Coronavirus: Xi Jinping promet aide et matériel à l’Afrique

La Chine est prête à offrir assistance et matériel médical aux pays africains face à l’épidémie de coronavirus, qui constitue pour eux un défi de santé publique, a déclaré mardi le président chinois Xi Jinping.

Jusqu’à présent, l’Egypte est le seul Etat d’Afrique à avoir enregistré un cas confirmé de contamination.

Mais l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a averti que les systèmes de santé et les infrastructures sanitaires du continent étaient mal équipés pour affronter le coronavirus si les cas se multipliaient.

« Les pays africains sont confrontés à de nombreux défis en matière de prévention et de contrôle de l’épidémie », a souligné Xi Jinping lors d’une conversation téléphonique avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.

« La Chine est disposée à fournir aux pays africains le matériel médical dont ils ont un besoin urgent, y compris des tests de dépistage », a-t-il déclaré selon l’agence officielle Chine nouvelle.

Xi Jinping a également promis un renforcement de « la coopération sino-africaine en matière de santé publique et de prévention et de contrôle des maladies », sans offrir de précision.

Selon l’OMS, si des cas de contamination apparaissaient en grand nombre, les pays africains pourraient être confrontés à des pénuries de kits de dépistage et d’équipement de protection comme des masques.

Les systèmes de santé devront prendre en charge des malades atteints de défaillances respiratoires, de chocs septiques ou de défaillance simultanée de plusieurs organes, a relevé son directeur Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« Ces patients ont besoin de soins intensifs nécessitant des équipements comme des appareils d’assistance respiratoire qui manquent dans de nombreux pays africains, et c’est une source de préoccupation », a-t-il déclaré.

La Chine avait envoyé en 2014 des centaines de médecins, épidémiologistes, ingénieurs, infirmiers et techniciens en Afrique de l’Ouest pour combattre l’épidémie d’Ebola.

Libye: l’ONU maintient des pourparlers à Genève malgré les incertitudes

L’ONU s’efforce mardi d’empêcher la rupture de pourparlers interlibyens à Genève, au lendemain de l’annonce par les deux camps rivaux de la suspension de leur participation au dialogue politique censé démarrer mercredi.

Plus de huit ans après la chute de Mouammar Kadhafi, qui a plongé la Libye dans le chaos, ces pourparlers politiques visent notamment à mettre fin aux divisions et former un nouveau gouvernement unifié.

Entamé en 2017 et interrompu à plusieurs reprises, ce processus a été mis à mal en avril 2019 lorsque le maréchal Haftar, homme fort de l’est de la Libye, a lancé une offensive pour prendre Tripoli, siège du Gouvernement national d’union (GNA), reconnu par l’ONU.

Le porte-parole de la mission de l’ONU en Libye (Manul), Jean El Alam, a affirmé mardi à l’AFP que le lancement « du dialogue politique débutera demain (mercredi) comme prévu ».

Ces discussions doivent inclure 13 représentants du Parlement, basé dans l’est du pays et qui appuie le maréchal Khalifa Haftar, 13 représentants du Haut conseil d’Etat (équivalent d’un sénat) qui soutient le GNA, et des personnalités invitées par l’émissaire de l’ONU, Ghassan Salamé.

« L’ONU s’attend à ce que les pourparlers aient lieu demain », a également déclaré Rhéal Leblanc porte-parole des Nations unies à Genève, lors d’une conférence de presse.

– « Progrès considérables » –

Lundi pourtant, le parlement pro-Haftar et son rival le Haut conseil d’Etat ont annoncé séparément avoir « suspendu » leur participation aux pourparlers politiques, invoquant des raisons différentes.

Des sources parlementaires à Tripoli et à Benghazi (est) ont indiqué à l’AFP que la Manul tentait mardi de les convaincre d’y prendre part.

Dans un communiqué, la Manul a appelé les différentes parties « à placer les intérêts de la Libye et des Libyens au-dessus de toute autre considération afin de mettre fin rapidement aux souffrances de leur propre peuple, qui paie un lourd tribut chaque jour ».

Les ambassades de France, d’Allemagne, d’Italie, du Royaume-Uni et des Etats-Unis, ainsi que la délégation de l’Union européenne en Libye, ont aussi appelé dans un communiqué les deux camps à « ne pas faire obstruction » au dialogue.

Elles se sont félicitées par ailleurs des « progrès considérables accomplis dans les pourparlers facilités par l’ONU à Genève vers un cessez-le-feu durable en Libye ».

Le texte fait référence à la réunion d’une Commission militaire conjointe qui s’est réunie jusqu’à dimanche à Genève.

A l’issue de ces pourparlers indirects, les deux camps sont parvenus à un « projet d’accord de cessez-le-feu » qui doit être finalisé en mars, selon la Manul.

L’agenda des discussions à Genève « sera inspiré de la grande conférence nationale (qui visait à organiser des élections) que nous tentions de faire l’année dernière si la guerre n’avait pas éclaté », a indiqué M. Salamé à l’AFP.

Une trêve a été conclue en janvier sous les auspices de la Russie, soutien du maréchal Haftar, et de la Turquie, alliée de M. Sarraj, mais elle a été régulièrement violée.

Depuis le début de l’offensive du maréchal Haftar sur Tripoli, les affrontements ont fait plus de 1.000 morts.

L’ONU a dénoncé l’ingérence de plusieurs acteurs internationaux dans le conflit en Libye, et en janvier à Berlin, les représentants d’une douzaine de pays, soutenant l’un ou l’autre camp, avaient promis de ne plus interférer dans les affaires intérieures libyennes.

– Turcs tués en Libye –

La Turquie qui a déployé ces dernières semaines des militaires pour soutenir le GNA a fait état mardi de la mort de deux soldats turcs en Libye.

Dans l’autre camp, le maréchal Haftar est soutenu notamment par les Emirats arabes unis et l’Egypte. Selon plusieurs pays, des mercenaires russes combattent en outre à ses côtés.

La Libye est minée par les violences et les luttes de pouvoir depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

Cette instabilité a empêché ce riche pays qui dispose des réserves de pétrole les plus abondantes d’Afrique de profiter pleinement de sa manne pétrolière, sa seule source de revenu.

La Compagnie nationale de pétrole (NOC) a déploré mardi la chute de la production à 122.430 barils par jour contre plus de 1,2 million, avant que des groupes pro-Haftar commencent à bloquer le 18 janvier les principaux sites pétroliers du pays.

La NOC a estimé le manque à gagner à plus de 2,1 milliards de dollars depuis le début de ce blocage.

Une ancienne ministre des Finances du Liberia bientôt adjointe de la dirigeante du FMI

Une ancienne ministre des finances du Liberia, Antoinette Sayeh, va devenir directrice générale adjointe du Fonds monétaire international (FMI) à compter du 16 mars, a annoncé mardi l’institution de Washington dans un communiqué.

C’est la dirigeante du Fonds, Kristalina Georgieva, qui a elle-même proposé cette nomination après le départ de la directrice administrative, Carla Grasso, annoncé début février.

Sollicité par l’AFP, le FMI n’était pas en mesure de dire si Mme Sayeh, ressortissante du Liberia et ancienne ministre des finances de ce pays de 2006 à 2008, avant son entrée au FMI comme directrice du département Afrique, allait remplacer cette dernière dans ses fonctions.

« Antoinette est très connue et très respectée pour avoir occupé (au FMI) le poste de directrice du département Afrique entre 2008 et 2016 où elle a mené une transformation importante des relations du Fonds avec nos pays membres africains », a commenté Kristalina Goergieva, citée dans le communiqué.

Depuis 2016, Mme Sayeh est membre émérite du Center for Global Development (CGD).

En tant que ministre des Finances au lendemain du conflit que le Liberia avait connu, Mme Sayeh avait piloté l’apurement des arriérés, accumulés de longue date, de la dette multilatérale du pays.

Elle avait, en outre, géré les négociations avec le Club de Paris et oeuvré à l’élaboration de la première Stratégie de réduction de la pauvreté.

« Ce faisant, Mme Sayeh a considérablement renforcé les finances publiques du Liberia tout en promouvant la réforme de la gestion des finances de l’Etat », selon le FMI.

Avant d’entrer au gouvernement de la Présidente Ellen Johnson Sirleaf, Mme Sayeh avait travaillé à la Banque mondiale pendant 17 ans, notamment en qualité de directrice des opérations pour le Bénin, le Niger et le Togo et comme économiste pour le Pakistan et l’Afghanistan.

Elle est titulaire d’une licence en économie de Swarthmore College en Pennsylvanie (Etats-Unis) et d’un doctorat en relations économiques internationales de la Fletcher School de l’université Tufts dans le Massachussetts.

Les grandes dates d’Hosni Moubarak

Les grandes dates de la vie de l’ex-président égyptien Hosni Moubarak, décédé mardi et chassé du pouvoir en février 2011 lors d’un soulèvement populaire qui a secoué l’Egypte dans le contexte du Printemps arabe

– 4 mai 1928: Naissance à Kafr-el-Meselha, dans le delta du Nil.

– 1950: Il entre à l’Académie de l’Armée de l’air égyptienne.

– 1972: Il devient commandant en chef des forces aériennes et ministre des Affaires militaires.

– avril 1975: Il est nommé vice-président de la République.

– 1978: Il devient vice-président du Parti national démocrate (PND) au pouvoir.

– 1981: Il succède au président Anouar al-Sadate, assassiné par des islamistes, le 6 octobre au Caire.

– 11 février 2011: Après 30 ans au pouvoir, il doit démissionner au 18e jour d’une révolte populaire.

– 2 juin 2012: Il est condamné à la prison à vie pour complicité dans la mort de manifestants, mais la justice ordonne un nouveau procès.

– novembre 2014: Un autre tribunal ordonne l’abandon des accusations, blanchissant Moubarak, mais le parquet introduit un recours en cassation.

– janvier 2016: La cour d’appel confirme une peine de trois ans de prison pour Moubarak et ses deux fils, Alaa et Gamal, dans une affaire de corruption.

– mars 2017: Acquitté définitivement dans le procès pour la mort de manifestants, puis libéré de l’hôpital militaire du Caire où il a été détenu quasiment sans discontinuité depuis 2011.

– 25 février 2020: Mort d’Hosni Moubarak dans un hôpital militaire au Caire.

Mort de Moubarak, le raïs balayé par le Printemps arabe

L’ancien président Hosni Moubarak, maître absolu de l’Egypte pendant 30 ans, balayé en 2011 par le Printemps arabe, emprisonné, puis acquitté, est décédé mardi à l’âge de 91 ans, dans un hôpital militaire au Caire.

Depuis sa démission en février 2011 après 18 jours d’une révolte sans précédent contre son régime, la santé de l’ancien chef d’Etat avait fait l’objet de spéculations dans la presse et sur les réseaux sociaux.

Dépression, cancer, problèmes cardiaques ou respiratoires avaient été évoqués pour l’ex-président, régulièrement hospitalisé en soins intensifs.

Le 24 janvier, son fils Alaa Moubarak avait affirmé sur Twitter que son père avait subi une « opération chirurgicale » et qu’il se portait bien.

Mardi, la nouvelle de son décès à l’hôpital al-Galaa (est du Caire) a été confirmée par la famille et relayée par la télévision égyptienne, qui arbore depuis lors un ruban noir symbolique.

Selon les médias égyptiens, des funérailles militaires en l’honneur de M. Moubarak seront organisées mercredi à la mosquée al-Mouchir Tantaoui, à l’est du Caire.

Et les autorités ont décrété une période de deuil national de trois jours à compter de mercredi en hommage à celui qui est présenté par la présidence comme l’un « héros de la guerre d’octobre 1973 (NDLR: contre Israël) », durant laquelle M. Moubarak avait dirigé l’armée de l’air.

– Traduit en justice –

Emanant de l’ensemble du spectre politique égyptien, les hommages se multiplient sur les réseaux sociaux.

Mohamed el-Baradei, prix Nobel et figure de proue de l’opposition libérale à l’ancien autocrate, a notamment présenté ses condoléances à la famille du défunt.

Ayman Nour, opposant exilé en Turquie et ancien candidat à la présidentielle de 2012, a déclaré sur Twitter lui « pardonner personnellement ».

L’ancien commandant en chef, à la tête pendant 30 ans d’un régime marqué par les abus policiers et la corruption, aura été le premier président du pays à être traduit en justice.

Il a toutefois été blanchi de la plupart des accusations qui pesaient contre lui.

Ses ennuis judiciaires ont été peu à peu éclipsés par l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans en 2012 et la destitution en 2013 du président islamiste Mohamed Morsi par le général Abdel Fattah al-Sissi, devenu président l’année suivante.

Au fil des années, l’aversion des Egyptiens pour l’ex-président s’est petit à petit muée en une sorte d’indifférence mêlée de nostalgie, son règne étant perçu comme une période de stabilité révolue.

Le maintien contre vents et marées des accords de paix conclus en 1979 avec Israël et sa réputation de « modéré » au sein du monde arabe ont valu à son régime autocratique les faveurs de l’Occident, en particulier des Etats-Unis, dont il est resté un allié indéfectible.

Israël a été parmi les premiers pays à réagir au décès de Moubarak, le Premier ministre Benjamin Netanyahu rendant hommage à un « ami personnel, un leader qui a conduit son peuple à la sécurité et à la paix avec Israël ».

Et le président palestinien Mahmoud Abbas a salué son engagement en faveur de la « liberté et de l’indépendance » du peuple palestinien, alors que l’Egypte de Moubarak avait joué un rôle de médiateur de premier plan durant les périodes de haute tension entre Palestiniens et Israéliens.

– « Conscience tranquille » –

Le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed al-Nahyane, a également présenté ses condoléances sur Twitter en qualifiant Moubarak de « dirigeant arabe qui a travaillé avec loyauté pour l’unité arabe, et la stabilité, et qui s’est opposé fermement au terrorisme ».

Moubarak s’est montré un adversaire résolu des jihadistes d’Al-Qaïda et des Frères musulmans, sans pour autant parvenir à enrayer la montée de ces derniers.

Chef d’Etat égyptien resté le plus longtemps au pouvoir depuis l’abolition de la monarchie en 1953, il a maintenu en permanence l’état d’urgence.

Lors de son règne, incontesté jusqu’en 2011, l’ouverture des dernières années a valu à l’Egypte une amorce de décollage économique, mais aussi une aggravation des inégalités, du mécontentement social et de la corruption.

Il échappera à plusieurs tentatives d’assassinat, notamment en 1995 à Addis Abeba, quand des assaillants coupent la route à son cortège et criblent de balles son véhicule blindé transporté spécialement du Caire.

« Alors que ma vie approche de son terme, grâce à Dieu j’ai la conscience tranquille et je suis content d’avoir passé (ma vie) à défendre l’Egypte », avait-il déclaré lors d’un de ses procès.

Moubarak, l’autocrate déchu à l’image corrompue

Hosni Moubarak a promené sa silhouette trapue et ses lunettes noires pendant 30 ans sur la scène internationale, mais dans l’histoire, l’ex-président égyptien –détrôné lors du Printemps arabe– restera le dirigeant d’un régime corrompu.

Décédé mardi à l’âge de 91 ans, l’ancien raïs avait été contraint à la démission devant le soulèvement populaire de 2011, alors qu’il était devenu l’un des dirigeants africains les plus anciens.

Hosni Moubarak est vice-président le 6 octobre 1981 lorsque son destin bascule. Assis en grand uniforme aux côtés d’Anouar el-Sadate lors d’un défilé militaire, il échappe aux balles des islamistes visant le président égyptien, artisan d’un accord de paix avec Israël signé deux ans plus tôt.

Légèrement blessé dans l’attentat, cet ancien pilote de chasse, connu pour sa santé de fer et son mode vie ascétique, remplace alors le président assassiné à la tête du pays. Sa « baraka » devait ensuite lui servir pour échapper à six autres tentatives d’assassinat.

Il s’installe à la tête du pays, maintenant en place pendant trois décennies l’état d’urgence décrété après l’attentat.

– « L’histoire me jugera » –

Mais comparé à ses prédécesseurs –le charismatique Gamal Abdel Nasser et le politicien rusé Sadate– il fait pâle figure et sera rapidement surnommé « la vache qui rit », pour sa ressemblance supposée avec la célèbre mascotte du fromage français.

Bien avant sa chute, ses détracteurs lui ont reproché d’être corrompu, de manquer de charisme et de ne pas mener à bien les réformes nécessaires.

« Il avait cette image de personnage corrompu à travers les activités de ses fils et ses liens avec les hommes d’affaires du pays », raconte Mostafa Kamel el-Sayyed, professeur de sciences politiques à l’université du Caire en évoquant les affaires sulfureuses des deux fils Alaa et Gamal.

Après sa chute, le président a dû répondre à une série d’accusations de corruption. Lui et ses deux fils ont notamment été condamnés à trois ans de prison pour un détournement de quelque 10 millions d’euros.

Toutefois, « l’économie a eu un taux de croissance respectable » pendant les années Moubarak, nuance M. el-Sayyed, avant de préciser que la période a été également marquée par « un certain degré de liberté d’expression, avec des télévisions indépendantes et des journaux d’opposition » autorisés sous la pression de l’allié américain.

Jusqu’au dernier moment, le président a défendu son bilan: le 1er février 2011, en plein soulèvement populaire qui devait précipiter sa chute, il déclarait: « Ce pays, j’y ai vécu, j’ai fait la guerre pour lui, et l’histoire me jugera ».

Pragmatique, volontiers patelin, aimant les tournées à travers le pays, il est pourtant très vite apparu comme coupé du peuple et orgueilleux, s’appuyant sur un redoutable appareil policier et un système politique dominé par un parti unique à sa dévotion.

Des élections sont organisées sur fond de soupçons de fraude. En 2005, il l’emporte haut la main et son principal opposant Ayman Nour est mis en prison.

S’il s’est montré un adversaire résolu de l’islamisme radical façon Al-Qaïda, il n’a pas réussi à endiguer la montée progressive de l’islam traditionaliste des Frères musulmans.

– Pilier modéré –

En politique étrangère, M. Moubarak est resté résolument pro-américain, préservant l’accord de paix avec Israël. S’imposant comme une figure familière des réunions internationales, il a fait de son pays un pilier modéré au sein du monde arabe.

Né le 4 mai 1928 dans une famille de la petite bourgeoisie rurale du delta du Nil, Mohammed Hosni Moubarak a été pilote de Spitfire dans les années 1950, avant de gravir un à un les échelons de la hiérarchie. Chef de l’armée de l’air pendant la guerre du Kippour en 1973, il était nommé vice-président deux ans après.

A ses côtés, Suzanne, son épouse, a marqué la présidence de son empreinte en intervenant dans le domaine des inégalités entre hommes et femmes, donnant ainsi à son mari une image moderne.

L’ancien autocrate, qui avait espéré passer le flambeau à son fils Gamal provoquant la colère des Egyptiens, a finalement été détrôné par le Printemps arabe.

Par la suite, il est apparu malade devant un tribunal, transporté sur une civière dans une cage métallique. Sa santé a été l’objet depuis sa chute d’incessantes spéculations faisant état tour à tour de dépression aiguë, de cancer, d’accident cardiaque ou de problèmes respiratoires.

Premier président égyptien a avoir été traduit en justice, il n’a été autorisé à quitter l’hôpital militaire où il était détenu qu’en mars 2017. Il avait notamment été condamné à la perpétuité, puis acquitté, pour complicité dans la mort de 846 manifestants durant la révolte.

Côte d’Ivoire: le procès en appel d’un président de conseil régional reporté au 24 mars

Le procès en appel du président du Conseil régional du Gbêkê (centre de la Côte d’Ivoire), Jacques Mangoua, condamné à 5 ans de prison, a été reporté au 24 mars, en raison de l’absence de l’accusé, écroué à Abidjan et qui n’avait pas été transféré pour l’audience, au grand dam de la défense.

Encadrés par un important déploiement des forces de l’ordre, quelque 200 militants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ancien président Henri Konan Bédié et dont M. Mangoua est un des vice-présidents, étaient présents au tribunal de Bouaké (centre), a constaté un journaliste de l’AFP.

Faute de prévenu, le président Tahirou Dembélé a renvoyé l’audience au 24 mars.

« Notre justice se doit d’être sérieuse (…) nous sommes rentrés dans une phase d’usure qui est inadmissible » a protesté Me Luc Adje, l’avocat de M. Mangoua.

M. Mangoua, qui a toujours clamé son innocence, a été condamné le 3 octobre 2019 à cinq ans d’emprisonnement ferme et 5 millions de francs CFA (environ 7.600 euros) d’amende pour détention illégale de munitions de guerre.

L’entourage de M. Mangoua crie au « complot » et au « coup monté : « C’est le président lui-même qui a averti la gendarmerie » de la présence des armes à son domicile, avait assuré à l’AFP Moïse Amani, chargé de mission auprès de M. Mangoua.

« Les enjeux de cette affaire sont ailleurs, M. Mangoua préside une région qui se trouve être la plus grande de la Côte d’Ivoire et qui par conséquent est vitale pour l’élection présidentielle 2020. Il préside une région stratégique et est de l’opposition, alors cela est insupportable pour certains hommes politiques », avait écrit à l’AFP sa fille, Joanne Mangoua.

Sa condamnation avait été suivie de troubles qui avaient fait un mort.

Le Gbeké comprend notamment le village de Béoumi, où avaient eu lieu des violences intercommunautaires ayant fait 16 morts en mai 2019.

La défense d’Assange dénonce des poursuites américaines fondées sur des « mensonges »

La défense de Julian Assange a accusé mardi Washington de fonder les poursuites pour espionnage visant le fondateur de Wikileaks sur des « mensonges », au deuxième jour de l’examen par la justice britannique de la demande d’extradition américaine.

L’Australien de 48 ans est poursuivi aux Etats-Unis pour avoir diffusé à partir de 2010 plus de 700.000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan. Poursuivi en vertu des lois anti-espionnage de 1917 et pour piratage informatique, il risque jusqu’à 175 ans de prison.

Mais les 18 chefs de poursuite contre Assange, arrêté en avril après sept ans passés reclus à l’ambassade d’Equateur, sont fondés sur « des mensonges, des mensonges et encore des mensonges », a accusé l’un des avocats du fondateur de Wikileaks, Mark Summers.

« Il est difficile d’imaginer un exemple aussi évident de demande d’extradition qui déforme autant les faits tels qu’ils sont connus par le gouvernement américain », a-t-il fait valoir dans une salle d’audience de la cour de Woolwich (Sud-Est de Londres).

L’avocat représentant les Etats-Unis a rétorqué en décrivant le tableau brossé par la défense comme une « série d’inexactitudes sur la manière dont l’acte d’accusation est formulé » et une « déformation » des faits reprochés à Julian Assange.

Pour statuer sur la demande d’extradition, dont l’examen se tient cette semaine puis trois semaines à partir du 18 mai, la justice britannique doit notamment s’assurer qu’elle n’est pas disproportionnée ou incompatible avec des droits de l’Homme.

Dans son box, Assange, veste grise sur les épaules, est apparu fatigué après des heures d’audience, conduisant la juge Vanessa Baraitser à s’enquérir de son état de santé.

« Julian Assange a des difficultés, il a du mal à se concentrer », a expliqué un membre de son équipe de défense.

En début d’audience mardi, la défense a protesté contre le traitement qui lui est infligé. « Hier (lundi), M. Assange a été menotté onze fois, mis à nu deux fois » à la prison de Belmarsh où il est détenu, a protesté l’un de ses conseils, Edward Fitzgerald.

Un tel traitement pourrait « affecter cette procédure », a mis en garde l’avocat, demandant à la juge Vanessa Baraitser de donner instruction aux autorités pénitentiaires d’assouplir les mesures autour d’Assange.

La magistrate a rétorqué que ses pouvoirs à cet égard sont « limités », et qu’elle ne peut pas ordonner aux autorités carcérales comment traiter les détenus, ajoutant qu’elle attend que Julian Assange soit traité de manière juste, comme n’importe qui d’autre.

L’avocat du gouvernement américain a apporté son soutien aux observations de la défense, soulignant qu’il ne voulait pas que le traitement d’Assange ne « compromette » la procédure.

– « Si vous n’agissez pas… »

Wikileaks a travaillé initialement avec des journaux de renom pour publier les fuites provenant du Département d’Etat américain et du Pentagone, qui ont fait sensation et scandalisé Washington.

Selon Mark Summers, ce partenariat noué avec les médias avait conduit à un processus rédactionnel rigoureux, incluant un travail avec des responsables américains pour s’assurer que l’identité de sources ne soit pas publiée.

L’avocat a affirmé que dans un livre publié en 2011, un journaliste du Guardian avait révélé le mot de passe permettant d’accéder à une base de données de nom de sources non-expurgée.

Il a expliqué qu’Assange avait appelé la Maison Blanche pour alerter des responsables américains de la publication imminente sur différents site, en leur disant: « Si vous n’agissez pas, la vie de gens se retrouvera mise en danger ».

Ainsi, dire qu’Assange « a délibérément mis des vies en danger en lâchant une base de données non-expurgées (comme l’avait fait lundi le représentant des Etats-Unis, ndlr) est sciemment inexact » , a-t-il plaidé.

Sur son site internet, le Guardian, « opposé à l’extradition de Julian Assange », a déclaré qu’il était « entièrement faux » de dire que le livre a « mené à la publication de dossiers américains non-expurgés ». « Le livre contenait un mot de passe dont Julian Assange avait dit aux auteurs qu’il était temporaire et devait expirer dans les heures qui suivaient », selon le quotidien.

Bernie Sanders critiqué pour ses anciens flirts avec des régimes communistes

Des déclarations vantant certains aspects de la révolution cubaine et d’anciens voyages dans des pays communistes reviennent hanter la campagne de Bernie Sanders, l’actuel favori à l’investiture démocrate dans la course pour la Maison Blanche.

Le sénateur, « socialiste » autoproclamé, a déclenché depuis dimanche une cascade de condamnations dans son propre camp pour avoir salué le programme massif d’alphabétisation lancé par Fidel Castro après son arrivée au pouvoir en 1959.

Joe Biden, numéro deux de Barack Obama quand celui-ci a entamé un dégel avec le régime cubain en 2014, a fustigé une « admiration » pour des éléments de la dictature de Castro.

Le milliardaire Michael Bloomberg a rappelé de son côté le « sombre héritage » laissé par le dictateur cubain, et l’ex-maire de South Bend (Indiana) Pete Buttigieg a condamné un candidat qui « encourage les gens à regarder le bon côté du régime castriste ».

Des élus démocrates de Floride, un Etat clé de l’élection présidentielle américaine accueillant une importante communauté de réfugiés cubains, ont eux mis en garde contre une victoire républicaine de Donald Trump en novembre si M. Sanders était investi par le parti pour lui faire face.

Pour les adversaires du sénateur du Vermont, cette polémique vient à point pour tenter de freiner sa dynamique victorieuse lors de la primaire en Caroline du Sud samedi.

Preuve que son investiture est devenue une vraie possibilité, Donald Trump l’attaque aussi désormais frontalement, le présentant comme un dangereux « communiste ».

– « La vérité » –

Engagé à gauche très jeune, Bernie Sanders a lutté pour les droits civiques comme étudiant à l’université de Chicago, puis contre la guerre du Vietnam avant d’entrer en politique comme « indépendant ».

En pleine Guerre froide, alors maire de la petite ville de Burlington, il avait fait plusieurs voyages en Union soviétique, à Cuba et au Nicaragua. Des déclarations et des photos datant des années 1980 ont resurgi ces derniers jours dans les médias et sur les réseaux sociaux.

En 1985, il salue sur la chaîne télévisée municipale le programme d’alphabétisation et le système gratuit de santé, même primitif, lancés par les Sandinistes au Nicaragua, où il vient de passer une semaine.

L’année suivante, lors d’un discours à l’université du Vermont, il rappelle son « enthousiasme » à l’annonce de la révolution cubaine, lors de laquelle « les pauvres se soulevaient contre les méchants riches ».

Et en 1988, de retour d’un voyage en Union soviétique avec une délégation municipale, il se dit « impressionné » par le système de transport public et les « très belles » gares de Moscou.

Pour le directeur de la Fondation pour les victimes du communisme, Marion Smith, qui a diffusé sur son compte Twitter les déclarations de 1988 de M. Sanders, ces commentaires sont « un outrage cruel aux millions de victimes du communisme dans le monde ».

Mais loin de s’excuser, l’élu du Vermont a renchéri lundi soir lors d’un débat avec le public sur la chaîne CNN.

« Je pense qu’apprendre aux gens à lire et à écrire est une bonne chose », a-t-il lancé à propos des débuts du régime castriste. Il a assuré critiquer depuis longtemps « les régimes autoritaires à travers le monde, y compris Cuba, le Nicaragua, l’Arabie saoudite, la Chine et la Russie ».

Bernie Sanders a par ailleurs loué les efforts de Pékin, autre « pays autoritaire » qui a « sorti de la pauvreté extrême plus de gens qu’ailleurs dans le monde ».

« C’est la vérité et ce sont les faits, fin de la discussion », a-t-il asséné.

Syrie: le régime reprend Kafranbel, 20 civils tués dans des frappes à Idleb

Au moins 20 civils ont été tués mardi dans des bombardements du régime syrien sur la province d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, où le régime a reconquis la ville symbolique de Kafranbel, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Selon l’OSDH, neuf enfants font partie des victimes des frappes aériennes et des tirs d’artillerie menés sur la ville d’Idleb et les localités de Binnich et Maaret Misrine.

« Dix civils, dont six enfants, ont péri dans des frappes aériennes du régime syrien sur la localité de Maaret Misrine dans la province d’Idleb, tandis que six civils ont été tués dans la ville d’Idleb, dont un écolier et trois enseignants, dans des tirs d’artillerie ayant visé plusieurs écoles », a indiqué à l’AFP le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

« Quatre autres civils, dont une mère et ses deux enfants, sont morts dans des bombardements de Damas sur la localité de Binnich », selon M. Abdel Rahmane.

L’ONG Save The Children a fermement déploré la mort des civils à Binnich, appelant à épargner les écoles.

« Les écoles doivent être des refuges pour les enfants, même dans une zone de conflit », a déclaré la directrice de l’organisation Sonia Khush.

« Les attaques d’aujourd’hui sont un autre signe que les combats dans le nord-ouest de la Syrie ont atteint des niveaux catastrophiques de violence contre les enfants et les civils ».

Les civils « sont toujours confrontés à la terreur quotidienne (…). Nulle part n’est sûr, même pas l’école », a poursuivi la directrice de l’ONG.

Lundi, l’ONU a prévenu que les combats se rapprochaient « dangereusement » des camps de déplacés, risquant de provoquer un « bain de sang ».

A Genève, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s’est dit mardi « vivement préoccupé » par la situation.

– « Capitulation » –

A une cinquantaine de kilomètres au sud de Binnich et Maaret Misrine, la ville de Kafranbel a été reprise mardi par le régime syrien, soutenu par l’aviation russe, a annoncé l’OSDH.

Cette localité, située dans le sud de la province d’Idleb, est l’une des premières villes à s’être ralliée à la contestation anti-Bachar al-Assad.

Le régime a également repris 18 autres villages et localités dans le sud d’Idleb au cours des dernières 48 heures, selon l’OSDH.

Ces dernières semaines, le régime syrien a pu conquérir près de la moitié de la province d’Idleb, contrôlée depuis des années par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, et des groupes rebelles.

Depuis décembre, Damas mène avec l’appui de l’aviation russe une offensive d’envergure dans le nord-ouest syrien. Celle-ci a tué plus de 400 civils, selon l’OSDH, et déplacé près de 900.000 personnes d’après l’ONU, soit l’exode le plus massif en une si courte période depuis le début de la guerre syrienne en 2011.

Parmi les déplacés, 170.000 civils vivent en plein air ou dans des bâtiments inachevés, faute de place dans les camps de déplacés bondés.

La région d’Idleb –qui inclut également des segments des provinces voisines de Lattaquié, Alep et Hama– abrite trois millions de civils, dont la moitié a déjà été déplacée d’autres régions reconquises par le régime.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergeï Lavrov a rejeté mardi les appels au cessez-le-feu, estimant que ce serait une « capitulation face aux terroristes ».

Déclenchée en 2011, la guerre en Syrie a fait plus de 380.000 morts et déplacé plusieurs millions de personnes.

Afghanistan: la trêve « respectée », Washington entrevoit une opportunité « historique »

La trêve partielle inédite en Afghanistan était globalement respectée mardi à son quatrième jour, permettant aux Etats-Unis d’afficher leur optimisme sur la signature samedi d’un accord « historique » avec les talibans.

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a toutefois lancé une mise en garde à peine voilée aux autorités de Kaboul, qui s’entredéchirent sur les résultats de la dernière élection présidentielle, afin qu’elles n’entravent pas cette « énorme opportunité politique ».

« Nous sommes à l’orée d’une opportunité historique pour la paix », a-t-il martelé mardi depuis Washington. « La réduction de la violence est respectée, de manière imparfaite mais ça fonctionne », a-t-il assuré, tandis que le chef des forces américaines en Afghanistan, le général Scott Miller, confirmait « une tendance à la baisse de la violence ».

A Kaboul aussi, le ministère de l’Intérieur a fait état d’une diminution des « attaques ennemies » depuis l’entrée en vigueur samedi de cette trêve partielle d’une semaine entre les Etats-Unis, les forces afghanes et les talibans.

Selon une source sécuritaire interrogée par l’AFP, les attaques talibanes ont chuté de 75 à 15 par jour en moyenne depuis le début de cette phase officiellement baptisée « réduction de la violence ».

Cinq membres des forces de sécurité afghanes ont toutefois été tués mardi dans trois attaques attribuées aux talibans par le gouvernement. Les talibans ont explicitement revendiqué deux de ces trois attaques.

Ces incidents n’ont pas été considérés de nature à remettre en cause la trêve — « la première pause d’une semaine dans la violence concernant toutes les parties en 19 années de guerre », a souligné Mike Pompeo.

– « Voix des femmes » –

Si elle tient jusqu’à samedi, les Etats-Unis signeront avec les talibans à Doha, au Qatar, un accord négocié depuis un an et demi.

Ce texte doit permettre à l’armée américaine d’entamer son retrait voulu par Donald Trump, mais aussi par une grande partie de la classe politique et de l’opinion américaines: les troupes en Afghanistan passeraient dans un premier temps de 12.000 ou 13.000 soldats actuellement à 8.600, avant de nouveaux départs progressifs qui n’auront lieu que si les talibans respectent leurs propres engagements.

Les insurgés promettent en effet, en contrepartie au départ des Américains qu’ils réclament de longue date, de fournir des garanties sécuritaires en matière de contreterrorisme, et d’entamer immédiatement des négociations de paix directes sans précédent avec les autorités de Kaboul.

La paix elle-même, dans ce pays exsangue après tant d’années de conflits, ne découlerait donc pas de l’accord de samedi, mais de ces pourparlers interafghans qui s’annoncent compliqués tant la classe politique afghane apparaît divisée face aux talibans.

Le président sortant Ashraf Ghani a été proclamé la semaine dernière vainqueur de l’élection de septembre, mais le chef de l’exécutif Abdullah Abdullah conteste ces résultats et revendique aussi la victoire.

Les deux hommes prévoyaient initialement de prêter serment le même jour, jeudi, à la tête de gouvernements rivaux.

Un obstacle qui risquait de faire dérailler les efforts américains. Finalement, ils ont accepté de reporter leurs investitures respectives, selon Washington et le camp Abdullah.

Le département d’Etat américain a exhorté « toutes les parties » à s’unir pour mettre en place une délégation « pleinement représentative » pour négocier avec les talibans.

Fait notable, les Etats-Unis n’ont toujours pas félicité le président Ghani pour sa réélection, se bornant à « prendre acte » des résultats et des contestations.

Mais sans s’adresser à un camp en particulier, Mike Pompeo a prévenu tous ceux qui « veulent faire dérailler » le processus de paix, car ils ont « tout intérêt à préserver le statu quo »: « nous n’allons pas les laisser faire ».

Le chef de la diplomatie américaine s’est montré tout aussi évasif au sujet des droits humains, et particulièrement des droits des femmes, dont plusieurs acteurs de la société civile afghane s’inquiètent qu’ils soient en danger en cas de participation des talibans à de futures institutions.

« Notre mission est de faire en sorte que les Afghans parviennent à une solution qui soit une solution afghane », a-t-il éludé, se disant tout juste « confiant » quant au fait que ce processus permettra aux « voix des femmes » et « des minorités » de se faire entendre.

Mort de Moubarak, le raïs balayé par le Printemps arabe

L’ancien président Hosni Moubarak, maître absolu de l’Egypte pendant 30 ans, balayé en 2011 par le Printemps arabe, emprisonné puis acquitté, est décédé mardi à l’âge de 91 ans, dans un hôpital militaire au Caire.

Abdel Fattah al-Sissi, président depuis 2014, a salué l’un des « héros de la guerre d’octobre 1973 » contre Israël, durant laquelle Moubarak avait dirigé l’armée de l’air. Et quelques dirigeants étrangers –palestinien, israélien et émirati– lui ont rendu hommage.

Depuis sa démission en février 2011 après 18 jours d’une révolte sans précédent contre son régime, la santé de l’ancien chef d’Etat avait fait l’objet de spéculations dans la presse et sur les réseaux sociaux.

Dépression, cancer, problèmes cardiaques ou respiratoires avaient été évoqués pour l’ex-président, régulièrement hospitalisé en soins intensifs.

Mardi, la nouvelle de son décès à l’hôpital al-Galaa (est du Caire) a été confirmée par la famille et relayée par la télévision égyptienne, qui arbore depuis lors un ruban noir symbolique.

Selon les médias égyptiens, des funérailles militaires seront organisées mercredi à la mosquée al-Mouchir Tantaoui, dans l’est du Caire. Et les autorités ont décrété une période de deuil national de trois jours à compter de mercredi.

Au cimetière où il doit être enterré, dans l’est du Caire, des journalistes de l’AFP ont vu mardi plusieurs véhicules militaires garés près du tombeau familial, ainsi que des policiers en civil patrouillant dans le secteur.

– Traduit en justice –

Des hommages ont été rendus sur les réseaux sociaux, émanant même d’opposants à Moubarak.

Mohamed el-Baradei, prix Nobel et figure de proue de l’opposition libérale à l’ancien autocrate, a présenté ses condoléances à la famille du défunt.

Ayman Nour, opposant exilé en Turquie et ancien candidat à la présidentielle de 2012, a déclaré sur Twitter lui « pardonner ».

Toutes les réactions n’étaient cependant pas positives, notamment au sein des militants anti-Moubarak.

« Il a vécu comme un criminel et un tyran et il est mort comme un criminel et un voleur », a ainsi tweeté Racha Azab, une journaliste et opposante de gauche, figure de la révolution dont la répression avait fait au moins 850 morts.

L’ancien commandant en chef, à la tête pendant 30 ans d’un régime marqué par les abus policiers et la corruption, aura été le premier président du pays à être traduit en justice. Il a toutefois été blanchi de la plupart des accusations qui pesaient contre lui.

Ses ennuis judiciaires ont été peu à peu éclipsés par l’arrivée au pouvoir des Frères musulmans en 2012 et la destitution en 2013 du président islamiste Mohamed Morsi par le général Sissi.

Au fil des années, l’aversion des Egyptiens pour Moubarak s’est petit à petit muée en une sorte d’indifférence mêlée de nostalgie, son règne étant perçu comme une période de stabilité révolue.

Le maintien contre vents et marées des accords de paix conclus en 1979 avec Israël et sa réputation de « modéré » au sein du monde arabe ont valu à son régime autocratique les faveurs de l’Occident, en particulier des Etats-Unis, dont il est resté un allié indéfectible.

Israël a été parmi les premiers pays à réagir au décès de Moubarak, le Premier ministre Benjamin Netanyahu rendant hommage à un « ami personnel, un leader qui a conduit son peuple à la sécurité et à la paix avec Israël ».

Et le président palestinien Mahmoud Abbas a salué son engagement en faveur de la « liberté et de l’indépendance » du peuple palestinien, alors que l’Egypte de Moubarak a joué un rôle de médiateur de premier plan durant les périodes de haute tension entre Palestiniens et Israéliens.

– « Conscience tranquille » –

Le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed al-Nahyane, a estimé sur Twitter que Moubarak avait « travaillé avec loyauté pour l’unité arabe, et la stabilité, et s’était opposé fermement au terrorisme ».

Moubarak s’est montré un adversaire résolu des jihadistes d’Al-Qaïda et des Frères musulmans, sans pour autant parvenir à enrayer la montée de ces derniers.

Chef d’Etat égyptien resté le plus longtemps au pouvoir depuis l’abolition de la monarchie en 1953, il a maintenu en permanence l’état d’urgence.

Lors de son règne, incontesté jusqu’en 2011, l’ouverture des dernières années a valu à l’Egypte une amorce de décollage économique, mais aussi une aggravation des inégalités, du mécontentement social et de la corruption.

« Alors que ma vie approche de son terme, grâce à Dieu j’ai la conscience tranquille et je suis content d’avoir passé (ma vie) à défendre l’Egypte », avait-il déclaré lors d’un de ses procès.

Libérée des geôles pakistanaises, Asia Bibi « espère » rentrer un jour au pays

La chrétienne pakistanaise Asia Bibi, condamnée à mort pour blasphème en 2010 et acquittée huit ans plus tard avant de trouver refuge au Canada, a confié mardi son espoir de pouvoir rentrer un jour au Pakistan.

De passage à Paris pour promouvoir son livre autobiographique « Enfin Libre! », elle a évoqué sa nouvelle vie au Canada, qui lui a accordé un permis de séjour d’un an, lors d’un entretien avec l’AFP.

« Je n’ai pas encore visité le Canada. La plupart du temps, je reste à la maison (…) Je ne sors pas beaucoup, surtout en raison du froid et de la neige », a raconté cette ancienne ouvrière agricole de 48 ans, qui s’exprimait en ourdou, via un traducteur en anglais.

Illettrée, Asia Bibi ne maîtrise aucune des deux langues officielles du Canada, le français et l’anglais. Mais elle a trouvé dans son pays d’accueil une sécurité qu’elle n’a pas connue depuis des années.

Elle vit avec son époux Ashiq, 58 ans, et ses deux filles Eisha (21 ans) et Eisham (20 ans) dans un appartement de trois pièces, à l’adresse gardée secrète en raison des menaces dont elle reste la cible.

Ses soeurs, son frère, son père et sa belle-famille lui manquent. Mais plus que tout, sa « culture et (sa) nourriture ! », sourit-elle.

« Personne ne peut oublier son pays natal », dit-elle, confiant son espoir que la situation de son pays évolue et lui permette d’y revenir un jour. « Je l’espère vraiment, tout comme je gardais l’espoir d’être libérée un jour quand j’étais en prison ».

– Un avenir en France ? –

Mme Bibi avait été condamnée à mort pour « blasphème » à la suite d’une dispute avec des villageoises musulmanes au sujet d’un verre d’eau. Le blasphème est un sujet incendiaire au Pakistan, où de simples accusations suffisent parfois à entraîner des lynchages meurtriers.

Une condamnation sans aucun fondement, a répété mardi Asia Bibi.

« En aucun cas (…) Il ne me viendrait jamais à l’idée d’insulter un prophète », a insisté cette ardente catholique.

S’en était suivie une longue saga judiciaire qui avait divisé le pays et ému la communauté internationale, attirant l’attention des papes Benoît XVI et François.

Après avoir passé plus de huit ans dans les couloirs de la mort au Pakistan, jusqu’à son acquittement en octobre 2018, elle vit depuis mai 2019 au Canada.

Son livre – co-écrit avec la journaliste française Anne-Isabelle Tollet qui a mené campagne pour sa libération – retrace ces dix années de calvaire, entre maltraitances et menaces de mort, jusqu’au fond d’une geôle crasseuse.

Où ira t-elle dans un futur proche? Asia Bibi ne le sait pas encore.

« Je n’ai pas décidé. Je sais que l’Union européenne travaille très dur sur mon cas et qu’ils sont ceux qui vont décider où je vais vivre », explique celle qui devrait « très probablement » aborder le sujet d’une demande d’asile à la France lors d’une rencontre avec le président Emmanuel Macron vendredi.

Mardi, Asia Bibi a été faite citoyenne d’honneur de la ville de Paris, par la maire Anne Hildago, une distinction symbolique.

« Votre courage, votre calme, votre force intérieure nous a époustouflés. Vous êtes une leçon de vie », a lancé Mme Hidalgo lors de la cérémonie, ajoutant qu’elle soutiendrait sa demande d’asile en France.

Moubarak, l’autocrate déchu à l’image corrompue

Hosni Moubarak a promené sa silhouette trapue et ses lunettes noires pendant 30 ans sur la scène internationale, mais dans l’histoire, l’ex-président égyptien –détrôné lors du Printemps arabe– restera le dirigeant d’un régime corrompu.

Décédé mardi à l’âge de 91 ans, l’ancien raïs avait été contraint à la démission devant le soulèvement populaire de 2011, alors qu’il était devenu l’un des dirigeants africains les plus anciens.

Hosni Moubarak est vice-président le 6 octobre 1981 lorsque son destin bascule. Assis en grand uniforme aux côtés d’Anouar el-Sadate lors d’un défilé militaire, il échappe aux balles des islamistes visant le président égyptien, artisan d’un accord de paix avec Israël signé deux ans plus tôt.

Légèrement blessé dans l’attentat, cet ancien pilote de chasse, connu pour sa santé de fer et son mode vie ascétique, remplace alors le président assassiné à la tête du pays. Sa « baraka » devait ensuite lui servir pour échapper à six autres tentatives d’assassinat.

Il s’installe à la tête du pays, maintenant en place pendant trois décennies l’état d’urgence décrété après l’attentat.

– « L’histoire me jugera » –

Mais comparé à ses prédécesseurs –le charismatique Gamal Abdel Nasser et le politicien rusé Sadate– il fait pâle figure et sera rapidement surnommé « la vache qui rit », pour sa ressemblance supposée avec la célèbre mascotte du fromage français.

Bien avant sa chute, ses détracteurs lui ont reproché d’être corrompu, de manquer de charisme et de ne pas mener à bien les réformes nécessaires.

« Il avait cette image de personnage corrompu à travers les activités de ses fils et ses liens avec les hommes d’affaires du pays », raconte Mostafa Kamel el-Sayyed, professeur de sciences politiques à l’université du Caire en évoquant les affaires sulfureuses des deux fils Alaa et Gamal.

Après sa chute, le président a dû répondre à une série d’accusations de corruption. Lui et ses deux fils ont notamment été condamnés à trois ans de prison pour un détournement de quelque 10 millions d’euros.

Toutefois, « l’économie a eu un taux de croissance respectable » pendant les années Moubarak, nuance M. el-Sayyed, avant de préciser que la période a été également marquée par « un certain degré de liberté d’expression, avec des télévisions indépendantes et des journaux d’opposition » autorisés sous la pression de l’allié américain.

Jusqu’au dernier moment, le président a défendu son bilan: le 1er février 2011, en plein soulèvement populaire qui devait précipiter sa chute, il déclarait: « Ce pays, j’y ai vécu, j’ai fait la guerre pour lui, et l’histoire me jugera ».

Pragmatique, volontiers patelin, aimant les tournées à travers le pays, il est pourtant très vite apparu comme coupé du peuple et orgueilleux, s’appuyant sur un redoutable appareil policier et un système politique dominé par un parti unique à sa dévotion.

Des élections sont organisées sur fond de soupçons de fraude. En 2005, il l’emporte haut la main et son principal opposant Ayman Nour est mis en prison.

S’il s’est montré un adversaire résolu de l’islamisme radical façon Al-Qaïda, il n’a pas réussi à endiguer la montée progressive de l’islam traditionaliste des Frères musulmans.

– Pilier modéré –

En politique étrangère, M. Moubarak est resté résolument pro-américain, préservant l’accord de paix avec Israël. S’imposant comme une figure familière des réunions internationales, il a fait de son pays un pilier modéré au sein du monde arabe.

Né le 4 mai 1928 dans une famille de la petite bourgeoisie rurale du delta du Nil, Mohammed Hosni Moubarak a été pilote de Spitfire dans les années 1950, avant de gravir un à un les échelons de la hiérarchie. Chef de l’armée de l’air pendant la guerre du Kippour en 1973, il était nommé vice-président deux ans après.

A ses côtés, Suzanne, son épouse, a marqué la présidence de son empreinte en intervenant dans le domaine des inégalités entre hommes et femmes, donnant ainsi à son mari une image moderne.

L’ancien autocrate, qui avait espéré passer le flambeau à son fils Gamal provoquant la colère des Egyptiens, a finalement été détrôné par le Printemps arabe.

Par la suite, il est apparu malade devant un tribunal, transporté sur une civière dans une cage métallique. Sa santé a été l’objet depuis sa chute d’incessantes spéculations faisant état tour à tour de dépression aiguë, de cancer, d’accident cardiaque ou de problèmes respiratoires.

Premier président égyptien a avoir été traduit en justice, il n’a été autorisé à quitter l’hôpital militaire où il était détenu qu’en mars 2017. Il avait notamment été condamné à la perpétuité, puis acquitté, pour complicité dans la mort de 846 manifestants durant la révolte.

Les grandes dates d’Hosni Moubarak

Les grandes dates de la vie de l’ex-président égyptien Hosni Moubarak, décédé mardi et chassé du pouvoir en février 2011 lors d’un soulèvement populaire qui a secoué l’Egypte dans le contexte du Printemps arabe

– 4 mai 1928: Naissance à Kafr-el-Meselha, dans le delta du Nil.

– 1950: Il entre à l’Académie de l’Armée de l’air égyptienne.

– 1972: Il devient commandant en chef des forces aériennes et ministre des Affaires militaires.

– avril 1975: Il est nommé vice-président de la République.

– 1978: Il devient vice-président du Parti national démocrate (PND) au pouvoir.

– 1981: Il succède au président Anouar al-Sadate, assassiné par des islamistes, le 6 octobre au Caire.

– 11 février 2011: Après 30 ans au pouvoir, il doit démissionner au 18e jour d’une révolte populaire.

– 2 juin 2012: Il est condamné à la prison à vie pour complicité dans la mort de manifestants, mais la justice ordonne un nouveau procès.

– novembre 2014: Un autre tribunal ordonne l’abandon des accusations, blanchissant Moubarak, mais le parquet introduit un recours en cassation.

– janvier 2016: La cour d’appel confirme une peine de trois ans de prison pour Moubarak et ses deux fils, Alaa et Gamal, dans une affaire de corruption.

– mars 2017: Acquitté définitivement dans le procès pour la mort de manifestants, puis libéré de l’hôpital militaire du Caire où il a été détenu quasiment sans discontinuité depuis 2011.

– 25 février 2020: Mort d’Hosni Moubarak dans un hôpital militaire au Caire.

Egypte: les trois décennies au pouvoir d’Hosni Moubarak

Rappel des grandes dates de l’Egypte depuis l’arrivée au pouvoir d’Hosni Moubarak –décédé mardi au Caire– en 1981 à son départ en 2011, emporté dans le tumulte du Printemps arabe, après 18 jours d’une révolte contre son régime.

– Accession au pouvoir –

Le 13 octobre 1981, Hosni Moubarak, vice-président depuis 1975, succède au président Anouar al-Sadate, assassiné une semaine auparavant par des jihadistes, lors d’une cérémonie militaire au Caire. L’état d’urgence est décrété et sera maintenu en permanence durant son règne.

Hosni Moubarak va s’appuyer sur un redoutable appareil policier et sur un système politique dominé par un parti présidentiel à sa dévotion.

– L’Egypte réintègre la Ligue arabe –

Le 25 avril 1982, Israël se retire du Sinaï, à la suite des accords de paix de 1979.

Les 25 et 26 février 1986, des émeutes de conscrits de la police au Caire, protestant contre leurs conditions salariales et sociale, font 107 morts et plus de 700 blessés.

En mai 1989, l’Egypte retrouve sa place au sein de la Ligue arabe, qu’elle avait perdue en 1979 pour avoir pactisé avec Israël.

– Moubarak échappe à un attentat –

Le 26 juin 1995, Hosni Moubarak échappe à une tentative d’attentat à Addis Abeba, lorsque des assaillants coupent la route à son cortège et criblent de balles son véhicule blindé amené spécialement du Caire. L’attentat est revendiqué par le groupe armé islamiste Jamaa Islamiya.

Le président Moubarak sera visé par au moins six tentatives d’assassinat.

– Violences islamistes –

Le 17 novembre 1997, 62 personnes, dont 58 touristes pour la plupart suisses et japonais, sont tuées à Louxor (Haute-Egypte), dans une attaque à la mitraillette et au poignard revendiquée par la Jamaa islamiya.

Le 3 janvier 2000, 22 personnes trouvent la mort en Haute-Egypte dans les pires affrontements entre musulmans et chrétiens depuis vingt ans.

Le 7 octobre 2004, 34 personnes, parmi lesquelles plusieurs touristes israéliens, sont tuées et 105 blessées dans un triple attentat perpétré dans le Sinaï contre l’hôtel Hilton de Taba, à la frontière égypto-israélienne, et contre deux camps de vacances à Noueiba, à 470 kilomètres au sud-est du Caire).

Le 23 juillet 2005, quelque 70 personnes, dont de nombreux Occidentaux, périssent dans une série d’attentats à c(Sinaï).

– Percée des Frères musulmans –

Du 9 novembre au 7 décembre 2005, les Frères musulmans, officiellement interdits mais tolérés dans les faits, obtiennent lors des élections législatives 88 sièges (sur 454) au Parlement, devenant la principale force d’opposition.

Leurs candidats s’étaient présentés sous l’étiquette « indépendants », en raison de l’interdiction de fonder des partis politiques sur des bases religieuses.

– Parti présidentiel renforcé –

Le libéralisme économique s’accentue dans le pays, permettant d’amorcer un décollage économique, même s’il aggrave les inégalités et le mécontentement social.

Les nouvelles législatives du 28 novembre au 5 décembre 2010 permettent au pouvoir de consolider sa domination parlementaire, au prix d’accusations de fraude et de critiques internationales.

Le Parti national démocrate (PND, au pouvoir) rafle près de 83% des sièges après le retrait au second tour des Frères musulmans qui dénonçaient des fraudes. L’opposition laïque n’obtient qu’environ 3% des sièges.

– Moubarak chassé du pouvoir –

Le 25 janvier 2011, débutent des manifestations massives contre Hosni Moubarak. Le 1er février, plus d’un million de manifestants défilent dans le pays. Une marée humaine envahit la place Tahrir, au Caire, épicentre de la contestation.

Le 11 février, Moubarak démissionne et remet ses pouvoirs au Conseil suprême des forces armées. La répression du soulèvement a fait au moins 850 morts.

Egypte: l’ex-président Hosni Moubarak est mort à 91 ans

L’ex-président égyptien Hosni Moubarak, contraint à la démission après le soulèvement populaire de 2011, est mort mardi à l’âge de 91 ans à l’hôpital militaire Galaa au Caire, a indiqué à l’AFP son beau-frère le général Mounir Thabet.

La famille se trouvait toujours à l’hôpital mardi en milieu de journée, a ajouté le général en précisant que la présidence égyptienne se chargerait d’organiser les funérailles de Moubarak, qui a dirigé l’Egypte pendant trois décennies.

Le 24 janvier, son fils, Alaa Moubarak avait indiqué sur Twitter que son père avait subi « une opération chirurgicale et (…) qu’il se portait bien, grâce à Dieu ».

Depuis sa destitution, la santé fragile de M. Moubarak a été l’objet d’incessantes spéculations et d’informations contradictoires faisant état tour à tour de dépression aiguë, d’un cancer, d’accidents cardiaques ou de problèmes respiratoires.

Ce dernier a régulièrement été hospitalisé et admis en soins intensifs, depuis qu’il a quitté le pouvoir.

La nouvelle de son décès a été confirmée et relayée par la télévision égyptienne et les grands titres de la presse locale, tels que le journal al-Ahram.

Parmi les premières réactions, la présidence actuelle a publié un communiqué présentant ses condoléances à la famille de l’ancien autocrate, présenté comme l’un des « héros de la guerre d’octobre 1973 (NDRL: contre Israël) », durant laquelle il avait dirigé l’armée de l’air.

A l’autre bout du spectre politique, Mohamed el-Baradei, prix Nobel et figure de proue de l’opposition libérale à l’ancien autocrate, a également présenté ses condoléances à la famille du défunt.

Les prétendants à l’après-Merkel sortent du bois en Allemagne

Trois poids lourds du parti conservateur allemand ont officialisé mardi leur candidature pour diriger cette formation en pleine crise, lançant la course pour remplacer Angela Merkel à la chancellerie à l’horizon 2021.

Il s’agit d’une part de Friedrich Merz, un ennemi de longue date de la chancelière allemande, qui s’est présenté mardi comme le candidat « de la rupture et du renouveau » et prône un coup de barre à droite de ce parti qui a dominé la vie politique nationale depuis plus de 70 ans.

Visage fermé et ton sec, cet avocat d’affaires de 64 ans a estimé que l’Union démocrate-chrétienne (CDU) comme le pays avaient besoin de « leadership », une pique lancée à Mme Merkel, pour aider l’Europe à sortir de son « désarroi routinier » face aux défis mondiaux.

L’homme avait été écarté au début des années 2000 de la tête du parti par une certaine… Angela Merkel, et ne l’a depuis jamais digéré. Il a assuré vouloir « reconquérir » les électeurs partis au centre comme à l’extrême droite, et viser « la victoire, et non une place » au sein de la future direction du parti.

Il devra affronter un « ticket » comprenant un baron régional CDU modéré, Armin Laschet, partisan de la continuité avec le cap centriste d’Angela Merkel, et l’étoile montante du parti, Jens Spahn, 39 ans, favorable pour sa part à une inflexion à droite du mouvement.

– Crise sans précédent –

Les deux hommes ont fait mardi acte de candidature.

Le parti « traverse la plus grave crise de son histoire », a lancé Jens Spahn dans un plaidoyer en forme de règlement de comptes avec les années Merkel.

« Si nous continuons comme cela, nous risquons notre avenir en tant que grand parti », a-t-il dit. Et « je ne veux pas qu’Angela Merkel reste dans l’histoire comma la dernière chancelière CDU » en Allemagne.

Dimanche, le mouvement démocrate-chrétien a subi une déroute lors d’élections locales à Hambourg, n’arrivant qu’en troisième position avec 11,2% des voix, loin derrière les sociaux-démocrates et les Verts.

A ce trio de candidats s’ajoute un autre centriste, Norbert Röttgen, écarté il y a quelques années du gouvernement par la chancelière.

L’ouverture de ce bal des prétendants, pour prendre la succession d’Angela Merkel au plus tard fin 2021 lors des prochaines élections législatives, a été accélérée par la crise que traverse le mouvement.

La CDU enchaîne les revers électoraux et s’effrite dans les intentions de vote nationales, concurrencée d’un côté par l’extrême droite de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) et au centre par les écologistes en plein essor.

– Désorienté –

Le parti apparaît depuis des mois désorienté, sans direction et à la recherche d’une ligne cohérente à mesure que le crépuscule de l’ère Merkel entamée en 2015 se précise.

Les tiraillements internes ont atteint leur paroxysme au sujet de la question d’alliances avec l’extrême droite ou l’extrême gauche.

Les élus locaux CDU de la région de Thuringe ont d’abord opté pour la première option, avant de choisir la deuxième, provoquant une levée de boucliers car ces rapprochements brisent des tabous politiques dans l’Allemagne d’après-guerre.

L’affaire a déjà poussé l’actuelle présidente du parti, Annegret Kramp-Karrenbauer, surnommée AKK, à démissionner et ouvrir la course à la succession d’Angela Merkel.

L’élection du prochain président par les délégués du parti est prévue le 25 avril lors d’un congrès extraordinaire à Berlin.

Elle s’annonce comme une nouvelle confrontation fratricide, comme celle qui avait vu AKK difficilement élue fin 2018.

Contestée d’entrée et peu populaire, elle a fini par jeter l’éponge un peu plus d’un an plus tard.

Une chose est établie: le futur dirigeant du parti sera aussi son candidat à la chancellerie lors des élections législatives.

Le choix du futur président de parti « constituera un signal clair pour la candidature à la chancellerie », selon AKK. M. Merz a néanmoins rappelé qu’il faudrait se concerter sur ce point avec le parti-frère bavarois de la CSU (Union chrétienne-sociale).

Quoiqu’il arrive, la dernière année et demi de mandat d’Angela Merkel s’annonce compliquée avec ces manœuvres en coulisses qui risquent d’éclipser le travail du gouvernement. Certains l’invitent même à quitter le pouvoir plus tôt que prévu pour permettre une transition rapide.

En Syrie, vivre sous terre pour échapper à la guerre

Dans une oliveraie ensoleillée du nord-ouest syrien, Chamseddine Darra descend une volée de marches qui s’enfoncent sous terre. Fuyant l’offensive du régime, lui et sa famille n’ont eu d’autre choix que de s’installer dans une caverne.

Le trentenaire partage avec ses trois frères et leur famille cette « grotte » exiguë, creusée au milieu des champs vallonnés de la région d’Idleb, près du village de Taltouna.

Ils ont abandonné leur maison il y a deux semaines dans l’est de cette province pour échapper aux bombardements meurtriers du régime de Bachar al-Assad et de son allié russe, qui ont repris en décembre leur assaut contre l’ultime grand bastion jihadiste et rebelle de Syrie.

« On vit ici contre notre gré », lâche le Syrien à la barbe fournie.

« On n’avait pas de tentes. On est resté deux jours dans la mosquée du village, on a cherché un abri mais on n’a rien trouvé », ajoute ce père de huit enfants.

Ils habitent donc ce souterrain inoccupé, creusé par les villageois dans la roche du sol pour s’y réfugier en cas de bombardements.

Ils y vivent dans une pénombre permanente. La cave est éclairée uniquement par la lumière qui parvient de l’entrée. Au sol sont étalés un grand tapis et des matelas en mousse.

Assis en cercle, les enfants et les adultes petit-déjeunent, plongeant un morceau de pain dans les assiettes de houmous et de zaatar.

Dans un coin, leurs affaires s’entassent sous une couverture rouge. A l’extérieur, un panneau solaire permet de fournir un peu d’électricité.

« On souffre de l’humidité, les enfants sont malades, il y a aussi des insectes », regrette M. Darra, emmitouflé dans un sweat à capuche noir.

– « Pas d’autres choix » –

En raison des violences, quelque 900.000 personnes ont été déplacées depuis début décembre dans le nord-ouest syrien, selon l’ONU.

Parmi elles, 170.000 civils vivent en plein air ou dans des bâtiments inachevés, faute d’avoir pu trouver un logement ou une tente dans les camps de déplacés bondés.

Abou Mohamed partage avec ses proches une grotte souterraine près de Taltouna, après avoir fui son village dans l’ouest de la province voisine d’Alep.

Ils sont une quarantaine de personnes au total. Dans un coin, des bocaux de provisions s’alignent. Assises sur un tapis en jute, les femmes préparent à manger. L’une d’elles mélange des légumes en sauce tomate à des morceaux d’une sorte de mortadelle, sur un réchaud à gaz.

A leur arrivée, « la grotte était sale, il y avait des excréments d’animaux » se souvient Abou Mohamed.

« Les habitants du village nous ont prévenu qu’il y avait des scorpions et des serpents, mais on n’avait pas d’autres choix », déplore ce quadragénaire à la barbe et aux cheveux grisonnants.

Régulièrement, des correspondants de l’AFP rencontrent des civils contraints de passer la nuit dans leur voiture malgré les températures hivernales, ou installés dans des écoles, des mosquées, voire des prisons désaffectées, transformées en abri temporaire.

– « Peur de la mort » –

A Sarmada, dans le nord d’Idleb, une soixantaine de familles s’entassent dans le funérarium d’un cimetière.

Le jour, quand la météo le permet, hommes et femmes se dégourdissent les jambes dans les allées, ou s’assoient dans l’herbe avec leurs enfants, près des pierres tombales en marbre blanc.

Le vaste hall funéraire lumineux, chauffé grâce à plusieurs poêles, a été divisé en deux sections, une pour les femmes et une pour les hommes.

Les pleurs des nourrissons se mêlent au brouhaha des conversations. Ici et là, des affaires sont entassées pêle-mêle: des matelas, des tapis, des casseroles et des réserves de nourriture.

« Il y a beaucoup de familles à l’intérieur », soupire Youssra Harssouni, posée près d’une tombe avec deux petits.

Elle reconnaît que cette proximité avec la mort suscite des frayeurs.

Une nuit, un enfant s’est mis à hurler et les gens ont pensé qu’il était habité par un esprit, raconte-t-elle.

« Le cheikh est venu lire le Coran à deux reprises », poursuit la grand-mère, enveloppée dans des voiles noirs qui ne dévoilent que son visage et ses mains.

Elle s’est toutefois résignée à cette cohabitation.

Ayant fui les bombardements sur la ville d’Ariha avec sa belle-fille et ses petits-enfants, elle vit ici depuis une dizaine de jours.

« Bien sûr, au milieu des tombes, il y a la peur de la mort », admet-elle. « Mais bon, entre la peste et le choléra… », confie-t-elle, fataliste.

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Virus: Rome reconnaît un dysfonctionnement, des ministres européens à Rome

Le Premier ministre Giuseppe Conte a reconnu un dysfonctionnement dans un hôpital local ayant favorisé la propagation du nouveau coronavirus en Italie, qui accueille mardi une réunion des ministres de la Santé des pays voisins pour adopter des règles communes.

M. Conte a ainsi mis en cause la gestion « pas complètement appropriée » d' »un hôpital » pour expliquer une diffusion spectaculaire depuis vendredi du virus en Italie, le pays européen le plus touché avec 229 cas dont sept décès, et le troisième au monde après la Corée du Sud et la Chine.

« Désormais nous le savons, il y a eu une gestion au niveau d’une structure hospitalière pas complètement appropriée selon les protocoles de précaution recommandés dans de tels cas et cela a certainement contribué à la diffusion », a-t-il déploré sur chaîne publique Rai Uno.

Le principal foyer de l’épidémie a été identifié à Codogno, près de Lodi, à 60 km au sud de Milan. C’est dans cette localité de 15.000 habitants qu’avait été d’abord hospitalisé, mercredi dernier, Mattia, un cadre de 38 ans.

Il est considéré comme le « patient 1 », d’où découle une grande quantité de cas recensés en Lombardie (nord-ouest), la région la plus touchée par le virus avec 172 cas détectés sur un total de 229.

Selon les médias, outre sa femme enceinte de 8 mois et d’autres proches, plusieurs des médecins qui l’ont examiné ont été infectés, ainsi que des infirmiers, des aides-soignants puis des patients et leur entourage.

Puisque la Santé en Italie est de la compétence des régions, le chef du gouvernement a aussi décidé de réunir mardi matin tous les présidents régionaux en vue de mieux se coordonner et d’éviter « des initiatives autonomes ».

Parallèlement, les ministres de la Santé de la France, la Suisse, l’Autriche, la Slovénie, la Croatie, frontaliers de l’Italie ainsi que l’Allemagne et l’Union européenne se réuniront dans l’après-midi à Rome pour tenter de définir des « lignes d’action communes » face à l’épidémie, alors que les pays européens ont jusqu’ici réagi en ordre dispersé. Une équipe de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) est également arrivée sur place.

La France a ainsi édicté une série de recommandations pour les personnes revenant des deux régions italiennes les plus touchées par le nouveau coronavirus, la Lombardie et la Vénétie, en leur demandant notamment d’éviter « toute sortie non indispensable ». Ces recommandations gouvernementales portent sur les 14 jours suivant le retour (durée jugée suffisante pour couvrir la période d’incubation du virus).

L’épidémie de coronavirus « est à nos portes », a averti mardi le ministre français de la Santé Olivier Véran avant son départ pour Rome. « On ne ferme pas les frontières car ça n’aurait pas de sens », a-t-il ajouté.

– « Mission impossible » –

Londres a aussi demandé à ses ressortissants revenant de ces zones de rester isolés chez eux, d’éviter tout contact avec d’autres personnes et de se faire connaître auprès des services de santé.

La réunion à Rome devrait débuter à 16H00 locales (15H00 GMT).

Malgré la soudaine flambée depuis vendredi des cas, passés de 6 à près de 230 en quatre jours, le nombre de cas de contamination s’est stabilisé lundi en Italie. Un cordon sanitaire a été mis en place autour de onze communes du Nord comptant 52.000 habitants. Les lieux publics y sont fermés, sauf les supermarchés et les pharmacies de garde.

Les régions les plus touchées sont la Lombardie, voisine de la Suisse, et la Vénétie, frontalière de la Slovénie. Mais sont également concernés: le Piémont, qui jouxte la France, et le Trentin-Haut-Adige, qui est frontalier de l’Autriche.

Par précaution, toutes les excursions scolaires sont suspendues à l’intérieur et l’extérieur de la péninsule, tout comme les activités liées aux activités Erasmus (programme d’échanges d’étudiants européens).

La progression du coronavirus a aussi conduit plusieurs fédérations sportives italiennes à bouleverser leur programmation. Des matches de la Ligue Europa et du championnat d’Italie se tiendront ainsi à huis clos.

Un cinéma italien sur deux est fermé et la production du prochain volet « Mission Impossible », avec l’acteur américain Tom Cruise en vedette, a été interrompue en Italie, où étaient notamment prévues trois semaines de tournage à Venise.

A Zorlesco, en zone rouge italienne, la vie au temps du coronavirus

L’enterrement de la vieille dame s’est déroulé en cinq minutes. Juste le temps pour le curé de dire une bénédiction, en présence d’une seule parente et de deux croque-morts. Zorlesco, village tranquille du nord de l’Italie, se plie désormais aux règles de la vie en « zone rouge ».

Don Nunzio Rosi, le curé de ce petit bourg de 1.700 âmes, dont la vie s’organise traditionnellement autour de l’église, du bar-tabac et de l’épicerie, vient, quarantaine oblige, témoigner à la sortie du village.

Zorlesco est situé en pleine « zone rouge », à côté de Codogno, un des foyers d’infection du coronavirus dans le nord de l’Italie, pays le plus touché par l’épidémie en Europe, avec sept morts depuis vendredi. Les carabiniers empêchent toute sortie et préviennent ceux qui veulent pénétrer dans le village: « vous entrez, vous ne sortez plus ».

Affable, souriant, le curé, bible sous le bras, revient de l’enterrement de sa paroissienne, « morte de vieillesse, pas du coronavirus », souligne-t-il à l’AFP. Aucun malade n’a encore été recensé à Zorlesco, mais le bourg a basculé depuis dimanche dans une autre dimension.

« Dans notre petit village, tout a changé depuis trois jours. Il y a une atmosphère quasi irréelle. Aucun d’entre nous ne pensait se retrouver un jour dans la situation de ces villes en Chine. On les voyait à la télévision et on se disait: les pauvres, obligés de rester confinés à la maison… »

Aujourd’hui, les habitants de Zorlesco ne peuvent plus sortir, les magasins, les commerces, sont fermés. « Même l’église ! », s’étonne presque Don Nunzio. En zone rouge, interdiction de célébrer la messe en présence des paroissiens. Le curé officie seul, portes closes.

Dans cette région très pratiquante, il laisse cependant son église ouverte quelques heures le matin pour que les fidèles, un à un, puissent venir faire « une petite prière ». Il envoie également à ses paroissiens des messages de réconfort et des extraits de l’Evangile sur messagerie whatsapp.

– Chaîne de solidarité –

Après la déclaration de la mise en quarantaine de onze communes du nord de l’Italie dimanche, il y a bien eu un « mouvement de panique », et ses paroissiens ont « pris d’assaut les supermarchés de Codogno », qui jouxte le village, reconnaît Don Nunzio.

Mais « à quelque chose malheur est bon. Nous tirons tous des leçons de cette situation, les gens vont de l’avant et font preuve de bonne volonté jusqu’à présent », assure le curé.

« D’habitude, on est stressés par le boulot, on court toujours. Là, par la force des choses, les familles se retrouvent et passent du temps ensemble. On se salue, on prend des nouvelles, une chaîne de solidarité se met en place », s’enthousiasme-t-il, soulignant que les villageois ne restent pas confinés chez eux.

Comme pour lui donner raison, une jeune femme, non masquée, passe d’un pas vif sur le trottoir et lance: « que c’est bon de se promener! ».

« On va s’en sortir, on va s’en sortir », opine un vieux monsieur, Luigi Malabarba, dont la maison est située juste à la sortie du village.

– Au bord de la crise de nerfs –

Tout le monde ne partage pourtant pas cette vision optimiste en Lombardie, et le coronavirus fait aussi des dégâts dans les têtes.

« C’est dingue. On ne parle que de ça. QUE DE CA », s’exclame Lorenzo, un banquier de la province (département) de Brescia, qui ne souhaite pas donner son nom de famille.

« Il y a des théories conspirationnistes, même chez les gens les plus cultivés, on entend certains dire « c’est à cause des Chinois », d’autres assurer que si Matteo Salvini (le chef de l’extrême-droite italienne, ndlr) avait été là on n’aurait pas eu cette crise », raconte-t-il. « Les extrémistes ont un boulevard, et l’économie s’effondre », s’inquiète le banquier.

Les supermarchés pris d’assaut, les fake news qui s’emballent, de faux volontaires de la Croix rouge proposant des tests aux habitants placés en quarantaine… « Nous sommes un pays au bord de la crise de nerfs », déplore-t-il.

Egypte: l’ex-président Hosni Moubarak est mort à 91 ans

L’ex-président égyptien Hosni Moubarak, contraint à la démission après le soulèvement populaire de 2011, est mort mardi à l’âge de 91 ans à l’hôpital militaire Galaa au Caire, a indiqué à l’AFP son beau-frère le général Mounir Thabet.

La famille se trouvait toujours à l’hôpital mardi en milieu de journée, a ajouté le général en précisant que la présidence égyptienne se chargerait d’organiser les funérailles de Moubarak, qui a dirigé l’Egypte pendant trois décennies.

Le 24 janvier, son fils, Alaa Moubarak avait indiqué sur Twitter que son père avait subi « une opération chirurgicale et (…) qu’il se portait bien, grâce à Dieu ».

Depuis sa destitution, la santé fragile de M. Moubarak a été l’objet d’incessantes spéculations et d’informations contradictoires faisant état tour à tour de dépression aiguë, d’un cancer, d’accidents cardiaques ou de problèmes respiratoires.

Ce dernier a régulièrement été hospitalisé et admis en soins intensifs, depuis qu’il a quitté le pouvoir.

La nouvelle de son décès a été confirmée et relayée par la télévision égyptienne et les grands titres de la presse locale, tels que le journal al-Ahram.

Parmi les premières réactions, la présidence actuelle a publié un communiqué présentant ses condoléances à la famille de l’ancien autocrate, présenté comme l’un des « héros de la guerre d’octobre 1973 (NDRL: contre Israël) », durant laquelle il avait dirigé l’armée de l’air.

A l’autre bout du spectre politique, Mohamed el-Baradei, prix Nobel et figure de proue de l’opposition libérale à l’ancien autocrate, a également présenté ses condoléances à la famille du défunt.

Gaza: retour au calme après des affrontements entre Israël et le Jihad islamique

Le calme est revenu mardi dans la bande de Gaza et dans le sud israélien après deux jours d’affrontements entre Israël et le groupe palestinien armé Jihad islamique, qui ont fait craindre une escalade militaire à l’approche des élections israéliennes.

Environ 80 roquettes ont été tirées dimanche et lundi par le Jihad islamique depuis l’enclave palestinienne, selon Israël qui a bombardé des cibles du mouvement islamiste à Gaza, mais aussi près de Damas, en Syrie.

Mardi matin, les autorités israéliennes ont annoncé la réouverture de plusieurs routes dans le sud d’Israël fermées lundi et la reprise du trafic ferroviaire entre les villes d’Ashkelon et Sdérot, proches de l’enclave palestinienne.

L’armée israélienne n’a fait état d’aucun tir de roquettes depuis la bande de Gaza. Et des journalistes de l’AFP dans cette enclave n’ont pas rapporté de frappe israélienne.

Quelque 65.000 élèves ont toutefois été sommés de rester à la maison pour la deuxième journée consécutive dans des villes israéliennes jouxtant le territoire palestinien.

Selon des responsables, le point de passage d’Erez, entre Israël et la bande de Gaza, doit rouvrir mais uniquement pour permettre la sortie des étrangers et des personnes nécessitant des soins médicaux.

Les autorités israéliennes avaient décrété lundi sa fermeture, et celle du point de passage de Kerem Shalom pour les marchandises, et annoncé la fermeture totale de la zone maritime de la bande de Gaza, empêchant ainsi les pêcheurs de sortir en mer.

Dirigée par le Hamas, autre mouvement islamiste palestinien, la bande de Gaza a connu trois guerres avec l’Etat hébreu en 11 ans et est soumise à un strict blocus terrestre, aérien et maritime israélien depuis 2007.

– Pause électorale –

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son rival Benny Gantz, ancien chef de l’armée qui avait d’ailleurs dirigé les forces israéliennes lors de la dernière guerre de Gaza en 2014, avaient annulé lundi soir des meetings électoraux en raison de la nouvelle flambée de violences.

Dans la dernière ligne droite de leur campagne pour les élections législatives du 2 mars, qui s’annoncent serrées selon les dernières projections, les deux candidats s’étaient toutefois rendus dans le sud du pays.

Si le Jihad islamique et le Hamas « ne cessent pas les frappes complètement -et je ne parle pas d’un jour ou deux, mais définitivement- nous devrons aller de l’avant avec une campagne (militaire) d’envergure », a prévenu lundi M. Netanyahu.

« Cette réalité ne peut continuer. Netanyahu, tu as échoué ! », a lancé Benny Gantz dans la ville de Sdérot, localité située à la lisière de Gaza, où la population a dû se cacher dans des abris en raison du barrage de roquettes du Jihad islamique.

Prônant la ligne dure, Benny Gantz a appelé au « retour des assassinats ciblés » contre les leaders des mouvements armés de Gaza et à des frappes « non conventionnelles » pour les affaiblir.

Après le retour au calme, le Hamas, qui observe depuis mai un accord de trêve avec Israël contrairement au Jihad islamique, a salué la « capacité de la résistance (palestinienne) à imposer ses règles » à l’armée israélienne.

« Le temps où les occupants utilisaient le sang de notre peuple pour leur campagne électorale est révolu », a déclaré un porte-parole du Hamas.

Deux images fortes restent de ces 36 heures d’affrontements qui ont fait craindre une véritable escalade des violences: un parc pour enfants de la ville israélienne de Sdérot abîmé par une roquette et un bulldozer israélien récupérant le corps inerte d’un combattant du Jihad islamique à Gaza.

A Abidjan, le « dernier horloger public » refuse de prendre sa retraite

« Docteur en montres! », peut-on lire sur un étal. A Abidjan, la capitale économique ivoirienne, le métier d’horloger public, autrefois florissant, est menacé de disparition sous l’effet conjugué des nouvelles technologies et de l’absence de relève.

Assis sous un parasol, dans une rue de Treichville, un quartier populaire d’Abidjan, Séraphin Kouassi Kouadio, 68 ans dont un demi-siècle à réparer les montres, se déclare « dernier horloger public » d’Abidjan.

Penché en avant sur une table, il scrute à l’aide d’une loupe les montres en panne qu’apportent pour réparation une dizaine de clients par jour – il peut ainsi gagner de 30 à 50 euros par jour. Et refuse de partir en retraite, en l’absence d’une relève « assurée et rassurante ».

« Je suis issu de la première promotion de l’Ecole d’horlogerie suisse d’Abidjan créée en 1968 », raconte le presque septuagénaire, vantant les moments de gloire de la montre-bracelet au poignet qui ont favorisé l’essor du métier de réparateur de rue.

« Nous étions des centaines et des milliers installés à tous les coins de rues des quartiers d’Abidjan, la mégalopole de quatre millions d’habitants à l’époque, pour apporter assistance aux personnes dont les montres présentaient des défaillances: pile hors service, remontoir bloqué… », se souvient-il avec beaucoup de regrets.

« Aujourd’hui, de ma génération, il ne reste presque personne, le métier a presque disparu », déplore-t-il.

– Téléphones portables et montres asiatiques –

Ces ateliers de réparation à ciel ouvert se transformaient également en points de ralliement pour discuter football, jouer aux dames ou parler de politique, à une période où la libre expression était contrôlée par le régime de parti unique (1960-1990).

L’avènement du téléphone portable, devenu un compagnon quotidien qui donne l’heure, a accéléré l’agonie des réparateurs de montres.

« Comme un malheur n’arrive jamais seul, la présence sur le marché de montres +made in China ou Indonesia+, aux qualités douteuses, et à des prix très abordables, a largement contribué à la mise à mort du métier », explique le sociologue Roger Manet.

« Les Ivoiriens réparent de moins en moins leurs montres », témoigne-t-il.

« Aujourd’hui (…) quand une montre tombe en panne, on la met au rebut et on préfère s’acheter une nouvelle », renchérit Hermann Konan, comptable de profession, venu déposer sa montre pour une révision.

L’absence d’écoles spécialisées après la fermeture, il y a plusieurs années, de la célèbre Ecole d’horlogerie suisse d’Abidjan, n’a pas permis d’assurer la relève.

– Les « bricoleurs » –

Conséquences: les réparateurs expérimentés et vieillissants, se faisant rares sur le marché, ont été submergés par des amateurs ayant appris sur le tas et dont le travail approximatif est largement critiqué.

A Abidjan cette nouvelle génération de réparateurs est raillée sous le sobriquet de « bricoleurs », sans niveau d’études ni expérience.

« Il n’y a plus de réparateurs d’expérience pour des montres de valeur. J’ai perdu trois montres à cause des bricoleurs », s’insurge Maude Phares, 20 ans, étudiant, une grosse montre au poignet.

Toutefois, comme pour Maude Phares, cette situation n’a pas entamé l’amour des « Botro » (montre de valeur en langue nouchi, l’argot abidjanais) au sein de la jeunesse ivoirienne.

Mis en avant par le « Zighéhi », un mouvement musical qui a précédé le très en vogue coupé-décalé, porter un « Botro » est synonyme de « classe », « d’élégance » et de « tendance ».

« Si le Botro est défaillant on change le moteur. La plupart des Botros sont fabriqués de telle sorte qu’on ne peut les démonter » explique un jeune réparateur de 22 ans, l’un des amateurs critiqués pour leur manque d’expertise.

La seule alternative possible pour remédier à la situation et promouvoir le savoir-faire des derniers horlogers publics d’Abidjan serait d’assurer la relève en créant une école de formation.

Le « dernier horloger public d’Abidjan », « Docteur en montres », comme il est surnommé affectueusement, ne désespère pas.

« Tant qu’il aura des montres, le métier ne va pas disparaître » complètement, veut-il se rassurer, se disant prêt et « encore d’attaque » pour former des jeunes, pourvu qu’il bénéficie d’un appui des autorités publiques.

Décès du dernier maréchal soviétique, figure du putsch anti-Gorbatchev

Le dernier maréchal de l’Union soviétique, Dmitri Iazov, impliqué dans le putsch contre Mikhaïl Gorbatchev et la répression du mouvement indépendantiste en Lituanie en 1991, est décédé mardi à 95 ans, selon les agences russes.

« Le 25 février, le maréchal de l’URSS Dmitri Timofeïevitch Iazov est décédé à Moscou après une longue maladie », ont indiqué les agences, citant un communiqué du ministère russe de la Défense.

Ministre de la Défense de l’URSS entre 1987 et 1991, il a participé au putsch manqué contre le dernier dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev en août 1991, un an après s’être vu attribuer le grade de maréchal. Une tentative de coup d’Etat de communistes conservateurs, opposés à ses réformes de l’Union soviétique.

Les putschistes avaient alors assuré que M. Gorbatchev était « incapable d’assumer ses fonctions pour raisons de santé ». Ils avaient proclamé l’état d’urgence pour six mois, le rétablissement de la censure et avaient fait entrer les chars dans Moscou.

Le coup a échoué et les putschistes ont été arrêtés trois jours plus tard, mais ces événements ont scellé le sort de l’Union soviétique, affaiblie par les indépendantistes dans les républiques et qui sera finalement dissoute en décembre 1991.

Arrêté avec les autres putschistes, Dmitri Iazov sera libéré de prison en 1993 et amnistié en 1994.

Après son décès, il ne reste qu’un seul putschiste encore en vie, Oleg Baklanov, qui était vice-président du Conseil de défense auprès du président soviétique au moment du putsch.

En 2019, Dmitri Iazov a par ailleurs été condamné à dix ans de prison par contumace par la justice lituanienne pour avoir participé à la répression en janvier 1991 du mouvement indépendantiste en Lituanie, alors république soviétique, qui avait fait 14 morts et plus de 700 blessés.

En tant que ministre de la Défense, il a aussi été au coeur d’une répression sanglante de janvier 1990 en Azerbaïdjan, Janvier Noir, qui a fait de nombreux morts civils.

Mais en Russie, il est resté une figure révéré. Le 4 février dernier, il recevait encore une décoration « pour services rendus à la patrie » en raison de son engagement en faveur des vétérans des mains du puissant ministre de la Défense, Sergueï Choïgou.

Il a aussi été décoré par le président Vladimir Poutine, qui lui a remis l’ordre de l’Honneur en 2004 et l’ordre Alexandre Nevski en 2014.

Moscou a aussi dénoncé sa condamnation en Lituanie.

Primaires démocrates: Sanders en pole position, Biden sous pression

Les candidats à la primaire démocrate se retrouvent pour un nouveau débat mardi en Caroline du Sud, quatre jours avant un vote crucial qui offrira à Joe Biden une dernière chance de revenir dans la course et d’enrayer la dynamique victorieuse de Bernie Sanders.

M. Sanders est jusqu’ici le grand vainqueur de ces primaires, après avoir obtenu samedi 46,8% des suffrages dans le Nevada, loin devant l’ancien vice-président américain.

Mais son avance illustre la fracture au sein du parti, entre les partisans du sénateur « socialiste » autoproclamé et les tenants d’un discours jugé plus rassembleur destiné à l’électorat conservateur.

A Charleston, il affrontera six candidats lors de ce dixième rendez-vous avec les téléspectateurs (20H00 locales, 01H00 GMT mercredi): Joe Biden, Michael Bloomberg, Pete Buttigieg, Amy Klobuchar, Tom Steyer et Elizabeth Warren.

A 78 ans, M. Sanders sera dans le viseur de ses adversaires modérés –Biden, Bloomberg, Buttigieg, Klobuchar– qui devraient de nouveau l’attaquer sur son programme trop radical à leurs yeux, le financement jugé flou d’une assurance santé universelle, ou sur ses récents commentaires sur Fidel Castro.

Dimanche, il a notamment salué le « programme massif d’alphabétisation » lancé par le père de la révolution cubaine, tout en assurant condamner « la nature autoritaire du régime ».

Joe Biden a condamné une « admiration » pour des éléments de la dictature de Castro. Michael Bloomberg a rappelé le « sombre héritage » laissé par le dictateur.

Mais l’élu du Vermont, qui bénéficie d’une armée de militants fidèles, s’est révélé un tribun hors pair depuis le début de la campagne.

« Les idées qui semblaient radicales il y a quatre ans sont devenues en quelque sorte dominantes », a-t-il ainsi affirmé dimanche sur CBS.

Joe Biden joue gros lors de ce débat. L’ex-bras droit de Barack Obama espère faire un bon score en Caroline du Sud, cet Etat où les Noirs représentent plus de la moitié de l’électorat démocrate.

Après deux piteux scores dans l’Iowa et le New Hampshire, l’ancien vice-président âgé de 77 ans a relevé la tête dans le Nevada. Mais il a déçu lors des précédents débats où il s’est présenté comme le seul capable de battre Donald Trump en novembre.

– L’inconnue Steyer –

Son avance de près de quinze points dans les sondages en Caroline du Sud a fondu en quelques semaines et il se retrouve talonné par Bernie Sanders.

« Si vous gagnez la Caroline du Sud de manière décisive, vous préparez le +Super Tuesday+ et vous devenez le grand favori », a pronostiqué dimanche l’influent élu noir Jim Clyburn en référence aux scrutins organisés dans quatorze Etats le 3 mars.

Le milliardaire et philanthrope Tom Steyer, qui s’est illustré lors des récents débats, s’est concentré sur la communauté noire de l’Etat à coups de publicités et de réunions publiques.

Une stratégie qui lui permet de pointer en troisième position des intentions de vote, selon une moyenne réalisée par le site RealClearPolitics.

Derrière, l’ancien maire de South Bend (Indiana) Pete Buttigieg ainsi que les sénatrices Elizabeth Warren et Amy Klobuchar sont à la traîne.

M. Buttigieg, 38 ans, est le premier homosexuel à avoir une chance de décrocher l’investiture après de bons scores aux deux premiers scrutins. Mais il manque de soutien au sein des minorités du pays, qui lui reprochent son bilan en matière de discrimination raciale à la mairie et, pour certains électeurs religieux, son orientation sexuelle.

Après une première apparition ratée la semaine dernière, le milliardaire Michael Bloomberg retrouve l’estrade même s’il ne participe pas au vote samedi.

Troisième des sondages nationaux, l’ancien maire de New York, âgé de 78 ans, entrera dans la course lors du « Super Tuesday » après avoir puisé plus que n’importe quel autre candidat à une présidentielle américaine dans sa fortune personnelle pour faire campagne.

M. Bloomberg a déjà mis en garde contre une éventuelle investiture de M. Sanders, une « erreur fatale » qui fera selon lui réélire Donald Trump.

Depuis l’Inde où il est en visite officielle, le président américain s’est aussi invité dans le débat, en assurant lundi que les démocrates ne « laisseront pas gagner » Bernie Sanders.

Coronavirus: la pandémie menace, les marchés s’affolent

L’épidémie de pneumonie virale a atteint un « plateau » en Chine mais le monde reste menacé de pandémie, a averti l’OMS, alimentant mardi une nouvelle journée de panique sur les marchés financiers.

Avec cinq nouveaux pays touchés et une brusque hausse des bilans en Iran, en Corée du Sud et en Italie, la journée de lundi a été rude pour les Bourses mondiales, Wall Street essuyant sa plus forte chute depuis plus de deux ans.

Alors que plus de 2.000 cas de contamination, dont plus de 30 mortels, ont désormais été enregistrés hors de Chine, la journée de mardi ne s’annonce pas meilleure, Tokyo ayant déjà perdu 3,3% sur la séance.

En Chine, où le nouveau coronavirus est apparu en décembre sur un marché de Wuhan (centre), le bilan humain de mardi s’avérait cependant moins dramatique. Le pays a enregistré 71 nouveaux décès au cours des dernières 24 heures, le chiffre le plus bas depuis près de trois semaines.

Le nombre quotidien de nouvelles contaminations est en revanche reparti à la hausse à 508 contre 409 la veille, même s’il reste très inférieur aux chiffres enregistrés il y a encore une semaine.

– Retour des voitures –

Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la situation en Chine est globalement en voie d’amélioration.

Selon l’agence spécialisée de l’ONU, l’épidémie a connu un « pic » puis un « plateau » entre le 23 janvier et le 2 février, soit juste après la mise en quarantaine de Wuhan et ses 11 millions d’habitants.

Son directeur général, Tedros Adhanom Ghebreyesus, n’en a pas moins averti que le monde restait menacé de pandémie, à savoir une épidémie d’ampleur internationale.

« Nous devons nous concentrer sur l’endiguement (de l’épidémie), tout en faisant tout notre possible pour nous préparer à une éventuelle pandémie », a-t-il déclaré lundi à Genève.

En dehors de la région de Wuhan, toujours en quarantaine, la vie semblait reprendre un cours un peu plus normal en Chine, notamment à Pékin où la circulation automobile s’intensifiait.

Apple a rouvert plusieurs de ses magasins fermés depuis près d’un mois. Mais les universités ne rouvriront pas tant que l’épidémie n’aura pas été maîtrisée, a averti le ministère de l’Education.

– Reflux en Corée –

Ailleurs dans le monde, l’OMS juge « très préoccupante » l’augmentation soudaine de nouveaux cas en Italie, en Corée du Sud et en Iran.

Après un pic de 231 nouvelles contaminations annoncées lundi, la Corée du Sud a connu un reflux, avec 60 nouveaux cas répertoriés mardi. Deuxième foyer mondial derrière la Chine, la Corée du Sud compte désormais 893 patients contaminés, dont huit mortellement.

Les Etats-Unis ont annoncé qu’ils pourraient « réduire » un exercice militaire prévu au printemps avec l’armée sud-coréenne. Quelque 37.000 soldats américains sont stationnés dans ce pays.

Le Japon, qui a annoncé le décès d’un quatrième passager issu du paquebot contaminé Diamond Princess, a décidé de reporter sept matches de football qui devaient se jouer mercredi.

– « Mission impossible » suspendue –

En Europe, l’Italie, qui compte désormais sept morts, est devenue le premier pays du continent à mettre en place un cordon sanitaire autour d’une dizaine de communes du Nord.

Le tournage prévu à Venise du prochain volet de « Mission Impossible », avec Tom Cruise en vedette, a été suspendu.

Rome organise mardi après-midi une réunion des ministres de la Santé de pays voisins (France, Suisse, Autriche, Slovénie, Croatie, Allemagne ainsi que l’UE) afin de déterminer « des lignes d’action communes » face à l’épidémie.

La Commission européenne a fait savoir qu’elle ne souhaite pas dans l’immédiat le rétablissement de contrôles aux frontières à l’intérieur de l’UE.

– L’OMS en Iran –

En Iran, une équipe d’experts de l’OMS est attendue dans la journée, au lendemain de l’annonce d’un bilan de 12 morts, le plus lourd en dehors de la Chine.

Inquiets de la contagion, l’Arménie, la Turquie, la Jordanie, le Pakistan, l’Irak et l’Afghanistan ont fermé leur frontière ou restreint les échanges avec l’Iran.

Cinq pays de la région ont annoncé lundi de premiers cas de contamination: Afghanistan, Bahrein, Koweit, Irak et Oman.

Aux Etats-Unis, l’administration Trump prévoit de consacrer 2,5 milliards de dollars (2,3 milliards d’euros) à la lutte contre la maladie. Jusqu’à présent, 53 cas de coronavirus ont été recensés dans ce pays, parmi lesquelles 39 personnes rapatriées de Chine et du Diamond Princess.

burs-bar/lch

Une ex-journaliste au coeur de la joute pour le vote éthiopien en Israël

« Egalité! » clame Pnina Tamano-Shata, première femme née en Ethiopie à siéger au Parlement israélien et qui hérite d’une mission de taille pour les élections: rallier les voix d’une minorité « discriminée » pour chasser du pouvoir le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Après deux duels au coude-à-coude lors des précédentes élections, Benjamin Netanyahu, chef du Likoud (droite), et son rival Benny Gantz, à la tête de la formation « Bleu-Blanc » (centre), misent sur des minorités pour gagner le « vote de plus » pouvant les départager lors du scrutin du 2 mars.

Et cette campagne de séduction bat son plein chez les quelque 140.000 Israéliens d’origine éthiopienne, dont 50.000 sont nés en Israël.

Collier de perles et veston beige, Mme Tamano-Shata, ex-journaliste de la première chaîne israélienne et aujourd’hui élue du parti « Bleu-Blanc », fait son entrée dans un petit café de Hadera, ville au nord de la métropole de Tel-Aviv où vivent des milliers d’Israéliens d’origine éthiopienne.

Non loin, au pied d’un immeuble défraîchi d’un quartier populaire, des habitants observent nerveusement la ronde d’une voiture de police. La mort, en juin 2019, de Solomon Teka, un Israélien d’origine éthiopienne de 19 ans, tué par un policier qui n’était pas en service, a suscité la colère au sein de la communauté.

– Du Likoud à « Bleu-Blanc » –

« Il y a plus d’Ethiopiens en prison, plus de brutalité policière, plus de pauvreté et un taux de suicide élevé » dans la communauté éthiopienne, tonne Mme Tamano-Shata, le poing serré, pour qui mettre fin aux « discriminations » est une priorité nationale.

« Ma génération a hérité de la responsabilité de se battre sans relâche pour être acceptée par la société israélienne et pour affirmer que nous ne sommes pas différents, que nous sommes égaux », déclare à l’AFP l’élue de 38 ans, arrivée en Israël à l’âge de trois ans.

A l’époque, au début des années 1980, la famine sévit en Ethiopie. Sur les chaînes de télévision occidentales, le groupe Band Aid et des tubes comme « We are the world » inondent les écrans pour venir en aide aux enfants d’Ethiopie.

Avec sa mère enceinte, son père et ses soeurs, Pnina Tamano-Shata migre vers un camp au Soudan voisin, d’où des milliers de juifs éthiopiens seront ensuite, comme elle, secrètement exfiltrés vers Israël dans le cadre de « l’opération Moïse » (1984-1985).

« Depuis des générations, nous rêvions de Jérusalem. Je suis née dans un petit village sans électricité, et ma famille a compris que le temps était venu » de se rendre en Israël, explique-t-elle, énumérant la traversée du désert, la famine et l’insalubrité des camps soudanais.

Mais une fois en Israël, les difficultés continuent, déplore Avi Yossef, un juif éthiopien de 35 ans, né dans un camp de réfugiés au Soudan.

« Avant que les gens te connaissent, ils voient ta couleur (de peau) », dit-il. « Tu as toujours besoin de prouver qui tu es, même si tu parles parfaitement hébreu, que tu es juif et que tu as grandi ici ».

« Habituellement, on vote pour le Likoud puisque c’est le parti qui a ramené les Ethiopiens en Israël. Mais aux dernières élections, on a voté pour le parti ‘Bleu-Blanc’, où il y avait deux représentants de la communauté », poursuit-il.

– « Présidente d’Israël » –

Ces dernières semaines, le Likoud a coopté un ancien député « Bleu-Blanc » d’origine éthiopienne Gadi Yevarkan, en lui assurant un siège au Parlement et le gouvernement a autorisé le « rapatriement » de 400 Ethiopiens.

« Bibi (surnom du Premier ministre), les immigrants éthiopiens ne sont pas à vendre, hormis peut-être un », a répliqué une campagne du parti Bleu-Blanc en référence à M. Yevarkan.

La communauté éthiopienne qui vote traditionnellement pour le Likoud se sent « trahie » par « l’inaction » du gouvernement en matière d’égalité des chances, d’où le report récent de voix vers « Bleu-Blanc », explique Alon Burstein, chercheur ayant travaillé sur la politisation des Ethiopiens en Israël.

Selon lui, le vote de cette communauté pourrait être déterminant dans l’élection qui s’annonce une nouvelle fois serrée.

Le Likoud et le parti « Bleu-Blanc » doivent chacun « aller chercher deux sièges de plus », soit l’équivalent d’un peu moins de 2% des voix, pour s’imposer, dit-il.

Un siège au Parlement représentant environ 40.000 voix, les 80.000 électeurs d’origine éthiopienne pourraient ainsi faire pencher la balance et permettre la formation d’une coalition gouvernementale.

Pnina Tamano-Shata, elle, rêve de devenir ministre dans le prochain gouvernement et, un jour même, « présidente d’Israël ».

Arménie: l’ex-président Sarkissian devant la justice pour corruption

Le procès de l’ancien président arménien Serge Sarkissian, accusé de détournements de fonds publics, doit débuter mardi dans la capitale arménienne, près de deux ans après un soulèvement populaire qui l’avait chassé du pouvoir.

Agé de 65 ans, Serge Sarkissian a été inculpé en décembre et il lui est interdit de quitter le territoire de cette ancienne république soviétique du Caucase. En cas de condamnation, il risque jusqu’à huit ans de prison.

Selon les procureurs, l’ex-dirigeant a participé à l’élaboration d’un mécanisme dans lequel une entreprise privée a vendu du carburant à un prix bien supérieur au marché à un programme d’aide agricole du gouvernement arménien.

Les bénéfices de cette combine, près de 489 millions de drams (946 millions d’euros au taux actuel), ont été reversés à de hauts fonctionnaires et hommes d’affaires impliqués, affirment les procureurs.

Alors que l’accusation n’a fourni aucun élément prouvant que Serge Sarkissian ait touché directement une partie de cet argent, ce dernier, et son parti politique, ont dénoncé une affaire « fabriquée visant à faire taire l’opposition » et mettant en danger la démocratie.

L’enquête visant M. Sarkissian — qui faisait profil bas depuis sa démission en 2018 — l’a remis sur le devant de la scène et sous les critiques du Premier ministre, Nikol Pachinian, qui lui a succédé.

Né dans la région séparatiste du Haut-Karabagh, toujours en guerre contre l’Azerbaïdjan voisin, Serge Sarkissian a occupé diverses hautes fonctions de l’Etat avant de devenir président entre 2008 et 2018.

– Révolte populaire –

En avril 2018, sa tentative d’accéder au poste de Premier ministre, dont les pouvoirs venaient d’être renforcés, s’est heurtée à un important mouvement d’opposition qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes.

Cette tentative de M. Sarkissian, qui arrivait au terme de son deuxième mandat présidentiels, a cristallisé la frustration de la population de ce pays pauvre de près de 3 millions d’habitants, à l’économie fragile, où la corruption gangrène de nombreux secteurs.

Après plusieurs semaines d’une mobilisation pacifique menée par Nikol Pachinian, alors député, le mouvement a poussé au départ M. Sarkissian, dont la démission a été célébrée par des milliers de personnes en liesse dans les rues d’Erevan.

Depuis, Nikol Pachinian a été élu Premier ministre et mène une croisade contre la corruption.

Après avoir commencé sa carrière au Parti communiste, Serge Sarkissian s’est fait connaître en rejoignant, à la fin des années 1980, les séparatistes arméniens combattant contre l’armée azerbaïdjanaise dans le Haut-Karabagh.

Ce conflit, non résolu, a fait plus de 30.000 morts. Le long du front, les échanges de tir meurtriers sont encore fréquents.

En 2008, l’élection de M. Sarkissian a été suivie d’échauffourées entre la police et des militants d’opposition dénonçant un vote truqué. Ces affrontements, parmi les pires de l’histoire récente arménienne, ont fait dix morts, dont deux policiers.

Pendant ses deux mandats, Serge Sarkissian a joué un jeu d’équilibriste entre l’Occident et Moscou, l’ancienne capitale du temps de l’URSS.

En 2013, après une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, il a finalement refusé de signer un accord d’association avec l’Union européenne, pourtant négocié de longue date, et a opté pour un ralliement à l’Union économique eurasiatique soutenue par le Kremlin.

Au début de son premier mandat, Serge Sarkissian a également tenté, en vain, de normaliser les relations entre Erevan et la Turquie, mises à mal par la question du génocide des Arméniens par les Ottomans lors de la Première guerre mondiale.

Un autre ex-président arménien, Robert Kotcharian, fait également face à des poursuites criminelles. Il est soupçonné d’avoir truqué l’élection de 2008 en faveur de son successeur, Serge Sarkissian.

Harvey Weinstein ou la chute d’un producteur de cinéma visionnaire

Il était un producteur de cinéma visionnaire, faiseur d’Oscars, donateur du parti démocrate. Sa condamnation lundi pour agressions sexuelles, qui lui fait risquer jusqu’à 29 ans de prison, confirme la descente aux enfers d’Harvey Weinstein, considéré comme l’incarnation du prédateur sexuel par le mouvement #MeToo.

L’accession au gotha d’Hollywood de ce fils d’un diamantaire new-yorkais avait pris des années, il devint paria en quelques jours. En octobre 2017, le New York Times et le New Yorker publient les témoignages de femmes, actrices ou mannequins pour la plupart, accusant le producteur de les avoir agressées sexuellement, puis de les avoir parfois payées pour se taire.

Trois semaines après, plus de 80 femmes, dont des célébrités comme Ashley Judd, Angelina Jolie, Salma Hayek ou Léa Seydoux, l’avaient accusé de harcèlement ou d’agressions allant du baiser forcé au viol, à New York, Los Angeles, Cannes, Paris, Londres ou Toronto, sur plus de trois décennies.

Harvey Weinstein, 67 ans, marié deux fois et père de cinq enfants, a eu beau maintenir que ses relations étaient toutes consenties, le #MeToo était né: ce mouvement a dénoncé les abus sexuels présumés de centaines d’hommes de pouvoir.

Celui qui était la coqueluche des festivals du 7e art est banni de l’Académie du cinéma qui remet les Oscars. Les plaintes contre lui au civil se multiplient.

Le 25 mai 2018, il est inculpé à New York, mais pour deux agressions seulement, une en 2006 et l’autre en 2013. Les images du producteur menotté font le tour du monde.

En liberté surveillée jusqu’à son procès, il fait profil bas pendant des mois.

Peu avant le début du procès en janvier, il donne une rare interview, qui suscitera un tollé.

« J’ai fait plus de films réalisés par des femmes et sur des femmes que n’importe quel producteur (…) J’étais le premier! J’étais le pionnier! », déclarait-il au New York Post.

Lorsque six femmes commencent à témoigner contre lui fin janvier, il semble confiant, assis aux côtés de ses avocats.

Au fil des audiences, il lâche parfois quelques mots ou quelques sourires narquois aux journalistes. Après d’ultimes hésitations, il ne témoignera néanmoins pas, pour ne pas risquer de s’incriminer.

Lundi, après avoir été déclaré coupable d’agression sexuelle et de viol — mais exonéré d’accusations plus graves qui auraient pu lui valoir la perpétuité –, M. Weinstein, qui a paru physiquement affaibli pendant le procès, se déplaçant souvent avec un déambulateur, n’a montré aucune émotion.

Les huissiers l’ont emmené après le prononcé du verdict, et il n’a fait aucune déclaration. Son avocate Donna Rotunno, habituée aux déclarations controversées, a assuré qu’il avait pris le verdict « comme un homme ».

– Roi des Oscars –

Beaucoup d’accusations contre Harvey Weinstein datent des années 1990 ou du début des années 2000, les grandes années de Miramax, le studio qu’il créa en 1979 avec son frère cadet Bob (Mira pour leur mère Miriam, Max pour leur père).

Après « Sexe, mensonges et vidéo », de Steven Soderbergh, encensé par la critique en 1989, Miramax produit le premier succès de Quentin Tarantino, « Pulp Fiction » (1994), puis « Le Patient anglais » (1997, neuf Oscars) ou « Shakespeare in Love » (1998, sept Oscars).

Les frères Weinstein revendent Miramax à Disney dès 1993, mais y travaillent jusqu’en 2005, année où ils lancent The Weinstein Company, qui produira encore de grands succès, comme « Inglourious Basterds » de Tarantino (2009), « Le Discours d’un roi » (2010) ou « The Artist » (2011).

De 1990 à 2016, le producteur, surnommé « Harvey les ciseaux » pour ses interventions féroces au montage, décrocha 81 fois les célèbres statuettes d’Hollywood.

Lors de la cérémonie des Golden Globes en 2012, Meryl Streep le qualifia, en riant, de « Dieu ».

Aujourd’hui, s’il inspire Hollywood, c’est comme personnage maléfique: un thriller inspiré du scandale, « The Assistant », est sorti fin janvier et au moins un autre est en gestation, produit par Brad Pitt.

Un temps, sa fortune était évaluée entre 240 et 300 millions de dollars, et il contribuait généreusement aux campagnes de candidats démocrates, dont Barack Obama et Hillary Clinton.

Si ses avocats ont obtenu un pré-accord de 25 millions de dollars pour solder la plupart des plaintes déposées contre lui au civil, sans qu’il ait à verser un centime, l’argent lui file désormais entre les doigts.

Il a vendu depuis deux ans cinq de ses propriétés, pour 60 millions de dollars, selon l’accusation.

La Weinstein Company a disparu: mise en faillite, ses actifs ont été rachetés par le fonds d’investissement Lantern.

Il doit payer les pensions alimentaires de ses ex-femmes — la deuxième, la styliste Georgina Chapman, l’a quitté après le scandale — et des millions de dollars d’honoraires à ses avocats.

Mais il n’a peut-être pas dit son dernier mot. Ses avocats, qui ont affirmé tout du long que la médiatisation de son dossier le condamnait d’avance, ont promis lundi de faire appel.