogo.

Notre source au sein de l’ARCEP a décrit une « situation catastrophique » sur le plan des investissements pour les compagnies de téléphonie mobile. « En effet, pour ériger et rendre fonctionnelle une seule antenne, ou pylône téléphonique (une BTS), il faut investir près de 100 millions FCFA. Cela donne une idée sur la perte sèche des opérateurs sans oublier la perte du retour sur investissement », a-t-elle confié, appelant les autorités à mieux sécuriser les infrastructures des compagnies de téléphonie mobile afin de protéger les investissements des entreprises et permettre aux populations de profiter de toutes les opportunités qu’offre la télécommunication. 

Burkina Faso : vers de nouvelles de compétences pour les VDP

Le gouvernement va soumettre à l’Assemblée législative de transition un projet de loi, élargissant le domaine d’intervention des supplétifs civils de l’armée.Le Conseil des ministres du gouvernement burkinabè a adopté, mercredi 7 décembre 2022, un avant-projet de loi portant institution de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Ce projet de loi introduit la possibilité de recruter des supplétifs armés au niveau national pour aider à la lutte contre le terrorisme.

Le gouvernement a indiqué qu’il s’agit d’une relecture de la loi de janvier 2020. Celle-ci stipule que les VDP doivent servir et résider dans leurs communes, villages ou secteurs. 

« Le nouveau projet de loi permet désormais de faire des aménagements, essentiellement de prendre en compte la compétence territoriale des VDP. Avec la loi de 2020, leur compétence territoriale était limitée aux communes », a expliqué Mahamoudou Sana, ministre délégué en charge de la Sécurité.

Il a souligné qu’avec le nouveau projet de loi, le gouvernement pourra recruter des VDP nationaux « pour qu’ils puissent agir sur l’ensemble du territoire national ».

En octobre dernier, le gouvernement du Faso a lancé le recrutement de 50.000 supplétifs civils de l’armée. Au terme du processus, plus de 90.000 candidatures ont été enregistrées.

« L’élément nouveau, c’est qu’il s’agit de l’aménagement de certaines matières. Ce qui va permettre de donner une base juridique à la Brigade de veille pour la défense de la patrie (BVDP). Le projet va aussi permettre d’améliorer certaines conditions des VDP », a insisté le ministre délégué en charge de la Sécurité.  

Burkina : l’armée se dote de nouvelles bases aériennes

Le président Ibrahim Traoré a signé, lundi 05 décembre 2022, plusieurs décrets portant réorganisation de l’armée, rendus publics ce mercredi.De nouvelles bases aériennes ont été créées au sein de l’armée de l’air du Burkina Faso, notamment à Fada N’Gourma (Est) et à Kaya (Centre-Nord), des régions durement éprouvées par le terrorisme.

La base stationnée à Fada N’Gourma s’appelle « base aérienne 111 (BA 111) » et celle de Kaya est dénommée « base aérienne 134 (BA 134) ».

Les deux bases seront chargées « de la préparation opérationnelle des personnels et matériels en mesure de participer à l’exécution des missions dévolues à l’armée de l’air », ont précisé les décrets présidentiels parcourus par APA.

Elles seront commandées par des officiers de l’armée de l’air, nommés par le président du Faso, en l’occurrence le capitaine Ibrahim Traoré. Ils seront assistés par des commandants en second.

La création de ces deux bases porte à quatre le nombre de bases aériennes dont l’une à Ouagadougou et l’autre à Bobo-Dioulasso.

Le capitaine Traoré a signé deux autres décrets portant nomination d’officiers.

Le premier a nommé le colonel-major Célestin Simporé Commandant des opérations du théâtre national (COTN). Jusque-là, il était Chef d’état-major général des armées adjoint. Il remplace le lieutenant-colonel Yves Bamouni, réputé proche du président déchu Paul-Henri Damiba.

Quant au second, il porte sur la nomination du colonel Céleste Coulibaly, commandant du Centre intégré des opérations. Ancien aide de camp du président Blaise Compaoré, il avait été nommé en mars dernier, chef de la division Opérations.

Depuis la prise du pouvoir en fin septembre 2022, le président Traoré a nommé ses proches dans plusieurs postes de responsabilités au sein l’armée.

Nigéria : vaste campagne d’avortements illégale menée par l’armée

L’armée nigériane a interrompu illégalement les grosses de milliers de femmes et de jeunes filles ayant eu des relations avec des jihadistes de Boko Haram durant leur période de captivité, selon une enquête de Reuters.Les femmes et filles victimes d’enlèvement par le groupe armé Boko Haram dans le Nord-Est du Nigéria ont vécu un second drame après leur libération par l’armée nigériane. Dans une enquête publiée le 7 décembre, l’agence Reuters révèle que plusieurs d’entre elles ont été forcées de mettre un terme à leurs grossesses issues de leur relation avec les jihadistes.

« Depuis au moins 2013, l’armée nigériane a mené un programme d’avortement secret, systématique et illégal dans le nord-est du pays, mettant fin à au moins 10 000 grossesses de femmes et de filles. Beaucoup avaient été enlevées et violées par des militants islamistes », informe l’agence anglaise.

La plupart des avortements ont été pratiqués sans le consentement de la personne concernée, et souvent à son insu, selon les témoignages recueillis par Reuters qui précise que les victimes étaient enceintes de quelques semaines à huit mois, et certaines n’avaient que 12 ans. « Les récalcitrantes ont été battues, tenues sous la menace d’une arme ou droguées pour qu’elles obtempèrent », soutient l’agence de presse.

Cette enquête s’appuie sur des entretiens avec 33 femmes et jeunes filles qui disent avoir subi un avortement alors qu’elles étaient détenues par l’armée nigériane. Une seule a déclaré avoir donné librement son consentement.

Les journalistes de Reuters ont également interrogé cinq agents de santé civils et neuf membres du personnel de sécurité impliqués dans le programme, notamment des soldats et d’autres employés du gouvernement, tels que des gardes armés chargés d’escorter les femmes enceintes vers les sites d’avortement. En outre, Reuters a examiné des copies de documents militaires et de registres d’hôpitaux civils décrivant ou comptabilisant des milliers de procédures d’avortement.

L’existence d’un tel programme géré par l’armée n’avait jamais été signalée auparavant. Reuters affirme que la campagne avait pour base la tromperie et la force physique à l’encontre des femmes qui étaient maintenues en détention militaire pendant des jours ou des semaines.

Par ailleurs, signale le média anglais, trois soldats et un garde ont déclaré qu’ils assuraient couramment aux femmes, souvent affaiblies par leur captivité dans la brousse, que les pilules et les injections qu’ils leur donnaient étaient destinées à leur rendre la santé et à combattre des maladies telles que le paludisme. Dans certains cas, les femmes qui résistaient étaient battues, battues à coups de bâton, tenues en joue ou droguées pour qu’elles obéissent. Selon un garde et un agent de santé, d’autres ont été attachées ou maintenues au sol pendant qu’on leur injectait des médicaments abortifs.

Dans un document cité par Reuters, l’Armée nigériane nie l’existence de ce programme et qualifie l’enquête d’ « insulte aux Nigérians et à leur culture ».

Le rapt des femmes et jeunes filles dans le Nord-Est du Nigéria est devenu une pratique courante des groupes armés et jihadistes qui opèrent dans la région. L’enlèvement, en avril 2014, de 200 lycéennes dans leur établissement scolaire, à Chibok, dans le nord-est du pays, par Boko Haram avait ému et indigné le monde entier et déclenché une campagne réclamant leur libération portée par de grandes personnalités comme Michelle Obama à travers le slogan : « Bring back our girls (Ramenez nos filles) ».

RDC : au moins 131 civils tués par le M23 (ONU)

Depuis plusieurs années, l’Est de la République démocratique du Congo est le théâtre de violences de groupes armés.Une enquête préliminaire de la Mission  des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du  Congo (Monusco) et du Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits  de l’Homme (BCNUDH) affirme qu’au moins 131 civils (102 hommes, 17  femmes et 12 enfants) ont été tués les 29 et 30 novembre dernier dans l’Est de la RDC.

Faute de pouvoir  accéder aux villages concernés, les enquêteurs des Nations Unies  n’écartent pas une évolution de ce bilan alors que le gouvernement  accuse le M23 d’avoir tué au moins 272 civils lors de ces assauts.

Selon  le communiqué de la mission onusienne publiée mercredi 7 décembre, ces  actes ont été perpétrés à Kishishe et Bambo, deux villages du territoire  de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, « dans le cadre d’une  campagne de meurtres, de viols et d’enlèvements et de pillages contre  ces deux villages en représailles à des affrontements entre le M23 et  les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR-FOCA) et des  groupes Mayi-Mayi Mazembé et Nyatura Coalition des mouvements pour le  changement ».

« Les victimes ont été  exécutées arbitrairement par balle ou à l’aide d’armes blanches »,  indiquent les enquêteurs de l’Onu qui ont également recensé « huit  personnes blessées par balles et 60 autres enlevées », tandis que « 22  femmes et cinq filles ont été violées ».

Sous  l’égide de la Communauté économique des Etats d’Afrique australe (SADC),  des pourparlers sont en cours  au Kenya pour le rétablissement de la  paix dans l’est de la RDC. Absents des réunions qui se sont tenues à  Nairobi, les rebelles du M23 ont accepté un cessez-le-feu. Les  présidents rwandais, congolais ont pris part aux travaux par  visioconférence et ont souhaité le retour d’une paix durable dans l’est  de la RDC. Paul Kagamé s’est félicité « de la réponse rapide de la  région » et des « mécanismes mis en place pour sauver des vies dans  l’Est de la RDC ».

Début novembre,  les Etats-Unis ont accusé le Rwanda de soutenir le M23. Des accusations  auxquelles le ministre rwandais des Affaires étrangères, Vincent Biruta a  répondu, affirmant que « les Etats-Unis ont une vision erronée et  malavisée du conflit ».

Guinée : la Cedeao recadre la junte sur le début d’exécution de la transition

Alors que le pouvoir de Conakry fixe le début d’exécution de la transition à janvier 2023, la Cedeao estime qu’elle doit démarrer immédiatement.La soixante-deuxième session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui s’est tenue le 04 décembre 2022 à Abuja, au Nigeria a livré ses grandes décisions concernant la Guinée et les autres pays en transition.

Alors que le président de la transition de la République de Guinée avait annoncé que le début d’exécution des 24 mois de la durée de la transition allait commencer en janvier 2023, la Conférence des chefs d’Etat de la Cédéao a tranché à l’issue de son 62e sommet.

Si l’organisation sous-régionale s’est félicitée du calendrier consolidé de transition de 24 mois, couvrant les dix (10) points prioritaires pour les autorités de transition, conjointement avec les experts de la Cédéao, elle insiste que sur le fait que « la mise en œuvre du calendrier de 24 mois commence immédiatement et non à une date ultérieure », comme l’avait indiqué le président de la transition guinéenne Mamadi Doumbouya fin octobre dernier, date de la mise en place de l’accord.

Levée graduelle des sanctions 

La Conférence demande instamment aux autorités guinéennes de tenir un dialogue national incluant l’ensemble des acteurs politiques sans exception, et de garantir la sécurité et la liberté de tous les participants. Les Chefs d’État et de Gouvernement expriment leur soutien au dialogue et se disent disposés à en faciliter la tenue dans leurs pays, si nécessaire précise la Cédéao.

Par ailleurs, la Conférence instruit la Commission de soutenir le dialogue national inclusif et appelle les partenaires internationaux à soutenir le processus de transition avec les ressources matérielles, financières et techniques nécessaires.

Ce sommet n’a pas été qu’une suite de mauvaises nouvelles pour les autorités de la transition guinéenne. Sous sanctions de la Cédéao depuis le 5 septembre 2021, elles seront graduellement levées selon la conférence des chefs d’Etat. Car à l’issue de ce sommet, elle a « instruit le Président de la Commission Dr Omar Alieu Touray, de veiller au respect des décisions relatives à la Guinée et de proposer au Président de la Conférence la levée progressive des sanctions économiques et financières imposées aux autorités de transition de cet Etat membre » a indiqué la Cédéao dans son communiqué final.

Burkina : la Cédéao « très préoccupée » par la situation sécuritaire

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) appelle à des actions urgentes pour appuyer le Burkina Faso dans ses efforts visant à éradiquer les attaques terroristes sur son territoire.Au Burkina Faso, la situation sécuritaire se dégrade au fur et à mesure que les jours passent. Les attaques des groupes jihadistes sont devenues presque quotidiennes au grand dam des populations civiles, principales victimes de ces assauts des insurgés. Cette situation ne laisse pas indifférente la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Lors de sa soixante-deuxième session ordinaire, tenue dimanche à Abuja, la capitale nigériane, la Conférence des chefs d’Etats de l’organisation sous régionale « exprime sa vive préoccupation face à l’aggravation de la situation sécuritaire régionale créée par la recrudescence et l’expansion des attaques terroristes et leurs conséquences humanitaires ».

L’organisation communautaire se dit « en particulier très préoccupée » par la situation sécuritaire au Burkina Faso et ses potentielles conséquences sur les pays côtiers. Partant de là, elle appelle à des actions urgentes pour appuyer le Burkina Faso dans ses efforts visant à éradiquer les attaques terroristes dans ce pays miné par l’insécurité.

La Conférence souligne l’urgence d’accélérer la mise en œuvre du Plan d’actions prioritaires 2020-2024 de la Cédéao pour éradiquer le terrorisme, notamment par une amélioration de la mobilisation des ressources et un renforcement des capacités opérationnelles et logistiques de la région pour mieux mener la lutte antiterroriste.

Les Chefs d’Etat et de gouvernement ont, en outre, réitéré leur engagement en faveur de la mise en œuvre effective du Plan d’Actions Prioritaires 2020-2024 de la Cédéao pour éradiquer le terrorisme dans la région, tel qu’adopté lors de leur 56e session ordinaire tenue le 21 décembre 2019 à Abuja.

Dans cette perspective, ils s’engagent à verser de toute urgence leurs contributions d’un milliard de dollars au Fonds régional de lutte contre le terrorisme créé à cet effet.

Face à la multiplication des initiatives visant à combattre les groupes armés, la Conférence a souligné l’impérieuse nécessité d’une meilleure coordination et d’une harmonisation plus structurée des différentes initiatives de lutte contre le terrorisme dans la région, sous l’égide de la Commission de la Cédéao, afin de créer davantage de synergies et de mutualiser les ressources disponibles. 

Crise en RDC, une approche « erronée », selon Kigali

Le Rwanda a critiqué la position « malavisée » des Etats-Unis dans la lutte contre la crise sécuritaire qui secoue actuellement l’est de la République démocratique du Congo (RDC).Le ministre rwandais des Affaires étrangères, le Dr Vincent Biruta, a condamné mardi ce qu’il a appelé l’approche « erronée et malavisée » de la communauté internationale dans sa gestion du conflit qui fait rage dans la région orientale de la RD Congo.

Le haut diplomate rwandais réagissait après les entretiens de lundi entre le Président Paul Kagamé et le Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken sur les efforts actuels pour apporter la paix et la stabilité en RDC et dans toute la région d’Afrique centrale.

Selon le haut fonctionnaire rwandais, l’approche erronée et malavisée de la communauté internationale continue d’exacerber le problème en prenant parti alors que la neutralité aurait engendré plus de confiance entre les parties prenantes.

« L’ingérence et les diktats extérieurs dans les efforts régionaux et continentaux servent à soustraire la RDC de toute responsabilité et l’encouragent à ne pas respecter les engagements pris dans le cadre des processus en cours », a déclaré le Dr Biruta.

Selon lui, le groupe rebelle M23 ne doit pas être lié au Rwanda. « Ce n’est pas au Rwanda de résoudre ce problème », a-t-il déclaré.

En outre, le Dr Biruta a rappelé que la position du gouvernement rwandais reste que ses propres préoccupations en matière de sécurité doivent être traitées, en particulier lorsque d’autres parties prenantes ne se sentent pas obligées de s’impliquer sérieusement.

Il a ajouté que son pays continuerait à jouer un rôle constructif dans l’intérêt de la région au sens large. Un gel diplomatique persiste entre Kigali et Kinshasa, les deux parties s’accusant mutuellement de soutenir les rebelles de l’autre.

La RD Congo affirme que le Rwanda a aidé et encouragé les rebelles du M23 dans leur offensive dans l’est du pays, une allégation que Kigali a démentie.

Plusieurs tentatives de médiation pour mettre fin à la méfiance mutuelle, dont plusieurs pourparlers négociés par le président français Emmanuel Macron et son homologue angolais, n’ont pas abouti aux résultats escomptés.

Burkina : Condamnation des appels au meurtre de journalistes

Plusieurs journalistes ont exprimé leur solidarité à leurs confrères.Le gouvernement a condamné, lundi après-midi, les appels à meurtre de journalistes, suite aux comptes rendus de la rencontre entre le capitaine Ibrahim Traoré et la société civile et la suspension de RFI dans le pays.

Dans une vidéo, à visage découvert,  Mohamed Sinon, l’un des responsables du Collectif des leaders panafricains a appelé, dimanche, via le réseau social Whatsapp, à « tuer » des hommes de médias qu’il a accusé d’être « des ennemis internes (…) et des complices » de la France. Il a nommément cité les journalistes Newton Ahmed Barry et Alpha Barry, fondateur du groupe Oméga Médias ainsi que leurs familles. D’autres membres de la même organisation ont appelé à s’en prendre à Lamine Traoré, journaliste à Oméga Média.

Les membres du Collectif qui affichent leur proximité avec le capitaine Traoré ont reproché à Oméga Média d’avoir révélé que le président a confirmé une tentative de coup d’Etat lors d’une rencontre avec la société civile.

Quant à Newton Ahmed Barry, les « leaders panafricains » l’ont accusé d’être un « complice » de la France lorsque le journaliste a jugé « illégale » la mesure de suspension des programmes de RFI au Burkina Faso.

Dans un communiqué, le porte-parole du gouvernement, Jean-Emmanuel Ouédraogo s’est inquiété de la « surenchère verbale » et des « dérives de langage » observées dans l’espace public allant de « l’appel à la violence physique, au saccage des biens jusqu’au meurtre des personnes ».

« Le gouvernement assumera ses responsabilités »

« Le gouvernement a appelé les auteurs à se ressaisir et l’opinion publique à se démarquer de tels agissements qui compromettent la cohésion sociale et notre vivre-ensemble. Il entend assumer pleinement ses responsabilités », a insisté M. Ouédraogo.

Dans l’après-midi, des membres du Collectif des leaders panafricains se sont opposés à l’arrestation de Mohamed Sinon, contraignant la police à rebrousser chemin. « Il a été arrêté dans la soirée », a confié une source policière.

En attendant les réactions des organisations professionnelles de journalistes, plusieurs hommes médias ont exprimé leur solidarité à leurs confrères et appelé à boycotter les activités dudit Collectif. 

Les jihadistes du Sahel font allégeance au « Calife » de l’Etat islamique

La communication des jihadistes montre une impressionnante facilité de mobilisation.Tué au combat en zone syro-irakienne, le « Calife » de l’Etat islamique (EI) Abou al Hassan al Hachimi al Qourachi a été remplacé par Abou al Hussein al Husseini al Qourachi, selon un message audio du porte-parole de l’organisation jihadiste diffusé mercredi 30 novembre. Dans cet élément sonore de près de 10 minutes, Abou Omar al Mouhajir a invité les partisans de l’EI à faire allégeance au nouveau chef décrit comme un « vétéran du jihad ».

Au lendemain de cette annonce, les différentes « provinces » de l’organisation jihadiste se sont exécutées, à commencer par le Nigéria, en Afrique de l’Ouest. Dans ce pays le plus peuplé du Continent les allégeances relayées par les canaux de propagande de l’Etat islamique, sont faites à partir de six zones, essentiellement dans le nord-est.

La branche sahélienne érigée en « province » en mars dernier a également mobilisé plusieurs dizaines de combattants armés pour la « cérémonie d’allégeance » dans le sud de Ménaka, m à la frontière entre le Mali et le Niger, mais aussi dans le Gourma malien. 

« Démonstration de force »

« Le message de l’EI Sahel est clair. Ils veulent faire une démonstration de force en montrant qu’ils sont nombreux, mais aussi qu’ils jouissent d’une liberté de mouvement comme en témoignent les convois longs et sinueux et les grands rassemblements en plein champ », estime Héni Nsaibi, chercheur à Acled (Armed Conflict Location and Event Data Project).

Selon Rida Lyammouri, chercheur associé au Think tank marocain, Policy Center for the News South (PCNS), « l’EI Sahel a saisi cette occasion pour consolider sa montée en puissance amorcée depuis quelques mois dans les régions de Gao et de Ménaka, au Mali ». Dans ces deux régions du nord du Mali, les jihadistes sont soupçonnés par des organisations de défense des droits humains d’exactions contre les civils de la tribu touarègue des Daoussahak. Ils se livrent également à une guerre fratricide avec le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), l’autre groupe jiahdiste implanté dans la région mais affilié au rival Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI).

Comme au Nigeria, la communication de l’organisation jihadiste montre une impressionnante facilité de mobilisation avec des centaines de fantassins se déplaçant à moto sans être inquiétés par les forces de défense et de sécurité des pays, comme en témoignent les images diffusés sur les réseaux sociaux par les jihadistes eux-mêmes.

« Il est facile pour eux de se déplacer en grand nombre parce qu’il n’y a pas à l’heure actuelle d’adversaires suffisamment capables de les inquiéter de manière imminente dans les zones concernées », explique Héni Nsaibi, soulignant « l’impact du départ des forces françaises du Mali.

Dans le Liptako malien et le Gourma burkinabé et malien , les forces françaises sont parties et n’interviennent que du côté  burkinabé dans des circonstances particulières », ajoute-t-il.

Le président français a annoncé la « fin officielle de Barkhane » mercredi 9 novembre dans un contexte de crise diplomatique avec le Mali dirigé depuis mai 2021 par des militaires.

Rida Lyammouri soutient, lui aussi, que la filiale de l’Etat islamique bénéficie du « vide laissé par l’Opération Barkhane au Mali et l’instabilité politique au Burkina Faso ».

Au Mali, « la présence de l’armée et de ses partenaires de la compagnie militaire privée russe controversée Wagner se limite aux zones urbaines tandis que les milices ne peuvent pas faire grand-chose de plus que récupérer du bétail errant », insiste M. Nsaibia. 

Soldats ivoiriens détenus: vers de nouvelles sanctions contre Bamako

Depuis juillet dernier, des militaires ivoiriens sont détenus par Bamako pour « tentative de déstabilisation » de la transition.Les autorités maliennes disposent de moins d’un mois pour libérer les 46 soldats ivoiriens détenus à Bamako depuis juillet dernier pour « mercenariat ». Sans quoi, elles exposent le Mali à de nouvelles sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).

Réunis dimanche 4 décembre en session ordinaire à Abuja, au Nigeria, les chefs d’État ouest-africains en sont arrivés à cette éventualité comme l’a déclaré le président de la Commission de la Cédéao, à la fin de la rencontre. Le président togolais, Faure Gnassingbé sera chargé de porter le message au colonel Assimi Goïta dans les prochains jours.

Cet ultimatum fait suite à l’échec de la médiation de la Cédéao dans ce contentieux. Saisie par Abidjan après que le colonel Goïta a exigé l’extradition de personnalités maliennes faisant l’objet de poursuites judiciaires chez elles, l’institution régionale avait envoyé une « mission de haut niveau » à Bamako pour obtenir la libération des des militaires ivoiriens, en vain. Le maintien en détention de 46 d’entre-eux après la médiation de Lomé ayant abouti à la libération des trois femmes du groupe, préoccupe toujours la Cédéao.

La menace de nouvelles sanctions contre le Mali risque cependant de ne pas « résoudre le problème ». « Quoique l’on pense du dossier, elle est en instance devant les juridictions du Mali », rappelle, sous le sceau de l’anonymat, un chercheur ouest-africain en sciences politiques. Ce dernier doute de l’efficacité d’un nouvel embargo après celui infligé au Mali de janvier à juillet 2022 pour son refus de remettre le pouvoir aux civils dans des délais raisonnables.

Pour le même chercheur, un pays comme « le Sénégal ne peut pas se permettre de refermer ses frontières pour un contentieux bilatéral de cette nature et dans un contexte économique propre ». La Cédéao n’a pas précisé la nature des sanctions qui seront infligées à Bamako, souligne notre interlocuteur qui déconseille d’ores et déjà une « intervention militaire ». « Le Mali n’est pas la Gambie ou la Guinée Bissau », prévient le chercheur.

Mali : le GSIM revendique l’attaque de Kayes

Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) a affirmé, dans un communiqué diffusé vendredi soir, être l’auteur de l’attaque du 30 novembre dernier ayant fait deux morts dans la région de Kayes.Dans la nuit de mercredi à jeudi 30 novembre, des hommes armés ont pris d’assaut le poste de douane et le camp des Forces armées maliennes (Fama) de de la ville Yélimané, à 600 kilomètres, à l’ouest de Bamako, dans la région de Kayes, non loin de la frontière avec la Mauritanie.

Ce double assaut aurait fait deux victimes dont un militaire et un civil selon des sources locales. L’attaque a été revendiquée ce vendredi par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) très active au Mali.

Dans son communiqué, le groupe jihadiste proche d’Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) s’en prend aussi ironiquement aux mercenaires de la compagnie sécurité privée russe, Wagner, « qui pillent et tuent les innocents, vendent leurs larcins sur les marchés, brûlent les villages et confisquent le bétail… »

Depuis quelques années, la Katiba du Macina, composante du Groupe de soutien à l’Islam (GSIM) affilié à Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), évolue vers l’ouest du Mali depuis son bastion du centre. Cette stratégie expansionniste s’articule autour de prêches dans les villages des régions de Kayes et de Koulikoro.

Alors que les premières prédications remontent à 2016, c’est à partir de mai 2020 que les hommes d’Amadou Kouffa ont installé une base entre Diéma et Yelimané, sous la direction du jihadiste Abou Abderahman, responsable de la zone de Nampala. Mais cela passe aussi par des attaques contre les représentants de l’Etat.

En août 2020, deux gendarmes ont été tués dans l’attaque de la brigade territoriale de Sandaré, dans le cercle de Nioro du Sahel. Quelques jours après, trois soldats maliens sont tombés dans une embuscade à Guiré, dans le cercle de Nara. Le 29 août dernier, des jihadistes présumés ont attaqué le poste de sécurité de Hamdallaye, dans le cercle de Kéniéba. Ces opérations de la Katiba du Macina ne sont pas uniquement une source d’inquiétude pour le Mali.

Le Sénégal qui a réussi jusque-là à contenir l’insurrection jihadiste dans le Sahel au niveau de ses frontières, va redoubler de vigilance en raison de sa proximité avec localités ciblées par les jihadistes dans la région ouest du Mali. A ce titre, les autorités sénégalaises ont décidé de renforcer la sécurité à la frontière avec le Mali, en établissant des camps militaires mais aussi en insistant sur la coopération avec le Mali et la Mauritanie pour des actions communes préventives contre les groupes jihadistes.

Burkina : l’activité minière à l’épreuve du terrorisme

Face à l’insécurité, plusieurs sociétés minières ont réduit leurs activités, à défaut de mettre la clé sous le paillasson.C’est un message qui a réveillé Salam Congo, conducteur d’engins miniers à Ouaré (Centre-Est), une usine de la compagnie Avesoro ressources, l’informant de la cessation des activités de la société pour fin janvier 2022.

« C’était prévisible. La zone de la mine est sous contrôle des terroristes depuis longtemps. Certains convois ont été attaqués, d’autres ont sauté sur des engins explosifs. Le transport et la sécurité des employés coûtaient de plus en plus cher »,  a expliqué ce polygame et père de sept enfants.

Par la suite, les mines de Youga et Nietiana, dans le Centre-Est (du canadien Avesoro ressources), de Namissiguima dans le Nord (de l’australien Riverstone Karma), de Taparko et Bouroum dans le Centre-Est (du russe Nordgold) ont successivement fermé leurs portes du fait de l’insécurité. Pour la seule année 2022, ce sont six mines industrielles qui ont cessé leurs productions pour le même motif.

« Les mines qui ont fermé ne l’ont pas fait de gaieté de coeur », s’est désolé Adama Soro, président de la Chambre des mines du Burkina.

En attendant de trouver un nouvel emploi, M. Congo se tourne les pousses, à l’image des 2257 autres employés directs miniers, au chômage, selon le rapport 2020 de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Les emplois indirects perdus sont estimés entre 5000 et 7500, toujours selon la même source.  

Sur les 17 sociétés minières que compte le pays, seulement huit sont toujours en activité. La production industrielle de l’or, par exemple, a baissé de 20% en mars 2022 (5.22 tonnes), comparativement à la même période en 2021 (26.1 tonnes), selon le ministère de l’Economie, des Finances et de la Prospective. 

Le journaliste, Elie Kaboré, directeur de publication du journal en ligne « Mines Actu Burkina » a noté, lui, une baisse générale de la production minière. Entre janvier et septembre 2022, 43,651 tonnes de ressources minières ont été produites contre 50,126 tonnes à la même période en 2019, soit une chute de 13,4% entre 2022 et 2021.  

L’ITIE a rapporté que ces fermetures ont engendré la perte et un manque à gagner aux recettes de l’Etat de près de 25 milliards de FCFA. Au premier semestre de l’année en cours, 331 communes reparties dans les 13 régions du pays ont engagé plus de 144  milliards FCFA, au titre du Fonds minier de développement local (FMDL). La cessation des activités des mines industrielles constitue « des manques à gagner pour les budgets des collectivités en termes de taxe superficiaire, de patente, d’investissement dans les infrastructures socio-économiques…», a relèvé Elie Kaboré.

Les exactions des groupes armés non étatiques ont fini par avoir raison de la sérénité du climat des affaires dans le secteur minier. « La fermeture des projets de recherche n’est pas de nature à assurer un avenir radieux pour le secteur minier. On arrivera à un moment où il sera difficile développer de nouveaux projets miniers parce que la recherche a manqué », s’est-il inquiété.

Outre les attaques contre le personnel et les biens des entreprises minières, le commissaire de police Harouna Bambara a noté des harcèlements de sites et les attaques contre les convois miniers. En novembre 2019, une embuscade contre un convoi transportant des employés de la société canadienne Semafo, à Boungou, a fait 37 morts et 60 blessés.

L’officier de police a affirmé que les mines en exploitation sont obligées à investir « massivement » dans le transport et la sécurité des travailleurs et des biens. Pendant que certaines sociétés ont opté pour le transport aérien des employés, d’autres ont choisi de renforcer les escortes des convois de travailleurs, a indiqué le commissaire de police. Il a soutenu que, selon le Code minier, c’est à l’Etat d’assurer « la sécurisation des activités minières et des sites miniers ».

A cet effet, il a été créé en 2014, l’Office national de sécurisation des sites miniers (ONASSIM) dont la mission est d’assurer la sécurité et d’améliorer les conditions sécuritaires des sites miniers. Le journaliste Elie Kaboré a appelé à « réaffirmer le rôle de l’ONASSIM en le dotant de moyens conséquents ». Il a invité le gouvernement à « intégrer la sécurisation des mines dans la stratégie globale de lutte contre le terrorisme ».

Attentat de Bassam : audition de l’hébergeur d’un jihadiste

Le prévenu Kounta Sidi Mohamed reconnaît avoir hébergé Kounta Dallah, un auteur de l’attaque terroriste de la station balnéaire de Grand-Bassam, ayant fait 19 morts et 33 blessés.Au deuxième jour du procès devant le Tribunal criminel de première Instance d’Abidjan-Plateau, ce jeudi 1er décembre 2022, l’accusé Kounta Sidi Mohamed (43 ans), a déclaré avoir hébergé Kounta Dallah, un Malien, visé comme l’un des jihadistes qui ont ouvert le feu le 13 mars 2016 sur des personnes à la principale plage de Grand-Bassam. Trois hôtels ont été ciblés.  

L’accusé, à la barre, a expliqué avoir rencontré Kounta Dallah à Abidjan pour la première fois. Le mari de l’une de ses sœurs, résident au Mali, l’avait appelé un jour pour lui demander d’accueillir Kounta Dallah à une période où il devrait se rendre dans le Nord ivoirien pour prendre part à un mariage.

De retour de ces noces, il dit découvrir Kounta Dallah chez lui. Ce dernier passa au moins une nuitée avant qu’il ne lui demande d’aller dans une auberge vue que son appartement de trois pièces ne pouvait contenir, lui, ses deux femmes, et l’hôte Kounta Dallah venu avec son ami Ibrahim Cissé.

Durant le séjour de l’étranger, Kounta Sidi Mohamed, marabout à Adjoufou, un quartier de Port-Bouët (Sud D’abidjan), affirme s’être rendu avec Kounta Dallah à la plage à Grand-Bassam, où ils se sont tous livrés à une partie de baignade. Mohamed qui regrette aujourd’hui de l’avoir hébergé, dit ne pas savoir son projet sur l’attaque de la station balnéaire de Grand-Bassam. 

Selon Kounta Sidi Mohamed, le présumé terroriste Kounta Dallah est également un marabout. Il était venu pour rencontrer un client. Par la suite, il aménagera dans une villa dont la valeur mensuelle serait de plus de 200.000 FCFA dans le quartier d’Adjoufou, à Port-Bouet. 

Kounta Sidi Mohamed, dont le Français est approximatif, indiquera avoir été à la plage de Grand-Bassam avec son hôte le 21 février 2016. Par contre, dans le procès-verbal établi par l’enquête préliminaire, il déclare qu’ils se sont rendus à la plage le 6 mars 2016 pour, tous nager.

Ce parcours montre que Kounta Dallah a eu le temps de prospecter le théâtre d’opération avant de mener son assaut avec deux autres individus aperçus par des témoins. Kounta Mohamed dit avoir pris un repas et bu un thé avec Dallah entre 11h et 12h ce 13 mars 2016, jour de l’attaque.

Par ailleurs, un autre accusé, Moussa Soleimin, rapporte dans sa déposition que Kounta Dallah était présent à 14h (GMT, heure locale) ce 13 mars 2016, jour de l’attaque, chez Kounta Mohamed à Adjoufou. Alors que l’assaut était en cours à 13h.

La défense a demandé qu’une photo portant des écritures en arabe, dont la signification du procureur de la République, représentant le ministère public, et de Kounta Mohamed était différente. Un expert assermenté auprès du Tribunal devra trancher lors de la prochaine session.

Le procès qui s‘est ouvert le 30 novembre 2022, et dont la deuxième journée a vu comparaître le 2e accusé, se poursuit mercredi prochain. L’audience se tient chaque mercredi et jeudi. Seulement, quatre prévenus sont devant la barre sur 18 accusés dans l’affaire de l’attaque terroriste de Grand-Bassam.

L’opération a été revendiquée par Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi) qui l’a attribué à sa branche Al Mourabitoune qui venait de commettre quelques semaines plus tôt, en janvier à Ouagadougou, au Burkina Faso un attentat dans lequel 30 personnes ont été tuées.

Pour cet assaut, les jihadistes ont aussi diffusé les images du commando constitué des nommés Hamza al-Fulani, Abd ar-Rahman al-Fulani et Abu Adam al-Ansari. Alors que le supposé commanditaire, Mohamed Ould Nouini, commandant au sein d’Al Mourabitoune a été éliminé par l’armée française en 2018.

L’un des principaux organisateurs, Mimi Ould Baba Ould Cheikh est encore en vie, mais en détention au Mali. Fawaz Ould Ahmed dit Ibrahim 10 lui également, impliqué dans cet attentat, a été jugé en octobre dernier au Mali et condamné à mort pour avoir participé aux attaques, en 2015, du bar-restaurant La Terrasse et de l’hôtel Radisson Blu à Bamako.

Faute de mettre la main sur ces gros poissons, la justice ivoirienne se contentera de juger leurs présumés complices ou encore tous ceux qui sont impliqués dans l’exécution de cet attentat, le premier qu’a connu la Côte d’Ivoire sur son sol.

Les noms des accusés affichés par le Tribunal criminel sont : Kounta Dallah ; Kounta Sidi Mohamed ; Barry Hassan ; Cissé Hantao AG Mohamed ; Ould Mohamed Ibrahim ; Hamza Ben Mohamed ; Mimi Baba Ould ; Allou Doumbia. Figurent également parmi les accusés Dicko Midi ; Cissé Sidi (Mali) ; Diallo Ali ; Gaye Oumar ; Kandiallo Mamadou ; Haidara Boubacar Mahadi ; Koné Soleimin Moussa ; Yanourga Koné et Cissé Ali.

Mozambique: deux soldats de la SADC tués par des djihadistes

La mission militaire de l’Afrique australe au Mozambique compte 3000 soldats.Deux membres de la force d’intervention de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC, sigle anglais) au Mozambique ont été tués alors qu’ils combattaient des militants islamistes dans le nord du Mozambique, a appris APA ce jeudi 1er décembre 2022. Il s’agit d’un Tanzanien, Musa Mpondo et d’un Botswanais, Zikamee Kamai.

« Cet incident malheureux s’est produit le 29 novembre 2022 au village de Nkonga, dans le district de Nangade, lors d’un contact avec les terroristes d’Ahlu-Sunnah Wa-Jamaah », précise un communiqué de la SADC reçu à APA. 

Selon le document, au moins 30 insurgés ont été tués au cours des combats et un nombre important d’armes, de munitions et d’équipements ont été confisqués.

La SADC a déployé des troupes en juillet 2021 pour aider les forces mozambicaines à repousser les attaques des insurgés liés à l’Etat islamique qui ont fait des ravages dans la région de Cabo Delgado, riche en pétrole et en gaz, et frontalière de la Tanzanie.

Les soldats viennent de l’Angola, du Botswana, de la République démocratique du Congo, du Lesotho, du Malawi, de l’Afrique du Sud, de la Tanzanie et de la Zambie. Bien que ne faisant pas partie de la SADC, le Rwanda a également envoyé des troupes dans le nord du Mozambique.

Mali : deux morts dans une attaque à Kayes

La double attaque du 30 novembre au 1er décembre s’est produite à moins de 300 kilomètres de la frontière sénégalaise.Des véhicules et motos calcinés, des douilles de fusil d’assaut. C’est la scène hideuse laissée par des hommes armés qui ont fait une incursion dans la nuit de mercredi à jeudi à Yélimané, à 600 kilomètres, à l’ouest de Bamako, dans la région de Kayes et non loin de la frontière avec la Mauritanie.

Plusieurs sources locales font état de deux attaques ayant ciblé le poste de douane de la ville et le camp des Forces armées maliennes (Fama). Selon les mêmes sources, ce double assaut aurait fait deux victimes dont un militaire et un civil. La réaction des autorités maliennes est attendue suite à cet incident que beaucoup d’observateurs de la crise sécurité au Mali attribuent aux jihadistes.

Depuis quelques années, la Katiba du Macina, composante du Groupe de soutien à l’Islam (GSIM) affilié à Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), évolue vers l’ouest du Mali depuis son bastion du centre. Cette stratégie expansionniste s’articule autour de prêches dans les villages des régions de Kayes et de Koulikoro.

Alors que les premières prédications remontent à 2016, c’est à partir de mai 2020 que les hommes d’Amadou Kouffa ont installé une base entre Diéma et Yelimané, sous la direction du jihadiste Abou Abderahman, responsable de la zone de Nampala. Mais cela passe aussi par des attaques contre les représentants de l’Etat.

En août 2020, deux gendarmes ont été tués dans l’attaque de la brigade territoriale de Sandaré, dans le cercle de Nioro du Sahel. Quelques jours après, trois soldats maliens sont tombés dans une embuscade à Guiré, dans le cercle de Nara. Le 29 août dernier, des jihadistes présumés ont attaqué le poste de sécurité de Hamdallaye, dans le cercle de Kéniéba. Ces opérations de la Katiba du Macina ne sont pas uniquement une source d’inquiétude pour le Mali.

Le Sénégal qui a réussi jusque-là à contenir l’insurrection jihadiste dans le Sahel au niveau de ses frontières, va redoubler de vigilance en raison de sa proximité avec localités ciblées par les jihadistes dans la région ouest du Mali. A ce titre, les autorités sénégalaises ont décidé de renforcer la sécurité à la frontière avec le Mali, en établissant des camps militaires mais aussi en insistant sur la coopération avec le Mali et la Mauritanie pour des actions communes préventives contre les groupes jihadistes.

Attentat Grand-Bassam : 4 prévenus à la barre à Abidjan

Le procès de l’attentat terroriste de la ville balnéaire de Grand-Bassam s’est ouvert ce 30 novembre 2022 au Tribunal criminel de première Instance d’Abidjan-Plateau.Sur 18 prévenus attendus, seulement quatre comparaissent devant le Tribunal criminel de première instance d’Abidjan pour répondre des faits d’actes terroristes, assassinat, tentative d’assassinat, recel de malfaiteurs, détention illégale d’armes à feu, de munitions de guerre et de complicité desdits faits. Une vingtaine de témoins étaient présents à l’audience sur environ 90 témoins convoqués par le tribunal.

Le procès de ce jour s’est ouvert avec à l’appel des prévenus cités dans l’affaire de l’attentat de Grand-Bassam. Les uns pour complicité et les autres pour faits actifs dans les meurtres perpétrés lors de l’attaque.

A l’ouverture des débats, le greffe de la Cour a fait l’appel des présumés coupables présents et non présents et lu l’arrêt de renvoi rendu le 22 mai dernier par le président de la Chambre d’instruction. Après ces faits, la défense a soulevé des exceptions devant la cour sur la procédure.

La défense invoque la détention préventive des accusés en dehors des délais et certains vices de procédures. Elle soutient que selon le Code de procédure pénal, la détention préventive en matière criminelle est de 24 mois, alors que les prévenus sont détenus depuis six ans.

Pour la défense, les qualifications des faits n’ont pas été invoqués dans l’arrêt de renvoi, motif jugeant la Chambre compétente pour juger l’affaire. Elle a souhaité que les prévenus comparaissent en tant qu’individus libres puisqu’ayant dépassé le temps légal de détention qui est de 24 mois en matière criminelle.

La défense a fait observer que le délai de jugement à partir de la prononciation de l’arrêt de renvoi étant dépassé les prévenus devaient jouir de la liberté d’office (délai de 6 mois selon le code pénal pour tenir le jugement).

Le juge, après un retrait pour concertation avec ses pairs s’est déclaré incompétent pour prononcer la liberté d’office. Pour lui, cela serait du ressort du président du Tribunal. Ensuite, a-t-il ouvert les débats, avec l’un des accusés, en l’occurrence Cissé Mohamed.

Le tribunal reproche à Cissé Mohamed, un Malien, le seul qui a comparu ce mercredi, d’avoir transporté Kunta Abdallah dit Kunta Dallah, lors de son séjour en Côte d’Ivoire. Il a reconnu l’avoir transporté, mais n’avait pas connaissance de l’opération qu’il allait mener, réfutant la thèse de la complicité.

L’avocat de la défense, Eric Saki, a à l’issue de la première journée du procès, assuré que le Conseil des prévenus va s’atteler à « soigner au mieux les intérêts » de leurs clients, surtout sur la question de fond et les éléments qui vont permettre au tribunal de pouvoir rendre « une décision juste et équitable ».

La station balnéaire de Grand-Bassam a été la cible, le 13 mars 2016, de la première attaque jihadiste enregistrée en Côte d’Ivoire. Le procès de cet assaut, qui a fait 19 morts et 33 blessés, contre trois hôtels de ce site touristique s’ouvre six ans après l’attaque.  

L’opération a été revendiquée par Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi) qui l’a attribué à sa branche Al Mourabitoune qui venait de commettre quelques semaines plus tôt, en janvier à Ouagadougou, au Burkina Faso un attentat dans lequel 30 personnes ont été tuées.

Pour cet assaut, les jihadistes ont aussi diffusé les images du commando constitué des nommés Hamza al-Fulani, Abd ar-Rahman al-Fulani et Abu Adam al-Ansari. Alors que le supposé commanditaire, Mohamed Ould Nouini, commandant au sein d’Al Mourabitoune a été éliminé par l’armée française en 2018.

L’un des principaux organisateurs, Mimi Ould Baba Ould Cheikh est encore en vie, mais en détention au Mali. Fawaz Ould Ahmed dit Ibrahim 10 lui également, impliqué dans cet attentat, a été jugé en octobre dernier au Mali et condamné à mort pour avoir participé aux attaques, en 2015, du bar-restaurant La Terrasse et de l’hôtel Radisson Blu à Bamako.

Faute de mettre la main sur ces gros poissons, la justice ivoirienne se contentera de juger leurs présumés complices ou encore tous ceux qui sont impliqués dans l’exécution de cet attentat, le premier qu’a connu la Côte d’Ivoire sur son sol.

Les noms des accusés affichés par le Tribunal criminel sont : Kounta Dallah ; Kounta Sidi Mohamed ; Barry Hassan ; Cissé Hantao AG Mohamed ; Ould Mohamed Ibrahim ; Hamza Ben Mohamed ; Miny Baba Ould El Moktar ; Allou Doumbia.

Figurent également parmi les accusés Dicko Midi ; Cissé Sidi (Mali) ; Diallo Ali ; Gaye Oumar ; Kandiallo Mamadou ; Haidara Boubacar Mahadi ; Koné Soleimin Moussa ; Yanourga Koné et Cissé Ali.

Le procès, suspendu, a été renvoyé au 1er décembre 2022. Le Tribunal auditionnera les prévenus selon les chefs d’accusation et écoutera les témoins au fil d’un chronogramme lié aux différents types d’infractions.