Mali : des Casques bleus de la Minusma bloqués à Dakar

Après quinze mois d’engagement dans le centre du Mali, le 10e détachement sénégalais de la Minusma n’a toujours pas quitté ce pays, provoquant par conséquent un retard du déploiement de la relève prévu depuis mars.Selon le journal sénégalais Le Quotidien, le gouvernement de transition aurait appliqué la réciprocité aux pays de la Cedeao suite aux sanctions économiques et financières de l’organisation ouest-africaine contre le Mali, pour non-respect du calendrier électoral devant permettre une transmission du pouvoir aux civils dans des délais raisonnables.

Contacté par APA, l’armée sénégalaise n’a pas encore réagi. Pour sa part, le porte-parole de la Minusma, Olivia Salgado a confirmé que « cette relève a accusé un retard significatif qui affecte tant le moral des troupes concernées que leur efficacité opérationnelle. »

« Tous les vols utilisés pour la relève des troupes à destination ou en provenance du Mali sont soumis aux autorisations de survol et d’atterrissage du gouvernement malien », explique la voix de la mission onusienne au Mali.

Composé de 850 éléments dont 21 femmes, le 11e détachement sénégalais de la Minusma, commandé par le Colonel Mathieu Diogoye Sène a reçu le drapeau le 23 février à la promenade des Thiessois, lors d’une cérémonie dirigée par le Général Fulgence Ndour, chef d’Etat-major de l’armée de terre. « « J’en suis particulièrement ravie car cette cérémonie symbolise la confiance renouvelée des autorités onusiennes en l’engagement exemplaire des contingents sénégalais au sein de la Minusma », se félicitait le Général Ndour.

« En effet, les succès des contingents précédents, fruit d’une synergie d’efforts du commandement en termes d’encadrement d’équipement, préparation opérationnelle et le soutien, justifient la confiance et l’estime que la communauté internationale place en notre armée. Ces succès sont également le résultat d’énormes efforts consentis par les hommes et les femmes, engagés depuis 2013 sur le théâtre malien pour marquer l’élan de solidarité du Sénégal envers ce pays frère et amis dans son effort de retour à la stabilité et à la sécurité », avait ajouté le Général Fulgence Ndour.

Il avait exhorté le colonel Mathieu Diogoye Sène et ses hommes à « maintenir le cap dans un souci de préserver l’image de marque des forces armées sénégalaises au sein des opérations de maintien de la paix à travers le monde dans un contexte de plus en plus complexe ».

Mais voilà que ce contingent, déjà mis dans les conditions que requiert un engagement militaire au Mali, doit encore attendre « les autorisations requises » pour prendre le relais du 10e détachement.

Le porte-parole de la Minusma a confié à Apa que les démarches nécessaires sont en cours auprès des autorités maliennes « sur la base des arrangements qui gouvernent le déploiement des opérations de la Minusma », notant « qu’il est crucial que cette question soit réglée (…) dans les meilleurs délais ».

La Minusma a été créée en avril 2013 par la résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations unies.

Le torchon brûle entre l’armée malienne et la Minusma

Les Forces armées maliennes ont bloqué un contingent de la Minusma à Djenné évoquant des « opérations militaires en cours dans la zone. »Les choses se compliquent pour la mission onusienne depuis le départ de la force française Barkhane au Mali. La mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali n’est plus « libre » d’aller où elle veut dans le cadre de ces patrouilles au Mali.

Dimanche 15 mai, elle a été stoppée par l’armée malienne à Djenné dans la région de Mopti, à 574 km de la capitale Bamako. La Minusma voulait se déployer dans cette zone pour sécuriser le marché hebdomadaire. Mais l’Etat-major général des armées du Mali a interdit à la force onusienne de s’y rendre. Cette décision qualifiée de « souveraine » par les autorités maliennes, est déplorée par la mission onusienne.

La ville de Djenné est sous les feux des projecteurs depuis les événements de Moura à la fin du mois du mars. L’armée malienne y avait mené des « opérations antiterroristes », affirmant avoir tué plus de « 203 combattants jihadistes » dans la région.

Mais, l’ONG Human Rights Watch (HRW) avait soutenu le contraire, parlant dans son rapport de « pire épisode d’atrocités » commises contre des civils en dix ans au Mali. Human Rights Watch faisait état de l’exécution sommaire de 300 civils par des soldats maliens associés à des combattants étrangers, présumés russes.

La mission onusienne qui voulait mener une enquête sur ces événements, s’est heurtée au refus des autorités maliennes malgré une demande formulée début avril. Une requête qui serait toujours à « l’étude » selon les militaires.

La mission onusienne déployée depuis 2013 au Mali, expire le 30 juin prochain 2022. Elle ne sera probablement pas renouvelée dans sa forme actuelle, avait annoncé le secrétaire général des Nations unies. Dans une sortie médiatique lors de sa tournée africaine, António Guterres soutenait l’envoi d’une force africaine avec un mandat onusien plus robuste au Mali pour éviter « l’effondrement » du pays.

Cedeao : comment se portent le Mali et ses voisins après l’embargo ?

En janvier dernier, des économistes ouest-africains ont noté que plusieurs pays de la Cedeao allaient « pâtir des mesures économiques et financières adoptées contre le Mali ». Qu’en est-il de la situation actuellement ?Il y a un mois, le président Macky Sall, faisant son petit pèlerinage en Arabie Saoudite, marchait dans les rues de la Mecque quand il fut subitement interpellé par une dame africaine, d’origine malienne apparemment. Barrée par la sécurité, elle tente par tous les moyens de s’approcher de lui pour délivrer un message qui lui tient à cœur.

« L’embargo sur le Mali ! Il faut enlever l’embargo sur le Mali. On a faim, on a soif », lance-t-elle à l’adresse du chef de l’Etat sénégalais, non moins président en exercice de l’Union africaine (UA). Elle insiste, insiste, jusqu’à ce qu’il s’arrête, se retourne vers elle, tout sourire, en la désignant par l’index : « In cha Allah », lui lance-t-il en guise de promesse. C’est une façon de faire comprendre à cette femme ainsi qu’à tous les acteurs qui vivent des échanges entre le Mali et les quatorze pays de la Cedeao qu’il a entendu leurs supplications, même si cet embargo ne vient pas de lui.

Depuis le 9 janvier dernier, ce pays ouest-africain vit sous le coup de lourdes sanctions économiques, prononcées par cette organisation sous-régionale, après un désaccord avec la junte militaire qui a proposé un calendrier de transition de cinq ans maximum. Outre la fermeture des frontières au sein de l’espace sous-régional, le gel des avoirs financiers du pays au sein de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) plonge dans le désarroi de nombreux Maliens.

Au bord de la rupture ?

Ces mesures visent à asphyxier l’économie d’un pays « très extravertie » car dépendant fortement des exportations, surtout le coton, selon l’économiste malien Modibo Mao Makalou. « Notre Produit intérieur brut (PIB) est dépendant du commerce international à hauteur de 60% », a-t-il précisé.

Malgré tout, le Mali semble afficher une certaine solidité depuis plus de quatre mois. Pour contourner les sanctions, les autorités ont diversifié les partenariats en multipliant leurs échanges avec la Guinée et avec des pays non membres de la Cedeao, tels que la Mauritanie et l’Algérie.

« En réalité, il y a une capacité de prévision et de réaction. Depuis le 16 septembre 2021, lors de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao, une liste a commencé à être compilée pour sanctionner des personnalités maliennes. Je pense qu’à partir de ce moment, le gouvernement a dû prendre des précautions par rapport à d’éventuelles sanctions », explique M. Makalou, ancien conseiller économique à la présidence malienne, regrettant juste le fait que ces sanctions n’aient pas été graduelles comme le « prévoient » les textes de la Cedeao et de l’Uemoa.

Il s’exprimait lors d’un Spaces, une conversation publique sur Twitter organisée la semaine dernière par l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité, un think tank malien, sur l’impact des sanctions de ces deux organisations régionales sur le secteur privé national.

En revanche, plusieurs observateurs s’accordent à dire que la situation au Mali devient de plus en plus intenable. Récemment, la junte malienne a proposé de revoir la durée de la transition à deux ans et demandé la médiation du Togo dans la crise politique. Cependant, la Cedeao maintient toujours le statu quo. Aujourd’hui, des opérateurs économiques maliens de premier plan sont au bord de la rupture.

Des transactions quasi impossibles

« En tant qu’entrepreneur malien, on sent ces sanctions. Il y a aujourd’hui des industriels qui envisagent de fermer parce que leurs approvisionnements sont coupés. Les transactions bancaires sont très difficiles, on ne peut pas faire de transfert à l’intérieur de l’Uemoa et de la Cedeao. Personnellement, je l’ai vécu » en voulant effectuer des transactions financières pour l’exécution de projets à Ouagadougou et à Dakar, a confié Mossadeck Bally, fondateur du groupe hôtelier Azalaï. Il rappelle que son pays se trouve « au milieu de sept pays » et « n’a pas accès à la mer », faisant que le Mali « se coupe en quelque sorte de son espace naturel » en se coupant de ses voisins.

« On ne peut plus se mouvoir facilement pour les affaires ou les actions de supervision. Il faut passer par Conakry ou Nouakchott. Un billet Bamako-Ouagadougou, qui coûtait un peu moins de 300 mille FCFA avant l’embargo, coûte maintenant 900 mille. Vous êtes obligé de passer quasiment une nuit ou une journée en route », déplore l’homme d’affaires malien qui fait aussi écho à ces transporteurs « coincés » au niveau des frontières. Ils sont Maliens, Sénégalais, bref des ouest-africains.

Transitaire malien basé au port de Dakar, Lassana Kanté assiste depuis quelque temps à une chute vertigineuse de son chiffre d’affaires. Si cet embargo n’est pas levé, il craint de ne plus pouvoir joindre les deux bouts et nourrir sa famille. « Cet embargo nous fait beaucoup de peine. Avant la fermeture des frontières, on travaillait 24 heures sur 24. Mais maintenant, c’est très difficile. Du lundi au vendredi, on était occupés à sortir des containers. Mais aujourd’hui, il est très difficile pour un transitaire d’en avoir dix », a-t-il indiqué à APA.

C’est le même son de cloche pour Mamadou Wade, coxeur sénégalais. « La situation est difficile pour tout le monde, que vous soyez transitaire, chargeur ou transporteur. Nous demandons au président Macky Sall de penser à ces pères de famille », a-t-il appelé.

Le prix de la viande en hausse

En outre, la crise touche les transporteurs de bétail. Le prix de la viande de bœuf ou de mouton a grimpé de façon exponentielle à moins de deux mois de la fête de Tabaski ou Aïd el Kebir. Avant l’embargo, le kilogramme coûtait autour de 3000 FCFA alors qu’il faut débourser maintenant entre 4000 et 5000 pour les deux variétés. « Le gros du stock de viande que nous consommons au Sénégal, surtout à Dakar, vient du Mali. Avec le blocage du transport transfrontalier, les répercussions sur le prix de la viande se font sentir. C’est très difficile pour les ménages avec qui nous sommes en contact régulier. J’espère que les autorités vont prendre des décisions qui vont dans le sens de soulager les populations », a noté Kader Sèye, un boucher opérant dans la capitale sénégalaise.

Ainsi, le Mali n’est pas le seul à souffrir des sanctions de la Cedeao. En tant que premier partenaire commercial du Sénégal, il fait entrer plusieurs milliards de francs CFA dans les caisses de l’Etat. Deux mois après la mise en œuvre de l’embargo, la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE) a évalué les pertes du Sénégal à hauteur d’une vingtaine de milliards. « Il convient de noter que les exportations vers le Mali, sous embargo de la Cedeao depuis la première quinzaine du mois de janvier, ont diminué de 28,1 % (-24,2 milliards) entre décembre 2021 et janvier 2022, particulièrement celles des produits pétroliers (-20,6 %) et du ciment (-44,4 %) », indiquait en mars dernier cet organe du ministère sénégalais de l’Economie.

Dans la même période, certains spécialistes renseignaient sur la position difficile du Sénégal d’appliquer cette décision au regard des enjeux économiques non négligeables. « Le Mali se trouve dans une situation extrêmement difficile et intenable. Mais les autres pays seront impactés, principalement son premier fournisseur qui est le Sénégal. Ce dernier a exporté (des biens et services) pour 470 milliards FCFA en 2020 et plus de 500 milliards en 2019. Donc les échanges entre le Mali et le Sénégal tournent par an autour de 500 milliards FCFA », affirmait pour APA Dr Souleymane Diakité, enseignant-chercheur à l’École nationale de la statistique et de l’analyse économique (ENSAE) de Dakar.

Un chronogramme de la discorde

Par ailleurs, des chercheurs du Centre universitaire de recherches économiques et sociales (CURES) de Bamako ont indiqué le 25 janvier dernier, dans une étude intitulée « Effets des sanctions de la CEDEAO sur le commerce extérieur du Mali », que le Burkina Faso, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Bénin allaient « pâtir des mesures économiques et financières adoptées contre le Mali ».

« En cas de rupture commerciale totale, le Sénégal réaliserait une perte de plus de 1,3 milliards de FCFA par jour, suivi de la Côte d’Ivoire avec plus de 612 millions de FCFA puis vient, en troisième position, le Bénin avec un peu plus de 151 millions de FCFA par jour », soulignaient ces chercheurs, cités par l’Agence malienne de presse (AMAP).

En dépit de toutes ces alertes, le bras de fer entre le Mali et la Cedeao continue de priver beaucoup de citoyens de la région de leur moyen de subsistance. Certains acteurs comme Mossadeck Bally pensent toujours que les « sanctions ont été prises sur des bases qui n’existent pas juridiquement ». Toutefois, cela ne doit pas constituer une entrave à la reprise du dialogue en vue d’un retour à la normale qui serait salvateur pour tous.

« Il est plus qu’urgent que le gouvernement, non seulement, prenne le taureau par les cornes en faisant son chronogramme, en commençant déjà les réformes essentielles. On est tous d’accord qu’il faut faire des réformes avant de partir aux élections. Il faut négocier avec la Cedeao pour que, d’ici à la fin du mois de mai, on puisse sortir de cette situation qui devient de plus en plus intenable pour les Maliens et les opérateurs économiques », a préconisé l’homme d’affaires malien alors que les positions semblent toujours figées de part et d’autre.

L’Union Européenne regrette le retrait du Mali du G5 Sahel

La décision du Mali de se retirer des instances du G5 Sahel a fait réagir l’Union Européenne.Dimanche 15 mai, le Mali a quitté le G5 Sahel, l’organisation régionale dont il était membre avec la Mauritanie, le Burkina, le Niger et le Tchad. Bamako a justifié cette décision par le refus qui lui est opposé d’accéder à la présidence de l’organisation régionale alors que la règle de la présidence tournante lui en confère le droit depuis février 2022.  

Si au sein du G5 Sahel, on semble s’être passé le mot pour ne pas commenter publiquement la décision malienne, tel n’est pas le cas pour l’Union Européenne, l’un des principaux bailleurs de cette institution censée servir de cadre de coopération entre les États membres dans la lutte contre les groupes jihadistes actifs dans plusieurs parties du Sahel. 

Par la voix de son haut-représentant, Joseph Borell, l’UE dit prendre note de cette décision. Le haut responsable européen reconnait que la « décision ou non d’un membre du G5 Sahel appartient à chacun des membres souverains », mais regrette cette sortie d’un instrument qui, selon lui « répondait à une reconnaissance par tous ses Etats membres – dont le Mali – de l’absolue nécessité d’une coopération renforcée et à terme d’une intégration régionales, seules à même de relever les multiples défis de la région ». 

Selon Joseph Borell, la décision de Bamako de claquer la porte du G5 Sahel, « s’ajoute à d’autres décisions récentes de repli des autorités de transition » et s’inquiète « davantage des conséquences de ce choix sur la sécurité des populations au Mali et dans la sous-région ». L’annonce en juin 2021 par le président français, Emmanuel Macron, de la réarticulation de l’opération Barkhane a été décriée par le Mali comme un « abandon en plein vol ». Depuis, les relations diplomatiques entre Bamako et Paris n’ont cessé de se détériorer. 

Le Mali qui s’est rapproché de la Russie aurait fait appel à des mercenaires de la société militaire privée controversée Wagner. De quoi rendre furieux ses partenaires traditionnels. Début mai, le pouvoir à Bamako, dominé par les militaires auteurs de deux putschs entre août 2020 et mai 2021, a dénoncé les accords de défense liant le Mali et France, accusée d’avoir violé les clauses de ces accords organisant l’intervention sur le territoire malien de Serval lancée en 2013 puis Barkhane en 2014 et la Task Force européenne, Takuba créée en 2020.

Macky Sall attendu à Moscou et Kiev

Le président en exercice de l’Union Africaine (UA) se rendra très prochainement dans les deux capitales pour plaider en faveur de la paix.Dans les pays africains, les impacts de la guerre en Ukraine commencent à se faire rudement ressentir. L’inflation repart de plus belle, menaçant du coup la stabilité de plusieurs nations. Face à cette situation, l’Union Africaine (UA) ne veut plus rester attentiste.

« Nous avons reçu mandat de l’Afrique pour nous déplacer à Moscou et à Kiev pour demander au président Vladimir Poutine de créer les conditions qui permettront à l’Ukraine d’exporter ses graines dont nous avons besoin, mais également pour que certaines sanctions infligées à la Russie soient levées. Cela va nous permettre de commercer avec elle et d’acheter des fertilisants indispensables pour notre agriculture », a déclaré Macky Sall.

Le président en exercice de l’UA s’est exprimé ce lundi à la cérémonie officielle d’ouverture de la 54e session de la Commission économique pour l’Afrique qui se tient du 11 au 17 mai au Centre international de conférences Abdou Diouf (Cicad) de Diamniadio, à la périphérie de Dakar.

Après deux années de Covid-19, l’espoir d’un retour à la normale renaissait peu à peu dans le monde. Mais « voilà que la guerre en Ukraine a commencé. Et ses impacts sur la planète entière, surtout sur l’Afrique, vont définitivement compromettre toute perspective de reprise économique. Toutes les solutions préconisées avant sont aujourd’hui obsolètes », a déploré le successeur de Félix Tshisekedi à la présidence tournante de l’organisation panafricaine.

A en croire Macky Sall, toutes les économies du continent noir « se trouvent dans un état de fatigue générale dont hélas, nous ne mesurons encore ni l’ampleur ni la durée ». Poursuivant, le président sénégalais a fustigé l’impossibilité pour son continent de s’approvisionner dans les deux pays en conflit à cause des sanctions occidentales alors que « les robinets du gaz ne sont toujours pas fermés et continuent d’alimenter certains pays européens ».

Le chef de l’Etat sénégalais a fait remarquer que des projections sont aujourd’hui difficiles car « personne ne sait quand est-ce que cette crise va s’arrêter ». Partant de là, il a réitéré « l’appel pressant
de l’UA
pour
un cessez-le-feu et une solution négociée du conflit pour éviter le pire ».

La 54e Conférence des ministres africains de l’Economie et des Finances (COM2022), organisée à l’initiative de la Commission économique pour l’Afrique de l’Organisation des Nations Unies, a débuté mercredi dernier ses travaux avec la réunion des experts. Celle-ci s’est déroulée sur trois jours et se poursuit avec la réunion ministérielle qui prend fin mardi au Cicad.

La Namibie crée un fonds souverain

La Namibie a créé un fonds souverain pour protéger le pays contre les chocs économiques futurs, a déclaré jeudi le président Hage Geingob.M. Geingob a précisé que le fonds souverain serait alimenté par les redevances provenant de la vente de ressources minérales et de certaines recettes fiscales, ainsi que par l’argent collecté par le gouvernement en se séparant de ses participations et par les contributions de certaines entreprises publiques.

« Il est impératif de mettre de côté une certaine épargne pour amortir l’économie en cas de catastrophes imprévisibles », a déclaré M. Geingob lors du lancement du fonds dans la capitale.

Comme la plupart des autres pays africains, la Namibie se remet des effets de la pandémie du Covid-19 et de la guerre Russie-Ukraine.

M. Geingob a déclaré que le Welwitschia Fund recevrait une injection initiale de 262 millions de dollars namibiens (environ 16,3 millions de dollars américains) et investirait 2,5% de son portefeuille localement pour combler le déficit de financement des infrastructures du pays.

Le lancement du fonds intervient dans le sillage de la découverte récente de vastes réserves de pétrole offshore par TotalEnergies SE et Shell Plc en février, et des plans du gouvernement pour développer et exporter de l’hydrogène vert.

La Namibie devient le dernier pays africain riche en ressources à créer un fonds souverain. Les autres pays sont l’Angola, le Botswana, la Libye et le Nigeria.

Mali : l’armée perd plusieurs soldats

Quatre soldats maliens sont morts dans l’explosion d’un engin explosif à MoptiUn véhicule d’une unité des Forces armées du Mali (FAMa) en patrouille à Djenné a sauté sur un engin explosif improvisé. L’incident qui s’est déroulé ce jeudi 12 mai 2022 aux environs de 8h 54 minutes a fait quatre morts et un blessé selon un communiqué de l’armée malienne.

Dans le document, les FAMa présentent leurs condoléances aux compagnons d’armes et familles des victimes et souhaitent prompt rétablissement au blessé. L’armée, dit-elle, continue « ses offensives sur tous les fronts pour venir à bout de ces assaillants qui continuent d’endeuiller des familles sur le sol malien ».

Les pertes s’accumulent dans les rangs des forces armées maliennes. Le 24 avril dernier, l’armée avait déjà perdu six soldats dans trois attaques simultanées de groupes « terroristes » contre des camps militaires dans le centre du Mali.

Des attaques revendiquées par la Katiba du Macina du prédicateur peul Amadou Koufa, dans un message audio. La Katiba du Macina est subordonnée à Iyad Ag Ghali, chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) ou Jnim, selon son acronyme anglais, lié à Al-Qaïda.

Le 4 mars dernier, c’est le camp de Mondoro, proche de la frontière avec le Burkina Faso, au centre du pays, qui avait été pris pour cible par des groupes jihadistes.  L’armée malienne y avait perdu 40 soldats, en plus de 33 blessés, dont 21 graves, et sept « portés disparus » parmi les soldats. L’attaque meurtrière a été revendiquée par le Jnim comme une vengeance au massacre de Dogofry dans la nuit du 1er au 2 mars, où plus de 30 corps de jihadistes présumés avaient été retrouvés brûlés et entassés les uns sur les autres.

Malgré les pertes, l’armée malienne a réussi à neutraliser des centaines d’assaillants appartenant à des groupes jihadistes dans ses opérations de sécurisation à l’intérieur du pays. Le 17 avril, les FAMa annoncent avoir tué plusieurs jihadistes dont Samir Al-Bourhan, un cadre jihadiste franco-tunisien du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) au centre du pays à Moura.

Toutefois, il faut noter que les attaques se sont multipliées ces derniers mois alors que la France et ses alliés ont annoncé en février dernier, leur départ du Mali, à la suite de vives tensions diplomatiques avec les autorités de la transition.

Pays enclavé de l’Afrique de l’Ouest, le Mali tente de sortir de la crise politique depuis le coup d’Etat perpétré par l’armée le 18 août 2020 contre le président Ibrahima Boubacar Keïta, décédé le 16 janvier 2022. Les militaires qui reprochaient au régime d’IBK son inaction face aux attaques jihadistes, se retrouvent à leur tour englués dans une tourmente sécuritaire depuis la prise du pouvoir.

Les insurrections indépendantistes de 2012 ont cédé la place ces dernières années à des attaques jihadistes souvent attribuées aux groupes comme Al-Qaida et à l’Etat islamique.

Pretoria condamne le meurtre de la journaliste d’Al Jazeera

L’Afrique du Sud vivement condamné la mort de la journaliste palestinienne, tuée par l’armée israélienneLa journaliste américano-palestinienne d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh couvrait des affrontements en Cisjordanie avant d’être touchée par balle, dans la matinée du mercredi 11 mai. L’Organisation des Nations unies a exigé l’ouverture d’une enquête pour mettre toute la lumière sur ce meurtre au moment où l’Afrique du Sud a condamné une tentative de réduire au silence la presse dans des zones de conflit.

La journaliste a été abattue d’une balle dans la tête mercredi matin alors qu’elle couvrait un raid militaire dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée. Une zone considérée comme le bastion du mouvement palestinien Fatah et point névralgique historique du conflit israélo-palestinien.

Le Directeur général du ministère sud-africain des Relations internationales et de la Coopération, Zane Dangor, a déclaré que le fait de prendre pour cible des journalistes dans les territoires occupés et dans des zones de conflit comme l’Ukraine et l’Afghanistan « semble faire partie d’une stratégie visant à réduire au silence la presse libre et constitue une violation flagrante du droit international ».

« Le droit international des droits de l’homme oblige la puissance occupante à autoriser la liberté d’expression et de manifestation », a déclaré M. Dangor. Il a noté que dans d’autres zones de conflit, les civils et autres non-combattants sont protégés « conformément au principe de distinction et aux autres mesures de protection des Conventions de Genève ».

« La capacité des journalistes à couvrir les événements tels qu’ils se déroulent est essentielle, et les efforts visant à intimider et assassiner les membres de la presse ne peuvent pas être autorisés à se poursuivre en toute impunité ».

Le gouvernement israélien réfute toute responsabilité dans le meurtre de la journaliste et affirme que des Palestiniens armés avaient probablement tiré par erreur sur le journaliste.

Mali-France : Pourquoi Le Drian est convoqué par un juge de Bamako ?

Pour comprendre cette affaire, il faut remonter à l’année 2015.Nouvel épisode dans le bras de fer diplomatique entre Bamako et Paris. Le juge d’instruction du deuxième cabinet au tribunal de Grande instance de la Commune III du district de Bamako (Pôle économique et financier) a « invité » le ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, à se présenter le 20 juin prochain à 8 heures, devant ladite juridiction pour « affaire le concernant ».

Au bas de la convocation émise le 20 avril, le juge malien rappelle que cette affaire a un lien avec la « société civile et MP/C Jean Yves et Thomas, tous Le Drian, pour atteintes aux biens publics et autres infractions aux dépens de l’Etat du Mali ».

Pour comprendre cette affaire, il faut remonter à l’année 2015. A l’époque, Jean Yves Le Drian, alors ministre français de la Défense, aurait fait pression sur l’alors président du Mali, Ibrahim Boubacar Keita dit IBK pour que l’entreprise Oberthur Technologies (actuelle Idemia) obtienne le juteux marché des passeports biométriques pour une durée de quinze ans. Une « manœuvre » dénoncée par le mouvement Maliko (en français, l’affaire du Mali), constitué par plusieurs organisations de la société civile malienne qui a introduit une plainte déposée le 22 février auprès du pôle économique et financier de Bamako contre Jean Yves Le Drian et son fils Thomas, pour « complicité de prise illégale d’intérêts et favoritisme ».

Le mouvement proche de la junte au pouvoir estime que « ces malversations ont conduit à porter atteinte aux deniers publics du Mali », littéralement les mêmes termes repris par le juge du 2e cabinet qui, à travers cette convocation risque d’envenimer davantage les relations déjà pourries entre la France et le Mali.

Les deux pays ne parlent plus le même langage depuis quelques temps. Dépassées par une insurrection jihadiste qui a fait une partie du pays une zone de non-droit, les autorités maliennes reprochent à la France « un abandon en plein vol », après que le président français, Emmanuel Macron a annoncé en juin 2021 la réarticulation de l’Opération Barkhane au Sahel.

Le recours présumé des autorités maliennes à la société militaire privée russe très controversée, Wagner, n’a pas facilité les choses entre les deux parties. Le 2 mai, Bamako a d’ailleurs unilatéralement décidé de mettre fin aux accords de défense avec Paris pour « atteintes flagrantes » et « multiples violations » de son espace aérien par les aéronefs français.

Pour réponse, la France a dénoncé une « décision injustifiée » et assure que le retrait déjà amorcé des forces françaises du territoire malien se poursuivra « conformément aux engagements pris à l’égard de ses partenaires et dans un souci de coordination et de dialogue respectueux avec les forces maliennes ».

Zimbabwe : une loi interdit aux banques d’accorder des prêts

Cette loi vise à mettre fin à la spéculation contre le dollar zimbabwéen.C’est une mauvaise nouvelle pour les fonctionnaires zimbabwéens et les sociétés zimbabwéennes qui ne peuvent plus recourir à des prêts dans les banques locales. En application de la loi, le gouvernement interdit désormais aux banques d’accorder des prêts. L’objectif de cette mesure est d’arrêter la dévaluation de la monnaie locale sur le marché noir.

L’inflation en glissement annuel a atteint 96,4 % en avril, contre 60,6 % en janvier. Aujourd’hui, le dollar zimbabwéen est officiellement coté à 165.94 par rapport au dollar américain. Sur le marché noir, un dollar américain s’échange entre 330 et 400 dollars zimbabwéens.

Réintroduit dans le pays en 2019, le dollar zimbabwéen a fortement chuté à cause de la conjoncture internationale et la récession de l’économie zimbabwéenne.  

Le président Emmerson Mnangagwa estime que cette situation est grandement causée par des spéculateurs anonymes. Ces derniers empruntent des dollars zimbabwéens à des taux d’intérêt inférieurs à l’inflation et l’utilisent pour faire du commerce en devises.

En 2015, Harare avait pris la décision historique d’abandonner la monnaie locale à cause de la crise économique que traversait le pays et surtout de l’hyperinflation.

Après avoir perdu momentanément sa souveraineté monétaire, le gouvernement avait demandé aux populations d’utiliser huit monnaies étrangères dont le dollar américain, le yuan chinois, la roupie indienne ou encore le rand sud-africain qui étaient devenues ses devises officielles.

Sahel: Où en est le dialogue avec les jihadistes?

Longtemps taboue au Sahel, l’idée de discuter avec les jihadistes ne l’est plus. Pourquoi?« On ne peut pas mener des opérations conjointes avec des pouvoirs qui décident de discuter avec des groupes qui, à côté de cela, tirent sur nos enfants. Pas de dialogue et de compromission », avertissait en juin 2021 le président français, Emmanuel Macron, lorsque les militaires maliens qui venaient de commettre leur deuxième coup d’Etat en neuf mois annonçaient leur intention de dialoguer avec les groupes jihadistes qui sévissent dans le nord et le centre du pays.

La menace du chef de l’Etat français semblait si sérieuse qu’il annonçait d’ailleurs une transformation profonde de l’opération Barkhane, qui depuis l’été 2014 avait pris le relais de Serval lancée en janvier 2013 pour chasser les jihadistes du Mali et les empêcher de s’installer dans les autres pays de la région. L’effet escompté sur les jeunes officiers maliens, -qui entretemps ont fait appel à la Russie ou plus précisément sa compagnie privée controversée de mercenaires de Wagner, selon plusieurs sources locales et étrangères-, n’ayant pas eu lieu, le président français avait fini par ordonner le retrait pur et simple de son armée du territoire malien et l’installation de l’essentiel de ses hommes au Niger voisin. 

« L’action militaire n’ayant pas, à elle seule, réussi à résoudre le problème, l’idée d’envisager d’autres outils devient évidente », estime Hasane Koné, chercheur à l’Institut d’Etudes et de sécurité en Afrique (ISS Africa). 

« Dans un contexte où les groupes terroristes gagnent de plus en plus de terrain, où l’Etat est incapable de garantir la sécurité, la seule solution serait de dialoguer avec les groupes terroristes », ajoute Bah Traoré, analyste politique et sécuritaire au Sahel au Think Thank ouest-africain Wathi. 

Au Mali, l’idée a pourtant germé puis s’est imposée dans le débat public bien avant les coups d’Etat d’août 2020 et mai 2021. Après y avoir été hostile tout au long de son premier mandat débuté en 2013, le président Ibrahim Boubacar Keita (IBK), a commencé dès sa réélection en août 2018 à montrer des signes favorables à la possibilité de discuter avec les jihadistes, les maliens parmi eux notamment. Dans un entretien accordé à Rfi et à France 24 en février 2020, soit six mois avant son renversement par l’armée, IBK confirmait ouvertement son changement de position sur la question. Son représentant pour le centre du Mali, qui a d’ailleurs dirigé le pays durant la période de transition après le coup d’Etat de 2012, Dioncounda Traoré, avait même envisagé publiquement sa volonté de rencontrer les chefs jihadistes. 

Auparavant, une Conférence d’entente nationale avait cautionné cette option, qu’un Dialogue national inclusif organisé en 2019 avait aussi entérinée. Cette évolution du pouvoir malien sur la question, s’explique, selon le chercheur Bah Traoré, par le constat présentant la violence jihadiste au Mali et dans la région comme un « phénomène local porté par des sahéliens eux même ».. 

La disposition au dialogue avec les jihadistes affichée par les officiers putschistes au lendemain de leur second coup d’état en mai 2021 contre le président et le premier ministre de la transition n’est, en quelque sorte, que la suite logique des ces séquences déjà posées sous le régime du président IBK. Dès octobre 2021, la junte chargeait officiellement le Haut conseil islamique (HCI) pour des pourparlers avec les jihadistes de nationalité malienne, comme le touareg Iyad Ag Ghali et le peul Amadou Koufa. Cette instance publique s’était déjà impliquée dans la recherche d’accords locaux entre les autorités, certaines communautés et des combattants islamistes appartenant au JNIM (Jama-atu Nusrat-al Islam wal Muslimin ou Groupe de soutien à l’Islam et aux musulman), la branche sahélienne d’Al Qaida. « L’intervention du Haut conseil à Farabougou, un village dans le centre du pays assiégé par les éléments du Jnim, a permis de trouver un accord oral de cessez-le-feu entre les jihadistes et des responsables communautaires et religieux ainsi que le retrait de l’armée malienne de la localité », rappelle Bah Traoré. L’accord en question a cependant très vite volé en éclats. 72 heures après sa conclusion, le gouvernement s’est rétracté, ouvrant la voie à toute sorte de spéculation sur la suite des discussions avec les jihadistes. Les récents évènements survenus sur le terrain, semblent réduire les chances de les voir relancées dans un délai proche. L’armée malienne, soutenue par des éléments russes, conduit depuis décembre 2021 des offensives dans certaines zones, essentiellement dans le centre, où seraient présents des groupes armés islamistes. A l’issue de la dernière, où l’armée malienne a revendiqué avoir neutralisé plus de 200 jihadistes, des organisations de défense des droits humains ont accusé les soldats maliens d’avoir commis des massacres et graves exactions dont les victimes seraient en grande partie de simples citoyens désarmés.  En guise de réaction, le Jnim, lui, a entrepris dès le 24 avril de mener des attaques simultanées contre trois bases militaires à Sévaré, Bapho et Niono où 6 morts et 20 blessés ont été recensés.

Le même jour, au Burkina, une attaque contre des détachements militaires à Gaskindé et Pobe Mengao, dans la province septentrionale du Soum, région du Sahel, torpille les efforts de plusieurs jours pour lever le blocus imposé autour de la ville de Djibo par les jihadistes appartenant à Ansarul Islam liés à la Katiba du Macina du Jnim. Quinze victimes parmi les militaires, les supplétifs desVolontaires pour la défense de la patrie (VDP) et les civils sont déplorées. 

Quelques jours seulement avant cette double attaque, les autorités du Burkin-Faso avaient affirmé leur volonté de négocier avec les jihadistes locaux. Le 1er avril, le président de la Transition, le lieutenant-colonel Paul Henry Sandaogo Damiba avait déclaré à l’occasion d’un discours à la nation qu’il était prêt à parler avec les fils du pays « en rupture de dialogue avec la nation ». À cet effet, il avait annoncé la création de comités locaux de dialogue pour la restauration de la paix, lui qui avait pris le pouvoir par la force au mois de janvier, reprochant au président élu, Roch Marc Christian Kaboré, l’absence de réponses appropriées à l’insécurité. 

Mais jusqu’où est-il disposé à aller ? « Il ne faudrait pas avoir peur de proposer l’option du pardon en contrepartie d’un abandon des armes», soutient Hassan Koné de l’ISS Africa. « Le dialogue souhaité pourrait d’ailleurs s’inscrire dans une sorte d’accords politiques, ou de propositions unilatérales de la part des autorités, sous forme de réconciliation nationale. L’essentiel est de faire preuve d’imagination et de courage politique », insiste le chercheur. 

A Niamey, l’idée de discussions avec les jihadistes est aussi à la mode. Un an après son arrivée au pouvoir, le président Mohamed Bazoum a fait libérer une dizaine de membres de Boko Haram. « J’ai cherché les parents biologiques de chacun des jeunes et je leur ai envoyé des émissaires », a assumé le chef de l’Etat nigérien lors d’une réunion sur la situation sécuritaire nationale. Pour réussir cette tâche complexe, le chef de l’Etat nigérien semble avoir quelques atouts. Originaire d’une famille nomade, comme une grande partie des insurgés islamistes dans son pays, il a longtemps été le patron des services de sécurité nigériens à titre de ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique sous le magistère de son prédécesseur Mahamadou Issoufou. Un de ses conseillers les plus proches est réputé comme étant un des meilleurs connaisseurs de la galaxie jihadiste dans le Sahel: Moustapha Limam Chafi. Nigérien de naissance et mauritanien d’ascendance, Chafi a longtemps été l’homme de confiance de l’ancien homme fort du Burkina-Faso, Blaise Compaoré, au pouvoir de 1987 à 2014. Du temps où il conseillait l’ancien président burkinabé, ce polyglotte qui parle la quasi-totalité des grandes langues en usage dans le Sahel, était parvenu à négocier avec succès la libération de plusieurs otages occidentaux enlevés dans les années 2000 par Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), organisation à laquelle sont affiliés la majorité des jihadistes dans le sahel. Sera-t-il tout aussi efficace pour son nouveau patron?

Burkina Faso : sept soldats et quatre supplétifs tués dans des embuscades (armée)

Des éléments de l’armée burkinabè en opération de sécurisation sont tombés dans des embuscades, dans le Nord et le Centre-Nord du Burkina Faso.Les assaillants ont visé « une patrouille du détachement militaire » lors de sa progression à une dizaine de kilomètres de Sollé », dans le nord du pays, frontalier avec le Mali, informe un communiqué de l’armée. L’attaque a causé la mort de deux militaires et quatre Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) selon l’armée.

L’embuscade enregistrée au Centre-Nord du pays a visé des éléments de l’Unité Spéciale d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (USIGN) qui étaient en opération à Ouanabé, dans la province du Sanmatenga. L’attaque a fait cinq victimes du côté des gendarmes et neuf autres blessés tous évacués et pris en charge.

« Côté ennemi, une vingtaine de corps de terroristes ont été dénombrés lors des opérations de sécurisation. De l’armement, des munitions, des moyens roulants et de communication ont également été détruits ou récupérés », déclare le communiqué de l’Etat-major général des armées.

 Le Burkina Faso est confronté depuis 2015 à des attaques récurrentes de jihadistes, comme ses voisins du Mali et du Niger. Des attaques souvent attribuées aux groupes Etat islamique et Al-Qaïda au Maghreb islamique.

L’Union africaine condamne les attaques en Somalie

La Commission de l’Union africaine (UA) a condamné mardi dans un communiqué l’attaque contre une base des forces de la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS).Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a déclaré qu’il condamnait fermement cette attaque terroriste perpétrée par des militants d’al-Shabab contre la base de l’ATMIS dans la région du Middle Shebelle.

« Le président rend hommage aux casques bleus burundais qui ont perdu la vie en contribuant à apporter la paix et la stabilité en Somalie », a déclaré M. Mahamat.

Le président a également déclaré que cette attaque contre la base ATMIS ne fera que réaffirmer l’engagement continu et inébranlable de l’UA à soutenir le gouvernement et le peuple somalien dans leur quête d’une paix et d’une sécurité durable.

Le président de la Commission de l’UA a également appelé la communauté internationale à accroître son soutien aux services de sécurité somaliens et à la mission ATMIS, à la mesure des défis sécuritaires actuels.

Mardi, des responsables locaux de la sécurité ont déclaré à Radio Mogadiscio que deux fortes explosions ont frappé la base ATMIS tenue par les troupes burundaises, suivies d’un échange de coups de feu entre les troupes et les militants.

Le groupe d’insurgés Al-Shabab, qui a revendiqué l’attaque, a mené de nombreuses offensives meurtrières contre les camps de l’Union africaine en Somalie.

Le Niger enregistre un afflux de réfugiés venant de ses voisins

Plus de 36.000 nouveaux réfugiés sont enregistrés dans le pays.Des dizaines de milliers de nouveaux réfugiés sont arrivés au Niger au cours des quatre derniers mois, fuyant les attaques perpétrées par des groupes armés dans les pays voisins. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) est préoccupé par cet accroissement du nombre de réfugiés, alors que les attaques contre les civils augmentent en fréquence et en violence.

De janvier à mi-avril 2022, le Niger a enregistré plus de 36.000 nouveaux arrivants en provenance du Nigéria, du Mali et du Burkina Faso, soit une moyenne de plus de 2500 nouveaux réfugiés par semaine.

« Je crains que nous ayons des afflux réguliers au Niger tant qu’il y aura des troubles dans les pays voisins », a déclaré Emmanuel Gignac, représentant du HCR au Niger. « Il est impératif que nous, en tant que HCR, et nos partenaires développions et maintenions une très forte capacité de réponse d’urgence », a-t-il ajouté.

Les nouveaux réfugiés venus du Mali fuient les combats entre l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS) et le Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA) dans les régions de Gao et Ménaka. Les réfugiés nigérians, quant à eux, fuient la recrudescence des pillages, des expropriations de biens, des agressions et des enlèvements perpétrés par des bandits armés dans les États de Katsina et de Sokoto, dans le nord-ouest de leur pays. Par ailleurs, une insécurité persistante et généralisée a poussé plusieurs personnes à quitter le Burkina Faso.

Les réfugiés, qui sont pour la plupart des femmes et des enfants, ont besoin d’un abri, de nourriture et d’eau, d’articles non alimentaires et d’un accès aux services de base tels que les soins de santé et l’éducation.

« Bien que nous restions engagés à fournir une aide vitale et à travailler en étroite collaboration avec les autorités locales et les communautés d’accueil en première ligne de la réponse, les interventions de stabilisation et de développement doivent démarrer plus tôt et plus rapidement. En tant qu’acteurs humanitaires, nous atteignons nos limites », a indiqué M. Gignac.

L’armée française va quitter le Mali, mais pas l’Afrique

La présence des armées françaises en Afrique, vieille de plusieurs décennies, a beaucoup évolué avec le temps.La décision annoncée lundi soir par Bamako de dénoncer les accords militaires entre le Mali et la France remet au goût du jour au sein des opinions africaines un vieux sujet de débat. Celui de la présence militaire française en Afrique, héritée de l’époque coloniale, mais régulièrement réajustée depuis les indépendances des anciennes colonies françaises acquises au début des années 1960. 

L’armée française en Afrique n’est plus au temps où elle pouvait se vanter de disposer de grosses bases un peu partout sur le continent. 

Officiellement, Paris n’a plus, aujourd’hui, que deux bases opérationnelles avancées (BOA)  et quelques dispositifs légers ou opérations extérieures temporaires (Opex). 

La première base est celle des Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDj) sur la mer rouge. 

Composée de 1450 hommes et disposant de moyens  logistiques importants, dont un détachement aérien, cette est la plus importante dont la France dispose sur le continent africain. Avec sa position stratégique, cette base est en mesure d’accueillir, mais également de projeter rapidement, des forces vers l’océan indien et le Moyen-Orient.

La deuxième base est située en Côte d’Ivoire. Forte de 900 hommes, elle a un statut de force de présence sur la façade ouest-africaine considérée comme une zone d’intérêt stratégique pour Paris. Les éléments de la Force française en Côte-d’Ivoire (FFCI) sont en mesure d’intervenir sur un très court laps de temps sur toute l’Afrique de l’Ouest. 

Les anciennes bases du Gabon et du Sénégal, elles,  ont été rétrogradées en « pôles opérationnels de coopération » à vocation régionale. Les militaires qui y sont stationnés sont officiellement appelés « éléments français » au Gabon et au Sénégal (EFG et EFS). 

Chacun de ces dispositifs dispose de 350 hommes. Crées en août 2011, les EFS ont effectué lors de leurs deux premières années d’existence 215 missions de coopération dans 13 pays, assurant l’instruction de 8400 militaires africains. En 2019, leur bilan fait état de 6600 soldats africains formés et entraînés.

Pour préserver les intérêts économiques français dans le golfe de Guinée et lutter contre la piraterie maritime et la criminalité, la marine nationale française prépositionne dans cette zone, depuis 1990, une mission maritime permanente dénommée « Mission Corymbe ». Les bâtiments qui la composent se déploient des eaux du Sénégal au nord jusqu’aux côtes de l’Angola, en passant par les rivages de la Côte d’Ivoire, du Bénin, du Ghana, du Togo, du Nigeria, du Cameroun, du Gabon ou encore des îles de Sao Tomé-et-Principe. Ses effectifs peuvent s’élever jusqu’à 250 militaires.

Au-delà de cette présence historique sur le continent, l’Armée française dispose aussi des contingents déployés dans le cadre des opérations extérieures temporaires (Opex) comme c’était le cas en 2013 au Mali avec l’opération « Serval » et depuis 2014 avec Barkhane dont le champ d’action s’étend aux cinq pays formant le G5 Sahel: Mali, Burkina-Faso, Niger, Tchad et Mauritanie. 

La capitale tchadienne N’Djaména accueille le quartier général de la force Barkhane qui, d’ailleurs a intégré l’opération « Épervier » lancée dans ce pays depuis 1987 suite à un conflit entre Le Tchad et la Libye du colonel Mouammar Kadhafi. 

Barkhane dispose de bases provisoires disséminées sur les territoires des autres pays de son dispositif, dont la base de Niamey qui fait office de « hub aérien » abritant des avions de chasse et des drones. 

« Barkhane » a pour mission de mener des opérations contre le terrorisme et le crime organisé dans la bande sahélo-saharienne, en attendant la montée en puissance et l’opérationnalisation de la force conjointe créée par les pays du G5 Sahel. 

Une réorganisation de l’opération Barkhane est actuellement en cours, en raison de la grave dégradation des relations entre Bamako et Paris. Elle remonte au mois de mai de l’année dernière lorsqu’un groupe de colonels a renversé le président et du premier ministre de transition qu’ils avaient pourtant eux-mêmes installés quelques mois plus tôt après un premier coup d’état. La crise a atteint son paroxysme lundi 2 mai avec la dénonciation par les nouvelles autorités maliennes des accords militaires liant leur pays à la France. Une décision qui risque de rendre très complexe le processus déjà engagé «de retrait des militaires français du Mali », estime Julien Antouly, doctorant en droit international au centre international de Nanterre (France).

En réponse à cette décision malienne, la France assuré mardi que le retrait de ses troupes du Mali se fera « conformément aux engagements pris à l’égard de ses partenaires et dans un souci de coordination et de dialogue respectueux avec les forces armées maliennes ».  

En décembre 2013, la France avait lancé une autre opération militaire d’envergure en République centrafricaine (RCA). Baptisée Sangaris, cette opération avait pour mission de tenter de casser la spirale de tueries intercommunautaires qui endeuillaient alors ce pays.

Épaulée par des soldats de l’Union africaine (UA) remplacés ensuite par une force onusienne, Sangaris a permis de stabiliser la situation sécuritaire, notamment à Bangui, la capitale,  sans pour autant réussir à pacifier l’ensemble du territoire. Au plus fort de tensions, cette opération avait mobilisé quelque 2 500 soldats français.

Somalie : les Shebab attaquent un contingent burundais de l’UA

Quelque dix soldats burundais ont été tués dans l’attaque menée mardi par les terroristes Shebab contre une base de la force de l’Union Africaine (UA) en Somalie.Le premier bilan officiel de cet assaut est lourd. Dans un communiqué rendu public ce mercredi, l’état-major de la Force de défense nationale du Burundi (FDNB) « déplore 10 militaires tués, 5 portés disparus et 25 blessés ». La même source informe que « 20 terroristes du groupe Al-Shabab ont été tués ».

La note signée par le porte-parole de la FDNB, le Colonel Floribert Biyereke, précise que l’attaque a été menée à l’aide des véhicules piégés, des kamikazes et des hommes lourdement armés.

« Il est manifeste que l’objectif poursuivi par Al-Shabab est d’entraver les efforts déployés par l’ATMIS (Mission de Transition de l’Union Africaine en Somalie) pour ramener la paix sur toute l’étendue de la Somalie », souligne le document, ajoutant que « le contingent burundais reste déterminé à apporter sa contribution pour restaurer la paix durable et la stabilité en Somalie ».

Le président burundais, Evariste Ndayishimiye, a condamné l’attaque sur son compte Twitter. « Je me joins à toute l’Afrique qui vient de perdre des fils et filles tombés sur le champ d’honneur pour consoler les familles durement éprouvées », a-t-il écrit.

Les effectifs de la Mission de Transition de l’Union Africaine en Somalie (ATMIS) représentent près de 20 000 militaires, policiers et civils, issus de pays africains. Le Burundi, avec près de 5000 hommes, en est le deuxième pays contributeur.

Quels sont ces accords militaires avec la France dénoncés par Bamako?

Julien Antouly est doctorant en droit international au Centre de droit international de Nanterre (France). Pour Apa news, il décrypte le contenu des accords de défense franco-maliens que Bamako a dénoncé lundi soir.Quelle était la nature des accords de défense entre la France et le Mali que les autorités de Bamako viennent de dénoncer de manière unilatérale lundi 2 mai?

Le Mali et la France étaient liés par trois accords militaires. Le premier, est un Status of Force Agreements, ou SOFA. Il encadrait le déploiement de la force militaire française Serval qui était intervenue pour chasser les djihadistes du nord du Mali en 2013, puis l’opération Barkhane qui a pris le relais à partir de 2014. Le second est un traité de coopération en matière de défense signé en 2014, portant sur la coopération structurelle et générale comme la formation et les dotations en équipements, notamment. Enfin, un protocole additionnel au SOFA de 2013, conclu en 2020, pour étendre les conditions de ce SOFA aux contingents étrangers de Takuba, la task-force formée par des unités des forces spéciales de pays européens créée en mars 2020 à l’initiative de la France.

Pourquoi les Maliens dénoncent aujourd’hui ces accords alors, qu’officiellement, c’est Bamako qui avait sollicité l’arrivée des militaires français sur son territoire ?

L’intervention militaire française au Mali lancée à partir de janvier 2013 était à la demande des autorités maliennes. Les maliens dénoncent aujourd’hui ces accords qu’ils les considèrent désormais comme contraires à leur souveraineté, tout en accusant la France de violation de leur espace aérien.

Concrètement, quelles pourraient être les conséquences immédiates de la décision malienne sur le retrait en cours de l’opération militaire française Barkhane du Mali ?

Les conséquences immédiates pourraient être de complexifier le retrait français: le SOFA prévoit des facilités de visa pour les soldats, de douanes pour l’entrée et la sortie de matériel et surtout la libre circulation des militaires français et de leurs appareils sur le territoire et dans l’espace aérien maliens. La dénonciation du SOFA par le Mali pourrait remettre en question ces avantages.

Quel impact pourrait avoir cette décision sur la présence militaire française dans le reste des pays africains ?

Ces brouilles diplomatiques autour des accords de défense entre Bamako et Paris, entamées dès décembre 2021, ont contribué à médiatiser le contenu de ces accords, habituellement réservés à un cercle très restreint de diplomates, d’officiers d’état-major ou de chercheurs.

Le fait que le gouvernement nigérien ait souhaité soumettre  au vote des députés, le 22 avril dernier, la venue sur son territoire de nouvelles forces françaises et européennes peut être perçu comme un premier impact de cette fâcherie franco-malienne autour de la présence militaire française au Mali. Désormais, il est fort probable que ce genre d’accords qui, habituellement ne fait pas l’objet de débats publics, y compris en France, soit systématiquement soumis à l’appréciation des opinions comme on l’a vu au Niger. Dans ce pays la société civile s’est fortement mobilisée pour que l’arrivée de troupes française envisagée par le gouvernement soit discutée au parlement.

Niger : António Gutteres évoque les nombreux défis au Sahel

Après Dakar, le secrétaire général des Nations unies António Gutteres, est arrivé au Niger, un pays du Sahel en proie à la menace jihadiste.Lors de cette visite dans ce pays du Sahel, António Gutteres a abordé la situation sécuritaire et humanitaire.

M. Gutteres a eu des rencontres avec les dirigeants nigériens, notamment le président de la République Mohamed Bazoum. Les deux dirigeants ont évoqué la menace jihadiste qui sévit dans la région depuis plus d’une décennie. Selon António Gutteres, le « Sahel est confronté à des défis le terrorisme, violence, changement climatique, détresse humaine… »

« En regardant la performance remarquable de l’armée du Niger, la communauté internationale doit investir à fond dans le renforcement des capacités de l’armée du Niger » a-t-il indiqué, saluant les efforts militaires déployés par les autorités nigériennes au Sahel pour contenir les groupes armés.

Antonio Gutteres appelle ainsi à une « solidarité » de la communauté internationale afin d’aider le Niger a « investir à fond dans le renforcement des capacités de l’armée nigérienne ».

Par ailleurs, le secrétaire général de l’Onu a magnifié la vitalité démocratique du Niger qui a vécu sa première alternance démocratique en février 2021 avec l’élection de Mohamed Bazoum à l’issue du second tour de la présidentielle.

Il a souligné que les Nations unies seront aux côtés du Niger qui « suscite beaucoup d’espoir » afin d’offrir  « des perspectives à la jeunesse nigérienne, y compris aux jeunes filles. »

Dénonciation des accords de défense : Paris fustige l’attitude de Bamako

La France considère cette décision « injustifiée » et conteste formellement toute violation du cadre juridique bilatéral qui serait imputable à la force Barkhane.La guerre des communiqués continue entre Bamako et Paris. Dans une note rendue publique ce mardi, le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères a fustigé « la décision unilatérale » des autorités de transition maliennes de dénoncer le traité de coopération en matière de défense liant la France et le Mali ainsi que l’accord régissant le statut des forces françaises et celles de ses partenaires européens impliqués dans la task force Takuba.

« La France poursuivra le retrait en bon ordre de sa présence militaire au Mali, conformément aux engagements pris à l’égard de ses partenaires et dans un souci de coordination et de dialogue respectueux avec les forces armées maliennes », écrit la diplomatie française.

Par ailleurs, Paris réaffirme sa vigilance à l’égard de « toute tentative de manipulation de l’information » et rappelle sa détermination à assurer la sécurité de ses soldats et des soldats européens engagés à ses côtés au cours de cette phase de désengagement.

RCA: des membres de Wagner accusés de tuer des civils

Le président Faustin-Archange Touadéra avait demandé fin 2020 l’intervention de la Russie pour repousser une offensive rebelle qui menaçait son régime et la capitale, Bangui.Nouvelle accusation contre la société paramilitaire privée russe Wagner en République centrafricaine. Dans son dernier rapport publié ce mardi, l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch accuse des mercenaires de Wagner d’avoir sommairement exécuté, torturé, battu des civils en février 2019 et novembre 2021 dans ce pays.

« Le crime le plus grave qu’on a documenté, c’était une exécution sommaire en masse, le 28 juillet 2021 au nord de la ville de Bossangoa en plein jour et contre des gens qui n’étaient pas armés. On a documenté une dizaine de morts, ça peut être un crime de guerre », affirme Lewis Mudge, directeur Afrique centrale pour Human Rights Watch interrogé par RFI.

Il a ajouté : « À part ça, on a documenté plusieurs cas de détention, des tortures faites à Alindao, dans la Basse-Kotto, dans un camp militaire qui était dirigé par les Russes, armés, en train de circuler avec les forces nationales. »

Jihadisme au Mali : Mahmoud Barry reprend du service

C’est un bras droit du chef jihadiste Amadou Koufa qui dirige l’insurrection islamiste dans le centre du Mali. Il fait partie des 200 prisonniers échangés en octobre 2020 contre la libération d’otages dont l’ancien ministre Soumaila Cissé.Assis sur ce qui ressemble à un lit, le buste droit, une Kalachnikov à la main gauche, l’autre posée sur son genou droit, Mahmoud Barry s’exprime en arabe. Celui que ses compagnons surnomment Abou Yahya, son nom de guerre, appelle au djihad et implore la victoire pour les « moudjahidine » dans une vidéo de 29 secondes, diffusée fin avril dernier par un compte twitter spécialisé dans crise sécuritaire au Sahel. 

Pas méconnu au sein de la galaxie djihadiste sahélienne, cet homme n’avait pas donné signe de vie depuis 2016 quand il s’était fait arrêter dans la forêt du Wagadou. Soupçonné d’avoir activement participé à l’attaque du 19 juillet 2016 contre l’armée malienne à Nampala, il avait alors été conduit à Bamako, la capitale, puis jeté dans une geôle de la sécurité d’Etat. 

Son interpellation par des forces spéciales de la Sécurité d’Etat avait été présentée comme une grande victoire de l’armée malienne dans la traque contre les cadres du djihad au Mali. 

Durant quatre ans, plus personne n’entendra parler de lui. Mais en octobre 2020, les militaires qui dirigent le Mali depuis le renversement du président Ibrahim Boubacar Keita dit IBK le 18 août précédent, le libèrent dans le cadre d’une transaction avec le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) visant a obtenir la libération d’un certain nombre d’otages. Parmi eux, l’ancien ministre et homme politique Soumaila Cissé qui avait été capturé six mois plus tôt dans sa région d’origine de Niafunké, près de Tombouctou, alors qu’il était en pleine campagne électorale pour les législatives et qui décèdera peu après sa libération du Covid19. Il y avait aussi l’humanitaire française, Sophie Pétronin, qui vivait depuis plusieurs années à Gao, dans la nord du pays, et qui contre l’avis du gouvernement français est pourtant retournée de manière irrégulière au Mali où elle vivrait désormais à Bamako. Ont été également libérés dans la même opération, les citoyens italiens, Nicolas Chiacchio et le prêtre Pier Luigi Maccali. Ils auraient été relâchés contre le paiement d’une rançon de plusieurs millions d’euros versés par le Vatican selon les confidences recueillies à l’époque par Apa news auprès d’un influent homme politique du Nord du Mali, ce que le Saint-Siège n’a jusqu’ici jamais démenti.. 

Dans la cadre de cette transaction avec Bamako, le GSIM qui est la branche sahélienne d’Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI), avait exigé la libération de plus de deux cents personnes arrêtées pour activités terroristes ou soupçons de collusion avec les islamistes radicaux. Sur la liste remise aux autorités maliennes, Mahmoud Barry figurait à la cent quatre-vingt quatorzième position.

Né à Koro, dans la région de Mopti, au centre du Mali, ce peul aujourd’hui âgé d’une quarantaine d’années a rejoint le djihad après un passage à Bamako comme Imam.

Le 16 mai 2016, le monde le découvre à travers les premières images de la branche jihadiste active dans la région de Mopti d’Ansar Dine, groupe central du GSIM fondé et dirigé par l’ancien leader rebelle touareg Iyad Ag Ghaly. Les djihadistes y exhibent le butin de l’attaque de Nara, près de la frontière mauritanienne, du 27 mai 2015. Selon les services de sécurité maliens, Mahmoud Barry serait le meneur de cette opération, sous l’impulsion d’Amadou Kouffa, l’émir peul de la Katiba du Macina, nom de la filiale locale d’Ansar Dine.. 

A travers cette nouvelle vidéo non datée mais qui pourrait avoir été tournée durant le mois de jeûne musulman du Ramadan qui vient tout juste de s’achever, selon une source sécuritaire, Mahmoud Barry voudrait sans doute signifier qu’il n’a pas renoncé à ses convictions, lui qui aurait été d’ailleurs promu membre du Conseil de la Choura du GSIM. Une assemblée très sélective à laquelle ne sont cooptés que les plus aguerris du point de vue idéologique.

Le leader jihadistes a-il voulu aussi narguer l’armée malienne après ses opérations menées fin mars et où plus de 300 civils auraient été tués selon plusieurs organisations de défense des droits humains? Sa nouvelle vidéo est, en effet, rendue publique deux jours seulement après ce qui semble être une première réponse à ces opérations militaires: la triple attaque jihadiste ciblant des camps de l’armée malienne, à Sévaré, à Bapho et Niono. 

Ces audacieuses offensives simultanées exécutées avec d’énormes moyens humains et militaires étaient sans doute destinées à faire une véritable boucherie au sein des forces armées maliennes. Selon un bilan rendu public par l’état-major des armées à Bamako, le bilan de ces opérations serait de seulement six militaires tués contre onze parmi les assaillants. 

Inaugurent-elles une nouvelle étape dans l’insurrection djihadiste au Sahel? L’hypothèse est probable.

Tchad: les conséquences du report du dialogue national inclusif

Initialement prévue le 10 mai prochain, le dialogue nationale inclusif au Tchad a été reporté à une date « ultérieure ».Cette décision a été prise sur demande des partenaires du gouvernement tchadien notamment le Qatar, médiateur dans ce pré-dialogue.

Les pourparlers lancés le 13 mars dernier à Doha entre les représentants du gouvernement tchadien et plusieurs mouvements rebelles sont au point mort depuis plusieurs semaines. Et l’un des plus puissants groupes rebelles du pays, le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), a même claqué la porte début avril. 

Dans un communiqué, le ministère tchadien des Affaires étrangères n’a pas donné de nouveau calendrier, mais il a évoqué un « accord des plus hautes autorités de la Transition pour un report du Dialogue national inclusif à une date ultérieure qui sera retenue après consultations avec les institutions et les acteurs politiques pertinents ».

Transition chamboulée

Après la mort d’Idriss Deby Itno le 20 avril 2021, son successeur Mahamat Idriss Deby, intronisé président du Conseil militaire de transition (CMT) du Tchad, a engagé de larges consultations avec des groupes rebelles. Celles-ci devront déboucher sur une remise du pouvoir aux civils au sortir des prochaines élections dont la date n’est pas encore fixé.

La transition dix-huit (18) annoncée après sa prise de pouvoir, doit déboucher sur l’organisation des « élections libres et démocratiques » au terme du dialogue national inclusif (DNI). Ce report pourrait entraîner un chamboulement du calendrier de la transition.

Soudan : la junte sous la menace de la communauté internationale

La junte militaire soudanaise doit rapidement former un gouvernement civil de transition au risque de voir de nouvelles sanctions financières s’abattre sur le pays.La pression s’accélère sur le général Abdel Fattah al-Burhan et ses hommes. De plus en plus contestée par la population, les putschistes ont libéré cette semaine plusieurs prisonniers politiques importants. Malgré tout, la tension est au plus haut au Soudan qui n’a plus de gouvernement depuis plusieurs mois. 

A cet effet, une délégation de pays importants de l’Union européenne et les États-Unis a rencontré vendredi 29 avril à Khartoum la junte militaire et l’opposition civile. Au terme de sa visite, un communiqué a appelé à la formation d’un gouvernement civil. 

Pour les diplomates occidentaux, la junte militaire doit faire des « progrès immédiats vers la formation d’un gouvernement civil de transition ». Sinon, le Soudan pourrait perdre « des milliards de dollars d’aide au développement de la Banque mondiale », son accord avec le FMI et 19 milliards d’annulation de sa dette. 

Dans le communiqué concluant leur visite à Khartoum, les États-Unis, l’Union européenne, la France, le Royaume Uni, l’Allemagne et la Norvège soulignent qu’ils n’accepteront aucun « accord ou gouvernement » qui « manquerait de crédibilité » auprès des Soudanais et de la communauté internationale. Ils rappellent que leur soutien concerne le processus de dialogue initié par les Nations Unies, l’Union africaine et l’Organisation régionale est-africaine (IGAD). 

Ces organisations ont annoncé une réunion des acteurs politiques soudanais du 10 au 12 mai même si l’opposition refuse toujours de dialoguer avec les militaires et les forces politiques qui ont soutenu leur coup d’État du 25 octobre.

Une économie à genou 

Trois ans après la chute du dictateur Omar el-Béchir, la population soudanaise est redescendue dans la rue pour dénoncer l’exploitation qui a été faite de sa révolution. Depuis octobre 2021, plus de 90 manifestants ont été tués par les forces de sécurité et des centaines détenues en prison. 

Au plan économique, le pays est frappé par des sanctions économiques qui le placent au bord de l’effondrement. Plusieurs partenaires ont posé comme condition la formation d’un nouveau gouvernement de transition pour une reprise de l’aide internationale. Ainsi, la devise soudanaise est en chute libre pour avoir perdu un quart de sa valeur depuis le coup d’État. L’inflation est officiellement à 260%. Selon le Programme alimentaire mondial (Pam), neuf millions de Soudanais sur une population de 44 millions souffrent de faim aigue. 

Par ailleurs, Abdel Fattah al-Burhan a évoqué en février dernier les conditions pour le retour des civils au pouvoir alors que les Comités de résistance annonçaient un maintien de la mobilisation populaire pour le faire plier.

« S’ils sont d’accord et s’assoient avec nous, nous sommes prêts à les rejoindre et à dialoguer avec eux. Ils peuvent même décider de nous couper le cou et nous serions prêts à cela. Ce qui compte pour nous, c’est l’accord de tous les Soudanais, après quoi nous leur transférerons le +pouvoir confié+ par le biais d’élections ou d’un accord national », avait déclaré le général putschiste de 62 ans au site d’information Sudan Tribune.

Soudan : la junte libère deux figures de l’opposition

Khaled Omar Youssef, ex-ministre du gouvernement civil et Mohammed al-Fekki Suleiman, ancien membre du Conseil souverain, ont été libérés après deux mois de prison.Ces deux responsables politiques avaient été arrêtés et détenus à la prison de Kober à Khartoum en février, lors des émeutes ayant entraîné une vague d’arrestations dans les rangs de l’opposition.

La junte militaire qui dirige le pays depuis la chute de l’ancien président Omar el-Béchir en avril 2020, a libéré des dirigeants des Forces de la liberté et du changement (FLC), la principale alliance politique civile du pays.

En procédant de la sorte, les tenants actuels du pouvoir matérialisent leur promesse du mois d’avril de libérer les prisonniers politiques. Le Soudan est soumis aux pressions internationales avec le blocage de l’aide étrangère. La situation économique s’est considérablement dégradée et le pays se retrouve sans gouvernement depuis la chute de l’ancien Premier Abdallah Hamdock il y a six mois.

Selon l’Organisation des Nations unies (Onu), un millier de personnes ont été détenues dont 148 enfants, 94 autres ont été tués et 13 cas de viols de femmes ont été recensés depuis le putsch militaire de novembre dernier.

La Cedeao va envoyer des missions en Guinée et au Burkina

Les juntes militaires en Guinée et au Burkina Faso n’ont pas fixé des chronogrammes de transition tel que souhaité par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao).L’ultimatum de l’organisation régionale a expiré. Elle avait le 25 avril comme date butoir au Burkina et la Guinée Faso pour recevoir un calendrier « raisonnable » en vue d’un retour au pouvoir des civils. Mais les militaires au pouvoir à Ouagadougou et Conakry ont demandé plus de temps pour poursuivre les consultations devant mener à la fin de la transition.

Le Burkina Faso a été le premier à réagir, dès le 22 avril, selon un communiqué rendu public mercredi 27 avril par la Cedeao. Dirigé depuis le 24 janvier par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba après le renversement de Roch Marc Christian Kaboré, le pays demande « un délai supplémentaire par rapport à la date butoir afin de poursuivre les consultations sur diverses questions » en suspens.

La Guinée du lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya, à la tête du pays depuis le coup d’Etat mené en septembre 2021 contre Alpha Condé, souhaite « également avoir davantage de temps par rapport à l’échéance du 25 avril 2022 pour permettre la poursuite des consultations », relève la Cedeao. Elle souligne que ce pays a « présenté les évolutions récentes concernant le processus de transition ». Le ministre des Affaires étrangères, Dr Morissanda Kouyaté, s’était rendu en effet à Accra, au Ghana, le dernier jour de l’ultimatum, pour discuter et négocier avec Nana Akufo-Addo, le président en exercice de la Conférence des chefs d’État de la Cedeao.

Si plusieurs observateurs craignaient des sanctions après la fin de leur mise en demeure, la Cedeao « a décidé d’envoyer des missions dans ces deux pays qui permettront de préparer un rapport pour le sommet » des chefs d’États, prévu en mai. Tous les scénarios sont alors possibles pour Ouagadougou et Conakry.

Toutefois, l’embargo prononcé en janvier dernier par la Cedeao contre le Mali n’a pas permis d’obtenir une transition plus courte. Prétextant la situation sécuritaire instable du pays, elles ont proposé un calendrier de cinq ans puis de deux ans avant d’organiser des élections. Mais toutes ces propositions n’ont pas été acceptées par l’organisation régionale qui a décidé de maintenir ses sanctions.

En revanche, le Burkina et la Guinée sont deux cas différents. Si le premier pays a choisi de mener sa transition sur trois ans, le second n’a jusqu’à présent pas présenté de calendrier de transition. Ce qui rend sa situation « plus compliquée », affirme un diplomate, au moment où des tensions sont notées dans le climat politique avec la perspective de nouvelles manifestations pour dénoncer les lenteurs des autorités.

L’UA salue l’envoi d’une force régionale de paix en RDC

L’Union africaine (UA) s’est félicité de la décision des dirigeants d’Afrique de l’Est de déployer une force régionale de maintien de la paix dans les régions de la République démocratique du Congo (RDC) en proie à des troubles.Dans un communiqué de presse publié lundi soir, le Président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a déclaré qu’il saluait la récente décision des dirigeants régionaux d’envoyer des soldats de la paix en RDC.

« L’UA salue les résultats du deuxième conclave des chefs d’Etat sur la RDC qui s’est tenu jeudi à Nairobi, en particulier la décision de déployer immédiatement une force régionale pour rétablir la paix et la stabilité en RDC », indique le communiqué.

« Le Président de la Commission félicite le président kenyan Uhuru Kenyatta et les dirigeants d’Afrique de l’Est pour leurs efforts communs en vue de trouver une solution durable à la situation dans l’est de la RDC et dans l’ensemble de la région des Grands Lacs », ajoute le communiqué.

M. Mahamat a également déclaré que l’UA poursuivrait son engagement à être l’un des garants des efforts de paix en RDC et dans la région au sens large.

Cinq pays africains ont décidé jeudi de déployer une force régionale en République démocratique du Congo pour lutter contre l’insurrection rebelle dans le pays.

Les présidents, dont Uhuru Kenyatta du Kenya, Yoweri Museveni de l’Ouganda, Evariste Ndayishimiye du Burundi, Félix Tshisekedi de la RDC et Paul Kagamé du Rwanda, représentés par leurs ministres des affaires étrangères, ont demandé à tous les groupes armés de la RDC de participer sans condition au processus politique visant à résoudre leurs griefs.

La partie orientale de la RDC est agitée depuis des décennies par des violences commises par de multiples milices, en particulier les rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF) et ceux du Mouvement du 23 mars (M23), un cauchemar commun des pays de la région.

Le Mali accuse la France d’«espionnage» et de «subversion»

Le gouvernement de transition a accusé mardi soir l’armée française de violer délibérément l’espace aérien malien, une semaine après la restitution de la base de Gossi (centre) par la force Barkhane.Les relations entre Paris et Bamako sont de plus en plus tendues. Près de trois mois après avoir annoncé le retrait progressif de ses soldats, l’armée française a restitué, le 19 avril dernier, une base du centre du Mali à proximité de laquelle un charnier a été découvert. En réponse, l’état-major français a diffusé des vidéos tournées par un de ses drones montrant des hommes enterrant des cadavres. Cette manœuvre a outré les militaires maliens au pouvoir.

« Outre l’espionnage, les forces françaises se sont rendues coupables de subversion en publiant des fausses images montées de toute pièce afin d’accuser les FAMa d’être l’auteur de tueries de civils dans le but de tenir l’image des forces armées maliennes engagées pour la libération du territoire, la protection et la sauvegarde des populations éprouvées par une longue crise », a indiqué le porte-parole du gouvernement malien, le colonel Abdoulaye Maïga, dans un communiqué lu à la télévisons nationale, invitant les autorités françaises « à respecter la souveraineté » de son pays.

Pour Bamako, les aéronefs français ont fait l’objet, depuis le début de l’année, de « plus de 50 cas délibérés de violation » du territoire aérien malien. Le colonel Assimi Goïta et ses hommes reprochent à l’armée française son « refus d’obtempérer suite aux instructions de service de contrôle aérien » et « la falsification de documents de vol ».

Ils fustigent aussi « les atterrissages d’hélicoptères dans des localités hors aérodrome, sans autorisation préalable et les vols d’avion de renseignements et de drones évoluant à haute altitude pour se livrer à des activités considérées comme de l’espionnage, de l’intimidation, voire de la subversion ». Bamako rappelle que « tout survol de l’espace aérien malien est subordonné à l’obtention d’une autorisation expresse délivrée par l’Armée de l’Air du Mali ».

L’explication de Paris

Par ailleurs, Paris n’a pas encore réagi au communiqué des autorités maliennes. Mais le 21 avril, deux jours après qu’elle eut restitué aux FAMa sa base de Gossi, l’armée française avait entrepris de contrer ce qu’elle a qualifié d’« attaque informationnelle » et publié une vidéo de ce qu’elle affirme être des mercenaires russes en train d’enterrer des corps près de cette base afin d’accuser la France de crimes de guerre au Mali.

Ces images, prises par un drone, montrent des soldats s’affairer autour de cadavres qu’ils recouvrent de sable. Dans une autre séquence, on voit deux de ces militaires filmer les corps à moitié ensevelis. Pour l’état-major français, il s’agit de « soldats blancs » membres de la société militaire privée russe Wagner.

Après la publication de ces images, la justice militaire malienne a annoncé l’ouverture d’une enquête « pour faire toute la lumière ». Selon le procureur de la République près le tribunal militaire de Bamako, « l’opinion sera tenue régulièrement informée de l’évolution de l’enquête, dont les résultats seront rendus publics ».

Plongé depuis 2012 dans une crise sécuritaire profonde que le déploiement de forces étrangères n’a pas permis de régler, le Mali a connu deux coups d’Etat militaires depuis août 2020, une situation qui a occasionné l’embargo du pays par les pays de la Cedeao.

La junte au pouvoir à Bamako s’est progressivement rapprochée de Moscou en même temps qu’elle se détournait de la France, engagée militairement dans le pays contre les jihadistes depuis 2013.

Si les attaques terroristes ont visé ces derniers jours des camps militaires du centre et du nord du pays, les autorités militaires insistent en revanche sur « la montée en puissance des Forces Armées Maliennes (FAMa), motif de fierté du Peuple malien, se traduit notamment par des victoires éclatantes contre nos ennemis, ainsi qu’un contrôle de plus en plus efficace du territoire national et de l’espace aérien ».

Afrique de l’Ouest : les solutions endogènes pour contrer la faim (FAO)

Dans un entretien accordé à APA, le Coordonnateur du bureau sous-régional de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO, sigle en anglais) pour l’Afrique de l’Ouest, Robert Gueï, invite les États à davantage développer leurs productions locales.1. Qu’est ce qui explique le risque de famine en Afrique de l’Ouest que votre organisation redoute ?

Plusieurs facteurs peuvent être convoqués. Nous avons l’exacerbation de la crise sécuritaire dans le bassin du lac Tchad et l’insécurité qui règne dans la partie anglophone du Cameroun. En Afrique de l’Ouest, la crise sécuritaire se dégrade également au Nord-Est du Nigeria et se propage dans d’autres zones du pays. Nous savons tous aussi ce qui se passe dans la zone des trois frontières (Burkina, Mali et Niger) où des bandes armées sévissent.

Cette situation a causé des déplacements de populations qui ont alors perdu leurs capacités de production. Ces gens sont aujourd’hui dépendants des aides humanitaires. Cela a un impact sur la sécurité alimentaire. En outre, le Sahel est confronté au changement climatique. Les phénomènes extrêmes (longues sécheresses, inondations…) affectent la production agricole. Par ailleurs, les affrontements ethniques liés souvent au pastoralisme s’accentuent. La Covid-19 est venue aggraver la situation. Les crises politiques, ayant occasionné les coups d’État, ont multiplié les tensions et moult frontières ont ainsi été fermées. Aujourd’hui, la crise ukrainienne a déjà un impact sur l’inflation. Ce sont tous ces facteurs réunis qui menacent la sécurité alimentaire de la région.

2. Qu’est-ce que la FAO préconise comme réponses ?

Notre mandat est de développer l’agriculture et l’alimentation dans le monde. Donc, en ce qui concerne la production agricole et la production animale et même dans le domaine de la gestion des ressources naturelles, nous aidons les pays à pouvoir faire face à ces crises. Mais il faut dire qu’ils ne pourront pas le faire seuls. C’est pourquoi, ils sont soutenus par des organisations sous-régionales.

La crise ukrainienne devrait ouvrir les yeux des dirigeants de la sous-région. Ils ne pourront pas toujours compter sur l’extérieur pour nourrir leurs populations. Il faut résolument croître les capacités internes de ces pays pour produire suffisamment ce dont ils ont besoin. Nous aidons les pays à se préparer contre les effets de cette guerre en Europe en augmentant la production locale et en développant les chaînes de valeurs avec nos céréales. Nous les assistons également dans la fabrication de l’engrais au niveau local.

3. Les États de la région sont-ils préparés à faire face à une éventuelle crise alimentaire ?

Il faut signaler que certains États n’ont suffisamment pas investi dans la production agricole. Ce secteur n’a malheureusement pas été considéré comme une priorité. Cette crise permet ainsi d’ouvrir les yeux de ceux-là qui ont négligé l’agriculture.

Les données de la FAO ont montré que nous sommes très dépendants de l’Ukraine et de la Russie d’où nous importons du blé devenu au fil du temps une denrée incontournable de notre alimentation. Nous avons pourtant d’autres farines issues du maïs, du mil, du sorgho… Dans certains pays, elles sont mélangées avec la farine de blé pour fabriquer du pain. C’est le moment pour nos gouvernants de promouvoir ces farines et le pain qui en provient. Cela ne veut pas dire que nous allons nous passer de la farine de blé, mais cette crise est l’occasion pour nous de développer notre agriculture locale.

Par ailleurs, il faut encourager le secteur privé pour qu’il puisse intervenir. Il faut faire en sorte que les femmes et les jeunes, qui constituent une force inestimable pour le travail agricole, puissent mener à bien leurs projets en accédant notamment à la terre, à l’eau, à la formation et aux financements. Ce n’est pas souvent le cas. Nous pensons qu’avec cette crise les choses vont commencer à se mettre en place.

Transition au Burkina: l’ultimatum de la Cedeao a expiré

Le Burkina Faso ne s’est pas plié à la demande de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) de proposer un nouveau chronogramme sur la durée la transition.C’est une fin de non-recevoir pour la Cedeao qui n’aura pas son nouveau calendrier de transition au Burkina Faso. L’organisation régionale avait fixé lors de son sommet extraordinaire des chefs d’Etat du 26 mars dernier à Accra au Ghana, deux exigences au Burkina Faso : un nouveau chronogramme pour la transition et la libération « inconditionnelle et sans délai » de l’ancien président Roch Marc Christian Kaboré. 

Si Ouagadougou a répondu favorablement à la seconde requête  en élargissant le président Kaboré, elle reste inflexible sur la première, car estimant que les trois années (36 mois) de transition en cours d’exécution, ont été adoptés de façon « consensuelle » lors des assises nationales du 28 février.

« Nous n’allons pas sacrifier nos efforts pour ramener la paix au Burkina Faso en courant derrière un calendrier intangible », explique Lionel Bilgo, le porte-parole du gouvernement burkinabé à l’Agence France-Presse (AFP).

Les consultations nationales de février dernier, ont fixé une durée de transition de trois ans (36 mois) pour permettre au régime de Paul Henri Damiba Sandaogo de redresser le pays et lutter contre l’insécurité.

Mais la Cedeao juge ce délai trop long et préconise une transition plus courte de 18 mois au maximum. La requête a finalement été rejetée par le gouvernement burkinabè qui estime que l’urgence est de faire face à la menace terroriste. « Nous n’allons pas sacrifier nos efforts pour ramener la paix au Burkina Faso en courant derrière un calendrier intangible », ajoute Lionel Bilgo qui soutient toutefois que son pays est dans les « dispositions pour entendre les remarques de la Cedeao.»

Les autorités de la transition soutiennent que la situation sécuritaire du pays empêche la tenue des élections dans les dix-huit mois à venir. « Est-ce qu’on est capable aujourd’hui, alors qu’on ne peut pas faire 150
km sur notre territoire, d’organiser des élections dans la paix et la quiétude
? », s’interroge Lionel Bilgo, qui estime que les exigences de la Cédéao, « ne tiennent pas du tout compte des réalités de terrain. » 

Le Burkina Faso est en proie à la menace terroriste depuis 2015. Les violences jihadistes au Sahel, notamment au Mali, se sont propagées dans le nord du pays. Dimanche dernier, trois attaques simultanées ont été perpétrées contre un détachement militaire causant la mort de quinze personnes dont neuf militaires. 

Attaques simultanées : Damiba dépêche des officiers chez Goïta

Le Mali et le Burkina Faso veulent s’unir pour faire face aux attaques jihadistes.À l’initiative du président de la transition burkinabè Paul-Henri Sandaogo Damiba, une délégation d’officiers a été reçue ce lundi 25 avril 2022 à Bamako, par le chef de l’Etat malien Assimi Goïta. L’objectif de cette rencontre est d’évoquer la coopération militaire entre ces Etats du Sahel au moment où les attaques jihadistes se multiplient dans les deux pays.

Le Mali et le Burkina Faso sont liés par la géographie. ils partagent 1200 kilomètres de frontière où sont déployés des milliers de soldats des deux pays pour lutter contre les groupes terroristes. Mais la porosité de cette zone désertique et les pistes d’accès difficilement praticables favorisent souvent des attaques de groupes armés.

Ce dimanche 24 avril 2022, les deux pays ont été ciblés par cinq attaques simultanées de la part des groupes armés. Les offensives ont visé particulièrement les forces armées maliennes et burkinabè.

Au Mali, les camps militaires d’Alpha Maloba Maïga de Sévaré, de Bapho et de Niono ont été attaqués dimanche vers cinq heures du matin par « des véhicules kamikazes bourrés d’explosifs ». Le bilan fait état de six militaires tués et une quinzaine de blessés, selon un communiqué de l’armée malienne, qui précise avoir tué onze kamikazes terroristes lors de « ces trois attaques complexes terroristes. »

L’attaque serait l’œuvre des jihadistes du Jnim, le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans, lié à Aqmi. Le Jnim affirme même avoir capturé plusieurs combattants du groupe Wagner dans le centre du pays début avril. Ces « soldats des forces russes de Wagner », soutient toujours le communiqué du Jnim, auraient participé à l’offensive de l’armée malienne à Moura.

Au même moment, le Burkina Faso est touché dans sa partie nord du pays par deux attaques dans la région du Sahel. Les assaillants ont visé deux détachements militaires de Gaskindé et de Pobé Mengao, causant la mort de quinzaine personnes dont neuf militaires, souligne un communiqué de l’armée burkinabè. Des attaques jihadistes qui seraient attribuées aux groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique (EI).