Sahel : journée décisive sur la présence de Barkhane au Mali

Le sort de l’opération Barkhane devrait être prononcé mercredi ou jeudi, en marge d’un sommet Union européenne – Union africaine.Plusieurs sources diplomatiques affirment que les dirigeants régionaux et internationaux se retrouveraient ce mercredi pour un dîner à Paris, afin de discuter avec le président français avant un sommet UE-Afrique jeudi 17 février. 

A ce titre, Emmanuel Macron a convié ce mercredi 16 février, les chefs d’Etat du G5 Sahel notamment le président nigérien Mohamed Bazoum, le Tchadien Mahamat Idriss Déby et le Mauritanien Mohamed Ould Ghazouani. Une rencontre à laquelle le président français n’a pas invité les autorités de la transition burkinabé et malienne.

Le président de l’Union africaine Macky Sall et le président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) le Ghanéen Nana Akufo-Addo seront de la partie tout comme le Conseil européen Charles Michel, et du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Devant son homologue sénégalais Macky Sall, nouveau président de l’UA et ses partenaires du G5 Sahel, Emmanuel Macron, nouveau président de l’UE, doit présenter une réorganisation de l’opération Barkhane menée par son pays contre le djihadisme au Sahel. L’Élysee souhaite trouver des solutions concertées et collectives avec ses partenaires africains et européens avant le possible retrait des troupes françaises au Mali.

Selon de nombreuses sources, la moitié des 4800 soldats français actuellement déployés dans le cadre de cette opération sont stationnés au Mali et devraient prochainement quitter le pays.

Les autorités de Paris et Bamako ne parlent plus le même langage depuis plusieurs semaines. L’escalade verbale est montée à un tel point que les militaires au pouvoir à Bamako ont décidé, le 31 janvier, d’expulser l’ambassadeur de France, demandant plus de « respect » de la part de ses autorités. Paris avait traité les actuels dirigeants maliens d’« illégitimes » prenant des « décisions irresponsables ».

Les conditions ne semblaient donc plus réunies pour que la France maintienne son action militaire au Mali. En plus du maintien des militaires maliens au pouvoir, la supposée arrivée des mercenaires russes de Wagner semble constituer une autre ligne rouge qui a été franchie, d’après les autorités françaises. Sur fond de sentiment antifrançais croissant au Sahel, Paris avait annoncé aussi « travailler d’ici la mi-février » à l’adaptation de son dispositif militaire dans la région et va vraisemblablement acter son retrait militaire forcé du Mali.

Avant-hier lundi, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, affirmait que « si les conditions ne sont plus réunies, ce qui est manifestement le cas, pour qu’on puisse être en mesure d’agir au Mali, on continuera à combattre le terrorisme à côté avec les pays du Sahel qui sont eux tout à fait demandeurs ». Ce qui voudrait dire que le retrait des troupes françaises au Mali se précise, même si elles vont recentrer leur action au Burkina Faso, au Niger et au Tchad, entre autres pays sahéliens actuellement visés par les violences djihadistes.

Selon les données publiées par le ministère de la Défense français en décembre 2021, l’opération Barkhane dispose de trois bases militaires dans le nord du Mali. La principale se situe à Gao et dispose d’hélicoptères de combat, de troupes, de véhicules blindés lourds et de moyens logistiques de transport.

Foot en Afrique : les dates des barrages du Mondial 2022 fixées

Du 24 au 29 mars 2022, dix matchs permettront de connaître les cinq représentants du continent à la Coupe du monde qatarie.Dernière ligne droite. Les dix sélections, ayant terminé en tête de leur groupe au 2e tour des éliminatoires, vont s’affronter en aller et retour. À part le Mali, tous les prétendants ont déjà participé au Mondial.

Pour entrer dans ce cercle restreint, les hommes du coach Mohamed Magassouba devront vite tirer les enseignements de leur élimination en huitièmes de finale de la Can 2021. Le jeu de possession des Aigles était inefficace dans la zone de vérité. Sur les quatre buts inscrits au Cameroun, en autant de matchs disputés, trois sont des penalties transformés par l’avant-centre Ibrahima Koné.

La Tunisie a une revanche à prendre sur le Mali qui l’a battue il y a un peu plus d’un mois. Les Aigles de Carthage, qui se déplacent le 24 mars et reçoivent trois jours plus tard, sont capables du meilleur comme du pire. Bluffante face au Nigeria, la Tunisie est retombée dans ses travers contre le Burkina. Cette inconstance a causé le limogeage de l’entraîneur Mondher Kebaier remplacé par son adjoint Jalel Kadri.

Ghana – Nigeria, 24 et 27 mars 

Ces deux nations ont respectivement pris part à trois et six phases finales de Coupe du monde. Lors de l’édition 2018, les Super Eagles étaient présents en Russie contrairement aux Black Stars.

Le Ghana quelconque a fait naufrage au Cameroun. Défaits par le Maroc, tenus en échec par le Gabon et surpris par les Comores, les partenaires d’André Ayew ont lamentablement été éliminés au premier tour.

Le Nigeria, au sortir de ses trois premières rencontres de haute facture dans la compétition, semblait taillé pour le titre. Mais les Super Eagles ont perdu pied dès les huitièmes de finale.

Égypte – Sénégal, 24 et 28 mars 

Le remake de la finale de la 33e édition de la Can 2021 s’annonce haletant. Le Sénégal, qui a remporté la première manche aux tirs au but, est plus que jamais sûr de ses forces. Sa malédiction s’est enfin brisée le 6 février dernier grâce notamment au leadership de Sadio Mané.  

L’Égyptien Mohamed Salah a fondu en larmes quand son coéquipier à Liverpool (Premier League anglaise) s’apprêtait à en finir avec ses espoirs de sacre. Ce coup de massue est resté en travers de la gorge du Pharaon qui rêve de priver le nouveau champion d’Afrique d’une deuxième qualification de suite à la Coupe du monde.

Cameroun – Algérie, 26 et 29 mars 

Le dernier Mondial des Lions indomptables et des Fennecs, c’était en 2014 au Brésil. Le Cameroun a clos sa Can avec une médaille de bronze arrachée au Burkina alors que l’Algérie, tenante du titre, s’est sabordée au premier tour.

Djamel Belmadi, le sélectionneur de l’Algérie, dispose de peu de temps afin de remobiliser ses troupes et retrouver l’identité qui lui a permis de monter sur le toit de l’Afrique. La plaie est moins profonde pour le Cameroun qui a fait montre de caractère dans une petite finale très mal embarquée.  

Menés trois à zéro par les Étalons à la mi-temps, les Lions indomptables ont effacé l’ardoise avant de s’imposer aux tirs au but. Un exercice qui ne leur avait pas souri quelques jours auparavant. Avec ce mental à toute épreuve, le Cameroun peut causer bien des ennuis à une Algérie convalescente.

RD Congo – Maroc, 26 et 29 mars

Les Léopards ont faim. Jusque-là, il faut remonter à 1974 pour trouver l’unique trace de la République démocratique du Congo au Mondial. Le pays s’appelait encore le Zaïre et le tournoi se déroulait en République Fédérale d’Allemagne (RFA, Ouest).

Tout un pays attend ce retour à portée de main dans le nec plus ultra du foot d’autant que Cédric Bakambu et compagnie ont regardé la Can 2021 à la télévision. Le Maroc, sorti en quarts de finale par l’Égypte (2-1 après prolongations), a plus d’expérience. Et les Lions indomptables, cinq fois mondialistes, ont développé au Cameroun un jeu séduisant.

Mali : 686 millions $ nécessaires pour l’aide humanitaire

La situation humanitaire du pays est encore critique en 2022, alerte l’ONU.Sous le leadership du gouvernement, les Nations Unies et les partenaires humanitaires ont publié le Plan de réponse humanitaire (PRH) 2022 pour le Mali. Le PRH 2022 cherche à mobiliser 686 millions de dollars américains pour aider 5,3 millions de personnes parmi les plus vulnérables.

Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, le conflit et l’insécurité rendent difficile l’accès des humanitaires aux communautés. De même, le nombre de personnes déplacées internes (PDI) reste encore élevé.

Ces personnes ont un faible accès à l’eau potable et aux services sociaux de base. L’insécurité alimentaire est précoce cette année. Plus de 1,8 million de personnes seront concernées durant la période de soudure (juin et août 2022), contre 1,3 million en 2021. Il s’agit du niveau le plus élevé jamais enregistré depuis 2014.

Pour apporter une réponse aux besoins immédiats des communautés touchées par l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, les Nations Unies ont débloqué 10 millions de dollars à travers le Fonds central d’intervention d’urgence (CERF).

« Pour toute action humanitaire et de développement, il est indispensable que la sécurité des populations soient assurées y compris celle des acteurs qui les assistent », a déclaré Alain Noudéhou, Coordonnateur Humanitaire pour le Mali.

« Ensemble, nous devons appuyer la reconstitution des moyens d’existence des populations déplacées et réfugiées, soutenir leur retour sécurisé dans leurs localités d’origine afin de diminuer progressivement leur dépendance à l’assistance humanitaire », a-t-il ajouté.

A son avis, il est nécessaire de continuer à renforcer les initiatives de solutions durables et assurer une meilleure articulation entre les actions humanitaires, de développement et de consolidation de la paix en vue de mieux cibler les besoins pour la résilience des communautés dans les zones de conflits ou post-conflit.

Pour le ministre délégué auprès du ministre de la Santé et du Développement social chargé de l’Action humanitaire, de la Solidarité, des Réfugiés et des Déplacés, Oumarou Diarra, « l’engagement de tous les partenaires de mise en œuvre qui accèdent aux populations vulnérables dans des conditions difficiles, parfois au péril de leur vie, est à saluer ».

En 2021, la communauté humanitaire a mobilisé 215 millions sur les 563 millions, soit 38% des fonds recherchés.

Le Mali rassure sur l’approvisionnement du marché, jugé «cher»

Malgré le poids des sanctions de la Cédéao sur le Mali, les autorités affirment que les produits de première nécessité seront disponibles « jusqu’au-delà du mois de Ramadan ».Depuis plus d’un mois, l’organisation sous-régionale maintient son embargo sur le pays pour amener les autorités militaires à revoir leur proposition de faire une transition allant de six mois à cinq ans. Mais les craintes commencent à se lire sur les visages à l’approche du mois du jeûne musulman, prévu en avril prochain, sachant que ce pays compte de 94% de musulmans.

Cependant, le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, Youssouf Bathily, a fait savoir à la télévision nationale que le marché était pour le moment bien approvisionné. Si Dakar-Bamako était l’axe de prédilection des opérateurs économiques maliens pour le transit des produits, M. Bathily souligne que les autorités ont jeté désormais leur dévolu sur Bamako-Conakry et Bamako-Nouakchott. Déjà, il note qu’une centaine de camions chargés de marchandises et des denrées de première nécessité sont arrivés dans le pays le week-end dernier.

« On avait demandé à une grande partie de nos importateurs de dérouter vers la Guinée et la Mauritanie. Ça commence à arriver, il y a un fort convoi encore qui arrive. Avant bien cet évènement, les gens fréquentaient ce corridor. Tout récemment, on leur a demandé de doubler d’effort pour qu’on puisse basculer une très grande partie vers Nouakchott et la Guinée », a-t-il indiqué dans des propos repris par le site Maliweb.

Dans le quotidien malien L’Essor, le ministre du Commerce Mahmoud Ould Mohamed a souligné pour sa part, vendredi dernier, que « le Mali ne connaîtra pas un défaut d’approvisionnement en denrées de première nécessité et les magasins sont pleins chez plusieurs grossistes ».

Cherté des produits

Par ailleurs, certains détracteurs indiquent que les produits connaissent une hausse exponentielle en dépit de leur disponibilité. Et c’est une situation que déplorent de nombreux Maliens, d’après Malijet qui demande s’il faut « s’inquiéter » avec l’arrivée imminente du Ramadan face aux sanctions de la Cédéao.

« Le blocus des deux organisations sous-régionales (Cédéao et Uemoa) commence à être intenable. Les sanctions, bien qu’illégitimes et illégales, pèsent sur les ménages et sur tout le pays sans que cela n’émeuve réellement le gouvernement qui n’a trouvé d’autres alternatives que de mettre en place un mécanisme pour étudier toutes les possibilités de proposer un chronogramme », estime le journal L’Alternance.

Dans ce « Mécanisme de Concertation » récemment mis en place, comprenant notamment la Cédéao et l’Union africaine (UA), le gouvernement malien cherche à concilier les voies avec la communauté internationale, qui l’appelle à organiser rapidement des élections pour le retour des civils au pouvoir.

Ces derniers jours, l’hypothèse d’une probable candidature du colonel Assimi Goïta à la prochaine présidentielle a été écartée par le projet portant révision de la Charte de la transition, soumis par le Conseil national de transition (CNT), organe législatif dirigé par le colonel Malick Diaw.

Ce nouveau projet de loi ne donne pas clairement la date des futures élections présidentielle et législatives. Mais il fixe la durée de la transition conformément aux recommandations des dernières Assises nationales de la refondation, tenues du 15 au 21 novembre 2021. Celles-ci avaient donné une fourchette de six mois à cinq ans de transition, qui a notamment soulevé l’ire de la Cédéao.

Mali : Air France reprend ses vols mais loge à Nouakchott

La compagnie aérienne Air France reprend ses vols vers Bamako, la capitale malienne après une dérogation exceptionnelle du ministère des Affaires étrangères français.Après la suspension de ses vols vers Bamako le 12 janvier dernier, Air France reprend du service à partir du 16 février après des négociations entre la diplomatie française et les autorités de la transition malienne.

Dans un premier temps, une seule fréquence quotidienne est prévue au lieu de deux lors de la configuration précédente. Une escale pour le vol retour est prévue à Nouakchott, la capitale mauritanienne où a lieu la relève de l’équipage.

Le personnel de la compagnie française va aussi loger à Nouakchott où l’aviation civile mauritanienne a donné son accord. Une décision dictée par la « menace terroriste trop importante » à Bamako, et dans les pays voisins selon des sources proches de la compagnie française.

Air France, dixième compagnie mondiale et première compagnie européenne, selon le dernier palmarès des compagnies mondiales décerné par Skytrax (organisme de consultation sur les services de recherche des conditions de vol), dispose d’une flotte de 264 appareils desservant 195 destinations dans le monde.

Rwanda : Paul Kagamé au Qatar pour une visite de travail

Le président rwandais Paul Kagamé est arrivé lundi à Doha, pour une visite de travail de trois jours au Qatar, a confirmé une source officielle à Kigali.Cette visite intervient près de trois ans après que l’émir du Qatar, Son Altesse Tamim bin Hamad Al Thani, a visité le Rwanda en avril 2019 à la tête d’une délégation de haut niveau composée de hauts fonctionnaires et de chefs d’entreprise de l’Etat du Golfe.

Les rapports indiquent que Kagamé a été accueilli par différents responsables, notamment le directeur qatari du département du protocole du ministère des Affaires étrangères, Ibrahim Yousif Abdullah Fakhro, l’ambassadeur qatari au Rwanda, Misfer Faisal Mubarak Al-Ajab Al-Shahwani, et l’ambassadeur du Rwanda au Qatar, François Nkulikiyimfura.

En novembre 2018, le président Kagamé a effectué une visite officielle de deux jours au Qatar, où il a rencontré le cheikh Tamim bin Hamad Al Thani. Les deux dirigeants, accompagnés de leurs délégations respectives, ont eu des entretiens bilatéraux sur l’approfondissement des domaines de coopération économique et ont assisté à la signature d’accords bilatéraux sur les services aériens, les investissements ainsi que le MoU sur la coopération économique, commerciale et technique.

Le Rwanda et le Qatar s’efforcent d’accroître leur coopération dans divers domaines, notamment la coopération diplomatique, le dialogue politique ainsi que différents investissements potentiels dans l’agriculture, la technologie, l’exploitation minière, le transport et le tourisme.

Les deux nations ont également des pactes qui couvrent les services aériens, la promotion et la protection réciproque des investissements et un protocole d’accord sur la coopération économique, commerciale et technique.

Le Qatar et le Rwanda partagent également des liens par le biais d’accords dans le domaine de l’aviation civile, Qatar Airways, la compagnie nationale de l’Etat du Golfe, assurant des vols directs vers le Rwanda depuis 2012.

Mali : Assimi Goïta veut réformer avant de céder le pouvoir

L’hypothèse d’une probable candidature du colonel Assimi Goïta à la prochaine présidentielle a été écartée par le projet portant révision de la Charte de la transition.

Le Conseil National de la Transition (CNT), organe législatif de la transition au Mali, s’active. Il vient de proposer un projet de révision devant modifier certaines dispositions de la charte de transition. La date de la séance plénière n’a pas encore été fixée, mais les nouvelles dispositions prennent en compte des recommandations des Assises Nationales de la Refondation (ANR), tenues du 15 au 21 novembre 2021.

Ainsi, le projet de charte révisé interdit expressément au président de la transition à se porter candidat aux prochaines élections. Président depuis le mois de mai 2021, le colonel Assimi Goïta ne devrait donc pas briguer sa propre succession lors d’un scrutin présidentiel dont la date n’a pas encore été arrêtée.

En tant que président de la transition, le texte prévoit aussi son remplacement, « en cas de vacance », par le Président du Conseil National de Transition, en l’occurrence le colonel Malick Diaw, l’un des officiers avec lesquels il a mené le coup d’Etat du 18 août 2020.

D’autres modifications concernent les suppressions du poste de vice-président et du nombre des membres du gouvernement limité à vingt-cinq, l’augmentation du nombre du CNT, l’adaptation de la durée de la transition conformément aux recommandations des Assises nationales de la refondation.

Celles-ci doivent en outre fixer « la durée de la transition », qui devait normalement expirer d’ici quelques jours, en considérant la date du renversement du président démocratiquement élu, le défunt Ibrahim Boubacar Keita. Si la communauté internationale, notamment la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), appelle les autorités militaires à organiser rapidement les élections, une partie de l’opposition malienne annonce qu’elle ne les reconnaîtra plus à partir du 25 mars prochain.

Prolongement de la transition ?

Mais au regard de l’article deux du projet de charte, parmi les nouvelles dispositions, ce deadline peut sembler court pour que les autorités militaires de la transition soient en mesure de passer le témoin. Dans ledit article, la charte charge la transition de plusieurs missions qui vont nécessairement prendre du temps pour leurs réalisations.

Il s’agit du rétablissement et du renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, du redressement de l’État et la création des conditions de base pour sa refondation, de la promotion de la bonne gouvernance, de la refonte du système éducatif, de l’adoption d’un pacte de stabilité sociale, des réformes politiques, institutionnelles, électorales et administratives, de l’organisation des élections générales, de la mise en œuvre intelligente de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger et de la mise en œuvre intelligente et efficiente des Recommandations des Assises Nationales de la Refondation.

Par ailleurs, ces Assises avaient recommandé un rallongement de la transition de six mois à cinq ans, alors que le scrutin présidentiel était prévu le 27 février 2022. Cette annonce avait particulièrement irrité la Cédéao, qui avait prononcé plusieurs sanctions à l’encontre du Mali.

La rupture des relations diplomatiques de tous les pays de la sous-région, à l’exception de la Guinée, venait d’être consommée, sans compter la fermeture des frontières communes ou encore la suspension des transactions économiques entre les pays de la zone et le Mali.

De lourdes sanctions qui mettent dans le désarroi plusieurs citoyens ouest-africains, surtout les populations habitant à proximité des frontières. « Même pour se dire bonjour, on se met de chaque côté de la frontière. C’est pitoyable », déplore un habitant de Kidira, ville sénégalaise frontalière du Mali.

Mali : vers un départ de la France et de l’UE

La France et l’Union européenne vont décider cette semaine de leur présence militaire au Mali.Le processus est en branle et devrait aboutir à la fin de cette semaine à une série de décisions concernant l’engagement français et européen au Mali. Ce lundi, une réunion par visioconférence des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne se tiendra pour évoquer l’avenir de la force militaire européenne regroupée au sein Takuba. Un premier rendez-vous qui devrait acter le retrait quasi probable des troupes françaises et européennes au Mali

L’ancienne puissance coloniale, dont plusieurs milliers de soldats sont engagés depuis 2013 contre les groupes jihadistes actifs sur le territoire malien et dans les pays voisins, va-t-elle enfin retirer ses troupes de la région ?

Le G5 Sahel à Paris 

« La situation ne peut pas rester en l’état », a déclaré mardi 1er février le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal, donnant ainsi le sentiment que la France envisage désormais toutes les hypothèses y compris un retrait de ses troupes du Mali.

A ce titre, Emmanuel Macron a convié ce mercredi 16 février, les chefs d’Etat du G5 Sahel notamment le président nigérien Mohamed Bazoum, le Tchadien Mahamat Idriss Déby et le Mauritanien Mohamed Ould Ghazouani. Une rencontre à laquelle le président français n’a pas invité les autorités de la transition burkinabé et malienne.

Le président de l’Union africaine Macky Sall et le président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) le Ghanéen Nana Akufo-Addo seront de la partie tout comme le Conseil européen Charles Michel, et du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

A l’issue de cette rencontre, Paris et ses partenaires de l’Union européenne vont informer l’UA et la Cedeao des décisions prises sur leur engagement au Mali. La réorganisation du dispositif dans les autres pays sahéliens voisins et son extension aux pays du golfe de Guinée sont aussi à l’étude.

Invoquant la souveraineté nationale, les autorités de la transition malienne entendent se maintenir plusieurs années au pouvoir, le temps selon elle de « refonder les bases de l’Etat et restructurer les forces armées et sécurité » du pays plongé depuis 2012 dans une grave crise sécuritaire liée à la présence de plusieurs groupes jihadistes sur une grande partie du territoire malien, le Nord et le Centre notamment.

La junte inflexible

Durant les premiers mois après la prise du pouvoir par l’armée à Bamako, Paris s’était pourtant montré conciliant vis-à-vis des putschistes maliens. Mais les rapports entre les deux parties se sont brusquement dégradés lorsqu’en mai dernier les colonels qui avaient entre-temps installé un président et un premier ministre à la tête d’un gouvernement de transition avaient décidé de débarquer les deux hommes confiant la présidence de l’Etat au chef de la junte, le colonel Assimi Goita.

La crise s’est, ensuite, aggravée quand quelques jours plus tard, la France a brandi la menace de retirer ses militaires engagés depuis 2013 au Mali et au Sahel dans le cadre d’une opération de lutte contre les groupes jihadistes, avant de se rétracter finalement pour annoncer une simple réduction de ses troupes et une restructuration de son dispositif militaire sur le terrain.

Évoquant alors « un abandon en plein vol », les autorités de Bamako avaient, dans la foulée, menacé de faire appel à d’autres partenaires extérieurs, donnant ainsi crédit à ce qui n’était à l’époque qu’une simple rumeur comme quoi elles souhaiteraient solliciter la Russie pour l’envoi d’éléments appartenant à la très sulfureuse compagnie militaire privée russe Wagner, accusée d’exactions en Syrie, en Libye et en Centrafrique. La France qui n’a jamais caché son hostilité à une telle perspective n’avait, depuis lors, cessé de mettre en garde Bamako et Moscou contre cette éventualité qui, depuis peu, serait devenue finalement une réalité, selon plusieurs sources diplomatiques occidentales en poste au Mali.

Les sorties musclées de responsables des deux pays, devenues quasi quotidiennes ces dernières semaines, n’ont pas contribué à apaiser la tension.

Commentant les décisions prises contre la junte par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui a infligé le 9 janvier une série de sévères sanctions diplomatiques et économiques au Mali, le colonel Abdoulaye Maïga, ministre et porte-parole du gouvernement malien, s’était livrée à une attaque virulente contre la ministre française des Armées, Florence Parly et la France, qu’il a accusée de chercher à diviser les Maliens, « d’instrumentaliser » les organisations sous-régionales et de conserver ses « réflexes coloniaux ». Le colonel malien avait alors sommé Mme Parly de se taire.

Attaques au Bénin : l’armée française tue plusieurs djihadistes impliqués

Les trois attaques perpétrées les 8 et 10 février 2022 dans le Nord du Bénin ont faut neuf morts.L’armée française lance la traque, quelques jours après des attaques attribuées à des djihadistes dans le parc W au Bénin. Ce samedi, l’état-major français a annoncé avoir tué 40 jihadistes impliqués dans des frappes aériennes menées par la force Barkhane au Burkina Faso. 

Il souligne que ces jihadistes sont impliqués dans les attaques de mardi et jeudi qui ont fait neuf morts et 12 blessés parmi les équipes chargées de sécuriser le parc naturel W, dans le nord du Bénin, à l’issue de trois attaques à la bombe artisanale.

Mali : la société civile sénégalaise apporte son soutien

Une délégation de la société civile sénégalaise, qui séjourne depuis mercredi dernier à Bamako, a été reçue en audience par le Premier ministre de transition, Choguel Kokalla Maïga.Malgré les sanctions politico-économiques de la Cédéao, les sociétés civiles ouest-africaines semblent soutenir les autorités de la transition au Mali. La partie sénégalaise, après avoir organisé une grande mobilisation le 28 janvier dernier  à Dakar, a décidé de renforcer son soutien en effectuant un déplacement dans la capitale malienne.

La délégation, conduite par le président d’Imagine Africa, Pierre Sané, ancien sous-directeur général de l’Unesco, est composée de Mamadou Diop dit Decroix, député et ancien ministre, ainsi que du célèbre activiste et militant panafricaniste Guy Marius Sagna. Elle voulait ainsi  exprimer sa solidarité avec le peuple malien dans « la crise diplomatique née de l’ingérence intempestive de la France dans les affaires intérieures » de ce pays.

« Le Mali et le Sénégal sont des peuples jumeaux issus du même utérus qu’ont été l’Empire du Mali et la Fédération du même nom. Nous avons conquis l’indépendance dans la même lutte et fait nos premiers pas ensemble en tant qu’État indépendant. Tout ce qui atteint le Mali nous touche et la lutte du peuple malien est notre propre lutte », ont indiqué les membres de la délégation sénégalaise dans le communiqué ayant sanctionné leur visite jeudi.

Pour M. Sané, interrogé par la suite par certains médias locaux, leur déplacement était motivé par la volonté de venir à l’écoute des autorités maliennes afin d’avoir « une compréhension plus fine » sur l’évolution de la situation sécuritaire, l’impact des sanctions de la Cedeao et les futures étapes dans le combat pour leur abolition. Il était question pour eux de s’imprégner du niveau de mise en œuvre des conclusions des Assises nationales de la refondation (ANR) et l’évaluation du Premier ministre sur le rapport du Mali avec la France en ce moment.

Résistance

Recevant jeudi ses hôtes dans une rencontre élargie à certains membres de son gouvernement, le Premier ministre Choguel Maïga a remercié les premiers pour « l’esprit de solidarité et la mobilisation de soutien réussie à Dakar » en fin janvier, avant de faire le bilan détaillé des progrès réalisés par le gouvernement depuis la« rectification de la trajectoire » de la Transition le 24 mai 2021. Pour le chef du gouvernement de transition, « la Cedeao veut ramener tout le problème du Mali à une question électoraliste ».

Par ailleurs, il a évoqué avec les Sénégalais la mise en place par le gouvernement d’un « Mécanisme de Concertation » pour soutenir la dynamique de la poursuite du dialogue avec la Cédéao, l’Union africaine (UA) et la communauté internationale, sur des questions « concernant la conduite de la transition ».

Ce cadre de dialogue devrait aboutir à un nouveau chronogramme pour les élections. Toutefois, « si on n’a pas d’accord avec la Cédéao, nous allons rentrer en résistance », a-t-il prévenu, demandant d’emblée à ses interlocuteurs de continuer à sensibiliser les dirigeants de leur pays afin que ces derniers adoptent une autre grille de lecture sur la situation du Mali.

Depuis le 9 janvier dernier, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a mis sous embargo le Mali après que les autorités militaires de la transition leur ont proposé un chronogramme de cinq ans révisable avant l’organisation des élections. L’instance sous-régionale a ainsi prononcé de lourdes sanctions allant de la fermeture des frontières au sein de l’espace sous-régional au gel des avoir au sein de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), en passant par la suspension des échanges commerciaux autres que les produits de première nécessité.

Ces mesures, décriées par une grande partie de l’opinion, placent de nombreux citoyens ouest-africains dans le désarroi. « Même pour se dire bonjour, on se met de chaque côté de la frontière. C’est pitoyable », déplore un habitant de Kidira, ville sénégalaise frontalière du Mali.

Cependant, l’institution sous-régionale  a, dans une longue note technique sur le Mali, tenté de justifier ses sanctions. « La Cédéao demande seulement aux autorités de la transition militaire de permettre aux Maliens de choisir eux-mêmes leurs dirigeants » par l’organisation d’« élections démocratiques ».

Sommet UE-UA: le Sénégal veut « une déclaration forte »

A l’issue de la rencontre, Dakar attend une « déclaration forte, moins politique et plus engageante ».L’Union européenne et l’Union africain organisent leur sixième sommet les 17 et 18 février à Bruxelles (Belgique). Pour Me Aïssata Tall Sall, ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, ce sommet doit être plus efficace pour les deux organisations.

« L’autre chose (c’est de) nous dire, que cette déclaration finale qui va sanctionner le sommet doit être forte, courte, moins politique et plus engageante. Elle doit lier les pieds et les mains de l’Europe et de l’Afrique ensemble dans ce qu’elles vont faire », a dit Me Sall, recevant jeudi soir à Dakar, des Commissaires de l’UE en visite au Sénégal qui assure la présidence de l’UA pour la période 2022-2023.

Poursuivant, la cheffe de la diplomatie sénégalaise a estimé que « nous allons vers un sommet extrêmement important pour lequel nous allons redéfinir la forme de notre partenariat avant d’aborder les questions de fond parce que nous voulons que ce sommet soit beaucoup plus efficace que les précédents ».

« C’est pour cela que nous avons pensé qu’ensemble, avec vous, ce format de table-ronde est quelque chose de pragmatique pour nous permettre d’arriver à ces résultats », a-t-elle ajouté.

Selon elle, « l’Europe doit avoir une grande initiative pour l’Afrique pour nous permettre de nous décloisonner, de faire tomber les barrières, de faire passer les personnes et les biens dans toutes les frontières sans que cela ne soit une difficulté ».

De son côté, la vice-présidente exécutive de la commission européenne, Margarette Vestager a magnifié le partenariat entre l’Afrique et l’Union européenne, promettant que l’UE continuera d’accompagner l’Afrique afin qu’elle relève les défis de l’heure.

En prélude au Sommet UE-UA, des Commissaires européens conduits par la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, sont en visite à Dakar du 9 au 11 février 2022. L’objectif est d’échanger avec les autorités sénégalaises, la jeunesse sénégalaise, la société civile et le secteur privé autour des principaux défis et enjeux de la relance socio-économique du Sénégal.

Les deux parties ont également échangé autour des priorités du partenariat UE-Sénégal ainsi que sur les priorités de l’agenda sénégalaise vis-à-vis la présidence de l’Union Africaine.

Recevant la délégation, hier jeudi, le président Macky Sall a plaidé pour un « partenariat rénové » avec l’UE. « Compte tenu de la proximité géographique, l’Europe et l’Afrique ont intérêt à travailler ensemble », a dit Macky Sall.

Sanctions de la Cédéao : le Mali ouvre la voie au dialogue

Le gouvernement malien annonce avoir mis en place un « Mécanisme de Concertation » pour soutenir la dynamique de la poursuite du dialogue avec la Cédéao, l’Union africaine (UA) et la communauté internationale, « concernant la conduite de la transition ».Serait-on en train d’assister à un dégel entre les autorités maliennes de la transition et les organisations sous-régionales ? Dans un communiqué publié mercredi 9 février, le porte-parole du gouvernement malien annonce la mise sur pied d’un mécanisme pour sortir le pays de cette impasse caractérisée par l’embargo de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao).

Le colonel Abdoulaye Maïga, par ailleurs ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, explique que cet instrument a « pour but de rechercher une solution conciliant les aspirations du Peuple Malien et les demandes de la Communauté internationale, notamment à travers l’adoption d’un chronogramme consensuel » par rapport à la durée de la transition.

Ce mécanisme est structuré en deux groupes qui ont déjà commencé leurs travaux. La première réunion du « Groupe de dialogue au niveau ministériel » a été tenue le 31 janvier 2022, sous la présidence du ministre malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop.

Pour sa part, le « Groupe de travail élargi » a tenu, le 8 février 2022, sa réunion inaugurale, présidée par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Il souligne que le gouvernement malien, « à travers cette initiative, renouvelle son engagement pour le retour à un ordre constitutionnel normal et sa disponibilité constante au dialogue et au consensus pour la réussite de la Transition ».

 Consensus

Selon le communiqué, le Groupe de dialogue au niveau ministériel  a pour mission de « faciliter le dialogue entre les parties prenantes
et d’œuvrer à un rapprochement de positions et à la recherche de compromis sur les questions en suspens ».

Coordonné par le ministre Abdoulaye Diop, il est composé du Ghana, qui assure la présidence en exercice de la Cédéao, de la Mauritanie, du Nigeria, du Sénégal, qui occupe la tête de l’Union Africaine depuis le 5 février dernier, ainsi que de la Sierra Leone et du Togo. Par ailleurs, la Cédéao, l’Union Africaine et les Nations Unies sont les trois institutions cooptées dans ce premier groupe.

Pour le Groupe de travail élargi, sa mission consiste à « faire l’évaluation technique du projet de chronogramme de la Transition présenté à la Cédéao ». Le 9 janvier dernier, l’organisation sous-régionale avait rejeté la proposition de cinq ans révisable du gouvernement malien pour une nouvelle durée de la transition avant de prononcer de lourdes sanctions contre le pays qui cherche aujourd’hui à dépasser cette situation.

Cette dernière est préjudiciable à beaucoup de citoyens ouest-africains qui continuent de dénoncer des « mesures impopulaires » de la Cédéao. La fermeture des frontières avec le Mali au sein de l’espace sous-régional et la suspension des échanges commerciaux autres que les produits de première nécessité plongent plusieurs acteurs dans le désarroi. « Même pour se dire bonjour, on se met de chaque côté de la frontière. C’est pitoyable », déplore un habitant de Kidira, ville sénégalaise frontalière du Mali.

Statu quo

Par ailleurs, le colonel Abdoulaye Maïga, qui coordonne le Groupe de travail élargi du Mécanisme de Concertation, aura l’occasion de chercher des solutions en compagnie des représentants du gouvernement de son pays et des membres du Comité local du suivi de la Transition (la Cédéao Union Africaine, les Nations Unies, le Ghana et le Nigeria), assistés de personnes ressources et d’experts compétents, souligne le document reçu à APA.

Dans une longue note technique sur le Mali, il y a deux semaines, la Cédéao a tenté de justifier ses sanctions très critiquées par l’opinion malienne et dans certains pays du continent. « La Cédéao demande seulement aux autorités de la transition militaire de permettre aux Maliens de choisir eux-mêmes leurs dirigeants ».

Si l’organisation était attendue lors de son dernier sommet extraordinaire, tenu le 3 février à Accra, pour alléger les sanctions contre le Mali, elle a maintenu le statu quo. Souhaitant briser l’image de « club de chefs d’État » qu’on lui colle, la Cédéao veut prouver que c’est bien le respect de la volonté du peuple qu’elle essaie de défendre, en prônant l’organisation d’« élections démocratiques ».

Mali: vers une évacuation médicale de Soumeylou Boubeye Maïga ?

La famille de l’ancien Premier ministre malien, qui a des bisbilles judiciaires depuis quelques mois dans son pays, s’inquiète de son état de santé et demande son évacuation médicale.Partira, partira pas ? Poursuivi pour corruption dans le cadre de deux affaires remontant à 2014 et emprisonné un temps, Soumeylou Boubeye Maïga, 67 ans, voit son état de santé se dégrader de jour en jour, selon sa famille qui souhaite le faire quitter le Mali le plus vite possible. Depuis la mi-décembre, l’ancien Premier ministre du président Ibrahim Boubacar Keita est hospitalisé dans une clinique de la capitale Bamako.

Plusieurs expertises médicales ont recommandé son évacuation sanitaire mais cette recommandation n’a pas été suivie d’effet. Son épouse, Maïga Binta Yatassaye, demandant le respect des droits de son mari, a interpellé mercredi les autorités dans ce sens. « Son état de santé s’est fortement dégradé en prison, en raison de conditions de détention épouvantables, notamment l’enfermement avec quatre-vingt-dix personnes, dans une cellule sans fenêtres… Il a perdu plus de vingt-trois kilos et il est extrêmement affaibli et malade », a-t-elle admis au micro de RFI.

« Il a été transporté d’urgence, à la mi-décembre, dans une clinique de Bamako, et l’équipe pluridisciplinaire qui l’a pris en charge a conclu à la nécessité d’une évacuation. Les autorités ont demandé une contre-expertise. Le 13 janvier, le Conseil Supérieur de la Santé a également conclu à l’impérieuse nécessité d’une évacuation. Malgré cela, depuis maintenant près de trois semaines, nous n’avons aucune réponse sur l’autorisation d’évacuation et nous sommes très inquiets », a poursuivi Mme Maïga, expliquant que son mari est prêt à répondre à la Justice, mais qu’il doit pour cela être évacué d’urgence.

« Ce que nous demandons, c’est qu’il puisse recouvrer la santé, précisément pour pouvoir répondre aux questions que la justice voudra bien lui poser. Même avec un permis délivré par la Cour suprême, aujourd’hui il n’est pas possible d’accéder à lui. Il est gardé au niveau de la clinique où il est hospitalisé et les permis sont refusés. Il est à l’isolement total, la famille n’a pas accès à lui, ce qui nous paraît inadmissible et pas conforme à l’État de droit », a indiqué l’épouse de Soumeylou Boubeye Maïga.  

Ministre de la Défense au moment des faits, ce dernier a été placé sous mandat de dépôt le 25 août dernier avant de recouvrer quelques mois après la liberté en raison de son état médical. Incarcéré en même temps que l’ancienne ministre de l’Economie Bouaré Fily Sissoko, ils sont soupçonnés de corruption et de favoritisme dans le cadre de l’achat de l’avion présidentiel et des contrats d’équipements militaires, représentant à eux deux plus de 130 milliards de francs CFA.

Des rapports de la Cour des comptes et du vérificateur général, mais également du FMI, avaient alors épinglé des surfacturations et de nombreuses anomalies. Ces dossiers avaient été classés sans suite en 2018 puis rouverts l’année dernière, la Cour suprême inculpant officiellement Soumeylou Boubeye Maïga et Bouaré Fily Sissoko.

Mali : l’envoyé spécial de Jeune Afrique expulsé de Bamako

Un journaliste de Jeune Afrique, Benjamin Roger, a été expulsé du territoire malien, ce mardi 08 janvier 2022.  La direction de l’hebdomadaire estime que la mesure contre son envoyé spécial est injustifiée.

Arrivé à Bamako le 06 janvier dernier, l’envoyé spécial de Jeune Afrique est expulsé deux jours après. La direction du média explique que le journaliste a été interpellé à son hôtel par la police, le lundi 7 février vers 11 heures. Il a ensuite été conduit dans les locaux de la Brigade d’investigation judiciaire, où il a été interrogé. enfin, dans ceux de la Police de l’Air et des Frontières, où son expulsion lui a été signifiée.

L’homme de média était muni d’un visa en règle et sans dissimuler sa profession, insiste le journal qui dénonce  une  mesure, « injustifiée et contrevenant à la liberté d’informer. »

Rappelons que le Mali a fait savoir, aux correspondants internationaux qu’un nouveau processus d’accréditation allait être mis en place. Etant donné que la mesure n’est pas encore effective, il est difficile aux médias internationaux de s’y rendre.

Un journaliste français expulsé du Mali

Les autorités maliennes ont expulsé l’envoyé spécial de Jeune Afrique.Benjamin Roger est arrivé à Bamako dans la nuit du 6 au 7 février. Il a été interpellé à son hôtel par la police, hier lundi. Il a été amené à la Brigade d’investigation judiciaire puis à la Police de l’Air et des Frontières qui lui a notifié son expulsion.

Selon la direction de Jeune Afrique, cette décision de Bamako est « injustifiée » et va à l’encontre de la liberté de presse.

Mali : Paris et ses partenaires envisagent un retrait définitif

Des discussions sont en cours entre Paris et ses partenaires européens pour le départ définitif de leurs forces militaires du Mali.L’axe diplomatique entre Bamako et Paris est en pleine zone de turbulences. Dans ce contexte, la France et ses partenaires de l’Union européenne ont engagé des concertations sur leur présence militaire au Mali.

Selon certains médias français, la tendance penche pour « un retrait définitif » du Mali de Barkhane, l’opération militaire française menée au Sahel et au Sahara et la force militaire de l’Union européenne, Takuba, censée prendre son relai.

La France et le Mali sont engagés dans une crise politique et diplomatique depuis plusieurs mois. Des tensions exacerbées par l’expulsion de l’ambassadeur de la France à Bamako le 31 janvier dernier par les autorités de la transition malienne.

Le Niger, nouvelle base arrière ?

« Là où les conditions ne sont pas réunies, il ne faut pas rester », a expliqué un diplomate cité dans la presse française. « On ne peut pas rester au Mali à n’importe quel prix. Les conditions de notre intervention sont rendues de plus en plus difficiles », a ajouté Florence Parly, la ministre française des Armées.

La France et ses partenaires se donnent un délai de deux semaines pour prendre une décision définitive. Un redéploiement du dispositif de l’armée française dans les localités de Ménaka, Gossi, ou encore Gao, vers le Niger est fortement envisagée. A ce titre, la ministre française des Armées, a effectué mercredi dernier une visite à Niamey pour discuter avec le président nigérien Mohamed Bazoum des différentes options envisageables.

Entre la France et le Mali, la machine diplomatique avait pris du sable depuis deux ans et le rappel de Toumani Djime Diallo, dernier ambassadeur du Mali à Paris. Ce dernier avait accusé au Sénat français les « légionnaires français » de mauvais comportements dans les « Pigalle de Bamako ». Une sortie qui avait provoqué une brouille diplomatique entre Paris et Bamako sur l’action des militaires de l’opération Barkhane

Et depuis cette date, le Mali n’a plus d’ambassadeur à Paris. En août 2021, la junte avait proposé le diplomate Moussa Sy, actuel conseiller diplomatique à Cuba pour occuper le poste. Mais le choix n’a pas été validé par les autorités françaises qui juge le profil très proche de la Russie qui deviendra, avec le départ plus que probable de la France, un allié de premier plan du Mali.

Cédéao : les décisions majeures du sommet d’Accra

Les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des État de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont pris plusieurs décisions majeures dans les différentes crises politiques qui secouent certains pays d’Afrique de l’Ouest.L’Autorité des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a décidé de maintenir la suspension du Burkina Faso de toutes les structures de l’Institution sous-régionale jusqu’à la restauration de l’ordre constitutionnel.

Dans le communiqué publié à l’issue du Sommet extraordinaire d’Accra, au Ghana, le jeudi 3 février 2022, les dirigeants de la Cédéao ont demandé aux autorités militaires du Burkina Faso de mettre en place les institutions de la transition, d’adopter un calendrier de transition et de faciliter le retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais.

Ils ont instruit la Commission de la Cédéao d’assurer un engagement continu avec les nouvelles autorités à travers la mise en place d’un mécanisme de suivi, incluant l’Union africaine et les Nations unies, en vue d’accompagner le processus de transition.

Sur la situation politique en République de Guinée, la Conférence a pris note de la récente mise en place du Conseil National de Transition (CNT), en tant qu’organe législatif et a exprimé sa préoccupation quant à l’indisponibilité du calendrier de transition requis cinq mois après le coup d’Etat, tel que demandé par la Session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Cédéao tenue le 16 septembre 2021.

En conséquence, « l’Autorité décide de maintenir toutes les sanctions déjà imposées à la Guinée et de demander à l’Autorité de transition de fournir à la Cédéao un calendrier acceptable pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel. L’organisation sous-régionale « réaffirmer sa disponibilité à accompagner la Guinée vers le retour à l’ordre constitutionnel dans les meilleurs délais », indique le communiqué.

S’agissant de la situation politique en République du Mali, les chefs ouest-africains ont salué les conclusions de la 1057ème réunion du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine tenue le 14 janvier 2022 entérinant toutes les décisions et sanctions de la Cédéao à l’égard du Mali.

« L’Autorité regrette l’indisponibilité d’un nouveau calendrier conforme aux décisions de l’Autorité » En conséquence, « l’Autorité décide maintenir toutes les sanctions imposées au Mali conformément à sa décision du 9 janvier 2022 ». Elle exhorte encore « les autorités maliennes à proposer d’urgence à la Cédéao un calendrier électoral acceptable en vue de permettre la levée progressive des sanctions ».

« Par ailleurs, la Cédéao réaffirme sa disponibilité à travailler en liaison avec l’Union africaine et les Nations unies pour apporter l’appui technique nécessaire aux autorités du Burkina Faso, de la Guinée et du Mali dans la mise en œuvre des calendriers approuvés », conclut le communiqué.

Les dirigeants de la Cédéao ont également examiné les mémorandums sur les situations politiques au Mali et en Guinée présentés par le président de la Commission de la Cédéao Jean-Claude Kassi Brou. L’Autorité a salué la qualité des rapports et des mémorandums et a pris note des recommandations qu’ils contiennent. Le communiqué note que l’Autorité a été informée par Suzi Carla Barbosa, Ministre d’Etat des Affaires étrangères, de la Coopération Internationale et de la diaspora de Guinée-Bissau, des circonstances entourant la tentative de coup d’Etat en Guinée Bissau le 1er février 2022.

« L’Autorité a fermement condamné la tentative de coup d’Etat en Guinée-Bissau et a exprimé sa solidarité avec le Président Umaro Sissoco Embaló et le peuple de Guinée-Bissau. Compte tenu de ces récents développements, l’Autorité décide de déployer une force en vue de soutenir la stabilisation du pays » indique le communiqué. « L’Autorité décide en outre de maintenir les composantes militaire et policière de la Mission de la Cédéao en Gambie (ECOMIG) afin de consolider la stabilité dans le pays » ajoute le communiqué.

Les dirigeants ouest-africains ont également affirmé son engagement à rester ferme pour la protection de la démocratie et de la liberté dans la région et réitère leur position résolue à faire respecter le principe de tolérance zéro pour l’accession au pouvoir par des moyens anticonstitutionnels, tel qu’inscrit dans le protocole additionnel de la Cédéao de 2001 sur la démocratie et la bonne gouvernance

Cedeao: vers un allègement des sanctions contre le Mali ?

Sous le feu des critiques, l’organisation sous-régionale, qui se réunit depuis ce matin dans la capitale ghanéenne, pourrait reconsidérer certaines mesures prises contre le Mali.Mis sous embargo depuis près d’un mois par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le Mali croise les doigts, espérant une possible atténuation des sanctions politiques et économiques en vue d’amener les autorités militaires à organiser rapidement une transition du pouvoir aux civils.

La fermeture des frontières avec le Mali au sein de l’espace sous-régional et la suspension des échanges commerciaux autres que les produits de première nécessité plongent plusieurs acteurs dans le désarroi. « Même pour se dire bonjour, on se met de chaque côté de la frontière. C’est pitoyable », déplore un habitant de Kidira, ville sénégalaise frontalière du Mali.

Même si certains essaient de passer par la brousse, le quotidien sénégalais L’Observateur note que la Direction de la police de l’air et des frontières a déployé un renfort d’éléments pour renforcer la sécurité. « Des gens essaient de passer par tous les moyens. Ils essaient de nous prendre par les sentiments lorsqu’on les arrête, mais nous ne faisons qu’appliquer des décisions qui vont au-delà du Sénégal », chuchote un officier dans le journal.

Aujourd’hui, ce sont 1348 camions qui sont en souffrance à la frontière sénégalo-malienne. « C’est plus de 3000 personnes quelque part dans la brousse dans des conditions de précarité. Ils vivent dans un dénuement total. Ils sont dans la rue », d’après les responsables des Groupements économiques du Sénégal, cités par des médias de ce pays.

Poids des sanctions

Ils alertent sur les conséquences humanitaires de ces sanctions contre les transporteurs bloqués avec leurs chargements à la frontière à Kidira, située à plus de 700 kilomètres à l’est de Dakar. « Les chauffeurs commencent à vendre le gasoil pour pouvoir vivre. J’appelle à l’intelligence de nos autorités. Cette décision politique va porter l’estocade à notre secteur après les conséquences de la Covid-19 », interpelle Momar Sourang, coordonnateur du collectif des acteurs de la Coordination des Professionnels des Transports Routiers du Sénégal (CPTRS).

A Accra donc, ce jeudi 3 février, les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao devraient prendre en compte cette donne même si la priorité sera portée sur le dossier du Burkina Faso, dirigé depuis quelques jours par des putschistes.

Dans une étude publiée le 25 janvier dernier, sous le thème intitulé : « Effets des sanctions de la CEDEAO sur le commerce extérieur du Mali », des chercheurs du Centre universitaire de recherches économiques et sociales (CURES) soulignent que le Burkina Faso, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Bénin « pâtiront des mesures économiques et financières adoptées contre le Mali ».

« En cas de rupture commerciale totale, le Sénégal réaliserait une perte de plus de 1,3 milliards de FCFA par jour, suivi de la Côte d’Ivoire avec plus de 612 millions de FCFA puis vient, en troisième position, le Bénin avec un peu plus de 151 millions de FCFA par jour », indique l’Agence malienne de presse (AMAP), citant ces chercheurs.

La semaine dernière, la Cédéao a, dans une longue note technique sur le Mali, tenté de justifier ses sanctions très critiquées par l’opinion malienne et dans certains pays du continent. « La Cédéao demande seulement aux autorités de la transition militaire de permettre aux Maliens de choisir eux-mêmes leurs dirigeants ».

Image de la Cédéao

La Cédéao veut briser l’image de « club de chefs d’État » qu’on lui colle et prouver que c’est bien le respect de la volonté du peuple qu’elle essaie de défendre, en prônant l’organisation d’« élections démocratiques ».

Les autorités militaires maliennes ont proposé un chronogramme de cinq ans révisable avant un retour aux civils au pouvoir, faisant comprendre que les conditions sécuritaires dans ce pays miné par le djihadisme ne le permettent pas pour le moment. Cela a fait sortir l’organisation sous-régionale de ses gonds. Après la convocation d’un sommet extraordinaire, elle a entériné des décisions élargies à la coupure des aides financières et le gel des avoirs du Mali à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).

Depuis lors, la société civile malienne s’est montrée solidaire, avec notamment les syndicats d’enseignants qui ont décidé de lever leur mot d’ordre de grève. Des manifestations monstres ont été organisées dans le pays à l’appel du président de la transition, le colonel Assimi Goïta, pour dénoncer les sanctions « impopulaires » de la Cédéao.

L’Union africaine préoccupée par les coups d’Etat

Le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat a exprimé son inquiétude face aux menaces croissantes pour la sécurité du continent liées aux changements anticonstitutionnels.S’adressant au Conseil exécutif à l’ouverture de la 40ème Session ordinaire du Conseil exécutif de l’Union africaine (UA), le Président de la Commission Moussa Faki Mahamat, a déclaré que le continent a été touché par une série de conflits qui ont déstabilisé un grand nombre de personnes. « La paix et la sécurité ont été sérieusement menacées dans de nombreuses régions du continent avec l’augmentation des coups d’Etat militaires, des conflits intra-étatiques et l’expansion des groupes meurtriers dans de nombreux Etats africains », a déclaré M. Mahamat.

Le président a imputé les problèmes d’insécurité croissante à la gouvernance politique, économique et sociale déficiente sur le continent. Il a reconnu que la résurgence des changements anticonstitutionnels de gouvernement affectent dangereusement le continent qui doit faire face à la pandémie de la Covid-19 et et au changement climatique.

Selon M. Mahamat, les déplacements et les migrations restent les problèmes majeurs du continent, alors que les crises économiques frappent l’Afrique de plein fouet. S’exprimant à cette occasion, Vera Songwe, Sous-secrétaire des Nations unies et Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) a souligné un certain nombre de risques auxquels l’Afrique est confrontée.

« L’Afrique, comme le reste du monde, doit renforcer sa résilience face à un certain nombre de menaces, notamment le changement climatique, les risques de cyber-sécurité, les pandémies et les maladies infectieuses, la faible gouvernance et les conflits », a-t-elle déclaré.

Selon Mme Songwe, ces risques s’inscrivent dans le sillage de la dépression, des niveaux élevés de chômage et d’un espace civique de plus en plus fermé. Par ailleurs, Vera Songwe a indiqué que l’Afrique avait mis en commun ses risques et, s’appuyant sur 20 ans de solidarité, elle a créé la Plateforme africaine de fournitures médicales pour accéder aux équipements de protection.

Cedeao : le Burkina, sujet brûlant du sommet extraordinaire à Accra

Le coup d’Etat perpétré le 24 janvier 2022 par des militaires au Burkina Faso, sera au menu du sommet extraordinaire de la Cedeao qui s’ouvre ce jeudi à Accra.Pas de répit pour la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Alors qu’elle est pleinement engagée dans le dossier malien, la crise politique au Burkina Faso oblige les chefs d’Etat de l’organisation à se réunir en urgence pour prendre des mesures à l’égard de Ouagadougou.

C’est le prétexte du sommet extraordinaire qui s’ouvre ce jeudi à Accra dans la capitale ghanéenne sans le Mali, la Guinée et désormais le Burkina Faso suspendu à son tour des instances de l’organisation sous-régions après le putsch du 24 janvier dernier contre le président démocratiquement élu Roch Marc Christian Kabore. 

Le dossier burkinabé sera d’ailleurs la priorité des chefs d’Etat et de gouvernements lors de ce sommet extraordinaire. Plusieurs dirigeants dont Alassane Ouattara ont annoncé leur présence.

La Cedeao va faire le point sur la mission envoyée à Ouagadougou  après le putsch avant de prendre les premières mesures. Tout devrait se jouer selon plusieurs sources diplomatiques sur « la durée de la transition au Burkina Faso ». Paul-Henri Sandaogo Damiba qui a pris le pouvoir après le coup d’Etat, a montré sa volonté de travailler avec la Cedeao. Mais l’organisation sous-regionale veut avant tout des gages et cherchera à obtenir une transition courte au Burkina Faso, ce qu’elle n’a pu obtenir au Mali. 

Le Mali et la Guinée, deux autres pays frappés par des coups d’Etat ces derniers mois, seront aussi au menu des discussions. La Cedeao avait déjà prononcé des sanctions contre ces deux pays à des degrés divers. 

Embargo au Mali: 1348 camions en souffrance à la frontière sénégalaise

Les Groupements économiques du Sénégal alerte sur les sanctions de la Cedeao contre Mali et les conséquences sur l’activité économique au Sénégal.Les Ges et deux de leurs organisations affiliées à savoir la Coordination des Professionnels des Transports Routiers du Sénégal (CPTRS ) et le Collectif des Acteurs des Transports routiers du Sénégal (CATRS) lancent un cri de détresse. Ces associations sont sorties de leur mutisme pour alerter sur l’impact des sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) contre le Mali et ces répercussions sur les activités économiques au Sénégal.

« Aujourd’hui, 1348 camions chargés sont en souffrance à la frontière. C’est plus de 3 000 personnes quelque part dans la brousse dans des conditions de précarité. Ils vivent dans un dénouement total. Ils sont dans la rue », selon les responsables de ces groupements.

Ils alertent sur les conséquences humanitaires de ces sanctions contre les transporteurs bloqués à la frontière avec leurs chargements. « Les chauffeurs commencent à vendre le gasoil pour pouvoir vivre. J’appelle à l’intelligence de nos autorités. Cette décision politique va l’estocade à notre secteur après les conséquences de la  Covid-19 », interpelle Momar Sourang Coordonnateur du collectif des acteurs de la CPTRS.

Ces acteurs demandent aux pays de la Cedeao d’assouplir certaines mesures contre le Mali pour éviter le pire. « En Afrique, nous avons une recette. Il faut qu’on aille sous l’arbre à palabre, discuter pour trouver une solution » confie les responsables de ces associations qui craignent de perdre le partenaire malien qui représente 4 millions de tonnes par an. 

Au regard du volume important de camions immobilisés aux bureaux frontaliers et des risques sécuritaires et sanitaires, ces groupements invitent les dirigeants ouest-africains à se pencher rapidement sur le dossier malien pour tenter de dénouer la crise  sous l’angle humanitaire.

La France va-t-elle quitter le Mali ?

La France se donne quinze jours pour décider de l’avenir de sa présence militaire au Mali.La France n’a pas vocation à s’éterniser au Mali, ont souvent répété les responsables politiques français. L’ancienne puissance coloniale, dont plusieurs milliers de soldats sont engagés depuis 2013 contre les groupes jihadistes actifs sur le territoire malien et dans les pays voisins, va-t-elle enfin retirer ses troupes de la région ?

S’il ne lui manquait qu’un alibi pour prendre une telle décision, que beaucoup d’observateurs ne cessent d’envisager en raison de l’enlisement manifeste de l’armée française sur le terrain et de la dégradation des relations entre Paris et Bamako, l’expulsion de l’ambassadeur de France par les autorités maliennes, mardi 31 janvier, pourrait lui en fournir.

 « La situation ne peut pas rester en l’état », a déclaré mardi 1er février le porte-parole du gouvernement français Gabriel Attal, donnant ainsi le sentiment que la France envisage désormais toutes les hypothèses y compris un retrait de ses troupes du Mali.

D’ici la mi-février, « on va travailler avec nos partenaires pour voir quelle est l’évolution de notre présence sur place » et « pour prévoir une adaptation », a déclaré Gabriel Attal sur Franceinfo commentant le renvoi du diplomate français par le Mali, en réaction aux récentes déclarations jugées par Bamako « hostiles » des ministres français des Armées et des Affaires étrangères.

L’expulsion de l’ambassadeur français ; Joël Meyer, 60 ans, en poste à Bamako depuis octobre 2018, est inédite dans l’histoire des relations entre le Mali et la France. Elle marque une nouvelle étape dans la tension née entre les deux pays suite à la prise du pouvoir à Bamako à partir d’août 2020 par une junte de colonels qui depuis ne semble pas pressée d’organiser un retour à l’ordre constitutionnel.

Invoquant la souveraineté nationale, la junte entend se maintenir plusieurs années au pouvoir, le temps selon elle de « refonder les bases de l’Etat et restructurer les forces armées et sécurité » du pays plongé depuis 2012 dans une grave crise sécuritaire liée à la présence de plusieurs groupes jihadistes sur une grande partie du territoire malien, le Nord et le Centre notamment.

Durant les premiers mois après la prise du pouvoir par l’armée à Bamako, Paris s’était pourtant montré conciliant vis-à-vis des putschistes maliens. Mais les rapports entre les deux parties se sont brusquement dégradés lorsqu’en mai dernier les colonels qui avaient entre-temps installé un président et un premier ministre à la tête d’un gouvernement de transition avaient décidé de débarquer les deux hommes confiant la présidence de l’Etat au chef de la junte, le colonel Assimi Goita.

La crise s’est, ensuite, aggravée quand quelques jours plus tard, la France a brandi la menace de retirer ses militaires engagés depuis 2013 au Mali et au Sahel dans le cadre d’une opération de lutte contre les groupes jihadistes, avant de se rétracter finalement pour annoncer une simple réduction de ses troupes et une restructuration de son dispositif militaire sur le terrain.

Évoquant alors « un abandon en plein vol », les autorités de Bamako avaient, dans la foulée, menacé de faire appel à d’autres partenaires extérieurs, donnant ainsi crédit à ce qui n’était à l’époque qu’une simple rumeur comme quoi elles souhaiteraient solliciter la Russie pour l’envoi d’éléments appartenant à la très sulfureuse compagnie militaire privée russe Wagner, accusée d’exactions en Syrie, en Libye et en Centrafrique. La France qui n’a jamais caché son hostilité à une telle perspective n’avait, depuis lors, cessé de mettre en garde Bamako et Moscou contre cette éventualité qui, depuis peu, serait devenue finalement une réalité, selon plusieurs sources diplomatiques occidentales en poste au Mali.

Les sorties musclées de responsables des deux pays, devenues quasi quotidiennes ces dernières semaines, n’ont pas contribué à apaiser la tension.

Commentant mercredi dernier, les sanctions prises contre la junte par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui a infligé le 9 janvier une série de sévères sanctions diplomatiques et économiques au Mali, le colonel Abdoulaye Maïga, ministre et porte-parole du gouvernement malien, s’était livrée à une attaque virulente contre la ministre française des Armées, Florence Parly et la France, qu’il a accusée de chercher à diviser les Maliens, « d’instrumentaliser » les organisations sous-régionales et de conserver ses « réflexes coloniaux ». Le colonel malien avait alors sommé Mme Parly de se taire.

« Ce que nous avons souhaité en demandant le départ de l’ambassadeur » (ministre)

Le ministre malien des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye Diop, attend de Paris qu’elle « clarifie ses positions et ses appréciations par rapport aux autorités de la Transition ».« Il y a un différend sur le plan politique et diplomatique avec la France » a laissé entendre Abdoulaye Diop, après la demande d’expulsion notifiée de l’ambassadeur français à Bamako, Joël Meyers. « Ce que nous avons souhaité en demandant le départ de l’ambassadeur c’est que qu’il puisse, en attendant que les autorités françaises clarifient leurs positions et leurs appréciations par rapport aux autorités de la Transition, ils puissent quitter le territoire national et revenir à tout moment si le gouvernement français détermine sa position » a martelé le chef de la diplomatie malienne.

Avant d’ajouter : « Il y a certainement un différend sur le plan politique et diplomatique que nous travaillons à régler. Nous n’admettons pas que vous soyez là et continuez à traiter les autorités d’illégitimes. Je tiens à préciser qu’il s’agit d’une position de principe parce que cette position de la France est contraire au principe d’amitié, de relations amicales entre les pays »

Selon Abdoulaye Diop, cette mesure répond à cette posture de la France à l’égard des autorités de la transition malienne. « Nous savons que la France, elle-même, aligne sa position à celle de la Cedeao qui n’a jamais remis en cause les autorités de la Transition, ni l’Union Africaine et les Nations unies, ni même l’Union européenne. Donc, la France est le seul pays dans cette posture d’attaques directes contre la légalité et la légitimité des autorités de la Transition ».

Le ministre des Affaires étrangères malien précise toutefois que « les différends avec la France ne touchent pas les ressortissants français qui sont parmi nous, ni des entreprises françaises qui peuvent continuer à vaquer normalement à leurs occupations. Les Français restent les bienvenus au Mali, donc il n’y a pas de problème entre les populations françaises et les populations maliennes, ni ici, ni en France. »

L’ambassadeur du Mali à Bamako est sommé de quitter le Mali dans les 72 heures à compter de la notification reçue le 31 janvier 2022. Une mesure « liées aux déclarations outrageuses qui ont été formulées à l’endroit des autorités de la Transition » par le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.

Tension: « Le retrait de l’armée française du Mali est une option » (Analyste)

Professeur à Sciences Po à Paris et à Advisor Brussels International center, Kader A. Abderrahim décrypte, pour Apa news, la décision du gouvernement malien d’expulser l’ambassadeur français en poste au Mali, Joël Meyer.-La décision malienne d’expulser l’ambassadeur de France, annoncée lundi 31 janvier,  était-elle prévisible ?

Malheureusement oui. Ces dernières semaines la tension est montée entre les deux capitales. Les déclaration de Jean-Yves Le Drian et de Mme Florence Parly, en fin de semaine dernière, n’ont pas contribué à faire retomber la pression.

Le retrait annoncé, jeudi dernier, des troupes danoises présentes dans le cadre de la task-force européenne Takuba qui appuie l’armée française dans la lutte contre les groupes jihadistes au Mali et au Sahel après une admonestation du gouvernement malien a marqué le point d’orgue. 

Dans cette situation, il me semble que le Mali s’isole diplomatiquement et que la France est fragilisée dans ce qu’elle considère être son pré-carré. 

-Quelle pourrait être la réponse de la France à cette annonce ?

La France pourrait prendre une décision similaire. Toutefois, je ne crois qu’elle le fera afin de marquer son désir de maintenir a minima des relations entre les deux pays.

En revanche, le départ des troupes françaises peut être une option. La France se trouve dans un contexte de pré-campagne pour une élection présidentielle prévue en, avril 2022. Le président Emmanuel Macron prendra, sans doute, une décision en fonction de l’élection à venir et de l’intérêt pour la France de rester ou non au Mali. Son influence et son rôle en Afrique sont ainsi remis en cause. Il doit en tirer des enseignements.

-Un retrait définitif des troupes françaises est-il envisageable ? 

C’est naturellement cela que les protagonistes de cette crise diplomatique ont à l’esprit. 

-Paris et Bamako pouvaient-ils éviter d’arriver à ce niveau de tension ?

Chacun des deux acteurs pouvait faire l’économie de cette dégradation bilatérale.

Il me semble que les autorités maliennes tardent à expliquer leur projet et leurs intentions, à tout le moins vis-à-vis de leurs compatriotes, il est plus aisé de se déterminer lorsque les citoyens comprennent dans quelle direction vous souhaitez aller. Ici on le sentiment d’une navigation à vue, sans véritable projet politique. Au niveau régional, il y a une recomposition géopolitique en cours. 

Il est légitime que le Mali cherche à établir des alliances ou des partenariats nouveaux pour préserver ses intérêts. 

Quant à la France, les vieux réflexes et le sentiment d’être dans sa zone de confort ne lui ont pas permis de voir les évolutions en cours sur le plan géopolitique.  

Le gouvernement malien expulse l’ambassadeur de France de son territoire

L’Ambassadeur de France au Mali, son excellence Joël Meyer est expulsée par les nouveaux hommes forts. La junte au pouvoir lui accorde un délai de 72 heures pour quitter le pays.

Dans un communiqué de presse, « le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale que, ce jour, lundi 31 janvier 2022, l’Ambassadeur de France au Mali son excellence Joël Meyer a été convoqué par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale qui lui a notifié la décision du Gouvernement qui l’invite à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures. »

 

Cette mesure fait suite aux propos « hostiles et outrageux » tenus récemment par le ministre français de l‘Europe et des Affaires étrangères et à la récurrence de tels propos par les autorités françaises à regard des Autorités maliennes, en dépit des protestations maintes fois élevées.

 

Le gouvernement du Mali dit, condamner vigoureusement et rejette ces propos qui sont contraires au développement de relations amicales entre nations.

 

Enfin, le patron de la diplomatie au Mali, réitère sa disponibilité à maintenir le dialogue et poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires internationaux y compris la France, dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence, conformément aux aspirations légitimes du Peuple Malien.

Mali : l’ambassadeur de France sommé de quitter le pays

Le diplomate français a trois jours pour quitter Bamako.La décision des autorités maliennes fait suite aux « propos hostiles et outrageux » tenus « récemment » par le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, et à la « récurrence de tels propos par les autorités françaises à l’égard des autorités maliennes en dépit des protestations maintes fois élevées », explique la présidence de la République malienne.

Dans un communiqué lu ce lundi sur les ondes de l’ORTM, la télévision nationale, le gouvernement de transition a sommé l’ambassadeur de France, Joël Meyer, à quitter le Mali dans les 72 heures.

Ces derniers jours, Jean-Yves Le Drian avait jugé « illégitimes » les autorités de transition et dénoncé leur « fuite en avant ». Il avait aussi estimé que le groupe russe Wagner était déjà à l’œuvre au Mali, et qu’il y « protégeait les autorités en échange de l’exploitation des richesses minières du Mali. »

Tout en condamnant vigoureusement de tels propos, Bamako souligne qu’ils sont « contraires au développement de relations amicales entre nations. »

L’exécutif malien réaffirme cependant sa « disponibilité à maintenir le dialogue et poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires internationaux, y compris la France dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence, conformément aux aspirations légitimes du Peuple Malien.»

Il y a eu ces derniers jours des tensions entre Bamako et Paris sur le déploiement de soldats danois dans le pays, qui se sont finalement retirés.

Cedeao : quelle solution face aux putschs en Afrique de l’Ouest ?

Les récents bouleversements qui ont brouillé le paysage politique de l’Afrique de l’Ouest remettent directement en question la crédibilité de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao).L’institution dont beaucoup pensent qu’elle n’est bonne que pour donner des coups d’épée dans l’eau et faire des menaces de sanctions est à bout de souffle et devient la cible d’une partie des populations. En l’espace de quelques mois, la Cedeao a suspendu trois de ses Etats membres, le Mali, la Guinée, et le Burkina Faso confrontés à des coups d’Etat militaires. Un coup sévère porté au processus démocratique selon l’organisation régionale.

Le premier pays à subir les foudres de l’organisation est le Mali en 2020, la Guinée en septembre 2021 et plus récemment, le Burkina Faso. Dans ces trois pays minés par des crises multiformes, des présidents civils ont été écartés au profit de militaires. Une situation qui a mis l’organisation ouest-africaine désormais composée de 12 membres, dans l’embarras pour trouver les réponses appropriées et pas nécessairement cohérentes à ces crises.

Les juntes qui dirigent ces trois pays font l’objet de sanctions de la part de la Cedeao pour avoir renversé des gouvernements démocratiquement élus. Mais ces coups d’Etat de l’avis de certains experts politiques sont une réponse à la mal gouvernance et l’incapacité des dirigeants déchus à faire face à la crise sécuritaire, comme c’est le cas au Mali et au Burkina Faso.

Naturellement, la Cedeao, qui regroupe 15 pays, a tenté dès le début d’asseoir son autorité avec sa panoplie de sanctions. Mais à l’évidence, ces mesures n’ont fait renforcer un sentiment nationaliste au niveau des Etats sanctionnés.

Elle est depuis lors entrée en scène avec des sanctions contre les nouveaux dirigeants militaires qui, à des degrés divers, l’ont prises au mot en prenant des mesures de représailles contre elle, laissant les observateurs se demander si la Cedeao a vraiment les moyens de faire face à ce nouvel assaut contre la démocratie en Afrique de l’Ouest.

Après que la Cedeao a annoncé des sanctions à l’encontre des nouveaux hommes forts de Bamako pour avoir voulu porter à cinq ans une courte transition politique, le régime militaire a non seulement condamné « les sanctions abusives » de l’organisation avant de fermer à son tour ses frontières aux pays membres de la Cedeao.

Une défiance assumée par la junte malienne qui vient saper l’autorité du groupement régional ouest-africain. Les chefs d’Etat de l’organisation surpris par la riposte du Mali, a momentanément envisagé de revenir sur sa politique volontarisme mais sans impact réel, à en croire le récit de certains cercles au sein de l’organisation pour expliquer cet apparent changement d’opinion.

Beaucoup estiment qu’une Cedeao divisée et intrinsèquement minée par des intérêts géopolitiques disparates défendus par ses membres ne peut pas imposer de sanctions comme moyen sérieux, voire crédible, de mettre au pas les transgresseurs en son sein, sans risquer de diviser davantage ses rangs.

Par exemple, alors que les jeunes démocraties dans les petits pays membres comme la Gambie, la Sierra Leone et la Guinée-Bissau soutiennent les sanctions pour des raisons évidentes visant à dissuader les coups d’Etat dans leur propre pays, les régimes militaires en Guinée et au Mali voisin se soutiennent les uns les autres. En effet, ces deux voisins se considèrent comme les gardiens l’un de l’autre face à une organisation régionale dont ils se sentent de plus en plus isolés et détachés.

Cette solidarité mutuelle entre le colonel guinéen Mamady Doumbouya et le malien Assimi Goita ne peut que s’étendre au lieutenant-colonel burkinabé Paul-Henri Damiba qui a gagné le droit d’entrer dans leur club exclusif grâce à son coup d’Etat du 24 janvier 2022.

Déjà discréditée avant même d’avoir eu le temps d’être mise en œuvre, la politique unique de la Cedeao pour gérer les conséquences des coups d’Etat en Guinée, au Mali et au Burkina Faso a montré qu’elle était déconnectée des politiques qui ont précipité les interventions des militaires dans ces pays.

En Guinée, l’insistance de l’ancien président Alpha Condé à se maintenir au pouvoir après avoir épuisé ses deux mandats constitutionnels a fourni le prétexte à Doumbouya pour agir.

Au Mali et au Burkina Faso, l’instabilité prolongée causée par des insurrections a poussé les citoyens à descendre dans la rue pour demander la fin des gouvernements en place, jugés incapables de faire face aux crises.

Selon les observateurs, le seul espoir pour le bloc régional d’avoir plus de poids sur les trois pays en défaut de démocratie est de revoir sa copie d’élaborer des politiques spécifiques à chaque pays, en fonction de leur situation politique au moment des coups d’Etat. Mais un bloc aussi divisé que la Cedeao le reconnaîtra-t-il pour agir en conséquence ?

L’Union africaine suspend le Burkina Faso

L’Union africaine a suspendu le Burkina Faso de toute participation aux activités de l’organisation panafricaine jusqu’à ce que l’ordre constitutionnel soit rétabli dans le pays.La décision de l’UA, qui compte 55 États, a été annoncée ce lundi 31 janvier dans un tweet du Conseil de paix et de sécurité. Après le coup d’Etat du 24 janvier 2022 contre le président Roch Marc Christian Kaboré renversé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) réuni ce lundi a « décidé de suspendre le Burkina Faso de toute participation à toutes les activités de l’Union africaine jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel dans le pays » peut-on lire sur le message.

Le président de l’Union africaine Moussa Faki Mahatma dit suivre avec « préoccupation la situation très grave au Burkina Faso ». Il a exhorté l’armée à « s’en tenir strictement à leur vocation républicaine, à savoir la défense de la sécurité intérieure et extérieure du pays ».

L’Organisation en pleine réforme sera dirigée à partir de février par le sénégalais Macky Sall, qui en assurera la présidence tournante pour un an à la place du président de la République démocratique du Congo, Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi, en poste depuis février 2021.

Créée le 9 juillet 2002 à Durban en Afrique du Sud pour prendre le relais de l’Organisation de l’unité africaine (OUA, 1963-1999), l’UA veut s’inscrire dans cette vision « d’une Afrique intégrée, prospère et pacifique, dirigée par ses propres citoyens ».

Auparavant, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui compte 15 États, avait décidé lors d’un sommet extraordinaire des chefs d’Etats le vendredi 28 janvier par visioconférence, de suspendre le Burkina Faso de ses instances après le Mali et la Guinée.

Mali: Qui a tué les civils mauritaniens près de Nara?

L’agence Saharamedias a enquêté sur le massacre des civils mauritaniens dans la région de Nara près de la frontière entre le Mali et la Mauritanie.La Mauritanie et le Mali ont constitué une commission pour enquêter sur les circonstances du meurtre, le 17 janvier 2022, de sept Mauritaniens dans le territoire malien, un incident entouré de mystère du fait qu’il s’est déroulé dans une région instable marquée par des affrontements quasi quotidiens entre l’armée malienne et les « combattants d’Al-Qaïda ».

Après dix jours ce drame, des données commencent à se filtrer, ce qui pourrait aider à déterminer la partie à l’origine du meurtre des sept Mauritaniens, malgré le grand secret qui entoure le processus d’enquête en raison de la sensibilité de la situation.

Charnier !

L’histoire relatée par les familles des victimes fait état de 15 personnes mortes dans une fosse commune, dont sept Mauritaniens et huit autres, qui se disent « de nationalité malienne ».

Selon les révélations des familles des victimes, le charnier a été découvert dans la région zone de Tchilit Telbekeru (Tabakoro, selon l’orthographe officielle au Mali) où se trouve (Adabay Aba Ali), une zone à plus de 70 kilomètres de la frontière mauritanienne à l’intérieur du territoire malien, et située au sud-est de la ville de  Nara  dont elle relève administrativement.

C’est une zone habitée par des personnes appartenant aux ethnies peuls et soninkés dans de très petits villages, qui vivent de l’agriculture irriguée et de l’élevage, en particulier des vaches, et qui ont un lien étroit avec les marchés mauritaniens voisins.

Il y a des forêts et des buissons dans la région, où des affrontements se produisent souvent entre l’armée et les combattants jihadistes peuls originaire de la région du Macina (Centre du Mali) affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

Dans des rapports publiés sur son site Internet, l’armée malienne affirme que la région dispose de bases logistiques appartenant au groupe jihadiste du Macina, à l’intérieur des forêts et des buissons.

Version officielle

Le gouvernement malien et après une réunion avec une délégation mauritanienne dirigée par le ministre des affaires étrangères, samedi dernier, a publié sa première déclaration sur l’incident qui comprenait des informations importantes sur la date et le lieu de ce drame.

Dans le communiqué publié par le ministère de l’Intérieur, le gouvernement malien a indiqué que la délégation mauritanienne l’avait informé d’un « incident survenu le 17 janvier 2022 et qui a fait sept morts parmi les citoyens mauritaniens, entre de Tabakoro et Akor dans la région de Nara région ».

Ainsi, la version officielle mauritanienne rapportée aux Maliens confirme le récit des familles, car il parlait de la même zone où les proches des victimes ont trouvé le « charnier ».

Cependant, les autorités maliennes ont catégoriquement nié leur implication dans l’incident, et confirmé que « jusqu’à présent, il n’y a aucune preuve de l’implication des forces de sécurité et de défense maliennes », selon le texte du communiqué.

Version de l’armée

Pour recueillir la version de l’armée malienne, « Saharamedias » a contacté, samedi dernier, le colonel Soulaymane Dembele, Directeur de la communication de l’armée malienne, et l’a interrogé sur le meurtre de sept Mauritaniens à l’intérieur du territoire.

Le colonel malien a déclaré que « L’armée mène des opérations militaires dans cette zone, mais je ne sais pas si elle a tué des citoyens Mauritaniens ». Il a refusé de donner  informations supplémentaires en se contentant de déclarer que : « Nous publions des informations relatives à toutes nos opérations militaires via notre site officiel. » Mercredi, le colonel Soulaymane Dembele a publié sur le site internet de l’armée malienne, un communiqué dans lequel il parle d’une opération militaire offensive dans la région de « Nara », plus précisément dans l’axe reliant « Akor » et « Tabakoro », la même route signalée précédemment dans le communiqué du ministère malien de l’Intérieur.

Le communiqué publié par l’état-major de l’armée malienne, et signé par le directeur de la communication de l’armée, indique que l’opération militaire a débuté le lundi 17 janvier, jour même de la mort des Mauritaniens, selon la version officielle et civile, et s’est terminée samedi, 22 janvier 2022, le jour même où la délégation mauritanienne s’est rendue à Bamako pour s’informer des circonstances liées au meurtre de sept Mauritaniens.

L’armée malienne a annoncé dans son communiqué que l’opération militaire s’était soldée par la mort de 28 « terroristes » et la destruction de « bases terroristes » lors d’opérations de ratissage dans les forêts de « Naoulena » et de « Bamadjougou ».

Cependant, l’armée n’a pas lié cette opération au meurtre des sept Mauritaniens, même si la zone dans laquelle elle a eu lieu est la même où a été découvert un « charnier » dans lequel les sept Mauritaniens et huit maliens ont été retrouvés.

Armes russes !

Le fait est que cette région du Mali vit de l’impact des affrontements quasi quotidiens entre l’armée et les combattants d’Al-Qaïda, lesquels se sont transformés en une sorte de « guerre civile » à caractère ethnique.

Ces affrontements ont poussé des centaines d’habitants locaux à fuir vers la Mauritanie voisine et plus précisément dans le localité  d’Adel Bagrou qui jouxte les zones d’affrontement.

L’armée malienne parle de « grandes victoires » remportées contre ce qu’elle appelle les « terroristes », victoires qu’elle attribue à l’obtention de nouvelles armes russes, qui lui ont permis de retourner l’équation en sa faveur.

L’armée malienne a publié des images de certaines de ces armes, qui selon elle étaient de fabrication russe, et lui permettaient de détruire des cibles à 10 kilomètres. Et d’ajouter qu’il suffit d’obtenir les coordonnées de la cible pour la détruire complètement grâce à ces roquettes de fabrication russe.

Cependant, l’utilisation de ces armes fait craindre une augmentation des pertes civiles, dans une région vivant une situation sécuritaire, sociale et économique difficile, avec des complications croissantes d’ordre ethnique.

Face à cette situation difficile, la Mauritanie et le Mali ont formé une commission mixte pour sécuriser les frontières entre les deux pays, et faciliter la circulation des personnes et des biens de part et d’autre de la frontière.

Le pays du Mali, qui fait face à un blocus de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), mise sur la Mauritanie afin d’assurer l’approvisionnement de son marché.

Le Burkina Faso suspendu de la Cedeao

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) n’a pour l’instant pas décidé d’autres sanctions contre le pays des Hommes intègres.Le Burkina Faso, où un coup d’État s’est produit le 24 janvier 2022, rejoint le Mali et la Guinée sur la liste des pays suspendus des instances de la Cedeao. La décision a été prise ce vendredi à l’issue d’un sommet virtuel de l’organisation sous régionale.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a par ailleurs demandé la libération du président renversé Roch Marc Christian Kaboré, placé en résidence surveillée, ainsi que des autres officiels arrêtés.

Elle a en outre décidé d’envoyer samedi à Ouagadougou une mission des chefs d’état-major des armées de la Cedeao. Celle-ci sera suivie lundi d’une mission ministérielle, avant la tenue d’un nouveau sommet le 3 février à Accra, en présence cette fois des chefs d’État de la région.