Burkina : dialoguer avec les jihadistes malgré tout

La persistance des attaques contre les forces de défense et de sécurité n’a pas dissuadé les autorités burkinabè à discuter avec les mouvements jihadistes.Vendredi 10 juin, le chef de l’Etat burkinabè, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandago Damiba, était à Barani, dans la boucle de Mouhoun, à 232 kilomètres à l’Ouest de Ouagadougou. Le président de la transition voulait encourager les gendarmes du Groupe d’action rapide de surveillance et d’intervention (Garsi) qui, la veille, ont repoussé une attaque terroriste.

Selon un bilan officiel, quatre gendarmes ont perdu la vie au cours de cet assaut tandis qu’une dizaine d’assaillants ont été neutralisés. Après avoir décoré cinq éléments de ce détachement créé avec le soutien de l’Union Européenne (UE), le lieutenant-colonel Damiba a rappelé « qu’il faudra qu’on aille chercher les terroristes pour leur montrer que nous sommes supérieurs en tout point de vue ».

Le tombeur de Roch Marc Christian Kaboré en janvier dernier a précisé que cette lutte acharnée doit se faire en même temps que les mécanismes de dialogue. Comme son prédécesseur, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandago Damiba a fait de la sécurisation du Burkina sa priorité. Pour cette raison, le président de la transition s’est dit favorable à l’ouverture de discussions avec les jihadistes locaux.

Cependant, cette option n’est pas encore porteur de résultats satisfaisants. Pour preuve, les attaques se multiplient dans le Nord du Burkina. Un pays en passe de devenir le ventre mou de la lutte antijihadiste au Sahel.

Juste avant l’attaque de Barani, le poste de sécurité du site minier industriel de Karma, dans le Centre-Nord, a été pris pour cible par des individus armés non identifiés. Un militaire et un civil sont morts ce jour-là.

Samedi 21 mai, l’armée burkinabè avait repoussé un assaut mené par 200 jihadistes à Bourzangha, dans le Nord-Est. Le communiqué de l’État-major des armées déplorait le décès de cinq soldats. Par ailleurs, l’appui aérien de la force Barkhane, en cours de retrait du Mali, pour neutraliser « les assaillants qui tentaient de fuir » a été salué par les autorités burkinabè.

Burkina Faso : attaque contre un site minier industriel

Au Burkina Faso, les opérations contre les industries minières se multiplient.La dernière attaque en date est survenue dans la nuit de mercredi à jeudi. Menée par des individus armés non identifiés, l’offensive a visé le poste de sécurité du site industriel de Karma, situé dans la commune rurale de Namissiguima, dans le Centre-nord du pays.

Selon un bilan non officiel, l’assaut aurait fait deux morts, un civil et un militaire. Des armes auraient été emportées par les assaillants, rapportent plusieurs sources. Les autorités burkinabè n’ont pas encore réagi.

La mine d’or visée, est exploitée par Néré Mining, détenue à 90% par un entrepreneur local qui a racheté les parts de la société britannique Endeavour. La transaction a été évaluée à 25 millions de dollars. Un investissement compromis par cette attaque qui n’est pas revendiquée, pour le moment.

Ce n’est pas la première fois que les industries minières sont ciblées au Burkina Faso. En novembre 2019, un convoi de travailleurs de la société canadienne Semafo a été pris pour cible sur la route reliant la mine de Boungou et celui de Mana. Cette embuscade avait occasionné la mort de 37 personnes, le plus lourd bilan enregistré dans le nord du Burkina Faso depuis 2015, année marquant le début de l’insurrection jihadiste, dans le nord du pays.

Mali : une levée de l’embargo est-elle possible avant juillet ?

Les autorités maliennes ont décidé de prolonger de 24 mois la durée de la transition, une décision unilatérale que « regrette » la Cedeao.Le samedi 4 juin dernier à Accra, au Ghana, les chefs d’Etat de l’organisation sous-régionale n’ont pas trouvé d’accord sur le dossier malien. Après de longues heures de discussions, le consensus n’était pas obtenu pour la levée de l’embargo qui fait autant mal à Bamako que dans les pays voisins, tel que le Sénégal. Le statu quo est maintenu en attendant la tenue du prochain sommet extraordinaire des dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), prévu le 3 juillet dans la capitale ghanéenne.

Mais depuis le 4 juin, les lignes semblent bouger de part et d’autre, donnant espoir à certains acteurs que la communauté économique des Etats ouest-africains pourrait reconsidérer sa position. Lundi dernier, soit deux jours après le sommet d’Accra, le colonel Assimi Goïta a signé un décret où il fixe la durée de la transition malienne « à 24 mois, (à) compter du 26 mars 2022 ». C’est une avancée dans la crise politique car, en début d’année, les militaires maliens projetaient de diriger le pays jusqu’à cinq ans. En réaction, le 9 janvier, la Cedeao a adopté des sanctions très dures contre Bamako comme la fermeture des frontières et le gel des avoirs financiers au sein de la Bceao.

En dépit de ce pas en avant, la Cedeao n’applaudit pas pour autant les autorités maliennes. Dans un communiqué publié mardi soir, elle déclare avoir « pris acte » du décret fixant le nouveau calendrier de transition. Toutefois, « elle regrette que cette décision ait été prise à un moment où les négociations se déroulent encore, en vue de parvenir à un consensus ».

Les moutons maliens vont-ils traverser les frontières ?

Pour l’organisation sous-régionale, son médiateur de la Cedeao pour le Mali, l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, « poursuivra les échanges avec les autorités du Mali, en vue de parvenir à un chronogramme mutuellement acceptable de transition, permettant d’assurer un soutien de la Cedeao ». Ainsi, elle montre clairement sa désapprobation quant au nouveau calendrier présenté par la junte malienne.

Lors du sommet d’Accra, certains dirigeants de la région campaient toujours sur une transition de 16 à 18 mois, à compter de mars 2022. En outre, le médiateur Goodluck Jonathan continue de rapprocher les positions en allant rencontrer les acteurs clés, parmi les chefs d’États de pays membres de l’institution ainsi que les autorités maliennes. Avec le président en exercice de la Cedeao, le Ghanéen Nana Akufo-Addo et le président sénégalais Macky Sall, leur visite était d’ailleurs annoncée à Bamako après la tenue du dernier sommet d’Accra. Sont-ils toujours dans les délais ?

Dans tous les cas, Goodluck Jonathan a proposé plusieurs solutions de sortie de crise, telle qu’une transition d’une durée tournant autour de 24 mois. Par conséquent, le texte méritait d’être peaufiné. Mais la manière « cavalière » qu’a eue Bamako d’annoncer la durée de la transition a irrité plusieurs chefs d’État, selon une source citée par RFI. Que va donc décider la Cedeao après avoir « regretté » la décision unilatérale des autorités maliennes ? Va-t-elle annoncer une levée partielle des sanctions qui empêchent aux éleveurs maliens, par exemple, de convoyer leurs moutons au Sénégal à l’approche de la Tabaski, la fête de l’Eid el Kébir qui sera célébrée dans un mois ?

En effet, le pays de Macky Sall compte beaucoup sur les moutons de ce pays voisin, plus accessibles parfois, pour approvisionner normalement son marché. Récemment, après une visite d’inspection, le ministère sénégalais de l’Elevage et des Productions animales a tenté de rassurer les ménages même si plusieurs d’entre eux demeurent inquiets.

Intransigeance

En revanche, Pr Abdoulaye Sounaye, spécialiste nigérien des questions sahéliennes et de l’Afrique de l’ouest, note que la Cedeao ne se prononcera sur une levée partielle ou définitive des sanctions sur le Mali avant le 3 juillet, date du prochain sommet extraordinaire de sa conférence des chefs d’Etat et de gouvernement. « Je pense que la Cedeao va attendre jusqu’à son sommet. Elle a déjà décidé d’une mission que son président va conduire. Je crois que la conférence des chefs d’Etat ne fait pas trop confiance aux autorités de la transition au Mali », indique à APA l’enseignant-chercheur à l’Université Abdou Moumouni de Niamey.

De plus, signale ce chercheur affilié au Leibniz ZentrumModerner Orient de Berlin, en Allemagne, la tâche est très difficile en ce moment pour les dirigeants de cette organisation. Ils veulent sortir de cette situation sans perdre la face, en parvenant surtout à décourager les éventuelles prises de pouvoir par les armes devenues récurrentes dans la région.

« De toutes les façons, on voit bien que la Cedeao cherche une voie de sortie de crise pour redorer son blason de la même façon que les autorités maliennes cherchent une sortie pour au moins avoir accès à certaines ressources financières. En fait, les sanctions sont devenues un véritable conundrum (casse-tête) pour les deux parties », explique Pr Sounaye.

Mali – Cedeao : Faure Gnassingbé en passe de réussir son pari

Le président togolais était sollicité par les autorités de transition malienne pour jouer un rôle de médiateur avec les chefs d’Etat ouest-africains.Plus d’un mois après avoir accepté un rôle de médiateur dans la crise malienne, le président togolais, Faure Gnassingbé, a réussi à rapprocher les positions entre les militaires au pouvoir à Bamako et l’organisation régionale.

En effet, selon le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop,  les dirigeants ouest-africains ont accepté la transition 24 mois décrétée par la junte avant l’organisation des élections qui doivent permettre le retour des civils au pouvoir en mars 2024.

Si les sanctions sont toujours maintenues, souligne-t-il, c’est qu’il reste « certains détails » à finaliser comme la présentation d’un chronogramme détaillé et la mise en place d’un comité conjoint de suivi. Deux préalables qui seront réglés selon le dirigeant malien avant le sommet de la Cedeao du 3 juillet prochain. 

Si les sanctions venaient à être levées, Faure Gnassingbé, doyen des chefs d’Etat de la sous-région (17 ans au pouvoir), en tirerait à coup sûr « un succès diplomatique éclatant. »

Le président togolais; a toujours milité pour une levée des sanctions contre le Mali s’attirant la sympathie des dirigeants maliens. « Nous avons, au nom du président de la transition, sollicité le président Faure Gnassingbé (…) pour faciliter le dialogue avec les acteurs régionaux et plus largement le dialogue avec l’ensemble de la communauté internationale pour trouver un compromis pouvant nous permettre de sortir de la crise », avait déclaré M. Diop, en visite à Lomé.

Selon lui, la situation dans laquelle se trouve le Mali, « nécessite qu’on fasse preuve de génie politique », avait-il indiqué lors de sa rencontre avec le président togolais.

Un mois plus tard, un dénouement heureux est sur le point d’être trouvé dans cette crise malienne, au grand bonheur des populations.

 

 

Mali : l’Etat islamique ne veut pas se laisser faire

Des combats opposent les jihadistes à l’armée malienne dans le Nord du pays.Qui a gagné la bataille d’Anderamboukane ? Depuis mars, les jihadistes de l’Etat islamique au Sahel (EIS) y affrontent les touaregs pro-gouvernementaux du Mouvement du Salut de l’Azawad (MSA) et le Groupe d’autodéfense Imghad et alliés (Gatia), deux groupes bénéficiant du soutien de l’armée malienne. L’objectif est de contrôler cette localité stratégique située à 90 km de la ville malienne de Ménaka, à la frontière avec le Niger.

Les informations en provenance de la zone sont difficiles à recouper pour savoir qui des acteurs s’est imposé ou est actuellement en position de force, comme en témoigne la confusion qui règne après l’offensive lancée en fin de semaine par la coalition pro-Bamako. Ces affrontements se seraient soldés par une victoire de cette coalition, assurent ses responsables. Mais des sources locales, généralement bien informées, contestent et assurent que l’EIS est loin d’avoir été battu et qu’il contrôlerait encore la localité.

Pourtant, depuis l’année dernière, une série d’opérations ayant visé le groupe jihadiste laissait croire qu’il était profondément affaibli. L’EIS a vu plusieurs de ses leaders tués ou capturés par les forces armées françaises, dans le cadre de l’Opération Barkhane, dont le retrait annoncé en juin 2021 par le président Emmanuel Macron se poursuit dans un climat de tension diplomatique avec Bamako qui accuse la France d’« abandon en plein vol ».

Les Français ont surtout réussi un coup de maître le 17 août de la même année en tuant, au sud d’Indélimane, non loin de la frontière nigérienne, Adnan Abou Walid al Sahraoui, de son vrai nom Lehbib Ould Ali Ould Said Ould Joumani, ancien cadre du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et d’Almourabitoune de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar.

Sa mort confirmée un mois plus tard par la ministre des armées françaises d’alors, Florence Parly, visait la démoralisation des troupes eu égard à son envergure. Mais moins d’une année après, la filiale de l’Etat islamique est toujours active au Sahel, en tentant de faire main basse sur l’est malien.

Sous la férule de Youssef Ould Chouaib, dit Abou Al Bara al Sahraoui, un arabe malien qui a repris le commandement, le groupe communément appelé « Etat islamique dans le Grand Sahara » s’est renforcé en devenant depuis le 27 mars 2022, la septième « province » de l’Etat islamique en Afrique alors qu’il était, jusque-là, sous l’autorité de la branche nigériane.

Cette montée en grade est intervenue dans la foulée de la désignation d’Abou al Hassan al Hachimi al Quraychi comme nouveau « Calife » de l’Etat islamique, en remplacement d’Abou Ibrahim al Hachimi al Quraychi, tué en octobre 2019 par l’armée américaine en Syrie.

Durant cette période, la Division des droits de l’Homme de la Minusma a noté une dégradation de la situation sécuritaire dans les régions de Gao et de Ménaka « en raison d’affrontements armés entre les éléments du MSA, du GATIA et ceux de l’EIGS ou d’attaques contre les populations civiles dans plusieurs cercles d’Andéramboukane, notamment dans les localités de Garka, Ingarzabane, Inkalafanan, Inchinanan, Intakoreit, Itagoyit, Tamalat, Tilabagnachan, Tinahaket et Tingorof ».

Selon la note trimestrielle du 1er janvier au 31 mars 2022 de la Minusma sur les tendances et atteintes aux droits de l’Homme, « ces affrontements auraient, selon les autorités locales, occasionné la mort de 264 civils et le déplacement forcé de plusieurs centaines d’autres vers Ansongo, Gao, Ménaka et Tillabéri ». Cependant, les enquêtes de la Minusma ont permis d’identifier 159 personnes tuées.

Le 21 mars, la Minusma a aussi recensé des attaques ciblées de l’Etat islamique au Sahel contre la communauté Dawssahak dans la zone de Talataye (cercle d’Ansongo, région de Gao) et au cours desquelles une centaine de personnes auraient trouvé la mort.

La mort annoncée du chef de l’EI au Sahel, confirmée à APA par le journaliste Wassim Nasr et plusieurs autres sources, au cours d’une « banale » altercation avec un touareg Dahssahak, n’a pas mis un terme à ce cycle de violences.

Le 26 mai dernier, le MSA affirmait être allé au secours des civils persécutés à Emis-Emis par des éléments supposés de l’Etat islamique. Les combats qui ont opposé ses membres aux islamistes armés auraient fait plus d’une trentaine de victimes dans les rangs de ces derniers.

Dimanche 5 juin, de nouveaux affrontements ont éclaté à Talghachert, à 30 kilomètres d’Anderamboukane, lorsqu’une patrouille de la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 a voulu démanteler une base jihadiste, vers la frontière avec le Niger.

Une source proche des groupes d’auto-défense soutient que ces nombreux incidents sécuritaires sont le fruit de la volonté de l’Etat islamique de profiter du retrait de la France du Mali pour contrôler la région de Ménaka. Au même moment, l’armée malienne concentre ses efforts dans le centre contre les jihadistes de la Katiba Macina du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM) affilié à Al Qaïda au Maghreb Islamique.

AC/odl/te/APA

Mali : adoption d’un nouveau calendrier de transition (officiel)

Les autorités maliennes ont officialisé ce lundi 6 juin 2022, l’adoption d’un nouveau calendrier de transition de deux ans à compter du 26 mars 2022.Ce nouveau chronogramme de vingt-quatre (24 mois) doit préparer le pays à l’organisation d’élections libres et transparentes, a annoncé le ministre porte-parole du gouvernement, Abdoulaye Maïga.

Après le coup d’Etat du 18 août 2020, contre le défunt président Ibrahim Boubacar Keïta, une transition politique de 18 mois avait été mise en place le 15 septembre 2020, dans le cadre de la charte de la transition. Une transition qui devait s’achever le 27 février 2022 avec la tenue des scrutins présidentiel et législatif .

Mais les autorités de la transition avaient invoqué l’insécurité qui règne dans certaines parties du pays, pour justifier le report des élections générales. Réunie en sommet extraordinaire le 9 janvier 2022, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), avait prononcé l’embargo contre le Mali pour sanctionner le maintien des militaires au pouvoir.

Lors de son dernier sommet extraordinaire du 4 juin à Accra (Ghana), la Cedeao avait annoncé le maintien des sanctions contre le Mali avant d’annoncer la tenue d’un nouveau sommet le 3 juillet prochain.

Ce nouveau calendrier qui vient d’être officialisé par la junte, sera-t-il accepté par les chefs ouest-africains ? L’organisation régionale préconisait une transition de 16 à 18 mois à compter de mars 2022.

D’ici là, le président en exercice de la Cedeao, Nana Akufo-Addo, le président sénégalais Macky Sall et le médiateur de la Cedeao dans le dossier malien, Goodluck Jonathan, sont attendus à Bamako dans les prochains jours. Cette visite a pour but de trouver un consensus sur la durée de transition, pomme de discorde, entre la junte au pouvoir et les chefs d’Etat ouest-africains.

Mali : colère et déception à Bamako contre la Cedeao

Colère et amertume sont les sentiments les mieux partagés à Bamako, la capitale malienne, après le maintien de l’embargo de la Cedeao.« C’était vraiment le sommet de l’espoir. Ce fut vraiment une surprise générale », lance un confrère malien, déçu de la tournure des évènements. Beaucoup de Maliens se disent déçus de l’issue du sommet de la Cedeao du 4 juin dernier, alors qu’ils attendaient une levée des sanctions.

A Bamako, le maintien de l’embargo et le report du sommet au 3 juillet prochain, sonnent comme un coup de semonce. « On sait que le président sénégalais (Macky Sall) a mis tout son poids pour que les sanctions soient levées, mais on apprend aussi que Nana Akufo-Addo du Ghana, Muhammadu Buhari du Nigeria et Mohamed Bazoum du Niger se sont opposés à la levée de l’embargo. Les Maliens sont évidemment très déçus de la tournure du sommet, parce que la situation se tend chaque jour», ajoute notre confrère.

Dans le Grand marché de Bamako, l’embargo de la Cedeao commence à se faire ressentir au niveau des commerces. « Ici, les gens font semblant, mais la situation est devenue intenable. Le kilogramme de sucre est passé de 450 francs à 600 francs, le kilogramme de lait est passé de 2300 à 2800 francs, le riz est passé de 450 à 650 francs, pour ne citer que ces exemples »  indique Moustapha, un Sénégalais, qui vit à Bamako, depuis plus de 30 ans.

Depuis l’entrée en vigueur des sanctions le 9 janvier dernier, le Mali navigue entre inflation et pénurie. « Il faut reconnaître que les Maliens ont une capacité de résilience incroyable motivée en cela par le sens patriotique mis en avant par les militaires » souligne un confère. Mais, « il faut se demander jusqu’à quand, ils vont pouvoir tenir, parce que la situation est devenue difficile pour tout le monde. Il y a des hausses et des pénuries depuis quelques semaines dans le pays », ajoute-t-il. 

Une « colère grandissante » commence même à gagner Bamako et certaines villes du pays pour dénoncer la vie chère. Une marche est même prévue vendredi prochain dans le pays pour fustiger la « hausse des prix », selon une source locale.

Plusieurs secteurs sont paralysés et le pays marche au ralenti. Les banques, l’agriculture, l’élevage et les commerces sont les secteurs les plus impactés par les sanctions. « Les banques sont asphyxiées par les sanctions de l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine). Les transactions ne peuvent plus se faire correctement, et dans un pays, quand le système financier est dérégulé, tout est paralysé », reconnaît, ce cadre, chargé de communication d’une grande banque installée à Bamako.

Les fonctionnaires payés en liquide

Le paiement des salaires par virement bancaire est pour le moment « impossible » selon un fonctionnaire qui s’est confié à APA. Le pays vit de « la mobilisation interne des ressources », selon Moussa (nom d’emprunt) fonctionnaire malien. « Tous les agents de l’Etat sont payés en liquide par le bureau de comptabilité de leur service respectif à la fin du mois », indique-t-il.

« Évidemment, la conséquence est que les banques qui avaient prêté de l’argent à des fonctionnaires sont pénalisées parce qu’elles ne peuvent plus opérer des retenues à la source. Les sanctions financières de l’Uemoa ont sérieusement touché le système bancaire. Aujourd’hui le monde est interconnecté », indique ce fonctionnaire.

La tension monte à Bamako et les prix s’envolent. A un mois de la fête musulmane du sacrifice (l’Aïd el-Kébir), les prix des ovins se sont envolés à cause de l’embargo et surtout de l’insécurité dans la région du Sahel. « Le prix des moutons a doublé au Mali en un an. Tout est devenu subitement cher à cause de la guerre et de l’embargo », explique Moustapha, qui opère au Grand marché de Bamako.

Le commerce du mouton est en péril au Mali surtout si les frontières restent fermées au-delà du sommet du 3 juillet. « Beaucoup d’éleveurs maliens sont inquiets. Le Mali ravitaille beaucoup de pays de la sous-région durant la fête de Tabaski. Actuellement, si les sanctions ne sont pas levées, les moutons maliens ne sortiront pas. Il n’y aura pas de dérogation. Pour le secteur de l’élevage, ce serait un coup terrible, puisque c’est plusieurs milliards chaque année » indique un interlocuteur.

Face à « l’orgueil » de la communauté internationale et « l’arrogance » des militaires, le peuple malien est en train de « mourir », selon l’Imam Mahmoud Dicko, personnalité incontournable du paysage politique malien. Le charismatique prêcheur, appelle les autorités de la transition et les chefs d’Etat ouest-africains à trouver un terrain d’entente pour mettre fin à l’embargo.

Dans ce contexte de crise, le prochain sommet du 3 juillet s’annonce crucial pour le Mali et la Cedeao, dont certains des chefs d’Etat adoptent des positions divergentes sur le dossier malien. 

Pour tenter de rapprocher les positions, le président en exercice de la Cedeao, Nana Akufo Addo, le président sénégalais Macky Sall et le médiateur de la Cedeao dans le dossier malien, Goodluck Jonathan, sont attendus à Bamako dans les prochains jours. Cette visite a pour mission de rechercher un consensus sur la durée de la transition, pomme de discorde, entre la junte au pouvoir et les chefs d’Etat ouest-africains.

 

 

RDC-Rwanda : Louise Mushikiwabo encourage le dialogue constructif

La Secrétaire Générale de la Francophonie s’est dite « gravement préoccupée » par l’instabilité qui perdure en République démocratique du Congo avec les violences armées commises contre les populations civiles.Les balles crépitent à nouveau dans l’Est de la République démocratique du Congo. Très affaibli ces dernières années, le mouvement rebelle du M23 a violemment repris du service en s’attaquant aux populations dans le Nord-Kivu.

Selon Kinshasa, cette résurgence du groupe armé à dominance tutsie est en grande partie due au soutien de Kigali. Cette accusation a exacerbé les tensions entre les deux pays voisins. Une situation que déplore, dans un communiqué parvenu vendredi à APA, l’ancienne ministre rwandaise des Affaires étrangères. 

« J’encourage toutes les parties prenantes, localement, à s’engager dans (une) dynamique de dialogue et de recherche de solutions communes », a déclaré Louise Mushikiwabo. Elle a aussi lancé un appel à la vigilance des autorités face aux discours de haine qui prennent « de l’ampleur au sein des populations et notamment de la jeunesse ».

Par ailleurs, le successeur de Michaëlle Jean a insisté sur l’importance de protéger les civils en toutes circonstances, ainsi que la nécessité d’assurer une aide humanitaire aux nombreuses personnes déplacées à cause de l’insécurité.

Enfin, la Secrétaire Générale de la Francophonie a réitéré l’engagement de l’organisation à continuer à œuvrer, en lien avec ses partenaires, en faveur de la paix et de la stabilité dans la région des Grands Lacs.

Mali : la Minusma encore endeuillée

Deux Casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) sont morts après avoir sauté sur un engin explosif improvisé.Les victimes, dont les nationalités n’ont pas encore été révélées par la mission onusienne, faisaient partie d’une équipe en patrouille sur l’axe Douentza-Tombouctou, dans le Nord du pays. Au nombre de quatre, ils avaient été évacués et le site sécurisé, informe la Minusma. 

« Triste d’annoncer que deux des soldats blessés lors d’une attaque ce matin, non loin de Douentza, sont morts. Une semaine dure, très dure pour nous. On ne dira jamais assez la difficulté de notre tâche et l’extrême dévouement de nos Casques bleus », a écrit sur Twitter le Chef de la Minusma, El-Ghassim Wane.

Mercredi dernier, un assaut attribué à des terroristes a causé la mort d’un Casque bleu jordanien à Kidal (Nord).

Sénégal : baisse de la délinquance et de la criminalité

Le rapport d’activités de la police pour l’année 2021 a été présenté ce jeudi 2 juin 2022 à Dakar.Au Sénégal, la délinquance et la criminalité ont baissé au cours de l’année précédente. Le rapport d’activités 2021 de la police nationale fait état d’une tendance baissière de 0,2% et d’un taux d’élucubration de 99%.

Au total, 22.422 infractions ont été recensées pour 15.189 déferrements devant les juridictions. Cependant, la police reconnait une hausse des atteintes aux biens comme l’abus de confiance et l’escroquerie, mais l’explique par l’« accroissement démographique en milieu urbain ».

Les infractions liées à Internet ont également connu une hausse, passant de 1221 en 2020 à 1510 à 2021. Selon le rapport dont APA a obtenu copie, « ce phénomène est favorisé par l’expansion du réseau Internet et l’usage croissant des technologies de l’information et de la communication surtout en cette période de pandémie Covid-19 ».

A propos de la sécurité routière, le document note également « une légère hausse de 2,5% des accidents matériels, de 2,51 % des accidents corporels ». « Les tendances haussières s’expliquent par des causes humaines », poursuit la police, qui a constaté « une baisse de 0,27% des accidents mortels ».

Saisies importantes de drogue

La direction des relations publiques de la police a aussi partagé les « données statistiques » sur sa « croisade contre la drogue ». Celles-ci révèlent des « saisies record concernant le chanvre indien, avec la région de Thiès (929,1kg) en tête, suivie de Kolda (377 kg), Dakar (186,877 kg), Sédhiou (144,6 kg) et Diourbel (128,5 kg) ».

Ces saisies à tendance haussière par rapport à l’année précédente sont liées au développement de la culture de la variété dite « verte » ou « karone », de la pluralité des zones de cultures et du contournement des postes de contrôle situées sur les axes routiers.

Le rapport précise que ces saisies ont été effectuées entre juin pour (18%), avril (17%) et mai (13%) 2021.

Alors que différentes nationalités ont été impliquées dans le trafic de drogue au Sénégal, les saisies opérées sur les trafiquants locaux restent cependant plus nombreuses avec 478 individus interpellés.

Le rapport montre que ces nombreux résultats enregistrés sont le fruit de la « montée en puissance de la police nationale par la densification et le maillage sécuritaire, le renforcement des moyens humains, matériels et techniques ».

Mali : mort d’un Casque bleu à Kidal

Un convoi de la mission onusienne a été attaqué ce mercredi matin dans le Nord du Mali.Un nouveau drame au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma). Une attaque attribuée à des terroristes a entraîné la mort d’un Casque bleu ce mercredi matin à Kidal (Nord).

« Leur convoi a essuyé des tirs directs à l’arme légère et RPG (lance-roquettes) pendant environ une heure », a annoncé sur Twitter, le porte-parole de la Minusma, Olivier Salgado.

Le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU au Mali et chef de la Minusma, El-Ghassim Wane, dit avoir appris « avec consternation l’attaque lâche » perpétrée ce matin par des éléments terroristes contre un convoi logistique de la mission onusienne aux environs de la ville de Kidal.

« Je condamne fermement cette attaque, qui participe aux efforts désespérés des groupes terroristes visant à entraver la quête de la paix au Mali et la mise en œuvre du Mandat de la Minusma », a déclaré le Représentant spécial. Il a souligné que, malgré les épreuves et la difficulté de l’environnement opérationnel dans lequel évolue la Mission, « notre détermination à accompagner le peuple et le Gouvernement maliens dans la quête de la paix et de la sécurité reste entière. Rien ne viendra l’entamer ».

Déployée en 2013, la Minusma est composée de 16.500 membres dont 10.700 soldats. Elle est la mission de maintien de la paix de l’Organisation des Nations unies (ONU) dans le pays qui a subi le plus de pertes humaines avec 172 de ses Casques bleus décédés sur le théâtre des opérations.

Le Nigeria réceptionne un nouveau navire de guerre

Ce navire de guerre, selon le Directeur général de la Nigerian Maritime Administration and Safety Agency (Nimasa), le Dr Bashir Jamoh, sera utilisé pour une série de tâches, notamment le transport stratégique d’équipements et des troupes.Après avoir félicité le chef d’état-major de la marine, le vice-amiral AZ Gambo, pour cette réalisation, Dr Bashir Jamoh a soutenu que cette acquisition renforcera considérablement la sécurité dans le domaine maritime au Nigeria.

Le Dr Jamoh, était à l’arsenal naval de Lagos pour assister à l’arrivée du navire en provenance des Emirats arabes unis. Il a félicité la marine nigériane, qu’il a décrite comme un partenaire essentiel dans la réalisation du mandat de sécurité maritime de l’Agence.

« La plateforme permettra également de consolider le passage plus sûr enregistré pour les navires, les cargaisons et les membres d’équipage transitant par le golfe de Guinée, tout en luttant contre le vol de pétrole et d’autres vices liés à la mer dans le domaine maritime du pays », a-t-il déclaré.

S’exprimant lors d’une visite du navire, le Dr Jamoh a assuré le chef d’état-major de la marine que l’agence s’engage à renforcer la collaboration entre les deux organes du gouvernement en fournissant un soutien logistique pour la maintenance du NNS KADDA.

La déclaration de la NIMASA indique que le navire de guerre nouvellement acquis est arrivé à son nouveau port d’attache à Apapa, Lagos, après un voyage de 56 jours et des escales dans environ cinq pays.

Il a ajouté que le NNS Kada a été commandé au groupe Damen en 2019 et construit au chantier naval Albwardy Damen à Sharjah, aux Émirats arabes unis. Il a été mis à l’eau en décembre 2019, lancé en juin 2021 et remis à la marine nigériane à Sharjah le 30 mars.

Selon le communiqué, le navire est parti pour le Nigeria le 1er avril et, avant son arrivée à Lagos, a fait escale dans cinq pays : Angola (Luanda), Gabon (Port Gentil), Kenya (Mombasa), Oman (Port de Duqm), et Afrique du Sud (le Cap).

« Basé sur la conception du LST 100 de Damen, le navire sera utilisé pour une série de tâches, notamment le transport stratégique d’équipements et de troupes, l’assistance humanitaire et les opérations de secours en cas de catastrophe, ainsi que pour assurer la sécurité maritime dans le golfe de Guinée. Avec 1.300 DWT, une longueur totale de 100 m et une largeur de 16 m, le LST peut transporter un équipage de 32 personnes plus 16 forces navales embarquées (EMF) dans le rouf, et peut accueillir 234 EMF supplémentaires au milieu du navire, sous le pont principal » , selon le communiqué de la Nimasa.

« Le NNS Kada est propulsé par deux moteurs diesel Caterpillar 3516 et quatre générateurs Caterpillar C18 qui lui permettent d’atteindre une vitesse maximale de 16kt et une autonomie standard de 4 000 nmiat 15kt » précise le Nimasa.

« Il dispose d’une rampe d’étrave et de bossoirs pour deux péniches de débarquement, d’un pont roulier de 540 m² et d’un pont de chargement de 420 m² pour les réserves sèches et les munitions. Le pont du navire est capable de transporter un hélicoptère de taille moyenne », ajoute le communiqué.

Nord-Kivu : jusqu’où ira la crise entre la RDC et le Rwanda ?

En République démocratique du Congo, plusieurs personnes, dont l’opposant Martin Fayulu, appellent à poursuivre les manifestations commencées lundi pour « dire non au Rwanda dans son soutien avéré au M23 », le groupe rebelle qui opère à l’est du pays.Les relations de bon voisinage rwando-congolaises sont-elles compromises ? Depuis quelques jours, chaque camp accuse l’autre de soutenir des rebellions dans son pays. Les tensions sont plus vives en RDC. Dans le Nord-Kivu, située dans la partie orientale du pays, les forces loyalistes mènent des combats acharnés contre les rebelles du M23. Selon les autorités de Kinshasa, ces derniers sont soutenus par le Rwanda qui a rejeté ces accusations.

« Les effets militaires retrouvés sur place, les images détenues par nos forces armées, ainsi que les témoignages recueillis auprès de nos populations, démontrent à suffisance que le M23 est soutenu par l’armée rwandaise », a indiqué samedi 28 mai Patrick Mouyaya, porte-parole du gouvernement congolais.

Kinshasa a pris des mesures conservatoires sans toutefois rompre diplomatiquement avec Kigali. Alors que son expulsion est réclamée par la classe politique et la société civile, l’ambassadeur rwandais Vincent Karega a juste été convoqué hier mardi pour fournir des explications sur le soutien supposé de son pays aux rebelles du M23, considéré comme un groupe terroriste par la RDC.

Dans l’entretien dirigé par la vice-première ministre Eve Bazaiba, le gouvernement congolais s’est voulu être clair et concis compte tenu de la gravité de la situation. C’est ainsi que le diplomate rwandais a reçu le message de « protestation, de désapprobation et de mise en garde sévère face au comportement du Rwanda vis-à-vis de la RDC ».

Accusation contre accusation

Toutefois, Kigali a rejeté en bloc les accusations de son voisin. Profitant du sommet de l’Union africaine (UA) tenue à Malabo, en Guinée équatoriale, le ministre des Affaires étrangères Vincent Biruta a parlé « d’accusations sans fondement » et accusé à son tour la RDC de soutenir les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un autre groupe rebelle composé de réfugiés hutus rwandais partis au Congo après le génocide des Tutsis. Ce mouvement est toujours considéré comme génocidaire par Kigali et représente aujourd’hui, selon le ministre rwandais, une menace pour son pays.

En outre, M. Biruta a insisté sur le fait que le conflit avec le M23 est un « problème strictement congolais ». Pour lui, Kinshasa n’a pas négocié de manière équitable avec tous les groupes armés dans le cadre du processus de paix de Nairobi. C’est le cas probablement avec la branche du M23 dirigée par Sultani Makenga et Bertrand Bisimwa. Écartée des discussions en avril, celle-ci a récemment repris les armes. « Il y a des frustrations liées au fait que le gouvernement congolais n’a pas appliqué ses engagements au sujet de groupes armés qui tentent de déstabiliser le Rwanda », a affirmé le diplomate.

En outre, le porte-parole du gouvernement rwandais préfère s’en remettre aux mécanismes de vérifications régionaux après que Kinshasa a affirmé avoir recueilli des « effets militaires » comme preuves du soutien rwandais au M23. « Attendons de voir, il y a aura des enquêtes. Mais il ne faut pas aller dire : +voilà on a attrapé deux militaires donc cela veut dire que le Rwanda aide le M23+ », a dit Alain Mukuralinda. Ce dernier met en cause la responsabilité du gouvernement congolais sur la crise actuelle : « S’il ne règle pas les problèmes qui lui sont posés par son propre peuple, on a ce genre de réaction ».

Médiations de l’UA et de l’Angola

En revanche, les manifestations entamées depuis le début de semaine en RDC contre le Rwanda ne faiblissent pas. Ce mercredi 1er juin, une marche pacifique a été organisée dans les rues de Bukavu, une ville située non loin de la frontière avec le Rwanda, pour soutenir les efforts des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et dénoncer le supposé soutien du Rwanda au M23.

De son côté, l’opposant congolais Martin Fayulu a appelé à une marche ce vendredi 3 juin pour « dire non au Rwanda dans son soutien avéré au M23 » et soutenir en même temps les soldats des FARDC. « Ce vendredi 3 juin, nous allons marcher pour montrer à la face du monde, que nous ne sommes pas d’accord avec le Rwanda », a-t-il indiqué mardi lors d’une conférence sur la situation sécuritaire dans l’est du pays.

Par ailleurs, le président en exercice de l’Union africaine, le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall, s’est dit « gravement préoccupé » par la montée des tensions entre la RDC et le Rwanda. Il a annoncé s’être entretenu avec les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame « dans la quête d’une solution pacifique du différend ». Selon certaines informations, le dirigeant sénégalais a désigné son homologue angolais, Joao Lourenco, comme médiateur dans cette crise.

Respecté dans la sous-région, ce dernier qui assure la présidence de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) entretient de bonnes relations avec Paul Kagamé et Félix Tshisekedi. A son arrivée au pouvoir il y a près de cinq ans, il a fait de la stabilité dans la région une priorité, rappellent certains analystes. « J’encourage le président Lourenço, président de la CIRGL, à poursuivre ses efforts de médiation dans ce sens », a déclaré le président Sall sur sa page Twitter.

Mali : forte hausse des violations des droits humains (Minusma)

Dans sa note trimestrielle transmise à APA, la Mission des Nations Unies au Mali place les groupes jihadistes et l’armée malienne au banc des accusés.Au Mali, les cas de violations des droits humains ont connu une hausse exponentielle. Elle ne s’est pas améliorée sous la transition selon les données publiées lundi par la Minusma sur les tendances des violences et atteintes aux droits de l’homme.

Les enquêteurs de l’Onu affirment avoir documenté du 1er janvier au 31 mars 449 incidents sécuritaires dans la région du Centre, 86 à Gao, 69 à Tombouctou et 37 à Ménaka. 

Selon le rapport publié lundi 30 mai, 812 civils ont été affectés par les actes de violence. Dans cette catégorie, 512 cas de meurtre, 167 enlèvements ou disparitions, 107 blessés et 55 détentions illégales ont été dénombrés.

Le document parvenu à APA indique que ces « données représentent une augmentation de 151% par rapport au trimestre précédent » durant lequel 323 civils ont été affectés par les incidents sécuritaires à l’origine desquels sont cités les groupes jihadistes, les groupes d’autodéfense et les forces de défense et de sécurité maliennes.

Dans la période sous-examen, les actes attribués aux groupes jihadistes tels que le JNIM ou « autres similaires » ont connu une hausse de 78% et concernent « 410 atteintes aux droits de l’homme, soit une augmentation de 50% des violations et atteintes documentées ».

Démenti de l’armée malienne

En outre, la Minusma affirme avoir documenté, entre janvier et mars 2022, 320 violations de droits de l’homme imputables aux forces de défense et de sécurité maliennes (FDSM) dans le cadre des opérations militaires, contre 31 au trimestre précédent. « Au total, 248 civils ont été tués parmi lesquels 18 femmes et six (6) enfants », détaille la note trimestrielle. L’essentiel des faits documentés se sont produits dans le centre du Mali.

Au sujet du massacre présumé de plus de 500 personnes à Moura, village du cercle de Djenné, dans la région de Mopti, la Minusma assure avoir « ouvert une investigation sur les informations et allégations selon lesquelles les forces de sécurités maliennes, accompagnées de personnels militaires étrangers, auraient procédé à des exécutions sommaires à de multiples violations de droits de l’homme ». L’armée malienne a démenti ces accusations, soutenant avoir mené du 27 au 31 mars une opération militaire ayant permis de neutraliser 203 combattants de « groupes armés terroristes » et d’arrêter 51 personnes. Faute d’accès à Mourra, la Minusma n’a pas encore mené une enquête sur ce qui s’est réellement passé.

Néanmoins, le dialogue avec les autorités maliennes pour le déploiement d’une mission d’enquête se poursuit. « Les conclusions de l’enquête de la Minusma feront l’objet d’un rapport public », promet la mission onusienne au Mali.

Transition au Mali : le chérif de Nioro désavoue Imam Dicko

Vingt-quatre heures seulement après la sortie de l’Imam Mahmoud Dicko indexant « l’arrogance » des militaires, le chérif de Nioro, Bouyé Haïdara, a défendu dans son sermon du vendredi 27 mai la junte, appelant les Maliens à rester unis derrière les autorités de la transition.Dans son dernier prêche, le chérif du cercle de Nioro-du-Sahel, dans la région de Kayes (ouest), a soutenu ouvertement les autorités de la transition. Il prend le contre-pied de l’Imam Mahmoud Dicko, leader des manifestations contre le régime de l’ex-président IBK, qui avait critiqué « l’arrogance » des militaires au pouvoir.

Cette sortie de Bouyé Haïdara, l’un des hommes les plus écoutés du pays, constitue un soutien de taille pour le colonel Assimi Goïta et ses hommes. Les autorités de transition sont confrontées à des crises multiformes depuis que la Cedeao a prononcé, en janvier dernier, de lourdes sanctions contre le Mali.

« Aucun pays n’aime être humilié ou vilipendé par une autre puissance quelconque, quelle que soit la richesse ou la diplomatie de cette dernière. Moi, Bouyé, ma position reste intacte face à ces dirigeants tant qu’ils continuent à sauver l’honneur et la dignité des Maliens. Nous avons été humiliés aux yeux du monde entier à travers nos propres dirigeants », a déclaré le guide religieux, de son vrai nom Mohamed Ould Cheiknè Ahmed Hamaoulah Haïdara.

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Pour lui, le Mali doit rester debout et faire bloc malgré les difficultés. « Aujourd’hui, notre pays connaît un régime militaire qui donne un nouvel élan et une nouvelle dignité à son peuple. Raison pour laquelle je réitère, une fois de plus, mon soutien et mon accompagnement à cette transition. Et je demande à mes fidèles et sympathisants de soutenir cette transition », a martelé le fils du saint Cheiknè Hamaoulah, fondateur du Hamallisme, une branche du soufisme ouest-africain qui compte des millions d’adeptes.

Cette sortie du chérif de Nioro tranche nettement avec les dernières déclarations de l’Imam Mahmoud Dicko, considéré par certains comme le nouveau chef de l’opposition malienne. Le peuple malien est « pris en otage » et il est en train de « mourir à petits feux » sous l’effet de « la propagation jihadiste et des pénuries provoquées notamment par les sanctions internationales », avait-il déclaré, le 26 mai 2022, lors de la 22ème édition du Forum de Bamako.

L’Imam Dicko avait aussi pointé du doigt « l’arrogance » des militaires qui sont à couteaux tirés avec la Cedeao sur la durée de la transition. « Le peuple malien est pris en otage par un gouvernement arrogant, je dis bien arrogant ! Et la Communauté Internationale, par leur orgueil, pense que le peuple malien doit être maintenu dans cette situation, mourir à petit feu, assailli par la famine, par l’insécurité, par le jihadisme qu’on n’arrive pas à contrôler, qu’on ne cherche pas à solutionner… »

L’influent imam, principal artisan de la chute d’Ibrahim Boubacar Keïta, n’avait pas épargné la classe politique malienne presque réduite au silence face « aux dérives de la junte ». « C’est extrêmement grave : une classe politique moribonde, qui ne bouge pas, qui n’existe plus, une société civile qui a cessé d’exister, il faut le dire, et on est trimbalé, le peuple, entre des gens qui veulent une transition indéfinie (la junte) (et) des gens qui ont des principes (Cedeao) », avait-il fustigé.

Soudan : vers une décrispation de la tension sociopolitique ?

Le chef de la junte militaire soudanaise a annoncé la fin de l’état d’urgence qu’il avait instauré depuis plus de sept mois suite à son putsch.Le début de l’apaisement ? Alors que la situation sociopolitique est en ébullition au Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhane « a émis un décret levant l’état d’urgence dans tout le pays ». Il s’agit d’une main tendue « pour créer l’atmosphère nécessaire à un dialogue fructueux et significatif pour la stabilité durant la période de transition », a expliqué dimanche, dans un communiqué, le Conseil dont il est à la tête.

Depuis son coup d’État du 25 octobre, le général Burhane fait face à une forte résistance de la population. La répression a déjà fait une centaine de morts dans les rangs des manifestants pro-démocratie et des centaines d’arrestations. La situation économique du pays, l’un des plus pauvres au monde, est au bord de l’effondrement sur fond de sanctions de la communauté internationale. Celle-ci fait du retour des civils au pouvoir la condition sine qua non pour la reprise de son aide.

Mis en place en 2019, un gouvernement de transition était censé mener le pays vers ses premières élections démocratiques après trente années de dictature d’Omar el-Béchir, déposé par l’armée sous la pression de la rue. Mais cette transition a été interrompue quelques mois plus tard par al-Burhane. Il fait arrêter ses partenaires civils, limoge le gouvernement de transition et impose l’état d’urgence. Sous le feu des critiques depuis lors, le chef militaire appelle au dialogue même s’il est encore seul à la table des négociations.

Par ailleurs, la levée de la mesure d’état d’urgence intervient alors que s’ouvrait, à Khartoum, le procès de quatre manifestants, dont une icône de la contestation. Ils sont détenus depuis quatre mois pour la mort d’un général de police. Des centaines de Soudanais brandissaient leurs portraits devant la salle d’audience, selon l’AFP.

Ce procès est emblématique dans le pays où la police n’a annoncé que deux morts dans ses rangs, dont ce général de police poignardé à mort selon elle dans le chaos de la dispersion en janvier d’une des nombreuses manifestations anti-putsch. « Ce procès n’est pas seulement celui de quatre révolutionnaires, c’est celui de la révolution », a écrit le comité populaire du remuant quartier de Bourri à Khartoum, appelant à « ne pas laisser les forces contre-révolutionnaires reprendre le contrôle de l’État quoi qu’il en coûte ».

« Les risques liés à l’usage abusif des drones armés » (Chercheure)

Chargée de recherche au Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité, basé à Bruxelles, Solène Jomier a répondu aux questions de APA sur l’utilisation des drones dans les conflits armés.Les drones armés sont devenus monnaie courante dans l’arsenal de guerre de beaucoup de pays. Qu’est ce qui explique le recours à cette arme ?

Il faut relativiser cette notion de « monnaie courante ». Les drones sont présents parmi l’arsenal de nombreux pays, mais les drones équipés d’armes létales, dits « drones armés », n’en sont qu’une infime partie. Sur 193 pays reconnus à l’ONU, environ une vingtaine, 26 selon l’observatoire « Drone Wars », possèdent un ou plusieurs drones armés. Le nombre de pays capables de les produire est encore plus réduit. Ceux capables de les exporter sont une poignée. Il s’agit d’un marché appelé à connaitre une croissance significative dans les prochaines années.

Les forces armées recourent aux drones car ceux-ci apportent un avantage comparatif sur le terrain : ils sont plus discrets que des avions de chasse, peuvent être mobilisés plus rapidement et sur des plus longues périodes, et ne nécessitent pas de mettre en danger la vie de troupes au sol ou celle du pilote. Ils viennent donc apporter une capacité d’action différente à l’éventail d’options déjà à la disposition des militaires. En d’autres termes, ils ne sont pas plus ou moins décisifs que d’autres armes, ils proposent simplement des modalités d’action différente.

En Afrique, des pays s’intéressent de plus en plus à ce genre d’équipements militaires dans la guerre contre les nouvelles menaces, notamment jihadistes. A votre avis, peuvent-ils être décisifs ?

Les drones armés impliquent une dimension létale. C’est-à-dire qu’on élimine physiquement des personnes et on détruit des infrastructures.

Mais le terrorisme et le djihadisme en particulier s’inscrivent dans des dynamiques politiques et sociétales complexes qui nécessitent des réponses multidimensionnelles et transversales. On est donc loin de mettre fin à ces phénomènes en se confinant à l’outil militaire.

Par ailleurs, l’usage dont en font les forces militaires est ambivalent. Une frappe de drone peut viser des individus qui représentent des menaces directes pour les États et leurs populations. La menace terroriste (et djihadiste) est bien réelle et ne doit pas être minimisée ici. Mais la lutte contre le terrorisme est également utilisée par certains États comme une forme de répression contre toute forme d’opposition politique.

Une telle pratique remet en cause la légitimité des États à recourir à la violence et à justifier leurs actions. Elle crée un climat de défiance au sein des populations. Celles-ci peuvent craindre d’être visées à tout moment par ces armes furtives, puissantes et qui semblent frapper sans distinction. Paradoxalement, cet écueil peut nourrir la popularité des mouvements terroristes et djihadistes dans ces pays, où ils sont perçus comme une forme de résistance à un État oppresseur.

Quels sont les risques liés à l’usage abusif des drones armés?

Sans même parler d’abus, les drones armés facilitent le recours à la puissance de feu comme réponse à un problème sécuritaire donné. Il devient plus simple pour une force armée d’éliminer les menaces, plutôt que de mobiliser d’autres outils de terrain, comme l’interpellation par exemple.

La multiplication des appareils à la disposition des États et donc de leur recours soulève des questions majeures en termes de risques associés.

Tout d’abord, il faut souligner un risque majeur de tuer des civils et des personnes innocentes, quel que soit le contexte. Le recours aux drones armés participe à l’érosion de la protection des civils, portant atteinte à une valeur fondamentale du droit international. Dans son rapport sur l’« Utilisation de drones armés pour des assassinats ciblés » publié en 2020, Agnès Callamard, rapporteuse spéciale de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires, pointait du doigt les lacunes majeures des États en matière d’identification des cibles des frappes de drones, ce qui conduit à une multiplication des risques d’erreurs et d’exécutions arbitraires. En d’autres termes, l’usage des drones armés est associé à des victimes collatérales. Leur proportion est régulièrement sous-évaluée par les États selon les ONGs.

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Cela interroge sur la proportionnalité de ces frappes : Tuer les suspects est-il la réponse la plus adaptée ? Le coût humain, en particulier en termes de victimes collatérales, est-il acceptable au regard des bénéfices sécuritaires ?

Il faut également rappeler l’opacité autour des frappes de drones. Beaucoup ne sont pas revendiquées ouvertement par les États les conduisant, ce qui complique l’enquête, l’examen des responsabilités, l’imputabilité des personnes commettant des exactions et limite l’accès à la justice pour les victimes et leurs familles. Par ailleurs, certains États conduisent des frappes de drones armés sur des territoires étrangers sans demander l’autorisation du pays où la frappe est menée. Ces frappes ont souvent lieu en dehors d’une situation de guerre ouverte, ce qui pose problème sur le plan du respect de la souveraineté nationale.

Pour plus d’informations sur les écueils en matière des respects des droits humains et de la transparence, vous pouvez consulter ma publication https://grip.org/wp-content/uploads/2021/04/NA_2021-05-19_FR_SJ-drones-armes-RW.pdf

En Afrique, quels pays mènent la danse dans ce marché et quels sont ses points forts par rapport aux autres ?

À ce stade, les pays africains éprouvent des difficultés significatives à structurer une chaine de production complète et autonome de drones armés opérationnels. Autrement dit, personne ne produit actuellement à grande échelle ses propres drones armés en Afrique. Il faut comprendre que l’armement de drones militaires est une étape extrêmement pointue qui demande une maitrise très avancée de ce type de technologie, ainsi qu’un fort investissement pécuniaire, pour des résultats qui ne sont pas toujours au rendez-vous. Nombreux sont les pays qui développent des prototypes mais ne peuvent pas pousser plus avant leurs efforts, faute de capacités techniques et financières suffisantes. Sur le continent africain, c’est le cas de l’Afrique du Sud et de l’Algérie.

L’Afrique du Sud a testé un prototype armé en 2013, il s’agissait d’une variation du drone de surveillance « Seeker 400 » (développé par Denel Dynamics) équipée d’armes létales. Cependant, le pays ne semble pas avoir donné suite à ces efforts, se concentrant sur le développement de drones militaires de reconnaissance et de surveillance.

L’Algérie a affirmé en 2018 avoir utilisé avec succès des drones armés algériens dits « Djazair 54 » contre des caches d’armes terroristes. L’incertitude plane autour de ces appareils. L’Algérie affirme avoir produit localement ces appareils et les avoir équipés d’armes létales. Toutefois, la presse a mis en doute cette version des faits, estimant que l’Algérie n’est pas capable d’une telle production. Il s’agirait non pas d’un appareil produit entièrement par les Algériens, mais plutôt d’un appareil dérivé d’un modèle émirati, le « Yabhon 40 » qui est initialement un drone de reconnaissance et qui a été modifié pour l’occasion. Son opérabilité semble également très limitée puisque l’Algérie n’a fait que peu voire pas mention de cet appareil ces dernières années. Il s’agissait donc probablement d’un prototype utilisé pour une démonstration. À noter que l’Algérie a depuis fait acquisition de drones armés chinois (CH-3 et Ch4) ce qui soutient sa probable incapacité à produire localement.

À ce stade, les acteurs africains restent dépendants de l’offre étrangère et risquent de le rester pour les prochaines années.

Comment l’expertise locale africaine peut-elle renverser la tendance actuelle dominée par l’offre étrangère ?

Pour l’heure, le marché international des drones armés reste largement structuré autour de l’offre américaine. Les américains sont les précurseurs de ce domaine et possède la technologie la plus avancée. La Chine et la Turquie sortent également leur épingle du jeu. Israël possède des technologies reconnues en la matière mais n’a pas initié de commerce international. Les drones armés produits dans le pays vont renforcer les capacités de l’armée nationale.  

D’autres pays ambitionnent de produire voire d’exporter leurs drones armés, comme la Russie, l’Iran, l’Indonésie, la Corée du Sud, ou bien encore des pays européens (via le projet commun EuroMALE).

Étant donné les couts élevés de pénétration de ce marché, ainsi que sa très haute technicité, il y a pour l’heure peu de perspectives d’avenir pour une offre africaine.

Maroc/France: l’exercice de coopération militaire « Mirage » touche à sa fin

Les armées de l’air française et marocaine ont achevé vendredi au Maroc un exercice d’entraînement de Mirage, pour la première fois depuis dix ans, visant à « renforcer la coopération aéronautique militaire » bilatérale, selon des sources diplomatiques et militaires.Baptisé « Marathon 2022 », cet exercice s’est déroulé à partir du 16 mai depuis la base aérienne des Forces Royales Air (FRA) de Sidi Slimane, près de Rabat.

Trois Mirage 2000D basés à Nancy (est de la France), ont été déployés, au sein d’un détachement rassemblant près de 80 personnes, et des Mirage F1-M marocains.

« Marathon 2022 » a été « l’occasion pour les pilotes tant marocains que français d’entraîner leur interopérabilité, notamment par le partage des expériences tactiques mais aussi techniques relatives à l’emploi de certaines armes et munitions », a précisé à la presse internationale l’ambassade de France au Maroc. Deux entraînements ont été conduits quotidiennement, partant de la préparation de missions conjointes (chasse air-air, bombardement en profondeur) à leur exécution, a indiqué la même source.

Le précédent exercice de l’armée de l’air française au Maroc –une campagne de tir– remonte à décembre 2012, selon le ministère français des Armées.

Sahel : les drones peuvent-ils mettre fin au jihadisme ?

Le drone armé est devenu la nouvelle convoitise pour traquer les jihadistes au Sahel.Les 20 et 21 mai, un Iliouchine IL-76, immatriculé UR-FSE affrété par une compagnie ukrainienne a atterri à l’aéroport international de Niamey. Ce gros porteur avait à son bord un chargement bien particulier destiné au Niger.

Depuis novembre 2021, le président Mohamed Bazoum, arrivé au pouvoir sept mois plut tôt au pouvoir, a décidé de doter son armée de drones Bayraktar TB2 avant d’effectuer une visite de terrain à la firme Baykar au mois de mars 2022. Le Niger devient à cet effet, l’un des rares pays africains à accéder à cette nouvelle arme.

« Un système de drone armé se compose d’une console de contrôle au sol et d’un ou plusieurs appareils sans pilote (dits Unmaned Aerial vehicle – UAVs) équipés d’armes, le plus souvent de type missile ou bombe », décrit la chercheure Solène Jomier dans sa note d’analyse intitulée : « Le Marché international des drones armés : des ventes bourgeonnantes dominées par l’offre américaine », réalisée en novembre 2021 pour le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP), basé à Bruxelles.

Destiné à « démocratiser les frappes aériennes à moindre coût », comme l’explique à Apa le fabricant d’armes, Serigne Mactar Bâ, le drone armé est néanmoins une denrée rare. « Sur 193 pays reconnus à l’Onu, environ une vingtaine, 26, selon l’observatoire « Drone Wars », possèdent un ou plusieurs drones armés », précise Solène Jomier, dans une interview avec Apa.

Dominé par les Etats-Unis, le marché des drones s’est ouvert ces dernières années aux chinois suivis des turcs qui se sont lancés dans ce créneau en ciblant une clientèle moins fortunée dont des pays africains. « L’intérêt de certains pays africains pour les drones Bayraktar TB2, c’est qu’ils sont beaucoup moins chers que les drones Reapers américains, beaucoup plus faciles à manier et ont besoin d’une infrastructure logistique moindre », argumente Wassim Nasr, journaliste à France24 et spécialiste des mouvements jihadistes.

Selon le journaliste Jean Dominique Merchet, spécialiste des questions militaires, « un lot de 16 Repears (du constructeur américain General Atomics) avec tous leurs équipements et la formation des personnels, coûterait 1,5 milliards de dollars, soit 1,5 milliards d’euros. Soit, 72 millions d’euros par appareil ».

Le Niger qui est devenu le 14e pays acquéreur de ce système turc, n’a pas communiqué sur les conditions d’achat du lot de 6 appareils reçus de Baykar mais on sait qu’en 2019, l’Ukraine a acheté six systèmes Bayraktar TB2 à 69 millions de dollars. Donc, accessibles pour des pays au portefeuille modeste et faisant face à des défis sécuritaires importants.

Depuis quelques années, cet Etat sahélien est en guerre contre des jihadistes affiliés à l’Etat islamique ou à Al Qaïda qui opèrent dans la partie sud de son territoire. Cette crise sécuritaire qui s’enlise, avec ses victimes militaires et civiles, met le président Mohamed Bazoum et son gouvernement dans une position de recherche de solutions pour inverser durablement la tendance.

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C’est dans cette logique que s’inscrit l’acquisition de drones armés qui ont la particularité d’être plus discrets que les avions de chasse en sus de leur capacité d’être mobilisés rapidement sur de longues périodes en préservant la vie de troupes au sol ou celle du pilote. Ces caractéristiques ont permis à ces nouveaux types d’armement de faire leur preuve dans beaucoup de combats récents. « C’est le cas en Ukraine, entre les ukrainiens et les russes. En Libye, le recours à ce même type de drones a permis au gouvernement de l’Ouest de contrer l’offensive du maréchal Khalifa Haftar pour prendre Tripoli », rappelle Wassim Nasr.

Dans la lutte contre les groupes jihadistes, les pays sahéliens comme le Niger peuvent-ils espérer le même résultat ? Wassim Nasr pense que les efforts visant à s’équiper en drones pour les armées locales, est un pas vers l’indépendance tactique. Cependant, il reste dubitatif quant à l’efficacité du Bakratar TB2 contre les groupes insurrectionnels de type jihadiste même s’il estime qu’ils peuvent être efficaces pour « cibler des colonnes ou déplacements de jihadistes en motos ».

Héni Nsaibia invite à moins d’engouement autour de ces aéronefs sans pilotes. « L’arrivée récente des drones et leur utilisation émergente par les forces locales dans la région du Sahel suscitent beaucoup d’attentes et de nombreuses personnes pensent qu’en acquérant ces moyens, forces de leurs pays pourront surveiller, détecter et détruire les ‘terroristes’ à tout moment et à tout lieu », tempère ce chercheur sénior à l’ONG Armed Conflict Location and Event Data Project (ACLED). « Ce qui est plus important pour un drone, c’est de savoir où l’envoyer. C’est l’équivalent d’une lampe torche, armée ou pas, qui éclaire une cible précise », schématise l’auteur de l’ouvrage : « Etat islamique : le fait accompli ».

Ce préalable est important pour réduire le risque de bavures auquel s’expose ses utilisateurs. C’est d’autant plus nécessaire que des puissances militaires, malgré les nombreux succès enregistrés sur le terrain, n’ont pas toujours été exempts de reproche dans l’utilisation des drones contre des cibles présumées jihadistes au Sahel.

A titre illustratif, le 3 janvier 2021, la force française Barkhane, présente au Sahel depuis 2014, a mené une opération au village de Bounti, dans le centre du Mali, tuant 21 personnes qui assistaient à un mariage. Pour l’État-major des armées françaises, les individus neutralisés appartiennent à un groupe jihadiste. Une thèse affaiblie par l’enquête de la Division des droits de l’homme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma) qui n’a identifié que trois jihadistes appartenant à la Katiba Serma (JNIM) sur les 21 victimes. Dans cette opération, les renseignements ont été collectés par un drone Reaper MQ-9 alors que les frappes ont été l’œuvre de Mirages 2000.

Wassim Nasr cite l’exemple d’une frappe menée par les américains dans la foulée de leur retrait de l’Afghanistan en août 2021. Un individu supposé appartenir à l’Etat islamique, soupçonné de préparer un attentat a été ciblé par une frappe de drone qui a tué au passage des civils dont un enfant.

Ces épisodes mettent en évidence ce qu’Agnès Callamard relevait dans son rapport sur « l’utilisation de drones pour les drones armés pour des assassinats ciblés ». Selon Solène Jomier, ledit rapport « pointait du doigt les lacunes majeures des Etats en matière d’identification des cibles des frappes, ce qui peut conduire à une multiplication des risques d’erreurs et d’exécutions arbitraires. À cela s’ajoute « l’opacité autour des frappes de drone ». « Beaucoup ne sont pas revendiquées ouvertement par les Etats les conduisant, ce qui complique l’enquête, l’examen des responsabilités, l’imputabilité des personnes commettant des exactions et limite d’accès pour les victimes et leurs familles », soulève la chargée de recherche au GRIP.

Souvent au banc des accusés en termes d’exactions contre les civils, les armées africaines pourront-elles relever le défi de la transparence que nécessite l’usage des drones pour des résultats efficaces sur le terrain ? Rien n’est sûr.

Quoi qu’il en soit, Héni Nsaibia recommande de ne pas se fier « aux solutions-miracles pour mettre fin aux conflits qui durent depuis une décennie ». Le chercheur sénior à ACLED est plutôt favorable à une introspection sérieuse « impliquant une combinaison d’outils comprenant des opérations de contre-insurrection, des programmes de démobilisation et d’amnistie, le dialogue et le rétablissement du contrat social avec les populations ».

Mali : l’imam Dicko charge la junte et la communauté internationale

Figure emblématique de la révolution contre le régime d’Ibrahim Boubacar Keita (2013 – 2020), l’imam Mahmoud Dicko ne partage pas aujourd’hui la politique des autorités de transition et des acteurs impliqués dans la résolution de la crise malienne.L’imam Dicko refait surface. Intervenant à l’ouverture du Forum de Bamako, jeudi 26 mai, il a été appelé à se prononcer sur le thème « Femmes, paix, sécurité et développement en Afrique ». Un thème qui a fait tilt dans sa mémoire puisqu’il évoque largement la situation alarmante que traverse son pays.

Outre les violences jihadistes notées sur presque deux tiers de son territoire, le Mali est sous le coup de l’embargo de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) après le refus des autorités militaires d’organiser rapidement des élections et permettre le retour d’un pouvoir civil. Au même moment, certaines voix discordantes sont pourchassées dans le pays.

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Mais cette situation ne fait pas peur outre mesure au religieux. Il a été à la tête des manifestations qui ont emporté le régime du président IBK, renversé en août 2020 par un coup d’Etat dirigé par le colonel Assimi Goïta et ses hommes. Face au public du Forum de Bamako, l’imam Mahmoud Dicko n’a pas mis de gants pour s’indigner aujourd’hui de la gestion de la crise politique malienne.

« L’arrogance de nos dirigeants, je le dis ici, je vais sortir et ils vont m’interpeller, mais je le dirai, leur arrogance, et l’orgueil de la communauté internationale, c’est le peuple malien qui est en train de payer ça. C’est extrêmement grave », a-t-il déclaré.

Mahmoud Dicko n’a pas raté aussi la classe politique locale, qu’il trouve « moribonde », et « une société civile qui a cessé d’exister, il faut le dire ». Par conséquent, « aujourd’hui, le peuple est trimbalé entre des gens qui veulent une transition indéfinie, des gens qui ont des principes tuent au nom de ces principes », a poursuivi l’imam.

Pour lui, les acteurs doivent se départir de « l’arrogance » et de « l’orgueil » pour changer le cours des choses. « Le peuple malien, l’Afrique entière doit assister à sa destruction, à son effondrement sans lever le petit doigt ? Je crois que l’histoire retiendra cela », a-t-il dit. Il promet de reprendre la parole plus souvent pour parler de la situation du pays et « défendre les populations » malmenées par les sanctions économiques des pays voisins du Mali.

En outre, les tractations vont bon train pour la levée de ces sanctions asphyxiantes. Plusieurs observateurs ont appelé à leur levée après que la junte militaire a accepté de réduire ses prétentions de se maintenir au pouvoir jusqu’à cinq ans à vingt-quatre mois pour le moment. Dans cet élan, les chefs d’Etat de la Cedeao prévoient de tenir un sommet, le 4 juin à Accra, pour discuter du Mali et d’autres sujets d’ordre régional.

Burkina : une cinquantaine de morts dans une attaque terroriste (officiel)

Des individus armés non identifiés ont pris pour cible, hier mercredi, des habitants de Madjoari sur la route qui devait les mener à Nadiagou dans l’Est du pays.Madjoari pleure encore ses morts. Cette commune a subi, en un mois, trois assauts terroristes qui ont fait au total près de 80 décès. Le 14 mai dernier, 17 civils ont perdu la vie. Cinq jours plus tard, 11 militaires en détachement sont tombés face aux jihadistes. En outre, une vingtaine de personnes ont été blessées dans ces deux attaques.

Une nouvelle fois, les armes ont crépité à Madjoari. Dans un communiqué, publié ce jeudi, Colonel Hubert Yaméogo, gouverneur de la Région de l’Est, a annoncé un bilan provisoire d’une cinquantaine de morts, non sans dire que « des actions de sécurisation sont en cours afin de ramener la quiétude ».

G5 Sahel : le Mali invité à reconsidérer sa position

Le retrait du Mali préoccupe le Général Mahamat Idriss Déby Itno, président en exercice de l’organisation régionale.Sa réaction était très attendue. Le Général Mahamat Idriss Déby Itno, chef de l’Etat du Tchad, quatre jours après la décision du Mali de se retirer de tous les organes et instances du G5 Sahel, y compris la force conjointe, rompt le silence.

C’est avec une « vive préoccupation » que le président en exercice du G5 Sahel dit avoir appris la nouvelle. Dans un communiqué daté du 19 mai, le fils du défunt Idriss Déby Itno note « avec regret une décision prise sans consultation préalable », mais tient compte des « raisons avancées » par le gouvernement malien.

Dimanche dernier, le Mali a dénoncé des manœuvres visant à l’empêcher d’assurer la présidence du G5 Sahel à partir de février 2022 comme le veut le principe de présidence tournante de cette organisation formée en 2014 avec le Burkina, le Tchad, la Mauritanie et le Niger.

Malgré tout, le président tchadien invite Bamako à « reconsidérer sa position (car il y a) des efforts en cours pour apporter une solution à ses préoccupations à travers la tenue imminente d’une conférence des chefs d’Etat et de gouvernement » en Mauritanie où se trouve le siège du Secrétariat permanent du G5 Sahel.

A cet effet, le Général Mahamat Idriss Deby Itno promet de tout mettre en œuvre pour « préserver l’unité et la cohésion du G5 Sahel. Un instrument irremplaçable en matière de mutualisation d’efforts, des moyens et d’actions de ses Etats membres face aux défis du développement et de la sécurité ».

Pour le président tchadien, il est hors de question de « laisser le G5 Sahel se disloquer ». Une position partagée par Nouakchott favorable à la recherche de solutions pour « surmonter les obstacles qui se dressent » devant l’organisation régionale.

Dans cette perspective, un déplacement à Bamako du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Mauritaniens de l’Extérieur, Mohamed Salem Ould Merzoug, était annoncé pour jeudi 19 mai.

Le Niger ne semble pas être sur la même longueur d’onde. Mohamed Bazoum a regretté, dans un entretien avec La Croix, la mort du G5 Sahel, tout en accusant le Mali d’être dans une position « de fuite en avant qui l’isole en Afrique et nous prive d’une stratégie concertée et coordonnée pour lutter contre le terrorisme ».

Burkina : la Russie « disqualifiée » dans la lutte contre le jihadisme

Le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, le président de la transition, a déclaré que son pays ne compte pas sur l’aide militaire étrangère pour combattre le jihadisme.Dans la guerre contre les jihadistes, le Burkina ne devrait placer ses espoirs que sur ses propres forces de défense et de sécurité. Telle est la position affirmée par l’actuel homme fort du pays. « Si les gens pensent que ce sont les Chinois, les Russes ou les Vietnamiens qui vont venir nous sauver, (ils se trompent). Ce sont de faux débats. C’est nous d’abord », a soutenu le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba.

Le président de la transition s’exprimait hier jeudi à Bobo-Dioulasso, dans le Sud-Ouest du pays, à 365 kilomètres de la capitale Ouagadougou lors d’une rencontre avec les militaires de cette ville de garnison.

À travers cette déclaration, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba a répondu à une partie de ses compatriotes qui lui demandent de faire appel aux mercenaires russes pour contenir les assauts jihadistes devenus permanents.

Car le Mali, confronté au péril jihadiste, s’est rapproché de la Russie via le groupe de sécurité privée Wagner. En septembre 2021, le Premier ministre malien, Choguel Maïga, justifiait le recours « à d’autres voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome avec d’autres partenaires » par l’ « abandon en plein » de la France.

Cependant, Bamako a toujours employé le terme « instructeurs » même si à l’occasion de plusieurs sorties médiatiques, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a reconnu que Wagner est présent au Mali sur une base commerciale.

En plus des Russes, dont la présence sur le théâtre des opérations est appréciée par l’opinion nationale selon une enquête réalisée par la fondation allemande, Friedrich Ebert, le Mali s’intéresse au modèle rwandais pour reprendre l’initiative sur le terrain. Une option qui n’emballe pas pour le moment Ouagadougou.

Le chef de l’exécutif burkinabè est convaincu que « l’engagement du cœur va nous aider à gagner cette guerre.
C’est un idéal de patriotisme, de restauration et de sauvegarde de notre pays qui anime la transition ».

Le 24 janvier dernier, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, à la tête du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR), a renversé Roch Marc Christian Kaboré, le président réélu, pour insuffisance de résultats dans la lutte contre le jihadisme.

Mali : des Casques bleus de la Minusma bloqués à Dakar

Après quinze mois d’engagement dans le centre du Mali, le 10e détachement sénégalais de la Minusma n’a toujours pas quitté ce pays, provoquant par conséquent un retard du déploiement de la relève prévu depuis mars.Selon le journal sénégalais Le Quotidien, le gouvernement de transition aurait appliqué la réciprocité aux pays de la Cedeao suite aux sanctions économiques et financières de l’organisation ouest-africaine contre le Mali, pour non-respect du calendrier électoral devant permettre une transmission du pouvoir aux civils dans des délais raisonnables.

Contacté par APA, l’armée sénégalaise n’a pas encore réagi. Pour sa part, le porte-parole de la Minusma, Olivia Salgado a confirmé que « cette relève a accusé un retard significatif qui affecte tant le moral des troupes concernées que leur efficacité opérationnelle. »

« Tous les vols utilisés pour la relève des troupes à destination ou en provenance du Mali sont soumis aux autorisations de survol et d’atterrissage du gouvernement malien », explique la voix de la mission onusienne au Mali.

Composé de 850 éléments dont 21 femmes, le 11e détachement sénégalais de la Minusma, commandé par le Colonel Mathieu Diogoye Sène a reçu le drapeau le 23 février à la promenade des Thiessois, lors d’une cérémonie dirigée par le Général Fulgence Ndour, chef d’Etat-major de l’armée de terre. « « J’en suis particulièrement ravie car cette cérémonie symbolise la confiance renouvelée des autorités onusiennes en l’engagement exemplaire des contingents sénégalais au sein de la Minusma », se félicitait le Général Ndour.

« En effet, les succès des contingents précédents, fruit d’une synergie d’efforts du commandement en termes d’encadrement d’équipement, préparation opérationnelle et le soutien, justifient la confiance et l’estime que la communauté internationale place en notre armée. Ces succès sont également le résultat d’énormes efforts consentis par les hommes et les femmes, engagés depuis 2013 sur le théâtre malien pour marquer l’élan de solidarité du Sénégal envers ce pays frère et amis dans son effort de retour à la stabilité et à la sécurité », avait ajouté le Général Fulgence Ndour.

Il avait exhorté le colonel Mathieu Diogoye Sène et ses hommes à « maintenir le cap dans un souci de préserver l’image de marque des forces armées sénégalaises au sein des opérations de maintien de la paix à travers le monde dans un contexte de plus en plus complexe ».

Mais voilà que ce contingent, déjà mis dans les conditions que requiert un engagement militaire au Mali, doit encore attendre « les autorisations requises » pour prendre le relais du 10e détachement.

Le porte-parole de la Minusma a confié à Apa que les démarches nécessaires sont en cours auprès des autorités maliennes « sur la base des arrangements qui gouvernent le déploiement des opérations de la Minusma », notant « qu’il est crucial que cette question soit réglée (…) dans les meilleurs délais ».

La Minusma a été créée en avril 2013 par la résolution 2100 du Conseil de sécurité des Nations unies.

Le torchon brûle entre l’armée malienne et la Minusma

Les Forces armées maliennes ont bloqué un contingent de la Minusma à Djenné évoquant des « opérations militaires en cours dans la zone. »Les choses se compliquent pour la mission onusienne depuis le départ de la force française Barkhane au Mali. La mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali n’est plus « libre » d’aller où elle veut dans le cadre de ces patrouilles au Mali.

Dimanche 15 mai, elle a été stoppée par l’armée malienne à Djenné dans la région de Mopti, à 574 km de la capitale Bamako. La Minusma voulait se déployer dans cette zone pour sécuriser le marché hebdomadaire. Mais l’Etat-major général des armées du Mali a interdit à la force onusienne de s’y rendre. Cette décision qualifiée de « souveraine » par les autorités maliennes, est déplorée par la mission onusienne.

La ville de Djenné est sous les feux des projecteurs depuis les événements de Moura à la fin du mois du mars. L’armée malienne y avait mené des « opérations antiterroristes », affirmant avoir tué plus de « 203 combattants jihadistes » dans la région.

Mais, l’ONG Human Rights Watch (HRW) avait soutenu le contraire, parlant dans son rapport de « pire épisode d’atrocités » commises contre des civils en dix ans au Mali. Human Rights Watch faisait état de l’exécution sommaire de 300 civils par des soldats maliens associés à des combattants étrangers, présumés russes.

La mission onusienne qui voulait mener une enquête sur ces événements, s’est heurtée au refus des autorités maliennes malgré une demande formulée début avril. Une requête qui serait toujours à « l’étude » selon les militaires.

La mission onusienne déployée depuis 2013 au Mali, expire le 30 juin prochain 2022. Elle ne sera probablement pas renouvelée dans sa forme actuelle, avait annoncé le secrétaire général des Nations unies. Dans une sortie médiatique lors de sa tournée africaine, António Guterres soutenait l’envoi d’une force africaine avec un mandat onusien plus robuste au Mali pour éviter « l’effondrement » du pays.

Cedeao : comment se portent le Mali et ses voisins après l’embargo ?

En janvier dernier, des économistes ouest-africains ont noté que plusieurs pays de la Cedeao allaient « pâtir des mesures économiques et financières adoptées contre le Mali ». Qu’en est-il de la situation actuellement ?Il y a un mois, le président Macky Sall, faisant son petit pèlerinage en Arabie Saoudite, marchait dans les rues de la Mecque quand il fut subitement interpellé par une dame africaine, d’origine malienne apparemment. Barrée par la sécurité, elle tente par tous les moyens de s’approcher de lui pour délivrer un message qui lui tient à cœur.

« L’embargo sur le Mali ! Il faut enlever l’embargo sur le Mali. On a faim, on a soif », lance-t-elle à l’adresse du chef de l’Etat sénégalais, non moins président en exercice de l’Union africaine (UA). Elle insiste, insiste, jusqu’à ce qu’il s’arrête, se retourne vers elle, tout sourire, en la désignant par l’index : « In cha Allah », lui lance-t-il en guise de promesse. C’est une façon de faire comprendre à cette femme ainsi qu’à tous les acteurs qui vivent des échanges entre le Mali et les quatorze pays de la Cedeao qu’il a entendu leurs supplications, même si cet embargo ne vient pas de lui.

Depuis le 9 janvier dernier, ce pays ouest-africain vit sous le coup de lourdes sanctions économiques, prononcées par cette organisation sous-régionale, après un désaccord avec la junte militaire qui a proposé un calendrier de transition de cinq ans maximum. Outre la fermeture des frontières au sein de l’espace sous-régional, le gel des avoirs financiers du pays au sein de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) plonge dans le désarroi de nombreux Maliens.

Au bord de la rupture ?

Ces mesures visent à asphyxier l’économie d’un pays « très extravertie » car dépendant fortement des exportations, surtout le coton, selon l’économiste malien Modibo Mao Makalou. « Notre Produit intérieur brut (PIB) est dépendant du commerce international à hauteur de 60% », a-t-il précisé.

Malgré tout, le Mali semble afficher une certaine solidité depuis plus de quatre mois. Pour contourner les sanctions, les autorités ont diversifié les partenariats en multipliant leurs échanges avec la Guinée et avec des pays non membres de la Cedeao, tels que la Mauritanie et l’Algérie.

« En réalité, il y a une capacité de prévision et de réaction. Depuis le 16 septembre 2021, lors de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao, une liste a commencé à être compilée pour sanctionner des personnalités maliennes. Je pense qu’à partir de ce moment, le gouvernement a dû prendre des précautions par rapport à d’éventuelles sanctions », explique M. Makalou, ancien conseiller économique à la présidence malienne, regrettant juste le fait que ces sanctions n’aient pas été graduelles comme le « prévoient » les textes de la Cedeao et de l’Uemoa.

Il s’exprimait lors d’un Spaces, une conversation publique sur Twitter organisée la semaine dernière par l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité, un think tank malien, sur l’impact des sanctions de ces deux organisations régionales sur le secteur privé national.

En revanche, plusieurs observateurs s’accordent à dire que la situation au Mali devient de plus en plus intenable. Récemment, la junte malienne a proposé de revoir la durée de la transition à deux ans et demandé la médiation du Togo dans la crise politique. Cependant, la Cedeao maintient toujours le statu quo. Aujourd’hui, des opérateurs économiques maliens de premier plan sont au bord de la rupture.

Des transactions quasi impossibles

« En tant qu’entrepreneur malien, on sent ces sanctions. Il y a aujourd’hui des industriels qui envisagent de fermer parce que leurs approvisionnements sont coupés. Les transactions bancaires sont très difficiles, on ne peut pas faire de transfert à l’intérieur de l’Uemoa et de la Cedeao. Personnellement, je l’ai vécu » en voulant effectuer des transactions financières pour l’exécution de projets à Ouagadougou et à Dakar, a confié Mossadeck Bally, fondateur du groupe hôtelier Azalaï. Il rappelle que son pays se trouve « au milieu de sept pays » et « n’a pas accès à la mer », faisant que le Mali « se coupe en quelque sorte de son espace naturel » en se coupant de ses voisins.

« On ne peut plus se mouvoir facilement pour les affaires ou les actions de supervision. Il faut passer par Conakry ou Nouakchott. Un billet Bamako-Ouagadougou, qui coûtait un peu moins de 300 mille FCFA avant l’embargo, coûte maintenant 900 mille. Vous êtes obligé de passer quasiment une nuit ou une journée en route », déplore l’homme d’affaires malien qui fait aussi écho à ces transporteurs « coincés » au niveau des frontières. Ils sont Maliens, Sénégalais, bref des ouest-africains.

Transitaire malien basé au port de Dakar, Lassana Kanté assiste depuis quelque temps à une chute vertigineuse de son chiffre d’affaires. Si cet embargo n’est pas levé, il craint de ne plus pouvoir joindre les deux bouts et nourrir sa famille. « Cet embargo nous fait beaucoup de peine. Avant la fermeture des frontières, on travaillait 24 heures sur 24. Mais maintenant, c’est très difficile. Du lundi au vendredi, on était occupés à sortir des containers. Mais aujourd’hui, il est très difficile pour un transitaire d’en avoir dix », a-t-il indiqué à APA.

C’est le même son de cloche pour Mamadou Wade, coxeur sénégalais. « La situation est difficile pour tout le monde, que vous soyez transitaire, chargeur ou transporteur. Nous demandons au président Macky Sall de penser à ces pères de famille », a-t-il appelé.

Le prix de la viande en hausse

En outre, la crise touche les transporteurs de bétail. Le prix de la viande de bœuf ou de mouton a grimpé de façon exponentielle à moins de deux mois de la fête de Tabaski ou Aïd el Kebir. Avant l’embargo, le kilogramme coûtait autour de 3000 FCFA alors qu’il faut débourser maintenant entre 4000 et 5000 pour les deux variétés. « Le gros du stock de viande que nous consommons au Sénégal, surtout à Dakar, vient du Mali. Avec le blocage du transport transfrontalier, les répercussions sur le prix de la viande se font sentir. C’est très difficile pour les ménages avec qui nous sommes en contact régulier. J’espère que les autorités vont prendre des décisions qui vont dans le sens de soulager les populations », a noté Kader Sèye, un boucher opérant dans la capitale sénégalaise.

Ainsi, le Mali n’est pas le seul à souffrir des sanctions de la Cedeao. En tant que premier partenaire commercial du Sénégal, il fait entrer plusieurs milliards de francs CFA dans les caisses de l’Etat. Deux mois après la mise en œuvre de l’embargo, la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE) a évalué les pertes du Sénégal à hauteur d’une vingtaine de milliards. « Il convient de noter que les exportations vers le Mali, sous embargo de la Cedeao depuis la première quinzaine du mois de janvier, ont diminué de 28,1 % (-24,2 milliards) entre décembre 2021 et janvier 2022, particulièrement celles des produits pétroliers (-20,6 %) et du ciment (-44,4 %) », indiquait en mars dernier cet organe du ministère sénégalais de l’Economie.

Dans la même période, certains spécialistes renseignaient sur la position difficile du Sénégal d’appliquer cette décision au regard des enjeux économiques non négligeables. « Le Mali se trouve dans une situation extrêmement difficile et intenable. Mais les autres pays seront impactés, principalement son premier fournisseur qui est le Sénégal. Ce dernier a exporté (des biens et services) pour 470 milliards FCFA en 2020 et plus de 500 milliards en 2019. Donc les échanges entre le Mali et le Sénégal tournent par an autour de 500 milliards FCFA », affirmait pour APA Dr Souleymane Diakité, enseignant-chercheur à l’École nationale de la statistique et de l’analyse économique (ENSAE) de Dakar.

Un chronogramme de la discorde

Par ailleurs, des chercheurs du Centre universitaire de recherches économiques et sociales (CURES) de Bamako ont indiqué le 25 janvier dernier, dans une étude intitulée « Effets des sanctions de la CEDEAO sur le commerce extérieur du Mali », que le Burkina Faso, le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Bénin allaient « pâtir des mesures économiques et financières adoptées contre le Mali ».

« En cas de rupture commerciale totale, le Sénégal réaliserait une perte de plus de 1,3 milliards de FCFA par jour, suivi de la Côte d’Ivoire avec plus de 612 millions de FCFA puis vient, en troisième position, le Bénin avec un peu plus de 151 millions de FCFA par jour », soulignaient ces chercheurs, cités par l’Agence malienne de presse (AMAP).

En dépit de toutes ces alertes, le bras de fer entre le Mali et la Cedeao continue de priver beaucoup de citoyens de la région de leur moyen de subsistance. Certains acteurs comme Mossadeck Bally pensent toujours que les « sanctions ont été prises sur des bases qui n’existent pas juridiquement ». Toutefois, cela ne doit pas constituer une entrave à la reprise du dialogue en vue d’un retour à la normale qui serait salvateur pour tous.

« Il est plus qu’urgent que le gouvernement, non seulement, prenne le taureau par les cornes en faisant son chronogramme, en commençant déjà les réformes essentielles. On est tous d’accord qu’il faut faire des réformes avant de partir aux élections. Il faut négocier avec la Cedeao pour que, d’ici à la fin du mois de mai, on puisse sortir de cette situation qui devient de plus en plus intenable pour les Maliens et les opérateurs économiques », a préconisé l’homme d’affaires malien alors que les positions semblent toujours figées de part et d’autre.

Rapprochement entre Kagamé et Museveni

Le Rwanda et l’Ouganda ont signé un protocole d’accord sur le partage de renseignements militaires.Ces accords surviennent un mois après une nouvelle visite du président rwandais Paul Kagame chez le voisin ougandais. Le mois dernier, Kagamé s’est déjà rendu à Kampala, la capitale ougandaise pour la première fois depuis 2018, après le différend qui a conduit à la fermeture de la frontière entre les deux pays.

Au cours de cette visite, le dirigeant rwandais a également tenu une réunion avec  le président ougandais Yoweri Museveni sur la paix et la coopération régionales.

Selon les rapports, après quatre jours de délibérations fructueuses, les deux pays sont parvenus à de bonnes résolutions sur la manière de travailler ensemble.

Le texte, signé tôt lundi par le chef des renseignements militaires rwandais, le général de brigade Vincent Nyakarundi, et le numéro deux des renseignements militaires ougandais, prévoit que les deux agences échangent des informations sur diverses questions de sécurité.

Après des années de tension durant lesquelles les deux pays s’accusaient mutuellement de tentatives de déstabilisation, Kigali et Kampala ont opté pour la voie diplomatique pour résoudre leur différend.

Cette deuxième visite de Kagamé en l’espace de quelques semaines marque un rapprochement entre les deux pays. Elle s’est traduite par la réouverture des frontières fermées depuis 2019.

L’Union Européenne regrette le retrait du Mali du G5 Sahel

La décision du Mali de se retirer des instances du G5 Sahel a fait réagir l’Union Européenne.Dimanche 15 mai, le Mali a quitté le G5 Sahel, l’organisation régionale dont il était membre avec la Mauritanie, le Burkina, le Niger et le Tchad. Bamako a justifié cette décision par le refus qui lui est opposé d’accéder à la présidence de l’organisation régionale alors que la règle de la présidence tournante lui en confère le droit depuis février 2022.  

Si au sein du G5 Sahel, on semble s’être passé le mot pour ne pas commenter publiquement la décision malienne, tel n’est pas le cas pour l’Union Européenne, l’un des principaux bailleurs de cette institution censée servir de cadre de coopération entre les États membres dans la lutte contre les groupes jihadistes actifs dans plusieurs parties du Sahel. 

Par la voix de son haut-représentant, Joseph Borell, l’UE dit prendre note de cette décision. Le haut responsable européen reconnait que la « décision ou non d’un membre du G5 Sahel appartient à chacun des membres souverains », mais regrette cette sortie d’un instrument qui, selon lui « répondait à une reconnaissance par tous ses Etats membres – dont le Mali – de l’absolue nécessité d’une coopération renforcée et à terme d’une intégration régionales, seules à même de relever les multiples défis de la région ». 

Selon Joseph Borell, la décision de Bamako de claquer la porte du G5 Sahel, « s’ajoute à d’autres décisions récentes de repli des autorités de transition » et s’inquiète « davantage des conséquences de ce choix sur la sécurité des populations au Mali et dans la sous-région ». L’annonce en juin 2021 par le président français, Emmanuel Macron, de la réarticulation de l’opération Barkhane a été décriée par le Mali comme un « abandon en plein vol ». Depuis, les relations diplomatiques entre Bamako et Paris n’ont cessé de se détériorer. 

Le Mali qui s’est rapproché de la Russie aurait fait appel à des mercenaires de la société militaire privée controversée Wagner. De quoi rendre furieux ses partenaires traditionnels. Début mai, le pouvoir à Bamako, dominé par les militaires auteurs de deux putschs entre août 2020 et mai 2021, a dénoncé les accords de défense liant le Mali et France, accusée d’avoir violé les clauses de ces accords organisant l’intervention sur le territoire malien de Serval lancée en 2013 puis Barkhane en 2014 et la Task Force européenne, Takuba créée en 2020.

Tchad : « Plus rien ne sera comme avant » (expert)

Au-delà de l’attaque des symboles de la présence française, une jeunesse « désespérée » s’est exprimée samedi à N’Djamena, selon le Professeur Zakaria Ousman Ramadan, président du Centre tchadien des études stratégiques et des recherches prospectives.Le sentiment anti-français se propage en Afrique. Une marche s’est tenue ce week-end dans la capitale tchadienne, à l’appel de la coalition d’opposition Wakit Tama, pour dénoncer l’ingérence de la France dans la politique intérieure du pays.

Démarrée pacifiquement, la manifestation a été émaillée de violences à la fin. Des jeunes ont notamment attaqué plusieurs stations Total, la multinationale française. « La rue gronde. Il faut l’écouter. Je pense que le problème n’est pas tant soit peu la France et la présence de ses soldats au Tchad, mais l’exaspération d’une jeunesse ayant perdu tout espoir et en quête de repères », analyse le Professeur Zakaria Ousman Ramadan.

À la mort d’Idriss Déby Itno, grand allié militaire de la France, son fils Mahamat a pris les rênes du Tchad pour une transition d’une durée initiale de 18 mois qui tend à être prolongée. De l’avis du président du Centre tchadien des études stratégiques et des recherches prospectives, « il paraît urgent de recentrer les débats sur les questions de justices sociales et de sécurité humaine » parce que « la jeunesse tchadienne
est
connectée à un monde virtuel qui la renseigne, la fascine et la façonne ».

« Des dizaines de milliers de chômeurs et de badauds » figuraient parmi les manifestants et « c’est la premiere fois dans l’histoire du Tchad qu’autant de personnes, de tout bord, protestent ensemble », renseigne le Professeur Zakaria Ousman Ramadan qui intervient aussi à l’école de maintien de la paix Alioune Blondin Beye de Bamako (Mali).

Après les Russes, Bamako veut l’aide des Rwandais

Le chef d’Etat-major des armées maliennes qui a séjourné à Kigali pendant trois jours, a été reçu par le président Paul Kagamé.Comment remplacer l’armée française ? Le Mali qui vient de dénoncer les accords militaires avec la France en réponse au retrait en cours des soldats tricolores de son territoire, cherche de nouveaux alliés. Après avoir fait appel à Moscou, ou plutôt aux mercenaires russes de la compagnie Wagner selon plusieurs médias et diplomates, Bamako vient d’envoyer le patron de son armée au Rwanda dans le but d’obtenir le concours de Kigali dans la lutte contre les groupes jihadistes.

Accueilli par son homologue rwandais, le général Jezn Bosco Kazura, le chef d’Etat-major des armées maliennes qui a séjourné à Kigali pendant trois jours, a été reçu par le président Paul Kagamé.

« Le cas du Mozambique est vraiment impressionnant », a reconnu le Général Oumar Diarra en allusion à l’envoi depuis juillet 2021 d’un millier de soldats rwandais au Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique pour combattre le groupe jihadiste qui avait envahi la région : « Ahlu Sunna wal Jama’a » communément appelé « shebabs », mais qui n’a pas de liens avec le groupe somalien du même nom qui est affilié à Al-Qaïda.

Les jihadistes du Mozambique sont une filiale de l’organisation l’Etat islamique et appartiennent à la province d’Afrique centrale qu’ils partagent avec les Forces démocratiques alliées (ADF) qui sévissent dans l’est de la République démocratique du Congo.

Responsables de plusieurs attaques dans le septentrion mozambicain, les islamistes mozambicains ont surtout fait parler d’eux en mars 2021 lorsqu’ils avaient surpris le monde entier en occupant la ville portuaire de Palma, obligeant le président Mozambicain, Filipe Nyusi, a appelé la communauté internationale à l’aide.

Arrivés une semaine avant les forces de la Communauté de développement d’Afrique australe au Mozambique (Samim), les soldats rwandais ont très rapidement annoncé avoir repris des zones qui étaient sous le joug des insurgés. Décembre 2021, appuyée par les forces rwandaises, l’armée mozambicaine a récupéré la ville portuaire de Mocimbo da Praia restée pendant un an aux mains des jihadistes.

Selon les confidences de sources sécuritaires à Apa news, les unités rwandaises réputées disciplinées et bien équipées ont vite réussi à forcer les insurgés à se replier dans les zones rurales, en adoptant une lutte proche de la guérilla.

Le patron des armées maliennes qui n’a pas expliqué s’il veut lui aussi que Kigali envoie des soldats au Mali, s’est contenté de dire que sa visite au Rwanda était consacrée au « renforcement des capacités de l’armée malienne afin d’opérer en autonomie pour défendre le territoire national ».

Depuis l’annonce par la France du retrait du territoire malien de tous les éléments de son opération Barkhane, qui en 2014 avait pris le relais de Serval engagée en janvier 2013 pour chasser les islamistes du Nord du Mali qu’ils occupaient alors depuis près d’un an, Bamako a lancé plusieurs offensives militaires dans certaines parties du pays.

Appuyés par des « instructeurs » de la Russie, appellation officielle de combattants russes présents dans le pays, les militaires maliens auraient repris plusieurs localités aux jihadistes du Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulman (Jnim, selon son acronyme en arabe) et à leurs frères ennemis de l’Etat islamique au Sahel.

Début avril, l’état-major malien a affirmé que l’armée a tué plus de 200 jihadistes à Moura, un village du cercle de Djenné, dans la région de Mopti, au centre du pays. Selon plusieurs organisations de défense des droits humains qui ont réclamé l’ouverture d’une enquête sur le déroulement des événements, ces opérations auraient conduit à des « allégations de crimes contre les civils ». Ce que l’armée malienne a catégoriquement nié.

Dans un communiqué daté du 5 avril, l’état-major des armées maliennes a affirmé que « le respect des Droits de l’Homme (DH) de même que le droit international humanitaire reste une priorité dans la conduite des opérations…» Mais il n’a pas indiqué pourquoi Bamako a empêché l’envoi sur le terrain d’une mission d’enquête de la Minusma. Son mandat devant être discuté en juin au siège de l’Onu, les autorités maliennes ne seraient plus en faveur du maintien de cette mission onusienne au Mali.