Afghanistan: frappe américaine et attaques des talibans, la paix s’éloigne

Le processus de paix en Afghanistan paraît chaque jour plus hypothétique, les Etats-Unis ayant annoncé mercredi une première frappe aérienne contre les talibans depuis l’accord de Doha alors que les insurgés ont tué au moins 20 soldats et policiers afghans.

Mardi, après « une très bonne conversation » avec le mollah Baradar, principal négociateur du processus de Doha, le président Donald Trump avait déduit que les talibans « veulent mettre fin à la violence ». Mais sur le terrain, la réalité semble toute autre.

Les insurgés n’ont cessé de multiplier les attaques contre les forces afghanes, depuis qu’ils ont mis fin lundi à une trêve partielle qui avait duré neuf jours.

Cette diminution des combats, exigée par Washington, leur a permis de signer un accord historique samedi à Doha, dans lequel Washington s’est engagé à retirer les troupes étrangères d’Afghanistan sous 14 mois, en échange du respect par les insurgés de certaines garanties, dont leur participation à un dialogue inter-afghan sur l’avenir du pays, censé démarrer le 10 mars.

En outre, « les dirigeants des talibans avaient promis à la communauté internationale qu’ils réduiraient la violence et non qu’ils augmenteraient les attaques », a pointé sur Twitter le colonel Sonny Leggett, porte-parole des forces américaines en Afghanistan.

Or la violence est encore montée d’un cran: au moins 20 policiers et soldats ont été tués lors d’attaques talibanes dans la nuit de mardi à mercredi.

« Des combattants talibans ont attaqué au moins trois avant-postes de l’armée dans le district d’Imam Sahib à Kunduz, tuant au moins dix soldats et quatre policiers », a indiqué Safiullah Amiri, membre du conseil provincial de Kunduz (Nord).

La police locale et un cadre du ministère de la Défense ont confirmé ce bilan.

Dans l’Oruzgan (Sud), « six policiers ont été tués et sept blessés » par les talibans à Tarinkot, a indiqué Zergai Ebadi, porte-parole du gouverneur de la province.

– ‘Défendre nos partenaires afghans’ –

Mardi déjà, un porte-parole du ministère afghan de l’Intérieur dénombrait 33 attaques talibanes contre les forces des sécurité afghanes dans 16 des 34 provinces du pays.

Le colonel Leggett a lui fait état, « sur la seule journée du 3 mars », de 43 attaques des talibans contre des points de contrôle des forces afghanes dans le Helmand, province du Sud considérée comme un des principaux fiefs des insurgés.

En retour, « les Etats-Unis ont conduit mercredi une frappe aérienne à Nahr-e Saraj, dans le Helmand, contre des combattants talibans qui attaquaient activement les forces de sécurité afghanes. C’était une frappe défensive », a tweeté le militaire américain.

« Nous sommes engagés pour la paix, mais nous avons la responsabilité de défendre nos partenaires afghans », a-t-il poursuivi pour justifier cette première frappe américaine depuis les accords de Doha, mais également leur « première frappe contre les talibans » depuis le début de la trêve partielle, il y a « 11 jours ».

Cette détérioration sécuritaire fait peser des craintes sur le dialogue inter-afghan, censé réunir talibans, gouvernement afghan, opposition et société civile. Des pourparlers historiques, les talibans refusant depuis 18 ans de reconnaître les autorités de Kaboul, qu’ils qualifient de « marionnette » des Etats-Unis.

Mais au-delà de la situation sécuritaire, d’autres obstacles s’annoncent: le président afghan Ashraf Ghani rejette l’un des principaux points de l’accord de Doha, la libération de jusqu’à 5.000 prisonniers talibans en échange de celle de jusqu’à 1.000 membres des forces afghanes aux mains des insurgés.

Selon les talibans, qui font désormais de cette mesure un préalable à tout démarrage des discussions inter-afghanes, le mollah Baradar a demandé à M. Trump de « ne laisser personne prendre des mesures qui enfreignent les termes de l’accord ».

Masque, thermomètre, suivi high-tech : le quotidien chamboulé en Chine

Prise de température régulière, masque obligatoire dans les commerces, suivi des habitants grâce aux nouvelles technologies : c’est désormais la vie quotidienne en Chine, où la mobilisation nationale contre le coronavirus se manifeste partout.

L’épidémie de pneumonie Covid-19 a infecté plus de 80.000 personnes dans le pays, dont près de 3.000 mortellement.

Mais elle faiblit depuis plusieurs semaines. La conséquence de mesures de prévention drastiques qui ont chamboulé le quotidien des Chinois.

Le nouveau coronavirus se rappelle ainsi à la mémoire de chacun dès la commande d’un taxi. A Shanghai, les chauffeurs, désormais équipés de gants blancs, exigent des passagers qu’ils portent un masque.

A Wenzhou (est), un conducteur de voiture de transport avec chauffeur (VTC) va même plus loin : il a installé une paroi transparente en plastique entre les sièges avant et arrière.

Une mesure nationale lancée par Didi Chuxing (l’équivalent en Chine de Uber). L’entreprise dit avoir investi 100 millions de yuans (13 millions d’euros) pour installer ces équipements censés protéger hermétiquement chauffeurs et passagers.

Les trains, eux, sont désertés par des Chinois inquiets du risque de contagion. Ce qui n’empêche pas les sites de réservation de billets d’afficher des wagons « complets » ou ne disposant plus que d’une poignée de places assises.

Explication : afin d’éviter que les voyageurs soient assis trop près les uns des autres, le système ne permet de réserver qu’une petite partie des sièges.

– Code couleur –

Dans un climat de suspicion, les géants de l’internet Alibaba et Tencent ont créé des applications mobiles qui permettent aux Chinois d’attester de leur niveau de risque supposé auprès des autorités.

Ils peuvent s’en servir pour obtenir dans leur téléphone un code QR, dont la couleur dépend de leurs visites (ou non) dans des lieux classés à risque : vert (aucune restriction n’est imposée), jaune (quarantaine de 7 jours) ou rouge (quarantaine de 14 jours).

Ce système alimente cependant des critiques en matière de vie privée, car il se fonde sur l’analyse des déplacements effectués par l’utilisateur de l’application.

Avoir ce code QR est devenu quasi-obligatoire dans plusieurs villes afin de sortir des gares ou d’utiliser les transports publics.

A Wenzhou, taxis, hôtels et commerces exigent de voir la couleur de chaque code avant de laisser quiconque entrer ou monter à bord.

Tout accueil dans les établissements hôteliers se traduit désormais par des contrôles de températures. Ils sont réalisés par des employés vêtus de masques et pointant des thermomètres électroniques vers le front ou les poignets des clients.

« Avez-vous de la fièvre? Vous sentez-vous mal? Avez-vous voyagé dans le Hubei récemment? », demande le réceptionniste d’un hôtel de Wenzhou.

– ‘N’avancez pas!’ –

Des contrôles qui se répètent partout dans la ville.

Le journaliste de l’AFP a ainsi eu sa température mesurée une dizaine de fois en une journée : par les chauffeurs de taxis, le propriétaire d’un restaurant, le vendeur d’une épicerie ou encore lors d’un contrôle nocturne devant la porte de sa chambre par une employée de l’hôtel.

« N’avancez pas! Restez où vous êtes », a-t-elle déclaré sur un ton sec, avant qu’un petit bip sonore n’annonce le résultat. « Tout est normal. Bonne soirée! »

La psychose ambiante autour du virus conduit même à l’abandon provisoire du savoir-vivre chinois.

La bienséance impose généralement de saisir à deux mains une carte de visite que quelqu’un vous tend, en signe de respect. Mais une responsable de la municipalité de Wenzhou, plutôt que de prendre celle du journaliste de l’AFP, lui a demandé de la placer sur une table.

Et au moment de serrer la main d’un autre fonctionnaire, celui-ci a poliment décliné.

« Par mesure de précaution, il vaut mieux éviter de se saluer ainsi », a-t-il souri, avant de proposer en échange un amical « coude-à-coude ».

MASA 2020 : Lancement officiel du Marché des Arts et du Spectacle d’Abidjan

La 11e édition du MASA (Marché des Arts et du Spectacle d’Abidjan), a été lancé officiellement ce lundi 02 mars 2020, par son directeur général Yacouba Konaté. Prévu du 7 au 14 mars 2020, ce rendez-vous culturel africain abordera le thème « l’Afrique-monde ».

A l’occasion de ce festival, Abidjan attendra plusieurs artistes et professionnels, ainsi que le pays invité d’honneur, le Canada. Cet évènement se tiendra à Abidjan reparti sur plusieurs sites, notamment, Abobo, Treichville et Cocody.

Cependant, au cours de cette cérémonie officielle de lancement, plusieurs membres du gouvernement, ont été décorés. Il s’agit notamment, des ministres Hamed Bakayoko, Gilbert Kafana Koné, Albert Mabri Toikeusse, Aka Aouélé, Mariatou Koné et Robert Beugré Mambé. Ils tous ont été décorés pour leur apport à la promotion de la culture.

Rappelons que l’ouverture du MASA, est prévu pour le samedi 07 mars 2020. Elle sera marquée, par un défilé de danseurs dans les rues d’Abobo dénommée « Abidjan danse parade ». Ils danseront au rythme de la musique du groupe Espoir 2000 et d’Alpha Blondy.

Migrants: heurts à la frontière turco-grecque

Des heurts se sont produits mercredi à la frontière turco-grecque, faisant au moins un blessé parmi les migrants, selon des correspondants de l’AFP.

Près du poste-frontière de Pazarkule (Kastanies, côté grec) un migrant a été blessé à la jambe par des tirs en provenance du côté grec après avoir tenté avec un groupe de réfugiés de découper le grillage dressé à la frontière pour pénétrer en territoire grec, a constaté un photographe de l’AFP.

Des échauffourées ont suivi cet incident au cours desquelles des migrants ont lancé des pierres en direction des forces de sécurité grecques qui ont riposté en faisant usage de gaz lacrymogènes.

Plusieurs ambulances turques sont arrivées dans le secteur à la suite de ces heurts.

Dans une vidéo fournie à l’AFP par le gouvernement grec, on voit des policiers turcs en train de tirer des grenades lacrymogènes contre les policiers grecs au poste-frontière.

Selon des correspondants de l’AFP présents côté turc de la frontière à Kastanies, des colonnes de de migrants de la zone tampon se sont approchés mercredi matin des fils barbelés.

Des tirs en l’air dont l’origine ne pouvait être déterminée, des cris, des sirènes de police pouvaient être entendus. De la fumée se dégageait d’un gros feu.

Des cordons de policiers casqués et lourdement équipés se tenaient prêts côtés grec, selon la même source.

La Turquie, qui tente d’obtenir davantage de soutien occidental en Syrie face au régime syrien et son allié russe, a ouvert vendredi sa frontière avec la Grèce pour laisser passer vers l’Europe les migrants se trouvant déjà sur son territoire.

Après cette annonce, plusieurs milliers de personnes ont afflué au point de passage de Pazarkule. Plusieurs canots pneumatiques transportant des migrants sont en outre arrivés sur les îles égéennes de Lesbos, Chios et Samos.

Entre samedi et lundi soir, « 24.203 tentatives d’entrées illégales ont été évitées, 183 personnes ont été arrêtées », selon le gouvernement grec.

Au Pakistan, la pire invasion de criquets depuis près de 30 ans

Dans la région de Pipli Pahar (Est), le fracas d’ustensiles en métal vient briser la sérénité des champs de blé. A l’origine du tintamarre, des paysans tentent d’effrayer des criquets pèlerins, dont c’est la pire invasion au Pakistan depuis près de 30 ans.

Chaque jour, au lever du soleil, des nuages de pesticides obscurcissent l’air. Les villageois ramassent alors des pelletées d’insectes morts, qu’ils remettent à des fonctionnaires contre une récompense de 20 roupies pakistanaises (12 centimes d’euros) par kilo.

« Je n’avais pas vu une telle invasion de toute ma carrière », s’effraie Shehbaz Akhtar, un fonctionnaire chargé de l’éradication des criquets dans la province du Pendjab, le grenier à céréales du Pakistan.

Le Pakistan connaît sa pire attaque de criquets pèlerins depuis 27 ans, ont déclaré des responsables fédéraux et locaux à l’AFP.

D’après l’ONU, fortes pluies et cyclones ont déclenché une multiplication « sans précédent » des populations de criquets l’an passé dans la péninsule arabique.

Les essaims ont ensuite quitté le désert du Baloutchistan (Sud-Ouest), près de la frontière iranienne, où ils se reproduisent habituellement, pour s’abattre sur le Pendjab et le Sindh (Sud).

Les criquets pèlerins avaient déjà fait de lourds dégâts dans le nord-ouest de Inde, voisin du Pakistan, ces derniers mois. Une année de conditions climatiques extrêmes les ont également vu dévaster une dizaine de pays d’Afrique de l’Est cette année.

Au Pakistan, aucune donnée officielle ne permet de savoir combien de terres ont été touchées ni combien ils menacent la sécurité alimentaire ou même l’économie du pays, dont l’agriculture pèse 20% du PIB.

– ‘Vaincre’ les criquets –

Les autorités, qui affirment procéder à des enquêtes locales dont beaucoup sont encore en cours, ont déclaré une urgence nationale. Une « opération de combat » a été lancée pour « vaincre » les criquets, affirme Shehbaz Akhtar.

« Nous pulvérisons deux fois par jour ici », acquiesce Fayyaz Azeem, juché sur un tracteur, un masque sur le visage et les mains gantées, pour épandre des pesticides, une fois à l’aube et une autre fois le soir.

Mais la méthode est lente, face à des essaims pouvant parcourir 150 km quotidiennement. Souvent, lorsque les criquets sont tués dans un champ, ils ont déjà détruit le suivant. Les produits chimiques sont en outre si forts qu’ils rendent les céréales inconsommables ensuite.

L’ami et voisin chinois a proposé son aide face au fléau, envoyant des équipes d’experts pour évaluer la crise, se réjouit Muhammad Hashim Popalzai, secrétaire au ministère de la sécurité alimentaire, interrogé par l’AFP.

Sur la base de leur recommandations, Pékin pourrait proposer la pulvérisation aérienne – une méthode beaucoup plus rapide et efficace. Le Pakistan pourrait également importer des pesticides de Chine.

– Vigilance –

L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), s’implique également, selon M. Popalzai, permettant la tenue de réunions entre Inde et Pakistan, deux puissances nucléaires aux relations exécrables, pour empêcher les essaims de se propager.

Mais pour beaucoup, le mal est déjà fait. Une catastrophe quand « nos moyens de subsistance dépendent des récoltes », déplore Muhammad Ismaeel Wattoo, un autre agriculteur touché par le fléau à Pipli Pahar.

Dans la province du Sindh, les responsables craignent l’impact des criquets sur la production de coton, qui atteint son maximum pendant l’été. D’après la Chambre d’agriculture du Sindh, environ 40% de toutes les cultures ont été détruites « à Karachi et dans les environs ».

Zafar Hayyat, le président du Bureau des agriculteurs du Pakistan, impute la faute aux autorités. La dernière invasion de cette ampleur date d’il y a si longtemps que « le gouvernement n’était plus vigilant », regrette-t-il.

Les autorités doivent en outre rester sur le qui-vive car « après la saison de reproduction, il y a un risque que les essaims reviennent en juin », avertit-il.

Mais pour certains à Pipli Pahar, les efforts déjà déployés ont été trop faibles, ou trop tardifs. Assise au coin d’un champ de blé avec sa vache, Rafiya Bibi observe les nuages de pesticides qui l’entourent.

Les criquets ont déjà détruit ses cultures de colza, de tournesol, de piments et de tabac, qu’elle avait payées avec un prêt de 45.000 roupies (260 euros) du gouvernement, une fortune en milieu rural.

Sans récolte, elle craint de ne pas pouvoir rembourser son prêt. Et soupire: « tout ce qu’il me reste, c’est pleurer. »

La FIF dévoilera dans quelques heures, le nouveau sélectionneur ivoirien

Comme annoncé pendant les jours précédant, le comité exécutif de la FIF dévoilera le nom du nouveau sélectionneur des éléphants. Les membres du comité trancheront, cet après-midi entre deux ou trois choix de noms dans les locaux de la FIF.

A cet effet, il est difficile à cette heure-ci de donner le profil de l’homme qui aura la lourde tâche de diriger l’équipe ivoirienne de Football.

Cependant, depuis quelques semaines, des noms de sélectionneurs plus ou moins expérimentés ont circulé dans les médias. Mais, fort est de constater, qu’à quelques heures du verdict, certaines pensées sur les noms de sélectionneurs se poursuivent.

A cette heure-ci, seul les sportifs et plus particulièrement les amoureux du football ivoirien, ont les oreilles tendues vers le siège de la FIF pour connaitre l’élu.

Versus Bank célèbre sa meilleure clientèle dans le financement des PME

La banque Versus Bank, a célébré le 28 février 2020 ses meilleurs clients, dans le cadre de renforcer ses liens avec ceux-ci.

Pour cette occasion extraordinaire, dénommée « First class by Versus Bank » la direction générale a offert un dîner de croisière sur la lagune Ebrié à 40 entreprises triées sur le volet.

A cet effet, les dirigeants de ces entreprises ont reçu des trophées honorifiques pour cet évènement.

Pour monsieur Ehui Jérôme, Directeur de Versus Bank, c’est une disposition prise par l’institut bancaire de montrer sa reconnaissance à sa clientèle pour la confiance accordée. « Nous allons réaliser nos ambitions avec vous ; je voudrais vous remercier d’être venus ce soir. Pour nous, vous êtes au centre de nos préoccupations ; cette soirée que nous organisons est donc une occasion de récompenser et motiver vous entreprises qui êtes le cœur de notre clientèle. Il s’agit pour nous de conforter, d’accroître cette relation pour que nous puissions allez loin ensemble, vous nous avez soutenus dans les moments difficiles », a déclaré le directeur général.

Selon lui, « C’est le client qui est le patron, ce qui nécessite de notre part empathie, disponibilité, créativité, efficacité et surtout plus d’attention ».

Monsieur Ehui Jérôme, a renouvelé l’engagement de la banque Versus Bank à accompagner davantage leurs entreprises, en ajoutant : « c’est ensemble que nous pourrons y parvenir ».

Voter ou non pour l’extrême gauche ? Le dilemme du parti de Merkel en Thuringe

Voter pour un candidat d’extrême gauche en Thuringe ou s’abstenir et faire le jeu de l’extrême droite ? Le parti conservateur d’Angela Merkel va devoir résoudre ce dilemme mercredi pour sortir du blocage cette région d’Allemagne.

Pour la deuxième fois en un mois, les élus du Parlement de ce Land d’ex-RDA vont tenter d’élire leur président.

En février, l’élection surprise du candidat du petit parti libéral FDP, grâce aux voix de la droite conservatrice CDU et de l’extrême droite AfD, avait provoqué un séisme en Allemagne.

L’élection de Thomas Kemmerich grâce aux suffrages de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), devenue la deuxième force politique régionale, avait en effet brisé un tabou datant de l’après-guerre.

– Malédiction –

Face au tollé, le dirigeant libéral avait dû renoncer 24 heures après à ses fonctions, plongeant les institutions dans la paralysie.

Cette crise politique a eu des répercussions jusqu’à la tête de la CDU, la dauphine d’Angela Merkel, Annegret Kramp-Karrenbauer, renonçant à présider le parti et à viser la chancellerie en 2021, faute d’autorité sur ses troupes en Thuringe.

Et jusqu’au bout une malédiction a semblé s’acharner sur cette région, parmi les plus défavorisées d’Allemagne. Le nouveau coronavirus a en effet menacé dans les dernières heures la tenue du scrutin.

Un membre du groupe CDU, potentiellement exposé au Covid-19, a dû subir un dépistage, qui s’est révélé mardi soir négatif. Dans le cas contraire, l’élection aurait été reportée sine die.

Cette dernière menace dissipée, l’élection va opposer Bodo Ramelow (Die Linke, extrême gauche), président sortant de la région, à Bjorn Höcke, dirigeant local de l’AfD.

Agé de 47 ans, M. Höcke est le chef de file de la frange la plus radicale de l’AfD, « L’Aile », surveillée par les services de renseignements.

Violemment xénophobe, cette branche de l’AfD n’hésite pas à remettre en cause la culture de la repentance pour les crimes nazis, socle de l’identité allemande d’après-guerre.

M. Ramelow, 64 ans, qui a perdu sa majorité de gauche lors des élections en octobre, devrait recevoir le soutien des sociaux-démocrates du SPD et des écologistes. Mais il a besoin de 4 voix supplémentaires pour atteindre la majorité absolue de 46 voix.

Les libéraux, que l’élection M. Kemmerich a plongé dans une crise aiguë, devraient eux s’abstenir.

Tous les regards sont donc tournés vers les conservateurs de la CDU, les faiseurs de rois de cette élection.

– « Chaos » –

Le parti d’Angela Merkel, qui élira le 25 avril un nouveau président et probable candidat à la chancellerie l’an prochain, a jusqu’ici toujours exclu de voter pour des candidats de l’extrême gauche, du fait notamment de ses liens présumés avec l’ancien régime est-allemand.

Les candidats à la succession de Mme Kramp-Karrenbauer partagent cette réticence.

Friedrich Merz, ennemi juré de la chancelière et tenant d’un retour aux sources conservatrices du parti, comme les candidats supposés plus modérés, Armin Laschet, dirigeant de la région de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, et Norbert Röttgen, ex-ministre de l’Environnement, réprouvent tout vote pour Die Linke.

Des cadres de la CDU, dont le chef de file des jeunes du parti, Tilman Kuban, militent eux aussi pour que leurs élus s’abstiennent.

Mais sur le plan local, les prises de position sont plus ambiguës.

Sans donner de consigne claire en faveur de Die Linke, plusieurs dirigeants, comme le nouveau chef de file de la CDU en Thuringe, Mario Voigt, ont ainsi appelé ces derniers jours les élus à « ne pas se soustraire à leurs responsabilités ». Les électeurs « veulent que cesse le chaos », a-t-il fait valoir.

M. Ramelow se veut lui aussi confiant. Politicien madré, il pense, après avoir consulté l’ensemble des groupes hors AfD, pouvoir obtenir « suffisamment de suffrages des groupes parlementaires démocratiques » pour être élu.

En Argentine, la légalisation de l’avortement revient au centre du débat

Le débat sur la légalisation de l’avortement ressurgit en Argentine, où les pro et anti-IVG fourbissent leurs armes tandis qu’un nouveau projet de loi va être très prochainement débattu au Parlement à l’initiative du président Alberto Fernandez.

Dans ce pays sud-américain de 45 millions d’habitants, berceau du pape François, l’avortement n’est légal qu’en cas de viol ou de danger pour la vie de la mère. Mais chaque année, environ 400.000 avortements sont pratiqués, selon les organisations de Défense des droits des femmes.

Ces avortements se déroulent la plupart du temps dans des conditions d’hygiène précaires pour les plus pauvres, ou dans des cliniques privées pour celles qui peuvent débourser environ 1.000 euros. Une Argentine qui avorte s’expose à une peine de prison jusqu’à quatre ans, selon le code pénal, et le praticien risque la même sanction.

En juin 2018, lors d’un vote historique, la chambre des députés avait approuvé la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) jusqu’à la 14e semaine, mais le Sénat l’avait finalement rejetée quelques semaines plus tard.

Depuis cette date, les deux chambres ont été partiellement renouvelées et le nouveau président de centre-gauche s’est fermement engagé à présenter devant le Parlement un nouveau projet de loi en faveur de la légalisation.

« Toute la société doit respecter la décision individuelle de chacun à disposer de son corps », a déclaré le chef de l’Etat le 1er mars, à l’ouverture de la session ordinaire du Congrès, où il a promis de déposer le projet « dans les dix jours ».

A l’approche du débat parlementaire et de la Journée internationale des femmes, les mouvements féministes ont prévu de descendre dans la rue pour maintenir la pression sur les parlementaires, alors que l’Eglise catholique, les évangéliques et les groupes « pro-vie » sont aussi bien décidés à donner de la voix.

« Avoir un président qui se prononce en faveur (de la légalisation), c’est un succès de nous toutes. C’est un moment historique et nous devons rester mobilisées dans la rue », explique à l’AFP Victoria Tesoriero, de la Campagne nationale pour le droit à un avortement sûr, légal et gratuit.

En Amérique latine, l’Argentine a été pionnière pour la promulgation de lois sur le mariage homosexuel et l’identité de genre. En cas de légalisation de l’avortement, le pays rejoindrait Cuba, l’Uruguay, le Guyana et la province de Mexico.

– « Militantisme du président » –

Mais les opposants ne désarment pas.

« Le militantisme actif du président nous inquiète. Il va faire tout son possible pour que cela soit voté. La pression sur les provinces et les gouverneurs peut d’une certaine manière influencer le vote des sénateurs », redoute Camila Duro, porte-parole du mouvement Frente Joven (Front jeune).

« Nous voulons alerter le pouvoir politique que dans le pays, une majorité, qui apparaît dans les sondages et qui se mobilise dans la rue, n’est pas d’accord avec ce projet de loi », ajoute-t-elle.

Selon la dernière enquête d’opinion sur les croyances et comportements religieux en Argentine, le nombre de personnes qui affirment que l’avortement est un droit pour les femmes a doublé en dix ans, passant de 14,1% en 2008 à 27,3% en 2019.

Parallèlement, le nombre de personnes qui estiment que l’avortement doit être maintenu « interdit » a aussi augmenté, même si dans une moindre proportion, passant de 16,9% en 2008 à 18,7% en 2019.

Le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, l’Eglise catholique a prévu une messe à la Basilique de Notre-Dame de Lujan, important lieu de pèlerinage, à 75 km à l’ouest de Buenos Aires, avec pour thème « Oui aux femmes, oui à la vie ».

« L’église est prête à jouer un rôle de premier plan et à faire pression sur le gouvernement Fernandez qui a reçu le soutien de divers secteurs catholiques pendant la campagne, en particulier sur les questions de la faim et de la pauvreté » accentuées par la profonde crise économique, souligne Camila Duro.

Le lendemain, les mouvements féministes ont annoncé une grève des femmes, ainsi qu’une manifestation pro-IVG devant le palais du Congrès, avec les désormais célèbres foulards verts, symbolisant la lutte en faveur de la légalisation.

Ogossagou, Mali, 14 février 2020: anatomie d’un massacre

Le 23 mars 2019, plus de 160 civils peuls étaient massacrés à l’aube dans un petit village du centre du Mali. Moins d’un an après, les hommes armés et l’horreur sont revenus à Ogossagou.

Huit témoignages recueillis par l’AFP retracent comment une trentaine de villageois y ont été assassinés le 14 février, nouvelles victimes du tourbillon de violences à caractère autant communautaire que jihadiste qui ensanglante la région.

Ogossagou est inaccessible à un journaliste étranger sans une escorte militaire exceptionnelle. Mais le récit des témoins retrace l’angoisse qui étreint le village quand la garnison établie après le carnage de mars 2019 quitte la place sans prévenir, la terreur et la fuite éperdue pendant l’attaque, et l’accablement après.

Quand la quarantaine de soldats plie bagages le 13 février le pressentiment de l’inéluctable s’empare des villageois.

C’est comme si des frères étaient partis, dit Bakaye Ousmane Barry, 46 ans, habitant d’Ogossagou présent ce jour-là.

Pour expliquer ce départ précipité après des mois de présence ininterrompue, le gouverneur de la région, Abdoulaye Cissé, invoque le repositionnement en cours de l’armée sur le territoire malien, après une succession d’opérations jihadistes meurtrières.

– Pendu au téléphone –

« On a vu que la situation ne s’améliorait pas (au niveau national), on a voulu changer de posture. Les forces étaient sur place, statiques, dans (des) emprises mal faites », dit le plus haut représentant de l’Etat dans la région. « On n’a même pas supprimé (la garnison), on était en regroupement. C’est pendant ce temps-là qu’il y a eu ce drame qu’Ogossagou vient de connaître pour une deuxième fois ».

Les soldats laissent à lui-même ce petit village, composé d’un quartier dogon et d’un quartier peul, l’un des derniers à des kilomètres à la ronde où vivent encore des Peuls. Alentour, des dizaines d’autres villages peuls se sont vidés à la suite d’attaques.

La crise en cours au Mali depuis 2012 a vu l’émergence dans le centre d’un groupe jihadiste autour du prédicateur peul Amadou Kouffa en 2015, recrutant prioritairement parmi des Peuls, traditionnellement éleveurs.

Les affrontements se multiplient alors entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé des groupes d’autodéfense se sont constitués, comme la milice pro-dogon Dan Na Ambassagou.

Tous sont musulmans, mais les violences ont progressivement pris une dimension communautaire accentuée.

Il est 18H00 quand les soldats partent en hâte. Onze heures avant l’attaque, la psychose s’empare du village.

« A partir de ce moment jusqu’à l’aube, j’ai reçu des dizaines d’appels », raconte un notable d’Ogossagou dans la capitale régionale Mopti, où il a fui il y a cinq mois. Il a perdu sept frères et son père l’an passé. « On savait qu’au moment où on ne serait plus protégé, on se ferait encore attaquer ».

S’exprimant sous le couvert de l’anonymat comme d’autres pour des raisons de sécurité, il dit avoir alerté six autorités différentes: militaires, administratives, onusiennes. En vain. Un rapport interne de la Mission de l’ONU (Minusma) confirme qu’elle a été alertée la veille des faits que des hommes armés « ont été vus en train de se regrouper autour » d’Ogossagou.

– Aurore spectrale –

Selon tous les habitants interrogés, ce sont des chasseurs dogons, la communauté déjà accusée en 2019. Comme à l’époque, aucune preuve ne vient corroborer cette mise en cause. La milice Dan Na Ambassagou, officiellement dissoute au lendemain du premier massacre d’Ogossagou, a démenti être derrière cette nouvelle attaque.

La nuit tombe. « Impossible de préparer le dîner. Pourquoi préparer des repas quand on sait qu’on va être attaqué », dit Mariam Belko Barry, 67 ans, aujourd’hui réfugiée à Mopti.

En 2019, les assaillants avaient attaqué juste avant l’aube. Alors, ce soir-là, elle tente de conjurer la peur de la nuit: « Il faut que le soleil vienne et cela ira mieux ».

Un détachement de Casques bleus arrive peu avant 02H00, dit le porte-parole de la Minusma Olivier Salgado. C’est plus de six heures après que la Minusma a été alertée. La cinquantaine de soldats ne trouve « aucun signe de menace » et continue la patrouille vers les villages voisins.

Dans Ogossagou,les habitants ne trouvent pas le sommeil.

A 05H00, l’imam appelle à la prière de l’aube. L’éleveur Bakaye se dirige vers la mosquée, prie et s’en remet à Dieu.

Un premier coup de feu retentit.

– Deux heures meurtrières –

Bakaye est saisi d’effroi. Chez elle, Mariam Barry entend les mêmes détonations. Tout s’accélère. Elle se rue dans la maison en banco de l’ancien marabout, tué l’an passé, car « c’est plus sécurisé que la mienne en paille ». Puis, avec son mari Aliou et beaucoup de voisins, elle s’enfuit en brousse.

Mariam, vieille femme qui marche le dos courbé, court « encore et encore ». Elle perd de vue son mari. Il est touché de trois balles: au genou, à la hanche et au pied. Il survivra. Elle continue à courir.

Bakaye est sorti de la mosquée et détale. « Tout le monde fuit ». Les tirs sont rapprochés; ce sont des armes automatiques.

A distance, le notable continue d’appeler le village et les autorités. On lui répond qu’un détachement est en route. Il faut attendre.

Deux heures se passent au bruit des balles. De la fumée noire s’élève du village, relatent ceux qui sont cachés dans les broussailles. Des maisons et des greniers sont brûlés.

A huit heures arrivent quatre véhicules de l’armée et trois de l’ONU. Ils arrêtent un homme armé; les autres sont déjà partis.

– Sortir, et mourir –

Bakaye sort des hautes herbes et retourne au village. « Je cherche mes proches, je les appelle, je ne sais pas où ils sont ».

Les habitants reviennent un à un. Les soldats partent avec les hommes ratisser les environs. Les corps, certains calcinés, s’amoncellent. Six, puis douze, vingt-et-un… Le soir, Bamako annonce 31 civils tués.

Les témoins évoquent une dizaine de disparus. Un frère de Bakaye manque à l’appel. « J’espère qu’il est encore en brousse à se cacher ». La probabilité s’en amenuise chaque jour.

Tous disent ne plus vouloir retourner à Ogossagou. « Jusqu’à la mort, jamais. Si l’armée repart, on se refera attaquer », dit Mariam. La confiance dans l’armée est rompue, dit une autre habitante toujours sur place. Son témoignage a été recueilli par SMS.

Mais qu’adviendra-t-il de ceux qui, à la différence de Mariam et Bakaye, n’ont pas pu quitter le village en convoi militaire pour accompagner leurs proches à l’hôpital ?

« Les enfants ne sortent plus s’amuser, on n’ose pas faire paître le bétail, ni aller puiser de l’eau au puits, ni chercher du bois », dit la même habitante restée sur place. « Si on sort, on est mort. Ce village ne nous appartient plus ».