Le tourisme thaïlandais frappé de plein fouet par le coronavirus

Des rangées de bus touristiques à l’arrêt, des parcs d’attraction déserts, des plages vides: le tourisme en Thaïlande, si important pour l’économie du pays, est touché de plein fouet par l’épidémie de coronavirus.

« La situation est très mauvaise, il ne reste que très peu de touristes », raconte à l’AFP Songsak Srimuang qui travaille dans un magasin de tatouage de la station balnéaire de Pattaya, habituellement l’une des destinations favorites des visiteurs chinois. « Peut-être que je vais retourner dans ma ville natale et reprendre un travail dans l’agriculture ».

Le nombre de touristes chinois a chuté depuis janvier, le gouvernement chinois ayant interdit les visites de groupes à l’étranger dans le but de tenter de contenir l’épidémie.

Si cela continue, « on va devoir fermer et je n’aurai nulle part où travailler », s’inquiète Kochawan Greeglang, serveuse dans un bar de Pattaya.

En attendant, l’économie thaïlandaise, particulièrement dépendante du tourisme (18% du PIB), poursuit sa décélération.

Et l’autorité du tourisme a dû revoir à la baisse ses prévisions pour 2020.

Elle table pour le moment sur 6 millions de visiteurs étrangers en moins cette année (33,8 millions contre 39,8 en 2019), d’après des données transmises à l’AFP.

Mais la chute pourrait être encore plus sévère si la crise devait perdurer de longs mois.

A ce jour, le royaume compte 50 cas déclarés de coronavirus. Un patient est décédé, 16 sont encore à l’hôpital et 33 sont rétablis.

Journée des droits des femmes: des milliers de personnes manifestent en Asie

Des Philippines au Pakistan, des milliers de personnes ont manifesté dimanche en Asie à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, même si de nombreux rassemblements avaient été annulés du fait des craintes liées au coronavirus.

En Chine, épicentre d’une épidémie qui a fait plus de 3.500 morts sur la planète, la télévision publique avait choisi de souligner le travail des femmes en première ligne du combat contre la maladie du Covid-19.

Des marches ont eu lieu en Thaïlande, en Indonésie ou aux Philippines. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à Lahore, dans le nord-est du Pakistan.

« Donnez nous ce qui nous appartient! », scandait la foule, alors que la société pakistanaise est particulièrement conservatrice. « Nous voulons la liberté. »

En Inde, un marathon exclusivement féminin qui était prévu a été annulé. En Corée du Sud, pays qui compte le plus de cas de contaminations après la Chine, de nombreux événements ont également été annulés à cause de l’épidémie.

« Bien que nous ne puissions physiquement être ensemble, notre détermination à obtenir l’égalité entre les femmes et les hommes est plus forte que jamais », a déclaré dans une vidéo la ministre de l’Egalité Lee Jung-Ok.

De nombreuses organisations féministes avaient opté pour des actions en ligne plutôt que pour des rassemblements physiques, en se ralliant notamment derrière les hashtags #FemaleStrike, #PowerUp ou #38InternationalWomensDay pour tenter d’en sensibiliser davantage à la cause de l’égalité hommes-femmes.

A Bangkok, des manifestantes ont demandé une meilleure protection sur les lieux de travail pour lutter contre l’épidémie. Mais le nombre de personnes présentes était moins élevé que l’année précédente, et ce en raison de la peur du virus.

Des centaines de femmes et d’hommes se sont aussi rassemblés à Manille où ils ont même brûlé une effigie du président philippin Rodrigo Duterte, accusé de misogynie.

« La pauvreté et les violences dont les femmes sont victimes s’aggravent », a déclaré à l »AFP Joms Salvador, du mouvement féministe Gabriela.

« Nous avons beau avoir 37 lois relatives aux droits des femmes, la violence se généralise dans les faits, que ce soit sous la forme de violence conjugale, de harcèlement sexuel ou de viols. »

A Jakarta, environ 600 personnes, certaines maquillées aux couleurs de l’arc-en-ciel, ont demandé au gouvernement l’abrogation de loi critiquées comme discriminatoires et l’adoption de lois contre les violences sexuelles et pour la protection des domestiques.

burs-rbu/amj/jac/lch

Le Liban en défaut de paiement confronté au défi des réformes

Le Liban, englué dans une grave crise économique et désormais en défaut de paiement, a promis d’engager une série de réformes qui constitueront un test décisif pour le nouveau gouvernement, nommé en réponse au mouvement de contestation populaire secouant le pays.

« La vraie question, est-ce que les politiciens feront le nécessaire pour résoudre le problème? », s’interroge Sami Nader, directeur de l’Institut du Levant pour les affaires stratégiques.

« Si la mise en défaut ne s’accompagne pas d’un engagement clair pour des réformes, cela accélérera l’effondrement », met-il en garde.

Le Premier ministre Hassan Diab a annoncé samedi que le Liban ne sera pas en mesure de rembourser 1,2 milliard d’Eurobonds –des obligations émises en dollars– qui arrivent à échéance lundi.

Face à ce premier défaut de paiement de l’histoire du pays, M. Diab a dit avoir mis en place une restructuration à venir de la dette, après des négociations avec les créanciers.

Ce n’est que le dernier rebondissement en date venant illustrer l’effondrement économique, en cours depuis plusieurs mois, d’un pays à la croissance en panne, touché par une forte dépréciation de sa monnaie et des restrictions drastiques sur les retraits en dollars dans les banques.

Avec une dette de 92 milliards de dollars –81,5 milliards d’euros, soit environ 170% du PIB– le Liban fait aussi partie des pays les plus endettés au monde.

Le marasme économique a d’ailleurs été un des principaux moteurs des manifestations inédites déclenchées en octobre, qui ont vu des dizaines, voire des centaines, de milliers de Libanais battre le pavé pour fustiger une classe politique accusée de corruption et d’impuissance face à la crise.

– FMI, seule option? –

Nommé en janvier pour apporter une réponse aux aspirations de la rue, le gouvernement martèle sa volonté d’assainir les finances publiques et d’adopter des réformes attendues depuis des années.

Mais dans un pays habitué aux tractations politiques interminables entre grands partis, les experts craignent des atermoiements.

Le Liban a en tout cas déjà requis une assistance technique du Fonds monétaire international (FMI) pour mettre en place des « réformes », censées restaurer la stabilité et la croissance.

En février, le Premier ministre a reçu à Beyrouth une délégation de l’institution. Pour l’heure, une aide financière n’est pas à l’ordre du jour. Mais l’ampleur de la crise est telle qu’un plan de sauvetage financier semble incontournable, selon des experts.

« Le FMI c’est la seule option pour aller de l’avant », estime M. Nader.

Pour Marwan Barakat, chef du département de recherche à la Bank Audi, il faut que le plan de réformes des autorités garantisse notamment « l’austérité » au niveau des dépenses publiques, mais aussi « une amélioration du recouvrement de l’impôt, une réduction du service de la dette et une réforme du secteur de l’électricité », véritable gouffre financier.

Concernant une aide financière du FMI, la classe politique reste profondément divisée.

Le puissant mouvement chiite du Hezbollah, qui domine le Parlement avec ses alliés, est hostile à cette option. Dans un communiqué jeudi, il avait mis en garde contre des « conditions » imposées par « toute organisation internationale », craignant une « tutelle étrangère ».

– « Banqueroute » –

Dans son éditorial dimanche, le quotidien Annahar a souligné les « risques » auxquels s’exposait le Liban avec son défaut de paiement.

D’autant que le gouvernement s’est engagé sur cette voie « sans le FMI, un médiateur international nécessaire qui aurait pu aider le Liban et lui apporter une couverture vis-à-vis des créanciers », juge-t-il.

Evoquant la menace de poursuites judiciaires, le quotidien indique que le Liban doit trouver un « consensus » avec ses créanciers concernant les négociations sur la restructuration de la dette.

Et pour des discussions fructueuses, le « principal prérequis » c’est un « plan de sauvetage économique faisable et crédible », avertit Mohamad Faour, post-doctorant spécialisé en finances à l’University College de Dublin.

« Du point de vue des créanciers, idéalement cela ferait partie d’un plan de soutien du FMI, qui donnerait au Liban un levier dans ses négociations », dit-il.

La crise actuelle est la pire dans l’histoire du Liban depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).

Samedi, M. Diab s’est engagé à réduire les dépenses publiques et à mener à bien les réformes promises en 2018 dans le cadre d’une conférence d’aide internationale, pour obtenir 11,6 milliards de dollars (10,3 milliards d’euros) de dons et de prêts.

Faute de réel changement sur le front des réformes au Liban, ces sommes n’ont toujours pas été débloquées.

Dans une vidéo postée sur Facebook, l’ancien ministre du Travail et professeur à l’Université américaine de Beyrouth Charbel Nahas a fustigé les autorités et leur annonce d’un défaut de paiement.

« Ce n’est pas une vraie décision », a-t-il estimé. « C’est juste la reconnaissance d’une certaine réalité, caractérisée par la banqueroute de l’Etat, de la Banque centrale et des banques commerciales. »

Coronavirus: l’Italie place en quarantaine un quart de sa population

Un quart de la population italienne s’est réveillée dimanche en quarantaine, une mesure sans précédent en Europe décidée par Rome pour endiguer l’épidémie liée au nouveau coronavirus qui a contaminé plus de 100.000 personnes dans le monde entier.

Le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a salué ces mesures « courageuses » et les « véritables sacrifices » consentis en Italie.

Ces mesures exceptionnelles de confinement, valables jusqu’au 3 avril, couvrent une vaste zone dans le Nord du pays allant de Milan, la capitale économique, à Venise, haut lieu du tourisme mondial.

Plus de 15 millions d’Italiens dans cette « zone rouge » voient leurs déplacements strictement limités. Les frontières restent ouvertes pour l’heure avec les pays voisins, même si Prague a appelé Rome à interdire à ses citoyens de voyager à l’étranger.

Cette mesure radicale évoque celle utilisée dans la province chinoise du Hubei où l’épidémie a démarré en décembre (56 millions d’habitants en quarantaine).

L’Italie, avec plus de 5.880 cas et 233 décès, est avec l’Iran et la Corée du Sud l’un des pays les plus touchés en dehors de la Chine. C’est le pays d’Europe le plus durement frappé.

A Milan, les rues étaient désertes et calmes dimanche matin, a constaté l’AFP. Le confinement concerne toute la Lombardie et les provinces septentrionales de Modène, Parme, Piacenza, Reggio Emilia, Rimini (dans la région d’Emilie-Romagne), Pesaro et Urbino (région des Marches, centre-est), Alessandria, Asti (Piémont, nord-ouest), mais aussi Padoue, Trévise, et Venise (en Vénétie, nord-est).

– Angelus en vidéo –

Bien avant son officialisation tôt dimanche matin, le décret instaurant ces mesures avait été largement éventé. Les plus inquiets ont quitté la zone concernée dès samedi soir, selon des médias italiens. Une fuite « inacceptable » pour le chef du gouvernement Giuseppe Conte.

Dimanche vers 11H00 GMT, 107.021 cas d’infection étaient officiellement recensés dans 99 pays et territoires, causant la mort de 3.648 personnes dans le monde.

Dans sa prière dominicale de l’Angelus diffusée pour la première fois par vidéo pour parer la diffusion du coronavirus, le pape François s’est dit « proche » des malades et de leurs soignants.

En Chine, 27 nouveaux décès et 44 nouveaux cas ont été enregistrés dimanche, portant le total des morts dans le pays à 3.097 avec au moins 80.695 personnes contaminées depuis le début de l’épidémie. L’effondrement samedi d’un hôtel réquisitionné comme lieu de quarantaine à Quanzhou (est) a fait au moins dix morts.

En Corée du Sud, deuxième pays au monde le plus touché après la Chine, le bilan s’élevait dimanche à 50 morts pour 7.313 cas dont 272 nouveaux, le plus petit nombre de nouvelles contaminations en plus d’une semaine. Mais « nous n’en sommes pas au point où nous pouvons parler d’une amélioration », a déclaré le ministre sud-coréen de la Santé Park Neung-hoo.

La Corée du Nord a mis fin à la quarantaine imposée à plus de 3.600 personnes.

– 49 nouveaux morts en Iran –

L’Iran a annoncé 49 nouveaux décès –la plus forte hausse quotidienne depuis les premiers cas officiellement déclarés le 19 février– portant à 194 le total des morts du Covid-19 sur 6.566 cas dans le pays. La compagnie publique Iran Air a annoncé suspendre tous ses vols vers l’Europe jusqu’à nouvel ordre.

En France, cinquième pays le plus touché avec 16 morts et 949 cas, le président Emmanuel Macron réunit dimanche soir son Conseil de défense. Le pays est toujours au « stade 2 » de l’état d’alerte mais le passage au stade 3 –celui de l’épidémie, qui prévoit davantage de restrictions– est inéluctable.

Aux Etats-Unis qui comptent au moins 19 morts sur plus de 400 cas, l’Etat de New York a instauré à son tour samedi l’état d’urgence. Le navire de croisière américain Grand Princess, bloqué au large de San Francisco avec 21 cas parmi les 3.553 passagers et membres d’équipage, a été autorisé à accoster à Oakland (Californie) et commencera lundi à débarquer des passagers ayant besoin de soins, selon l’opérateur Princess Cruises.

La Thaïlande puis la Malaisie ont refusé de laisser accoster un navire de croisière transportant 2.000 personnes, dont des dizaines d’Italiens.

En Egypte, un bateau de croisière avec 171 passagers dont 101 touristes étrangers a été évacué à Louxor (sud) après la découverte de 45 cas portant au total le nombre de cas en Egypte à 48 selon le ministère de la Santé.

Les annulations d’événements sportifs et rassemblements se multiplient. En Italie, le ministre des Sports Vincenzo Spadafora a appelé à suspendre le championnat national de football.

Le Grand Prix de Formule 1 de Bahreïn se tiendra à huis clos du 20 au 22 mars. Au Japon, le Tournoi de printemps de sumo, qui débute dimanche, se tient également à huis-clos. Les Mondiaux féminins de hockey sur glace, prévus du 31 mars au 10 avril au Canada, sont annulés.

Treize pays ont fermé leurs établissements scolaires: 300 millions d’élèves dans le monde sont privés d’école pour plusieurs semaines.

Nombre de pays prennent des mesures d’interdiction de territoire ou de quarantaine pour des voyageurs provenant de pays touchés. Le Salvador a interdit l’entrée aux personnes arrivant d’Allemagne et de France, comme c’était déjà le cas pour les voyageurs en provenance de Chine, Corée du Sud, Italie et Iran. L’Amérique latine avait déploré samedi son premier décès, en Argentine.

burs/lch/cls

Burlington, terrain d’expérimentation politique pour Bernie Sanders

« C’est ici que ça a commencé »: le sénateur socialiste Bernie Sanders a fait ses premiers pas en politique comme maire de Burlington, petite ville du Vermont qui a servi de laboratoire pour ses idées de gauche radicale comme pour ses méthodes politiques.

Originaire de New York, Bernie Sanders s’est installé dans cet Etat rural du nord-est des Etats-Unis à la fin des années 1960, en pleine mode du « retour à la terre », après des études à Chicago où il avait milité pour le pacifisme et les droits civiques.

Située sur les bords du vaste lac Champlain, la ville principale du Vermont et ses 42.000 habitants sont plus proches de Montréal (à 150 km) que de Boston ou New York.

Pour « Bernie », aujourd’hui engagé dans un duel féroce avec l’ancien vice-président Joe Biden pour l’investiture démocrate à la présidentielle 2020, ses huit ans aux commandes de cette ville universitaire furent des années d’apprentissage politique.

Il y a appris avant tout à « mobiliser la base », l’un de ses grands atouts aujourd’hui, explique Virginia Lyons, sénatrice au Parlement du Vermont, qui a souvent travaillé avec lui.

« Il a appris que de petits groupes de gens pouvaient faire la différence », dit cette élue démocrate de 75 ans, soit trois ans de moins que l’intéressé.

C’est d’abord sous l’étiquette du petit parti pacifiste de l’Union de la liberté que Bernie Sanders se présente à plusieurs élections locales. Sans jamais percer.

Mais tout change en 1981 lorsque, à la faveur d’une quadrangulaire, il emporte la mairie de Burlington en tant qu’indépendant, avec dix voix d’avance sur le démocrate sortant et à la surprise de tous.

– Environnement hostile –

Les démocrates installés au conseil municipal ont « tenté de le bloquer, l’empêchant même d’exercer les fonctions administratives les plus basiques », raconte Kurt Wright, actuel président du conseil, dont il est l’unique élu républicain.

Dans cet environnement hostile, alors qu’au niveau national le président Ronald Reagan lance un programme ultra-conservateur décrié par la gauche américaine, le nouveau maire de Burlington, qui dénonce déjà les inégalités, cherche des alliés.

Première bataille de ses huit ans à la mairie: empêcher la privatisation des berges municipales du lac, alors en déshérence, où devaient pousser logements et hôtels chics.

Les promoteurs sont dans les starting-blocks, mais Bernie Sanders mobilise ses administrés pour maintenir l’espace public et en faire un lieu de promenade et de développement concerté.

Autre cause célèbre, le logement: en 1986, alors que 336 logements subventionnés menacent d’être convertis en logements à prix du marché, il mobilise responsables locaux et habitants et obtient une reprise du complexe par des associations, garantissant des loyers abordables.

« Il a montré qu’il pouvait stimuler et motiver les gens (…) Ca a commencé à Burlington », relève Kurt Wright.

Avec les entreprises, le bilan est plus mitigé. L’actuel pourfendeur de Wall Street a instauré dans sa ville du Vermont une fiscalité plus lourde sur l’immobilier commercial.

Les entrepreneurs ne sont « pas une priorité de M. Sanders », tranche Kelly Devine, responsable de la Burlington Business Association, principale organisation patronale, qui dit ne l’avoir jamais rencontré.

– « Fouiller les archives » –

Bernie Sanders n’a pourtant pas que des ennemis dans le milieu. Ben Cohen, cofondateur du célèbre fabricant de crèmes glacées Ben & Jerry’s — une institution à Burlington, même s’il a été racheté en 2000 par le géant Unilever — fait campagne pour le sénateur socialiste.

Malgré les critiques, Bernie, qui anima de 1986 à 1988 une émission télévisée locale où il allait, non sans humour, au contact de ses administrés, est loin d’avoir ici l’image d’un homme rêche, réfractaire au compromis.

Comme une quinzaine de personnes interrogées au hasard dans les rues de Burlington, le républicain Kurt Wright dit l’apprécier « personnellement », même s’il rejette ses idées qui mèneraient selon lui les Etats-Unis dans une mauvaise « direction ».

Alors que le duel s’annonce sans merci avec Joe Biden, le passé de Bernie Sanders promet d’être examiné plus attentivement que lors de sa campagne 2016, où ses chances semblaient limitées face à Hillary Clinton.

Les journalistes ont déjà commencé à « fouiller dans les archives » en quête « de choses qu’il a pu dire qui pourraient être utilisées contre lui », dit Kurt Wright.

Le septuagénaire a ainsi dû s’expliquer récemment sur une vidéo de 1985, dans laquelle il disait du bien du système éducatif et de santé du dictateur cubain Fidel Castro.

Et le New York Times a publié vendredi un article depuis la ville russe de Iaroslavl, avec laquelle le maire de Burlington noua un programme de jumelage en 1988, l’année où il fut aussi en voyage de noces à Moscou.

Le quotidien souligne que le gouvernement soviétique considérait alors ces jumelages comme « l’un des canaux les plus utiles » pour sa propagande.

Alors, faut-il craindre Bernie? « Les gens ne devraient pas avoir peur de lui », répond la sénatrice Virginia Lyons. « Il comprend parfaitement ce qu’est la démocratie ».

Le roi d’Arabie saoudite apparaît après l’arrestation de plusieurs princes

Le roi Salmane d’Arabie saoudite est apparu dans les médias d’Etat dimanche pour la première fois depuis l’arrestation il y a deux jours de trois princes, dont son frère et son neveu, accusés d’avoir comploté pour renverser le puissant prince héritier.

La garde royale a arrêté vendredi le prince Ahmed ben Abdelaziz al-Saoud, frère du roi, ainsi que le neveu du monarque, le prince Mohammed ben Nayef, accusés d’avoir préparé un coup d’Etat pour évincer le prince héritier Mohammed ben Salmane, ont indiqué plusieurs sources à l’AFP.

Le roi saoudien apparaît régulièrement dans des cérémonies officielles, mais cette nouvelle vague de répression a soulevé des rumeurs autour de l’état de santé du monarque, âgé de 84 ans, et sur la possibilité que le prince Mohammed lui succède très prochainement.

Mais le roi Salmane a reçu dimanche plusieurs ambassadeurs saoudiens qui ont prêté serment devant lui, selon des photos publiées par l’agence de presse SPA et des images diffusées par la chaîne Al-Ekhbariya, deux médias gouvernementaux.

Depuis qu’il est devenu prince héritier en 2017, en lieu et place de Mohammed ben Nayef, Mohammed ben Salmane est accusé de mener une répression implacable contre toutes les voix discordantes, au sein de la famille royale comme dans le milieu des intellectuels et militants des droits humains.

Syrie: 32 morts, dont des Irakiens, dans un accident de la route

Au moins 32 personnes ont péri samedi dans un accident de la route causé par un carambolage impliquant notamment un camion-citerne et deux bus sur une route reliant Damas à la province de Homs (nord-ouest), a rapporté l’agence syrienne Sana.

Le camion-citerne, dont les freins ont lâché, a foncé dans 15 véhicules, dont deux bus transportant des passagers irakiens, a indiqué le ministre de l’Intérieur, Mohammad Khaled al-Rahmoun, en inspectant les lieux de l’accident à la sortie de Damas.

En outre, 77 personnes ont été blessées, a ajouté le ministre, cité par Sana.

Des images retransmises par l’agence officielle montrent des équipes de secours se déployer autour des débris de deux véhicules.

Sana a également publié des photos d’un bus dont une partie a été pulvérisée.

Parmi les victimes de l’accident, pourraient figurer des pèlerins irakiens qui visitaient des lieux saints en Syrie, toujours très populaires parmi les chiites de la région, malgré la guerre qui a fait plus de 380.000 morts et déplacé des millions de personnes depuis 2011.

En Chine, l’amertume des habitants confinés par le coronavirus

Après plus de 40 jours de confinement au Hubei, épicentre de l’épidémie de Covid-19 en Chine, de nombreux habitants de la province réclament une levée de la quarantaine au moment où plusieurs villes n’enregistrent aucune nouvelle contamination.

Tang Wushan, ouvrier, fait partie de ceux-là. Tétanisé par le nouveau coronavirus, il n’a pas mis les pieds hors de sa maison de Xiangyang depuis la mise en place d’un vaste cordon sanitaire fin janvier.

La ville est située à quelque 260 kilomètres de Wuhan, la capitale régionale du Hubei, vaste région où plus de 50 millions de personnes sont placées en quarantaine.

« Ça fait trop longtemps » sans sortir, soupire le trentenaire joint par téléphone et qui se dit aujourd’hui « proche d’une dépression ».

Les gens ne peuvent sortir de la commune où ils se trouvent. Et en sens inverse, nul ne peut entrer dans la province, sauf avec une autorisation spéciale.

Le Hubei représente toujours la quasi-totalité des nouveaux cas journaliers d’infections et de décès en Chine (27 dimanche, tous à Wuhan). Mais leur nombre baisse depuis plusieurs semaines, tandis que la maladie gagne du terrain ailleurs dans le monde.

Xiangyang, en revanche, n’a pas enregistré de nouveaux cas depuis 12 jours consécutifs. La ville de Xianning, entourée de plaines et de forêts au sud de la province, en totalise 15.

« A certains endroits, il n’y a pas eu d’infections depuis le début de l’épidémie. Je pense que ces zones pourraient rouvrir progressivement », fait valoir M. Tang. Et il n’est pas le seul.

– « Comme une tumeur » –

Depuis le week-end dernier, le mot-dièse « Quand le Hubei sera rouvert » a été lu plus de 100 millions de fois sur le réseau social Weibo, l’équivalent en Chine de Twitter.

« Ne peut-on pas inspecter la province et autoriser les gens à sortir par lots? », peste un internaute.

Depuis le début de l’épidémie, la maladie a fait plus de 3.000 morts dans le pays et contaminé plus de 80.000 personnes, la grande majorité à Wuhan où le virus est apparu en décembre sur un marché aux animaux sauvages.

95 pays et territoires ont à leur tour été contaminés. Et l’Italie, pays d’Europe le plus durement touché, a verrouillé dimanche une vaste zone de plus de 15 millions d’habitants comprenant Milan, la capitale économique.

Dans le Hubei, un utilisateur de Weibo réclame aux autorités un peu de clémence.

« A Wuhan, la situation est grave mais pourquoi traiter toute la province comme une tumeur? », se lamente-t-il.

Jiang, une jeune femme de 23 ans qui n’a pas souhaité donner son nom complet à l’AFP, assure continuer à payer chaque mois le loyer d’un logement à Shenzhen, près de Hong Kong, dans lequel elle ne peut pas remettre les pieds du fait de la quarantaine.

« Mais je dois continuer à payer », explique-t-elle.

Mme Jiang est coincée depuis le Nouvel an lunaire (qui tombait le 25 janvier cette année) à Enshi, à 550 kilomètres à l’ouest de Wuhan.

« Mon chat est toujours dans mon logement et je ne lui ai laissé que deux semaines de nourriture », se désole-t-elle.

– « Des choses extrêmes » –

Autre situation des plus dramatiques, celle décrite par une internaute: aucun hôpital près de Wuhan n’était en mesure d’accueillir sa grand-mère gravement malade.

« Hormis les patients atteints du coronavirus, la vie des autres n’a-t-elle pas de valeur? », s’interroge-t-elle.

Une jeune femme d’une vingtaine d’années, qui préfère taire son nom, affirme à l’AFP que les produits de première nécessité se font rares à Xiangyang par manque de livraison. Et sa famille ne survit que grâce aux légumes qu’elle cultive elle-même.

A l’inquiétude d’une pénurie alimentaire s’ajoute celle de sa situation professionnelle. Faute de pouvoir quitter la province pour retrouver son travail, le patron ne paye plus la jeune femme depuis la mise en quarantaine fin janvier. Mais ses factures s’accumulent…

Si la situation persiste, des gens pourraient en venir à « faire des choses extrêmes », prévient-elle.

Vendredi, un haut responsable chinois a laissé entendre que la province du Hubei pourrait bientôt être rouverte.

« Le jour que tout le monde attend ne devrait plus être si loin que ça », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse.

Coronavirus: le Grand Princess autorisé à accoster aux Etats-Unis

Le navire de croisière américain Grand Princess, frappé par le coronavirus et bloqué depuis plusieurs jours au large de San Francisco avec 3.553 passagers et membres d’équipage à bord, va pouvoir accoster en Californie.

Le navire a été autorisé à accoster lundi à Oakland, dans le nord de la Californie, et commencera à débarquer les passagers ayant besoin d’un « traitement médical intensif et une hospitalisation », a annoncé samedi soir Princess Cruises, propriétaire du navire à bord duquel 21 cas de coronavirus ont été détectés.

Les 1.100 membres d’équipage, pour environ la moitié des Philippins et dont plusieurs membres ont été diagnostiqués positifs au virus, seront placés en quarantaine et traités à bord du navire, a précisé la compagnie qui possède également le Diamond Princess, placé en quarantaine en février au Japon avec plus de 700 contaminations dont six mortelles.

Pour le Grand Princess, le plan de débarquement initial a été retardé de dimanche à lundi par les CDC (Centres américains de prévention et de contrôle des maladies), selon la compagnie.

Les autorités californiennes avaient annoncé mercredi soir retenir le paquebot pour procéder à des tests à bord, après la mort du Covid-19 à son retour en Californie d’un homme âgé de 71 ans qui avait participé à une partie de la croisière.

Le Grand Princess avait interrompu son circuit après la découverte de symptômes chez certains de ses passagers et membres d’équipage.

Les analyses réalisées à bord ont révélé 21 cas de contamination – 19 membres d’équipage et deux passagers – sur 45 personnes testées.

– 54 nationalités à bord –

Le navire compte 3.533 passagers et membres d’équipage. Sur les 2.422 passagers, 2.016 sont Américains, dont 938 de Californie. Un total de 54 nationalités sont représentées à bord, selon la présidente de la compagnie Princess Cruises, Jan Swartz.

Dans tous les Etats-Unis, plus de 400 personnes ont contracté le virus selon un dernier bilan. Au moins 19 personnes sont mortes du Covid-19. L’Etat de New York a été le dernier en date à instaurer samedi l’état d’urgence, avec 89 cas. Les annulations d’événements publics se multiplient.

Les autorités du Maryland ont fait état de deux cas détectés parmi des participants à une récente conférence à laquelle assistait Donald Trump. Interrogé pour savoir s’il s’inquiétait de voir le virus se rapprocher de la Maison Blanche, le président américain s’est dit « pas préoccupé du tout », assurant qu’il n’envisageait pas de réduire ses engagements et promettant « des meetings formidables » pour la campagne électorale.

A bord du Grand Princess, où les passagers sont confinés dans leurs cabines, une passagère âgée de 63 ans, Carolyn Wright, a témoigné samedi à l’AFP de l’inquiétude et la frustration croissantes.

« Je suis vraiment heureuse qu’il y ait finalement un plan, j’aimerais juste en savoir un peu plus sur ce qui va nous arriver », a-t-elle soupiré, « nous n’avons pas la peste ».

Une autre passagère, Kari Kolstoe, 60 ans et atteinte d’un cancer, a expliqué à CNN s’inquiéter de rentrer à temps pour commencer lundi sa chimiothérapie. « Je suis dans un état de santé très fragile en ce moment », a-t-elle confié, « si je n’ai pas le coronavirus, je dois le savoir le plus tôt possible ».

Selon le quotidien Mercury News de San Jose, le gouvernement américain a mis sur pied un centre de commandement opérationnel au Marriott Convention Center d’Oakland, afin de mener toute l’opération de débarquement des passagers et membres d’équipage du Grand Princess.

Le vice-président américain Mike Pence, en charge de la réponse américaine à l’épidémie de coronavirus, a indiqué samedi que tous les passagers et membres d’équipage du navire seraient soumis à des tests et placés en quarantaine si nécessaire.

8 mars: les Soudanaises veulent un meilleur statut

Elles avaient été à l’avant-garde de la contestation du régime du président Omar el-Béchir. Mais, onze mois après sa chute, des militantes soudanaises se disent déçues par le peu d’empressement des nouvelles autorités à améliorer le statut de la femme.

Et c’est pour crier haut et fort leur frustration que ces militantes ont appelé à manifester dimanche, à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme, devant le siège du ministère de la Justice à Khartoum.

« Rien de concret n’a été fait pour satisfaire aux revendications des femmes », a constaté avec amertume Zeineb Badreddine, dans sa modeste maison d’Omdourman, ville-jumelle de Khartoum, sur l’autre bord du Nil.

C’est à cette militante de la première heure qui a réintégré l’enseignement 30 ans après avoir été licenciée pour ses « idées progressistes » par le régime islamiste d’Omar el-Béchir, que reviendra l’honneur de conduire la manifestation.

Comme pour les marches contre le régime déchu, la protestation doit démarrer à 13H00 locales (11h00 GMT) et Mme Badreddine donnera le signal de départ avec un you you, cri strident que lancent les femmes en signe de joie ou pour galvaniser les foules.

Le premier grief fait par cette militante à la forte personnalité aux nouvelles autorités est la faible représentation des femmes.

Pourtant le Premier ministre Abdallah Hamdok, au pouvoir depuis six mois, a confié quatre des 17 postes ministériels à des femmes, dont celui régalien, des Affaires étrangères.

Une femme a été en outre nommée à la tête du pouvoir judiciaire et le Conseil souverain, la plus haute instance du pouvoir, est formé de cinq militaires, et de six civils, dont deux femmes.

– Faible représentation –

« Notre représentation ne dépasse pas les 22% (…) et si les femmes avaient eu une meilleure représentation, elles auraient eu plus de voix pour défendre leur cause », a affirmé Mme Badreddine.

En novembre 2019, les nouvelles autorités ont abrogé une loi sur l’ordre public visant les Soudanaises jugées coupables d' »actes indécents et immoraux », mais le reste de l’arsenal discriminant les femmes est resté en place et aucune législation nouvelle les protégeant n’a été mise à l’oeuvre.

Sous le régime islamiste, de nombreuses femmes ont été flagellées en public ou emprisonnées pour tenue jugée « indécente » ou pour consommation d’alcool en application de cette loi.

Mme Badreddine a déploré notamment l’absence d’une loi criminalisant le harcèlement sexuel et la liberté laissé au juge de décider si une femme a été violée ou pas, ce qui peut conduire des fois à poursuivre des victimes d’actes de viol pour adultère.

Avocate et militante de la cause de la femme, Inaam Atiq, s’attarde sur la loi de statut personnel de 1991 pour en relever les nombreuses incohérences.

– Loi décriée –

« Cette loi est à l’origine de souffrances de milliers de femmes à travers le Soudan », a-t-elle déclaré.

Le texte, inspiré de la charia (loi islamique) permet entre autres, selon elle, de donner en mariage des filles de dix ans et ne prévoit pas le consentement de la femme dans les contrats de mariage.

« L’amendement de ce texte revêt un caractère urgent et cela peut se faire sans toucher aux principes de la charia », a-t-elle plaidé.

Une autre loi sur les passeports interdit aux femmes de voyager à l’étranger sans l’autorisation de leur tuteur mâle, une disposition qui a été abolie même dans l’Arabie saoudite ultra-conservatrice.

Les résultats des examens de l’ADN ne sont pas pris en compte par les tribunaux spécialisés dans les affaires de statut personnel.

Cela permet à de nombreux Soudanais de ne pas reconnaître leur progéniture, ce qui ajoute aux difficultés des femmes, souligne Me Atiq.

« On a besoin de mesures immédiates et je pense que le ministère de la Justice et le gouvernement comprennent la situation et je reste optimiste quant à la possibilité de franchir des pas dans la bonne direction », dit-elle.

En l’absence d’un Parlement, le gouvernement et le Conseil souverain peuvent légiférer.

Manal Abdelhalim, autre militante, est plus prudente.

Elle se dit étonnée des « voix, dont celles de certaines femmes, qui disent que la question (des droits de la femme) n’est pas prioritaire et peut attendre ».

En formant son gouvernement, M. Hamdok s’est engagé à améliorer le sort des femmes, malgré les difficultés économiques et sociales que traverse le pays.