Au Malawi, l’armée en dernier rempart de l’ordre constitutionnel

Ce fut l’une des images fortes de la longue crise politique qui a précédé l’annulation pour fraude de l’élection présidentielle de mai 2019 au Malawi: l’armée dans la rue pour assurer la protection de manifestants hostiles au gouvernement.

Pendant les six mois qui ont suivi le scrutin contesté, le pays a été le théâtre de violences entre la police et les partisans de l’opposition, qui dénonçaient la réélection à leurs yeux frauduleuse du président sortant Peter Mutharika.

La Cour constitutionnelle leur a donné raison début février en annulant, une décision historique, la présidentielle pour cause d' »anomalies systématiques et graves ».

Un nouveau scrutin est prévu le 19 mai prochain.

L’an dernier, les premières semaines de la contestation électorale ont été marquées par des heurts entre des manifestants et la police qui ont fait au moins 2 morts, dont un policier.

C’est dans ce contexte explosif que l’armée est sortie de ses casernes le 19 juillet 2019 pour apaiser les tensions, sans que l’on sache clairement qui le lui a ordonné.

« L’armée met son savoir-faire à la disposition des autorités civiles, que ce soit la police ou un autre service », avait justifié l’année dernière le chef d’état-major des Forces de défense du Malawi (MDF), le général Vincent Nundwe.

Son intervention avait été peu goûtée du président Mutharika, qui avait dans la foulée nommé trois nouveaux généraux à des postes-clés de l’état-major.

– ‘Respect constitutionnel’ –

Une forme de pression qui n’a guère ému le général Nundwe.

« Je me dois de faire respecter ce qui est inscrit dans la Constitution », avait-il expliqué. « Que le peuple manifeste, après tout c’est son droit le plus strict. Mais il ne doit pas empiéter sur les droits des autres ou détruire de biens ».

L’article 160 de la loi fondamentale malawite stipule que « les MDF doivent faire respecter et protéger l’ordre constitutionnel de la République et aider les autorités à accomplir leurs fonctions telles que définies par la Constitution ».

« Les MDF protégeront tout le monde, sans aucune considération tribale ou de quelque autre sorte », insiste l’officier supérieur.

Sur un continent où les hommes en treillis sont souvent associés aux coups d’Etat et à la répression, le rôle de tampon joué par ceux du Malawi a surpris à l’étranger.

« Les images récentes de soldats protégeant des manifestations de l’opposition sont contraires à l’image que beaucoup d’Africains se font de l’armée », note Nathan Chiume, un analyste politique établi aux Etats-Unis.

A l’inverse, l’armée malawite s’est déjà plusieurs fois distinguée dans un rôle de protection des institutions.

En 1993, un an avant l’avènement de la démocratie, ses soldats avaient démantelé l’aile paramilitaire du président de l’époque, Hastings Kamuzu Banda (1966-1994).

En 2012, ils étaient à nouveau intervenus à la mort brutale du président Bingu wa Mutharika. Le gouvernement de l’époque essayait alors d’empêcher la vice-présidente Joyce Banda de prendre le pouvoir, conformément à la Constitution. L’armée l’a vite contraint à obtempérer.

– ‘Confiance’ –

« Les MDF ont permis à la démocratie et à l’Etat de droit de s’imposer », se souvient Mme Banda. « Elles ont joué un rôle essentiel en apportant la justice au nom des pauvres et des sans-voix au Malawi », ajoute l’ex-cheffe de l’Etat.

Selon elle, les manifestations des derniers mois n’auraient pas eu lieu sans la confiance de l’opposition en « ses » militaires.

« Les MDF sont une institution sur laquelle le peuple du Malawi a toujours pu compter », confirme le principal adversaire du régime, Chakwera. « Ces derniers mois, les soldats ont maintes fois créé un environnement sûr qui a permis aux citoyens d’exercer leur droit à manifester pacifiquement ».

Officiellement, le camp de Peter Mutharika s’est réjouit du rôle joué par les militaires pendant la récente crise.

« (Ils) se sont toujours comportés de façon professionnelle », note le porte-parole du gouvernement Mark Botomani, « nous avons une des armées les plus disciplinées de la région ».

En coulisses toutefois, les partisans du président sortant ne cachent pas une certaine exaspération.

« Je ne pense pas que l’armée ait formellement outrepassé son rôle », juge l’un d’eux, Joshua Khan, mais « elle aurait dû empêcher les manifestations. Il y a eu des morts ! » « Les marches pacifiques sont devenues violentes et les MDF ont semblé d’accord avec ça », déplore-t-il.

Malgré ces critiques, les deux camps restent persuadés que l’armée saura garder sa neutralité lors du nouveau scrutin à venir, malgré les inévitables tensions.

« Les MDF resteront impartiales », assure le général à la retraite Marcel Chirwa. « Elles barreront la route du pouvoir à tout parti considéré comme un ennemi des citoyens », ajoute-t-il, « mais rentreront dans leurs casernes (…) sitôt la menace écartée ».

Nigeria: 50 personnes tuées dans une attaque de « bandits » dans le Nord

Au moins 50 personnes ont été tuées dimanche lors d’une attaque de bandits armés dans trois villages de l’Etat de Kaduna, dans le Nord du Nigeria, ont indiqué lundi la police locale et des habitants.

Une centaine d’hommes armés, soupçonnés d’appartenir à un gang spécialisé dans le vol de bétail et les kidnappings, ont attaqué les villages de Kerawa, Zareyawa et Marina dans le district d’Igabi, tirant sur des habitants, pillant et incendiant des maisons, selon la police locale.

« Le commandement de la police a reçu un rapport sur ces attaques et nous avons envoyé des hommes dans la zone pour rassembler davantage d’informations », a déclaré à l’AFP le porte-parole de la police de l’Etat, Mohammed Jalige.

Un député de Kaduna et des habitants ont quant à eux fait état d’au moins 50 corps retrouvés, un bilan provisoire qui pourrait s’alourdir.

« Jusqu’à présent, 50 corps ont été retrouvés mais le chiffre n’est pas définitif et devrait très probablement augmenter car les opérations de secours sont toujours en cours », a déclaré le député Zayyad Ibrahim.

Les bandits ont attaqué les villages au moment où les fidèles sortaient des mosquées après la prière, tirant au hasard sur la population, a déclaré M. Ibrahim, précisant que les blessés avaient été évacués vers deux hôpitaux de la région.

Un chef du village de Kerawa, Dayyabu Kerawa, a assuré que « 51 victimes » avaient été « enterrées » dimanche après-midi après l’attaque, la présentant comme des représailles aux opérations menées par l’armée dans la région.

« Les attaques étaient une réponse aux opérations militaires en cours contre les cachettes des bandits dans la forêt » voisine, a affirmé M. Kerawa. « Les bandits ont accusé les habitants des villages ciblés de fournir des informations sur leurs cachettes aux militaires ».

Le mois dernier, 21 personnes, dont 16 membres d’une famille, avaient été tuées lors d’une attaque similaire contre le village de Bakali, dans le district voisin de Giwa.

Cette partie de l’Etat de Kaduna est devenue ces dernières années un repaire de bandits spécialisés dans le vol de bétail et les enlèvements contre rançon, qui ont forcé des milliers d’habitants à fuir leurs foyers.

En février, les autorités nigérianes ont affirmé avoir tué 250 bandits lors d’une opération visant leurs cachettes dans les forêts de l’Etat de Kaduna.

Dans une déclaration lundi, le sénateur de l’Etat de Kaduna, Shehu Sani, a dénoncé le « silence » et l' »inaction » des autorités face à l’insécurité qui ravage le nord du pays, région la plus pauvre et la moins éduquée, soulignant le sentiment d’abandon des populations.

« Les homicides et les enlèvements sont devenus monnaie courante dans les états de Kaduna, Katsina, Zamfara et Niger », a déclaré Shehu Sani. « Les gouverneurs du Nord continuent de faire l’autruche, craignant de s’opposer au gouvernement fédéral et de prendre des mesures indépendantes pour protéger leur peuple ».

« Le Nord est devenu une région d’enterrements sans fin et de deuil perpétuel », a-t-il dit. « Les bandits du Nord sont devenus l’Etat, ils imposent des amendes et des taxes, envoient des avis, contrôlent les territoires ».

Le sénateur assure que « l’insécurité omniprésente dans le Nord est renforcée et entretenue par le silence (…) de ses élites autant que par l’inaction du Gouvernement ».

Au Texas, les jeunes Latinos courtisés par les candidats démocrates

Dans la permanence d’Elizabeth Warren à Houston, des volontaires texans s’empressent de coller au mur les dernières pancartes en espagnol et de mettre des chaises en cercle.

Ils attendent l’arrivée d’une dizaine d’électeurs latinos venus discuter du programme de la candidate aux primaires démocrates.

Au Texas, le nerf de la guerre dans la course à l’investiture démocrate est la participation de l’électorat hispanique lors du « Super Tuesday » mardi, lorsque 14 Etats se rendront aux urnes pour choisir quel candidat ils veulent voir défier Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« Très souvent, nous sommes ignorés en tant que communauté », déplore auprès de l’AFP la romancière Ariane Navarro, venue avec son mari et ses deux enfants à ce forum.

Pendant une heure et demie, des personnes âgées, de jeunes adultes et même quelques familles discutent d’immigration, de santé et de leurs ressentis d’Américains latinos.

« Je suis entourée par des Latinos éduqués et nous pensons tous avoir une voix et être capables de transformer le Texas », ajoute l’ancienne professeure qui veut aider les jeunes de sa famille à s’inscrire sur les listes électorales.

L’équipe de campagne d’Elizabeth Warren se vante d’avoir organisé une tournée dédiée spécifiquement à la communauté hispanique à travers le Texas.

« Beaucoup de gens disent que le Texas est un Etat rouge (républicain, ndlr), mais c’est faux: c’est un Etat où les gens ne votent pas », affirme Maria Martinez, chargée d’établir des passerelles avec la communauté hispanique au niveau national.

Lors des primaires démocrates de mars 2016, seuls 7.44% de la population texane en âge de voter avait mis un bulletin dans l’urne: c’est environ 20% de moins qu’au niveau national. Pendant l’élection présidentielle de novembre 2016, la participation texane était également près de 10% sous la moyenne nationale.

– Quinceaneras –

Les prétendants démocrates se disputent ardemment le soutien de cette base qui ne cesse de croître: en 2020, les électeurs originaires d’Amérique centrale ou méridionale sont 1.4 million de plus qu’en 2012 à pouvoir voter au Texas.

« 56% du total des électeurs hispaniques vivent dans un Etat qui vote avant ou pendant le Super Tuesday, dont fait partie le Texas cette année », explique Mark Hugo Lopez du Pew Research Center. Un nombre plus important de Latinos a donc l’occasion de participer aux primaires qu’en 2012 ou en 2016.

Les publicités en espagnol et le porte-à-porte électoral ne suffisent plus, estime Antonio Arellano, directeur exécutif de l’organisation Jolt, qui encourage les jeunes latinos à se saisir du problème eux-mêmes.

Le collectif a notamment lancé l’initiative Poder Quince (« Pouvoir quinze »), qui offre d’inscrire sur les listes électorales les convives pendant les quinceaneras, la fête traditionnelle des jeunes filles mexicaines qui marque leur anniversaire de 15 ans. Une « nouvelle tradition d’engagement civique » qui « exploite la puissance de la culture latino », estime le militant sans-papiers de 29 ans.

Autre idée pour toucher les jeunes, un débat organisé à Houston en février entre étudiants et candidats à la primaire démocrate. Le super-favori de la course Bernie Sanders a accepté d’être présent par vidéoconférence.

Le socialiste revendiqué qui mène les sondages avec 30% d’intention de vote chez les Latinos est particulièrement populaire chez les jeunes et a été longuement applaudi par la foule.

– « Un poids sur mes épaules » –

Au milieu des galettes de riz et beurre de cacahuète, bougies électriques et franges découpées dans du papier mâché rose ou jaune, la permanence de Jolt est investie tous les jeudis par des bénévoles comme Victor Ibarra, qui veut « faire en sorte que la jeunesse latino ait une voix dans le futur ».

« Cela compte beaucoup pour moi que (les candidats, ndlr) aient pris le temps de nous parler et de répondre à nos questions », apprécie le physicien de 23 ans, dans une petite salle couverte de pancartes multicolores dans l’est de Houston.

« On se concentre sur les jeunes parce qu’on veut leur faire comprendre que c’est leur responsabilité d’aller informer leur famille », explique Leslie Hernandez, responsable du recensement pour Jolt qui encadre les volontaires.

Pour eux, le vote aux primaires démocrates n’est qu’une goutte dans l’océan des combats politiques à mener: écologie, recensement, antiracisme.

Avant de dresser des listes de politiciens à contacter avant leur prochain événement civique, et d’enregistrer une petite vidéo promotionnelle à destination de leurs réseaux sociaux, la demi-douzaine de lycéens et de jeunes adultes ferme les yeux et s’accorde cinq minutes de méditation sur fond de musique relaxante.

« En tant que Latina, j’ai l’impression de porter un poids sur mes épaules en permanence », commence Leslie Hernandez, qui exhorte les volontaires à respirer et à prendre soin d’eux. « Vous êtes en sécurité maintenant. »

Crise migratoire en Turquie : à Lesbos, en Grèce, « l’île n’en peut plus »

Sur le port de Mytilène, du linge sèche à côté d’une baraque installée à la hâte pour des migrants fraîchement débarqués sur l’île grecque de Lesbos depuis que la Turquie a ouvert les portes de l’Europe, provoquant la colère de la population locale.

« Les seules personnes qu’on voit ce sont des réfugiés », confie, las, Giannis Palassis, un retraité de 76 ans rencontré dans les rues escarpées de Mytilène, en ce lundi férié en Grèce.

Selon lui, Mytilène ne peut pas se convertir en « refuge » pour tous. « Ce sont des êtres humains eux aussi, mais l’île n’en peut plus. On souffre ».

Depuis la décision d’Ankara d’ouvrir ses frontières aux exilés en route pour l’Europe, quelque 1.300 migrants sont arrivés en 24 heures sur les cinq îles de la mer Egée, et en particulier à Lesbos, où la grande majorité des embarcations de fortune ont échoué.

Dans un contexte déjà particulièrement tendu ces dernières semaines, où les habitants de l’île s’opposent à la construction de nouveaux camps de rétention fermés sur leurs îles, ces nouvelles arrivées ont suscité une explosion de colère dimanche.

Des groupes d’habitants ont violemment repoussé un canot chargé de migrants, l’empêchant d’accoster au port de Thermi aux cris de « rentrez en Turquie ». Avant de s’en prendre à des membres d’ONG et à plusieurs journalistes.

Sur le macadam du port, 300 réfugiés campent lundi, faute de place dans le camp de réfugiés de Moria, qui déborde avec ses 19.000 demandeurs d’asile pour 2.800 places.

« Nous cherchons un endroit pour dormir, pour le moment nous sommes dehors pendant la nuit et les enfants ont froid », a confié à l’AFP l’Afghan Ahlan Khali, 21 ans, venu avec la famille de sa soeur.

D’autres ont passé la nuit, sans couvertures, sur la plage de Skala Sykamineas, dans le nord-est de l’île, a constaté un photographe de l’AFP.

Moria a été le théâtre d’affrontements entre policiers et demandeurs d’asile dont plusieurs centaines ont manifesté pour dénoncer leurs conditions de vie dans ce camp, l’un des plus surpeuplés d’Europe.

Entre les oliviers qui bordent les chaussées de la ville, des blocs de pierre et des morceaux de bois jonchent le sol, vestiges des affrontements entre migrants et forces de l’ordre.

– « Jamais vu ça » –

Barrages filtrants, routes coupées, voitures vandalisées: les habitants de l’île continuent de protester lundi contre cette nouvelle vague migratoire.

« Je n’ai jamais vu ça », confie Efi Latsoudi, qui travaille dans le camp d’accueil pour réfugiés PIKPA. « J’ai été menacée, on m’a forcé à partir sous les yeux de la police », s’indigne-t-elle, précisant que des groupes d’insulaires menacent quiconque entend s’approcher des plages pour venir en aide aux migrants débarquant sur les côtes.

Deux voitures appartenant au camp d’accueil ont été vandalisées, ajoute-t-elle, et un centre d’accueil inoccupé des migrants a été partiellement incendié dimanche par des groupes d’habitants furieux.

« La situation reste très confuse », estime Gianluca Rocco, chef de mission en Grèce pour l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). « Les traversées sont de plus en plus risquées et on ne peut pas augmenter les capacités d’accueil sur les îles », avertit-il.

Un enfant est mort lundi matin dans le naufrage d’une embarcation au large de Lesbos, selon la police portuaire.

Le Premier ministre désigné jette l’éponge, l’Irak plonge dans l’inconnu

Le Premier ministre désigné Mohammed Allawi a renoncé à former un gouvernement, enfonçant davantage l’Irak dans l’inconnu et exacerbant la colère de la rue qui conspue ses dirigeants depuis cinq mois.

Face à des manifestants déterminés malgré près de 550 morts, la crainte du nouveau coronavirus et la baisse des prix de pétrole, unique source de devise d’Irak, « les dirigeants sont dans une bulle », dénonce un haut responsable irakien sous couvert de l’anonymat.

Le Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi et son équipe « continuent comme si de rien n’était », assure-t-il. Démissionnaire en décembre, M. Abdel Mahdi, a assuré dimanche qu’il cesserait de gérer les affaires courantes lundi. Mais il a finalement préféré conserver son poste.

L’homme –qui ne préside déjà plus les Conseils des ministres– a expliqué qu’il allait seulement se mettre « en retrait » car le « vide constitutionnel » est « le plus grand danger » et qu’il valait mieux attendre qu’un gouvernement soit approuvé par le Parlement.

Ce changement est loin d’être acquis, comme l’a déjà expérimenté Mohammed Allawi. Désigné début février, il n’a jamais pu présenter sa liste de ministres au Parlement car deux fois cette semaine, l’Assemblée la plus divisée de l’histoire récente de l’Irak n’a pu atteindre le quorum.

Il y a « des parties qui ne négocient que pour leurs propres intérêts », a tonné M. Allawi dimanche en annonçant qu’il jetait l’éponge.

L’influent leader chiite Moqtada Sadr, qui ne cesse de souffler le chaud et le froid tant vis-à-vis des politiciens que des manifestants, a dénoncé « des corrompus » prenant le pays « en otage ».

– « Propres intérêts » –

La Constitution ne prévoit pas l’option d’un départ du Premier ministre en cours de mandat. La démission de M. Abdel Mahdi est sans précédent, tout comme l’échec de son successeur désigné.

Mais d’après la loi, sans cesse contournée par politiciens et partis décidés à jouer la montre, la balle est désormais dans le camp du président Barham Saleh.

M. Saleh a 15 jours pour désigner un nouveau chef de gouvernement –sans demander l’avis des grands blocs parlementaires comme l’y obligeait la Constitution pour M. Allawi.

Selon des sources politiques, il a déjà fait son choix: le chef du renseignement Moustafa al-Kazimi, qui passe pour l’homme des Américains mais que de nombreux observateurs créditent également de bonnes relations avec l’Iran, les deux grandes puissances agissantes en Irak.

Lundi soir, le porte-parole des brigades du Hezbollah, la faction pro-Iran la plus radicale d’Irak, a fermement rejeté cette candidature. Elle serait « une déclaration de guerre », a prévenu Abou Ali al-Askari sur Twitter. Car M. Kazimi « est accusé d’avoir aidé l’ennemi américain » à assassiner le général iranien Qassem Soleimani à Bagdad en janvier.

Sur la place Tahrir à Bagdad, épicentre de la contestation, les manifestants réclament toujours une nouvelle classe politique, accusant leurs dirigeants actuels de corruption et d’être incapables de leur assurer les services de base, comme l’électricité, des emplois, des soins médicaux…

« Le peuple veut quelqu’un qui n’a jamais été aux affaires », affirme à l’AFP Mohammed, étudiant de 21 ans.

De nombreux manifestants veulent au poste de Premier ministre Alaa al-Rikaby, un pharmacien de Nassiriya, chef de file de la contestation dans le Sud.

« Les partis ne cherchent que leurs propres intérêts, ils n’écoutent ni notre opinion ni nos problèmes », s’énerve Roqiya, 20 ans, dans un des pays les plus riches en pétrole du monde mais où un jeune sur quatre est au chômage et un habitant sur cinq pauvre.

– Ministères « à vendre » –

« Allawi a tenté de concilier les intérêts des partis et ceux du peuple pour gagner la rue mais il a échoué sur les deux tableaux », tranche Hamid Abou Nour, un commentateur politique.

Son successeur aura la lourde tâche d’organiser des élections anticipées pour renouveler le système politique basé sur la répartition des postes selon ethnies et confessions.

« Seules des élections pourront changer la donne », résume le responsable irakien. Mais, et c’est là que le bât blesse, pour y arriver, il faut un gouvernement!

M. Abdel Mahdi a beau proposer des législatives début décembre couplées à un référendum constitutionnel –alors que jusqu’ici aucune des réformes réclamées par la rue n’a été votée ou sérieusement discutée au Parlement– les divergences sont telles que même le quorum est inatteignable.

Les Kurdes réclament pour leur région autonome des garanties sur leur part du budget fédéral. Avec les sunnites, ils veulent le maintien des soldats américains en Irak. Mais le prochain Premier ministre, chiite selon la répartition des postes, est lié par un vote du Parlement –des seuls députés chiites– ordonnant leur expulsion.

Les trois communautés se disputent les ministères dans le 16e pays le plus corrompu au monde où les postes se « vendent » et s' »achètent » selon des sources politiques qui en donnent même les prix.

Afghanistan : les talibans annoncent mettre fin à la trêve partielle, premier attentat

Les talibans ont annoncé lundi mettre un terme à la trêve partielle instaurée le 22 février et reprendre leur offensive contre les forces de sécurité afghanes, deux jours seulement après la signature d’un accord historique avec les Etats-Unis.

Un attentat, non revendiqué, a été rapporté au même moment. L’explosion d’une moto piégée durant un match de football a tué au moins trois civils et en a blessé onze autres, a déclaré à l’AFP Sayed Ahmad Babazai, le chef de la police de la province de Khost (Est).

Les trois tués sont trois frères, a indiqué Abdul Fatah Wakman, le président de la fédération de football de Khost.

A Washington, le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, a déclaré : « Nous ne savons pas exactement qui est responsable pour l’instant.

« Je mets en garde les gens qui pensent qu’il y aura une cessation absolue des violences en Afghanistan », a-t-il ajouté.

L’attentat intervient après neuf jours de trêve partielle, durant lesquels le nombre d’attaques s’était effondré en Afghanistan, à la grande satisfaction de la population, qui avait enfin pu respirer après quatre décennies de conflit.

La période de réduction des violences « a pris fin et nos opérations vont revenir à la normale », a déclaré lundi à l’AFP Zabihullah Mujahid, le porte-parole des insurgés.

« Conformément à l’accord (américano-taliban), nos moudjahidines n’attaqueront pas les forces étrangères, mais nos opérations continueront contre les forces du gouvernement de Kaboul », a-t-il poursuivi.

La commission militaire du mouvement a diffusé un document, transmis à l’AFP par une source talibane, demandant à ses combattant de relancer leurs opérations contres les forces afghanes.

Dans la province de Badghis (Nord-Ouest), « les talibans ont commencé à attaquer les positions de l’armée (…) vers 15H00 (10H30 GMT). Un soldat a été tué et un autre blessé », a rapporté un haut gradé.

« Nous attendons des talibans qu’ils soient sérieux en ce qui concerne leurs obligations », a réagi le Général américain Austin Scott Miller, soulignant que « Les Etats-Unis ont été très clairs sur leurs attentes. Le niveau de violence doit demeurer bas ».

– ‘Levier’ –

Michael Kugelman, analyste au Wilson Center, un centre de recherche américain indépendant, s’est dit « pas surpris » par la reprise des attaques. « La violence est un levier pour les talibans (…) qu’ils exploitent pour renforcer leur capacité à négocier en vue des discussions inter-afghanes », souligne-t-il.

Dimanche, le président afghan Ashraf Ghani avait annoncé la prolongation de la trêve partielle au moins jusqu’au début des discussions inter-afghanes, prévu pour le 10 mars, et « ce pour but d’atteindre un cessez-le-feu complet ».

Mais il avait également rejeté l’un des principaux points de l’accord signé samedi à Doha par Washington et les insurgés, de la négociation duquel son gouvernement a toujours été tenu à l’écart, à savoir la libération de 5.000 prisonniers talibans en échange de celle de 1.000 membres des forces afghanes détenus par les rebelles.

Cette mesure est « un prérequis pour les discussions inter-afghanes », a toutefois rappelé Zabihullah Mujahid, illustrant les difficultés à venir pour que Kaboul et les insurgés parviennent à un compromis.

« La position de Ghani montre que les Américains n’ont pas fait les préparations nécessaires avant de signer l’accord », a réagi une autre source talibane, basée au Pakistan.

D’après l’accord de Doha, un éventuel cessez-le-feu n’est par contre qu’un « élément » des discussions à venir et non une obligation pour que celles-ci se déroulent, comme le souhaite Ashraf Ghani.

Depuis la signature de l’accord, les talibans ont été vus se réjouir en public de leur « victoire » contre les Etats-Unis.

Dans le Laghman, une province frontalière de Kaboul, 3.000 habitants et combattants talibans se sont réunis lundi pour célébrer un « accord de fin de l’occupation » ou encore la « défaite » de Washington.

Les militants se sont aussi engagés à continuer leur offensive contre le gouvernement de Kaboul jusqu’à la remise en place d’un « gouvernement islamique ».

En vertu de l’accord de Doha, les Américains et leurs alliés s’engagent à retirer toutes leurs troupes d’Afghanistan sous 14 mois si les insurgés respectent les termes de l’accord, dont l’ouverture de discussions entre les insurgés et Kaboul visant à mettre en place une paix durable.

Pete Buttigieg de nouveau candidat en 2024? Ou en 2052?

Pete Buttigieg, alias « Mayor Pete », a fait irruption avec fracas sur la scène politique américaine. Il pourrait y occuper une place de choix dans les années à venir. A condition de réussir à séduire au-delà de l’électorat blanc.

« Presque personne ne connaissait mon nom et presque personne ne pouvait le prononcer »: entre le lancement de sa campagne, le 14 avril 2019, et la fin de cette dernière, le 1er mars 2020, le chemin parcouru par ce maire trentenaire ouvertement gay d’une ville moyenne de l’Indiana est spectaculaire.

Fort en particulier d’une victoire dans le caucus de l’Iowa devant le vétéran Bernie Sanders, il peut espérer un parcours politique au-delà de sa ville natale de South Bend dont il fut maire pendant huit ans.

« Pete donne le sentiment que ce n’est pas pour lui la fin mais le début », résumait David Axelrod, l’un des artisans de la victoire de Barack Obama en 2008.

Dans son discours de renoncement à l’investiture démocrate dimanche soir, l’ex-candidat de 38 ans a promis de tout faire pour que l’Amérique ait « un président démocrate en janvier ». Et il a clairement laissé entendre qu’il faudrait compter avec lui.

Le jeune homme pressé, passé par Harvard, Oxford et le cabinet de conseil McKinsey, affiche avec aplomb de très grandes ambitions, un trait qui agace ses nombreux détracteurs dans son propre camp qui ironisent sur son côté « premier de la classe ».

Clairement positionné sur un créneau « centriste » au sein du parti démocrate, dans la droite ligne de Barack Obama, il sait que ce champ devrait s’ouvrir en grand.

L’ancien vice-président Joe Biden, lui aussi sur cette posture, s’est replacé dans la course à l’investiture. Mais il a 77 ans. Et, s’il l’emportait, certains évoquent déjà la possibilité qu’il ne fasse qu’un mandat.

– « Sans fortune personnelle » –

Pour l’heure, Pete Buttigieg, qui aime à rappeler qu’il s’est lancé « sans fortune personnelle », n’a depuis janvier plus aucun mandat électif. Pour la suite, il n’a livré aucune piste, et n’a aucune certitude.

En cas de victoire d’un démocrate le 3 novembre face à Donald Trump, il peut espérer un poste de choix au sein du gouvernement.

S’il veut trouver une place au Congrès, à la Chambre des représentants ou au Sénat, la partie s’annonce délicate dans son Etat de l’Indiana, très conservateur, d’où est originaire le vice-président Mike Pence, même s’il pourrait tenter sa chance lors des élections de mi-mandat en 2022.

Et s’il veut croire encore à un destin national, le chemin à parcourir reste encore long.

Sa décision de jeter l’éponge dans la course à l’investiture est intervenue trois jours après son revers lors de la primaire de Caroline du Sud où il est arrivé en quatrième position. Un chiffre a retenu l’attention: il n’a, selon les sondages réalisés par NBC à la sortie des urnes , obtenu que… 3% du vote noir.

Il n’a, de fait, pas réussi à convaincre cet électorat traditionnel des démocrates qu’il comprenait ses inquiétudes et qu’il avait pleinement pris la mesure de ses luttes, passées et à venir. Or en l’absence d’appui solide parmi ces derniers, son horizon politique restera bouché.

Au moment où la primaire démocrate prend la forme d’un combat entre trois septuagénaires – Bernie Sanders, Joe Biden, Michael Bloomberg – certains s’interrogent déjà: « Mayor Pete » se lancera-t-il une nouvelle fois à l’assaut de la Maison Blanche?

Lors de son discours dimanche soir, certains de ses partisans ont chanté « 2024!2024! ». Le jeune candidat a esquissé un sourire, mais n’a pas réagi. L’équation politique de la décennie qui s’ouvre est pleine d’inconnues, mais M.Buttigieg a une certitude: il a du temps devant lui.

« S’il était candidat à la Maison Blanche en 2052, Pete Buttigieg serait toujours plus jeune que la quasi-totalité des candidats encore en course dans cette campagne », relevait malicieusement Matt Viser du Washington Post.

L’émissaire de l’ONU en Libye jette l’éponge

L’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, a démissionné lundi pour des « raisons de santé », au moment où le processus politique dans ce pays, en proie à la guerre civile, est plus que jamais dans l’impasse.

« Je dois reconnaître que ma santé ne me permet plus de subir autant de stress, j’ai donc demandé au secrétaire général (de l’ONU) de me libérer de mes fonctions », a écrit le diplomate libanais sur son compte Twitter.

A New York, le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a confirmé que le secrétaire général « a reçu un message de M. Salamé, exprimant son intention de quitter son poste de représentant spécial pour la Libye ».

« Le secrétaire général a toujours fait pleinement confiance au travail de M. Salamé et aux grands efforts qu’il a déployés pour ramener la paix en Libye. Le secrétaire général discutera avec M. Salamé de la manière d’assurer une transition en douceur afin de ne pas perdre de les acquis déjà atteints », a ajouté M. Dujarric.

« J’ai essayé d’unir les Libyens et de restreindre l’ingérence étrangère » dans ce pays, a ajouté M. Salamé dans son annonce, évoquant notamment le sommet international sur la Libye organisé fin janvier à Berlin et les pourparlers inter-libyens qu’il avait récemment lancés sur trois volets, politique, militaire et économique.

Depuis 2015, deux autorités rivales se disputent le pouvoir en Libye: le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l’Est.

Une trêve est observée, bien que régulièrement violée, depuis le 12 janvier aux portes de la capitale libyenne entre les pro-GNA et les pro-Haftar qui ont lancé en avril 2019 une offensive pour s’emparer de Tripoli.

M. Salamé a été nommé le 22 juin 2017 par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres comme son nouveau représentant spécial et chef de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), succédant à l’Allemand Martin Kobler.

Depuis, il a tenté en vain de convaincre les belligérants libyens d’unifier les institutions de l’Etat et d’organiser des élections en vue de mettre fin aux divisions dans le pays.

– Efforts partis « en fumée » –

Entamé en 2017 et interrompu à plusieurs reprises, ce processus de discussions a été mis à mal après une attaque surprise lancée le 4 avril par le maréchal Haftar contre la capitale, le jour où le secrétaire général de l’ONU était en visite en Libye.

Le pays était alors à quelques jours d’une conférence inter-libyenne longuement préparée par l’ONU. M. Salamé avait regretté que tous ces efforts partent en fumée » quelques jours après le début des combats aux portes de la capitale.

« Nous avons travaillé pendant un an entier à la préparation de quelque chose qui n’a pas de précédent en Libye, c’est-à-dire une conférence nationale réunissant tout le monde (…) Et voilà que ces efforts partent en fumée », avait déclaré l’émissaire onusien dans une interview à l’AFP.

La conférence était appelée à établir une feuille de route pour sortir le pays du chaos mais elle avait été annulée après l’assaut.

M. Salamé a essayé par la suite d’unifier la position de la communauté internationale sur la Libye, après avoir constaté que les divisions et les ingérences étrangères compliquent le conflit dans le pays et rendent difficile toute solution politique.

Il a ainsi réuni les puissances mondiales et les principaux pays concernés par le conflit lors d’un sommet à Berlin où des engagements de non ingérences et de relance du processus politique ont été pris.

Vendredi à Genève, il s’en est pris aux « cyniques » qui tentent de saper les discussions entre les belligérants libyens, réclamant par ailleurs un plus grand soutien international.

L’émissaire de l’ONU a déclaré qu’il souhaitait la poursuite des négociations inter-libyennes même si les deux camps ont annoncé la suspension de leur participation aux pourparlers politiques.

Né en 1951, M. Salamé a passé la majeure partie de sa carrière en tant que professeur de relations internationales à la prestigieuse université française de Sciences politiques à Paris.

Il a été ministre de la Culture au Liban de 2000 à 2003 et a ensuite travaillé comme conseiller auprès de l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan et de la mission des Nations unies en Irak.

Dernières minutes du troisième round électoral en Israël, décisif pour Netanyahu

Benjamin Netanyahu et son rival Benny Gantz tentaient de grappiller d’ultimes voix lundi soir à quelques heures de la fin des troisièmes législatives en moins d’un an devant déterminer de l’avenir politique du Premier ministre, le plus pérenne de l’histoire d’Israël mais désormais inculpé pour corruption.

Et à l’heure du nouveau coronavirus, avec deux nouveaux cas confirmés lundi soir, ce vote a donné parfois lieu à des scènes de science-fiction dans des bureaux où du personnel électoral en combinaison de protection accueille des Israéliens entrés en contact avec des personnes contaminées ou ayant voyagé dans des pays touchés par l’épidémie.

Après avoir voté à Jérusalem, M. Netanyahu a appelé ses partisans à voter pour assurer la « victoire », affirmant que « cette affaire de coronavirus est totalement sous contrôle ».

Dans le camp adverse, M. Gantz, son principal rival, a dit « espérer qu’aujourd’hui marquera le début d’un processus de guérison (…) Aujourd’hui, nous allons changer de disque, mettre fin aux dérapages, aux mensonges et à la manipulation. »

Après des élections en avril et septembre 2019 n’ayant pas réussi à départager le Likoud (droite) de M. , 70 ans, et la formation centriste Kahol Lavan (« Bleu-blanc ») de M. Gantz, 60 ans, les Israéliens sont appelés lundi à boucler ce long triathlon politique.

En journée, ces derniers ont répondu présents. Selon la commission électorale, le taux de participation à 18H00 (16H00 GMT) était de 56,3%, soit près de trois points de plus qu’à la même heure lors des élections de septembre dernier.

Et avant la fermeture des bureaux de vote, à 22H00 (20H00 GMT), les deux camps multiplient les messages sur les réseaux sociaux pour encourager les électeurs à se précipiter aux urnes dans cette première élection de l’histoire d’Israël où un chef de gouvernement mène une campagne malgré une inculpation contre lui.

Inculpé en novembre pour corruption, malversations et abus de confiance dans une série d’affaires, Benjamin Netanyahu joue son avenir politique dans ce scrutin qui intervient de surcroît à deux semaines du début de son procès.

– « Il reste innocent » –

Ces démêlés avec la justice n’ont pas empêché Ella Levy, 63 ans, de voter pour « Bibi Netanyahu ». Il « nous a menés où nous sommes aujourd’hui, politiquement, économiquement et je veux que cela continue. Et puis, il reste innocent jusqu’à preuve du contraire. »

Etudiante en mathématiques, Inbal a elle donné sa voix à Benny Gantz pour empêcher M. Netanyahu de rester au pouvoir. « Gantz ne m’impressionne pas mais il n’y a pas d’autres options. »

Les derniers sondages plaçaient le Likoud et le parti « Bleu-blanc » dans un mouchoir de poche, incapables d’obtenir une majorité de sièges au Parlement sans l’appui d’autres partis.

M. Netanyahu, au pouvoir pendant 14 ans dont la dernière décennie sans interruption, compte sur le soutien des formations ultra-orthodoxes du Shass, du Judaïsme unifié de la Torah ainsi que de la liste Yamina (droite radicale).

« Bleu-Blanc » mise sur le soutien des partis de gauche, réunis au sein d’une liste unique, et pourrait bénéficier d’un appui de la « Liste unie » des partis arabes israéliens qui avaient provoqué la surprise en septembre en gravissant la troisième marche du podium avec 13 sièges.

« Nous espérons cette fois en obtenir 16 », dit le chef de la « Liste unie », Ayman Odeh, dont l’objectif est de barrer la route à M. Netanyahu, « parrain » selon lui du plan du président américain Donald Trump pour un règlement du conflit israélo-palestinien.

– Une campagne « sale » –

M. Netanyahu a mené sa campagne sur le socle du projet Trump, en promettant l’annexion rapide de la vallée du Jourdain et de colonies israéliennes en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël, comme prévu par le plan.

Benny Gantz soutient lui aussi le projet américain, mais a davantage fait campagne sur les problèmes judiciaires de son rival.

La campagne électorale a été marquée par des scandales, des mots parfois durs, voire des conversations personnelles de responsables politiques enregistrées à leur insu puis diffusées dans les médias.

« Nous ne méritons pas une autre campagne sale et lamentable comme celle qui s’est achevée aujourd’hui et nous ne méritons pas cette instabilité sans fin », a déclaré le président Reuven Rivlin, qui a dit ressentir une « honte profonde ».

Des partis redoutent, eux, que la propagation de « fausses nouvelles » sur l’épidémie mondiale de coronavirus pousse des électeurs à éviter les bureaux de vote par crainte de contamination en Israël, qui recense désormais 12 cas confirmés pour une population d’environ neuf millions d’habitants.

Pour rassurer la population, les autorités ont désigné des bureaux de vote réservés uniquement aux 5.600 Israéliens entrés en contact avec des personnes contaminées ou ayant voyagé dans des pays touchés par l’épidémie.

Les bonnes nouvelles s’enchaînent pour Biden avant le « Super Tuesday »

Large victoire en Caroline du Sud, abandon de Pete Buttigieg, puis celui lundi d’Amy Klobuchar, qui lui apporte son soutien: les bonnes nouvelles s’enchaînent pour Joe Biden dans la primaire démocrate avant le « Super Tuesday », dont il espère émerger comme le seul capable de faire barrage à Bernie Sanders.

La sénatrice Amy Klobuchar s’affichera lundi soir à ses côtés lors d’un meeting de campagne à Dallas, au Texas, l’un des 14 Etats américains appelés à voter lors de la « super » journée électorale de mardi.

Avec ce nouvel abandon, au lendemain de celui de Pete Buttigieg, le peloton de la course démocrate à la Maison Blanche ne compte plus que cinq concurrents, et la voie s’est clairement dégagée au centre pour Joe Biden.

Mais avant que la primaire ne se résume à un duel Biden-Sanders entre deux septuagénaires aux positionnements très éloignés, l’ancien vice-président des Etats-Unis devra encore composer mardi avec un troisième homme: Mike Bloomberg.

Ce dernier, qui compte parmi les dix plus grosses fortunes mondiales, a osé une tactique inédite en faisant l’impasse sur les quatre premiers Etats (Iowa, New Hampshire, Nevada et Caroline du Sud) à se prononcer dans la primaire.

L’homme d’affaires new-yorkais de 78 ans, qui a déjà dépensé en publicités politiques plus d’un demi-milliard de dollars, un record, joue gros pour son entrée en lice.

Une contreperformance marquée tuerait quasiment sa campagne dans l’oeuf et laisserait Joe Biden comme seul rempart modéré à Bernie Sanders, dont les idées très à gauche inquiètent une partie de l’establishment démocrate.

« Les gens ne veulent pas d’une révolution », avait affirmé dimanche Joe Biden au lendemain de son large succès en Caroline du Sud, se posant une fois de plus, du haut de ses années d’expérience politique, comme le candidat le plus à même de déloger Donald Trump de la Maison Blanche.

« Le +Super Tuesday+ est une question de dynamique, et elle est avec nous », a insisté lundi sur CNN Kate Bedingfield, l’une des responsables de son équipe de campagne.

Revanchard — « Les médias et les analystes nous avaient enterrés » –, l’ancien bras droit de Barack Obama a aussi réservé une pique à Mike Bloomberg, un temps affilié au parti républicain avant de virer de bord: « Le parti démocrate veut un démocrate (…) pas un ancien républicain ».

– « Bon timing » –

Joe Biden, qui faisait campagne lundi au Texas, pourrait également profiter dans une certaine mesure du retrait de Pete Buttigieg, qui chassait sur les mêmes terres modérées que lui.

C’est en tout cas le constat fait dimanche soir à chaud par Donald Trump. « Pete Buttigieg arrête. Toutes ses voix du +Super Tuesday+ iront à Joe l’endormi. Bon timing », a écrit le président sur Twitter. « Les démocrates commencent pour de vrai à sortir Bernie du jeu ».

Encore inconnu il y a un an, « Mayor Pete », ancien maire d’une ville moyenne de l’Indiana, avait progressivement percé, au point de remporter début février le premier vote de la primaire, dans l’Iowa.

Mais ses mauvais résultats dans le Nevada et en Caroline du Sud ont mis en lumière sa difficulté à mobiliser au sein de l’électorat noir et hispanique, et le trentenaire homosexuel a déclaré se retirer au nom du « rassemblement » nécessaire pour battre Donald Trump dans les urnes le 3 novembre.

Selon la société d’analyse Morning Consult, le report de ses voix serait équivalent entre Bernie Sanders, Joe Biden et Mike Bloomberg.

A la veille du « Super Tuesday », les sondages étaient largement favorables au sénateur du Vermont. Le socialiste autoproclamé — un terme très marqué à gauche aux Etats-Unis — y pointait en tête dans trois (Californie, Texas et Virginie) des quatre Etats offrant le plus de délégués pour la Convention qui décidera in fine en juillet du nom du candidat démocrate à la présidentielle.

Seule la Caroline du Nord penchait du côté de Joe Biden, globalement mieux placé dans les intentions de vote que Mike Bloomberg, lequel a dégainé lundi une nouvelle publicité de campagne visant ses rivaux démocrates, sans en nommer un en particulier.

« Aucun autre démocrate n’a créé plus de 450.000 emplois », y avance l’ancien maire de New York. « Aucun autre démocrate n’a montré autant de résistance au lobby des armes. Aucun autre démocrate n’a mon bilan en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Aucun autre démocrate ne battra Donald Trump ».