Guinée: l’opposition exige l’annulation du référendum constitutionnel reporté par le président Condé

L’opposition en Guinée refusait samedi de se contenter du report annoncé par le président Alpha Condé d’un référendum contesté et promet de poursuivre sa lutte pour annuler le scrutin, initialement prévu dimanche en même temps que les législatives.

« Nous avons entendu le report des législatives et du référendum. Nous félicitons le peuple de Guinée qui a vaillamment combattu contre ce coup d’Etat constitutionnel. Toutefois, nous ne nous satisfaisons pas de ce report », a déclaré à l’AFP Ibrahima Diallo, le chargé des opérations du FNDC, le collectif de partis et de la société civile engagé contre un éventuel troisième mandat de M. Condé, élu en 2010, puis réélu en 2015.

« Nous continuerons la lutte jusqu’au retrait complet de cette forfaiture de cette nouvelle Constitution. La lutte continue jusqu’à ce que Alpha Condé quitte le pouvoir en vertu de l’actuelle Constitution » qui limite le nombre de mandat présidentiel à deux, a ajouté M. Diallo.

Le président Condé a annoncé vendredi soir sur la télévision publique avoir « accepté un report, léger, de la date des élections (référendum et législatives). Ce n’est ni une capitulation, ni une reculade ». Il a assuré que « le peuple de Guinée exprimera librement son choix à travers le référendum et choisira librement ses députés ».

« Nous acceptons le report qui doit être de deux semaines », a-t-il ensuite précisé dans une lettre à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), consultée par l’AFP.

La commission électorale « va saisir la cour constitutionnelle pour la fixation d’une nouvelle date dans la fourchette indiquée », a-t-il écrit dans ce courrier.

Depuis mi-octobre, la mobilisation anti-Condé sous la houlette du Front national de défense de la Constitution (FNDC) donne lieu à des manifestations massives à travers le pays, à des journées villes mortes qui affectent l’économie d’un des pays les plus pauvres de la planète, et à de graves épisodes de brutalité policière.

Au moins 30 civils et un gendarme ont été tués depuis lors.

– « Ni le 1er mars, ni dans 15 jours » –

L’opposition devait se réunir samedi. Elle a annoncé une poursuite des manifestations contre le pouvoir, ont indiqué à l’AFP plusieurs de ses responsables.

Elle considère le référendum comme une manœuvre du président Alpha Condé, bientôt 82 ans, pour briguer un troisième mandat à la fin de l’année.

Le principal opposant guinéen Cellou Dalein Diallo estime que « le discours d’Alpha Condé s’apparente plus à une déclaration de guerre à l’endroit de l’opposition et du FNDC qu’à une offre de paix et de dialogue », sur Twitter. « Non au coup d’Etat constitutionnel, non à la mascarade électorale ni le 1er mars, ni dans 15 jours », a-t-il poursuivi.

Une source diplomatique occidentale à Conakry a affiché son scepticisme sur la possibilité de tenir le pari d’organiser un référendum et des législatives fiables dans les nouveaux délais de deux semaines annoncés.

Ce report « ne va pas (faire) progresser plus la machine (électorale). Le fichier électoral ne va pas évoluer en quinze jours », a-t-elle déclaré à l’AFP.

« Le report, c’est purement pour des raisons techniques. Les gens ont saccagé des matériels dans des bureaux de vote. Ca n’a rien à voir avec le fichier électoral » contesté par l’opposition, a affirmé à l’AFP le secrétaire permanent du parti présidentiel, Sékou Condé.

– Listes électorales « problématiques » –

Avant le report surprise de vendredi soir, les Guinéens étaient appelés à se prononcer dimanche sur une nouvelle Constitution, défendue comme « moderne » par le chef de l’Etat. Elle codifierait l’égalité des sexes, interdirait l’excision et le mariage des mineurs. Elle veillerait à une plus juste répartition des richesses en faveur des jeunes et des pauvres, selon lui.

Les tensions qui ont persisté à la veille du référendum ont fait redouter une aggravation des violences meurtrières, dans un pays habitué aux brutales répressions.

Les doutes exprimés par la communauté internationale quant à la crédibilité du vote se sont succédé.

L’Organisation internationale de la francophonie (OIF), accompagnatrice du processus électoral en Guinée, a jugé « problématiques » près de 2,5 millions de noms d’électeurs figurant sur les listes, avec des doublons et la présence de personnes défuntes.

L’Union européenne s’est interrogée sur « la crédibilité des échéances électorales à venir », en raison notamment de « l’absence de transparence ».

La Cédéao avait annoncé qu’elle n’enverrait pas d’observateurs. L’Union africaine avait décidé de rappeler sa mission d’observation électorale en Guinée.

Guinée: le président Condé annonce un report de deux semaines d’un référendum contesté

Le président guinéen Alpha Condé a annoncé vendredi soir un report de « deux semaines » du référendum constitutionnel et des législatives prévus dimanche, après des mois de protestations meurtrières contre ce que l’opposition considère comme une manœuvre pour rester au pouvoir.

« Nous avons accepté un report, léger, de la date des élections », a d’abord dit M. Condé dans une intervention à la télévision nationale.

« Ce n’est ni une capitulation, ni une reculade », a ajouté M. Condé, assurant que « le peuple de Guinée exprimera librement son choix à travers le référendum et choisira librement ses députés ».

« Nous acceptons le report qui doit être de deux semaines », a-t-il ensuite précisé dans une lettre à la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), consultée par l’AFP.

La commission électorale « va saisir la cour constitutionnelle pour la fixation d’une nouvelle date dans la fourchette indiquée », a-t-il dit dans ce courrier.

Avant ce report surprise, les Guinéens étaient appelés à se prononcer dimanche sur une nouvelle Constitution, défendue comme « moderne » par le chef de l’Etat. Elle codifierait l’égalité des sexes, interdirait l’excision et le mariage des mineurs. Elle veillerait à une plus juste répartition des richesses en faveur des jeunes et des pauvres, selon lui.

L’opposition n’en croit pas un mot. Pour elle, le projet est le subterfuge d’un ancien opposant historique devenu, à bientôt 82 ans, un autocrate qui, comme bien d’autres dirigeants africains avant lui, entend plier la Constitution à son désir de briguer un troisième mandat à la fin de l’année.

Depuis mi-octobre, la mobilisation contre M. Condé donne lieu à des manifestations massives, à des journées villes mortes qui impactent l’économie d’un des pays les plus pauvres de la planète, et à de graves brutalités policières. Au moins 30 civils et un gendarme ont été tués.

Ces tensions, les appels de l’opposition à empêcher le déroulement du référendum et des législatives, ainsi que les attaques des derniers jours contre des bureaux ou du matériel de vote, ont amplifié les craintes dans un pays coutumier des manifestations et des répressions brutales.

L’armée a été mise en état d’alerte dès mardi. Pure précaution selon les autorités.

Des années d’animosité politique, les soupçons pesant sur le vote, de même que le maintien envers et contre tout de ce rendez-vous malgré le boycott et les appels de la communauté internationale à tout faire pour associer l’opposition, ont laissé la place à une campagne très éloignée d’un exercice démocratique apaisé.

– Pas de campagne électorale –

Les signes tangibles de cette campagne étaient rares cette semaine dans la capitale Conakry. Des panneaux portant des slogans tels que « oui à l’égalité » ou « oui à l’investissement dans la jeunesse » surplombent les artères encombrées de voitures. Mais peu ou pas de rassemblements publics.

Le projet de Constitution limite à deux le nombre des mandats présidentiels. Le chef de l’Etat sortant en a déjà deux au compteur. Sauf, redoute l’opposition, que l’adoption d’une nouvelle Constitution lui permettrait de remettre ce compteur à zéro.

« Qu’y a-t-il de mal à ça ? », demande Sékou Condé, un cadre du parti présidentiel. La plupart des Guinéens veulent que le président Condé reste pour développer le pays, assure-t-il à l’AFP.

M. Condé a jusqu’ici maintenu un voile de moins en moins opaque sur ses intentions. C’est son parti qui décidera de son avenir et les Guinéens peuvent aussi bien dire non à la nouvelle Constitution, répète-t-il.

Mais « pourquoi en Guinée il serait impossible de faire trois mandats ? » demandait-il cette semaine dans le quotidien français Le Figaro.

Les doutes exprimés par la communauté internationale quant à la crédibilité du vote se sont succédé.

L’Organisation internationale de la francophonie (OIF), accompagnatrice du processus électoral en Guinée, a jugé « problématiques » près de 2,5 millions de noms d’électeurs figurant sur les listes, avec des doublons et la présence de personnes défuntes.

L’Union européenne s’est interrogée sur « la crédibilité des échéances électorales à venir », en raison notamment de « l’absence de transparence ».

– Composantes ethniques –

Jeudi, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest a annulé à la dernière minute une mission de bons offices de plusieurs chefs d’Etat africains en Guinée. Elle a rénoncé à déployer des observateurs en raison des risques potentiels. L’Union africaine a rappelé les siens vendredi.

M. Condé « obtiendra de toute façon le résultat qu’il veut », déplore le leader de l’opposition Cellou Dalein Diallo.

Un diplomate occidental, qui requiert l’anonymat, est cinglant : « Ce processus électoral, c’est quasiment une blague », n’était le risque de violences, qui est réel et pourrait suivre les lignes d’appartenance ethnique entre les Malinkés, dont est issu M. Condé, et les Peuls, largement derrière M. Diallo.

La Guinée et son président au-devant d’un référendum sous tension

Le pouvoir en place à Conakry appelle les Guinéens à se prononcer dimanche sur une nouvelle Constitution, après des mois de protestations meurtrières contre ce que l’opposition considère comme une manoeuvre du président Alpha Condé pour rester au pouvoir.

M. Condé assure qu’il s’agit de doter son pays d’une Constitution « moderne ». Elle codifierait l’égalité des sexes, interdirait la circoncision féminine et le mariage des mineurs. Elle veillerait à une plus juste répartition des richesses en faveur des jeunes et des pauvres.

L’opposition n’en croit pas un mot. Pour elle, le projet est le subterfuge d’un ancien opposant historique devenu, à bientôt 82 ans, un autocrate qui entend plier la Constitution à son désir de briguer un troisième mandat à la fin de l’année quand celui en cours aura expiré.

Depuis mi-octobre, la mobilisation anti-Condé donne lieu à des manifestations massives à travers le pays, à des journées villes mortes qui impactent l’économie d’un des pays les plus pauvres de la planète, et à de sévères épisodes de brutalité policière.

Au moins 30 civils et un gendarme ont été tués depuis lors.

Ces tensions, les appels de l’opposition à non seulement boycotter mais empêcher la tenue du référendum et des législatives qui ont lieu aussi dimanche, ainsi que les attaques des derniers jours contre des bureaux ou du matériel de vote font craindre des accès de violence dans un pays coutumier des manifestations et des répressions brutales.

L’armée a été mise en d’alerte depuis mardi. Pure précaution selon les autorités.

Des années d’animosité politique, les soupçons pesant sur le vote, ainsi que le maintien envers et contre tout de ce rendez-vous malgré le boycott et les appels de la communauté internationale à tout faire pour associer l’opposition laissent la place à une campagne très éloignée d’un joyeux exercice démocratique.

– Mission avortée –

Les signes de la campagne étaient rares cette semaine dans la capitale Conakry, au bord de l’Atlantique. Des panneaux portant des slogans tels que « oui à l’égalité » ou « oui à l’investissement dans la jeunesse » surplombent les routes encombrées de voitures. Mais peu ou pas de rassemblements publics en vue.

« Vous ne verrez pas de campagne électorale », assure Sékou Condé, un cadre du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), le parti présidentiel. Les ministres ont fait campagne à l’intérieur du pays, ajoute-t-il.

Le projet soumis à référendum dimanche limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Le président sortant en a déjà deux au compteur. Sauf, redoute l’opposition, que l’adoption d’une nouvelle Constitution lui permettrait de remettre ce compteur à zéro.

« Qui y a-t-il de mal à ça », demande Sékou Condé, le cadre du parti présidentiel. La plupart des Guinéens veulent que le président Condé reste pour développer le pays, assure-t-il.

M. Condé maintient un voile de moins en moins opaque sur ses intentions. C’est son parti qui décidera de son avenir et les Guinéens peuvent aussi bien dire non à la nouvelle Constitution, répète-t-il.

Mais « pourquoi en Guinée il serait impossible de faire trois mandats ? » demandait-il cette semaine dans le quotidien Le Figaro.

La Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a annulé « à la dernière minute » cette semaine une mission en Guinée, composée selon la presse de quatre chefs d’Etat, a indiqué une source officielle nigérienne, dans une possible admission de l’impossibilité d’infléchir le cours des évènements.

L’Organisation internationale de la francophonie (OIF), accompagnatrice du processus électoral en Guinée, a sévèrement remis en cause la crédibilité du vote en jugeant « problématiques » presque 2,5 millions de noms d’électeurs figurant sur les listes.

– Composantes ethniques –

L’OIF a parlé de doublons et de présence sur les listes de personnes décédées. La commission électorale nationale a minimisé les irrégularités.

M. Condé « obtiendra de toute façon le résultat qu’il veut », déplore le leader de l’opposition Cellou Dalein Diallo.

M. Diallo voyage avec une dizaine de militants costauds de son parti, pour sa sécurité. Il assure que la plupart des Guinéens sont contre la consultation et prédit une forte abstention.

Des électeurs interrogés par l’AFP semblent plus polarisés que cela.

Abdouramane Keita par exemple, étudiant en droit, déclare vouloir « voter dans le calme ». Il voudrait aussi voir les partis antagonistes se parler.

Un diplomate occidental, qui requiert l’anonymat pour s’exprimer, est cinglant: « Ce processus électoral, c’est quasiment une blague », n’était le risque de violence, qui est réel et pourrait suivre les lignes d’appartenance ethnique, entre les Malinkés, dont est issu M. Condé, et les Peuls, largement derrière M. Diallo.

Pour autant, ll ne croit pas à un déchaînement « majeur ». Car, pour lui, « le moment de vérité », cela devrait être la présidentielle à la fin de l’année.