En Bosnie, l’immense désarroi des parents d’enfants handicapés

Des photos montrant des enfants handicapés attachés au radiateur ont choqué récemment la Bosnie mais surtout mis en lumière le désarroi de familles abandonnées par l’Etat, contraintes de se débrouiller seules ou de les placer dans des établissements indignes.

Après la publication en novembre par Sabina Cudic, députée de l’opposition, de clichés d’enfants aux mains ligotées dans un centre spécialisé proche de Sarajevo, le parquet a ouvert une enquête et son directeur a été limogé.

Dans ce pays de 3,5 millions d’habitants, l’un des plus pauvres d’Europe, environ 3.000 mineurs vivent dans ce genre d’établissements, selon l’ONG Sumero, spécialisée dans l’inclusion. Ils sont « l’ultime solution » pour des parents à bout, livrés à eux mêmes.

Le frère de Muamer Kulelija souffre de problèmes mentaux et habite dans l’établissement incriminé depuis une vingtaine d’années. L’enquête du parquet, qui porte aussi sur les présumés détournements de fonds, n’est pas terminée mais pour Muamer, les problèmes du centre tiennent en particulier au manque de personnel compétent.

« Quand je réagissais, mettant en cause la compétence du personnel, on menaçait de mettre mon frère à la porte », raconte Muamer, 41 ans, à l’AFP.

D’après la presse locale, seule une trentaine d’employés, sur 150 au total, travaillaient directement auprès des 350 enfants du centre.

En Bosnie, les enfants souffrant de troubles du développement « naissent, grandissent, vivent et meurent isolés, en marge » de la société, dénonce Aleksandra Ivankovic, experte judiciaire pour les droits des personnes handicapées.

– Pas de chiffres –

Il n’existe aucune estimation officielle du nombre d’enfants handicapés en Bosnie mais les autorités ont promis un registre.

Les parents voudraient que l’Etat partage le fardeau afin de pouvoir garder leur enfant auprès d’eux.

Mirsada Begovic, 52 ans, lutte depuis des années, avec d’autres mères, pour l’ouverture de centres de jour où les enfants pourraient être admis durant leurs heures de travail. Aucune structure de ce type n’existe à Sarajevo.

Cette mère passe 24 heures sur 24 avec son fils Ilhan, 17 ans, atteint de graves troubles moteurs et cognitifs.

Ilhan n’a jamais parlé. S’il parvient aujourd’hui à faire quelques pas, c’est grâce à la détermination de sa mère et à des heures d’exercices quotidiens.

« Nous n’avons aucun soutien public. Personne ne vient en aide aux parents et ils finissent par sombrer », dit Mme Begovic.

Son mari gère un petit magasin de batteries de voiture et ils ont pu financer des traitements pour Ilhan.

– « Entraînés à dire +non+ » –

Mais beaucoup de parents n’ont pour survivre qu’une allocation mensuelle d’enfant handicapé allant de 150 à 400 marks bosniens (75 à 200 euros).

« L’épuisement mental, physique et financier » des parents « délaissés par l’Etat » a pour conséquence la séparation de plus de 70% des couples concernés, constate Ines Kavalec, présidente de l’association « Donnez-nous une chance ».

Son association fournit un soutien psychologique et une aide concrète à 600 familles.

« Les parents ont la possibilité de nous confier leur enfant le temps d’une consultation médicale, pour aller au cinéma, voir un ami, faire du sport », dit cette mère d’un adolescent atteint de paralysie cérébrale.

Après le choc subi en apprenant l’autisme de son fils, Saudin Hrnjic a rapidement compris les limites du système public. Il « ne vous propose rien » sinon un diagnostic, résume cet homme de 49 ans.

Il a délaissé sa carrière de designer industriel pour s’occuper d’Anur, sept ans.

« Le manque de personnel hospitalier compétent est effarant ». Très vite les parents « commencent à devenir fous » en côtoyant le personnel administratif entraîné à dire +non+ », raconte-t-il.

– « Un peu de charité »-

Muamer Kulelija explique qu’il se bat « sur deux fronts », pour son frère mais aussi sa fille de 10 ans, qui souffre d’une déficience auditive.

Il a fallu plus deux ans après la naissance pour poser un diagnostic: « Les médecins nous disaient qu’elle entendait bien mais qu’elle était paresseuse ».

Aleena a droit tous les trois ans à 550 marks bosniens (280 euros) pour l’achat d’un appareil auditif alors qu’un appareil adapté coûte au moins 1.300 euros, raconte son père, employé de supermarché.

Les associations tentent de combler les carences, comme « Colibri », fondée par Saudin Hrnjic et son épouse Aida.

Ils organisent des ateliers pour une centaine d’enfants. C’est aussi un lieu d’échanges pour les parents.

En attendant son fils, une jeune maman, amère, explique avoir obtenu un rendez-vous pour une IRM (imagerie à résonance magnétique) mais dans six mois seulement.

Pour toute la Bosnie, il n’y a que deux neuropédiatres, souligne Aida Hrnjic.

« Pour le système, nos enfants méritent un peu de charité et c’est tout. Il ne compte pas sur eux », constate, amer, son mari.

Netanyahu, le maître de la survie politique

Premier ministre le plus pérenne de l’histoire moderne d’Israël, Benjamin Netanyahu est un « magicien » de la survie politique qui va devoir sortir deux lapins de son chapeau: remporter les élections de lundi puis « vaincre » la justice qui l’accuse de corruption.

Souvent surnommé « Roi Bibi » par ses partisans, le Premier ministre est devenu en novembre le seul chef de gouvernement en fonction de l’histoire israélienne à être inculpé par la justice. Avec à la clé un procès pour corruption, abus de pouvoir et malversation qui s’ouvre le 17 mars, 15 jours après des élections cruciales à sa survie politique.

Voix rauque de ténor, cheveux argentés inamovibles, souvent vêtu d’un complet-cravate bleu sur chemise blanche, Benjamin Netanyahu, 70 ans, s’est imposé au coeur du système politique israélien comme s’il en avait toujours fait partie.

Ce fin stratège, habitué au louvoiement, est pourtant le seul Premier ministre d’Israël à être né après la création de l’Etat hébreu en mai 1948.

Né à Tel-Aviv le 21 octobre 1949, Benjamin Netanyahu a hérité d’un bagage idéologique musclé par son père Benzion, qui était l’assistant personnel de Zeev Jabotinsky, leader de la tendance sioniste dite « révisionniste », favorable à un « Grand Israël » intégrant la Jordanie.

Aujourd’hui, Benjamin Netanyahu prône une vision d’Israël comme « Etat juif » dont les frontières doivent s’étendre au nord-est jusqu’à la Jordanie, d’où sa promesse d’annexer la vallée du Jourdain, située en Cisjordanie, territoire palestinien occupé.

– Plus jeune Premier ministre –

Le jeune Netanyahu effectue son service militaire dans un commando prestigieux. Le Proche-Orient est alors dans l’après-guerre des Six Jours, qui a vu en 1967 Israël s’emparer des territoires palestiniens de Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza, ainsi que du Golan syrien et du Sinaï égyptien.

Côté arabe, la défaite est amère. Hors du champ des armées classiques, de nouveaux acteurs s’imposent comme l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui regroupe des groupes armés palestiniens.

En 1976, le frère de Benjamin, Yoni, commandant de l’unité chargée de libérer les otages d’un vol Tel-Aviv/Paris détourné par deux organisations palestinienne et allemande en Ouganda, est tué pendant l’assaut israélien.

La mort de son frère aîné ébranle profondément Benjamin Netanyahu, qui fera de la « lutte contre le terrorisme », qu’il associe souvent aux Palestiniens, l’un des fils conducteurs de sa carrière politique.

Orateur né, pugnace, il devient diplomate à Washington, puis ambassadeur à l’ONU dans les années 1980. De retour en Israël, il est élu député en 1988 sous la bannière du Likoud, grand parti de droite dont il devient, avec son style à l’américaine, l’étoile montante.

Pendant la guerre du Golfe de 1991, qui expose Israël à une pluie de missiles Scud irakiens, le nouveau membre du Parlement défend le point de vue israélien sur la chaîne américaine CNN. A l’aise devant la caméra, il connaît les codes des médias et maîtrise l’anglais, pour avoir déjà étudié au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT).

Il continue son ascension jusqu’à une première consécration en 1996. A 47 ans, Benjamin Netanyahu triomphe alors du doyen Shimon Peres et devient le plus jeune Premier ministre de l’histoire d’Israël.

Mais son règne est de courte durée. Trois ans. Puis après une brève retraite, il retourne à sa passion: la politique. Et reprend la tête du Likoud, puis redevient Premier ministre en 2009.

– « Guerre personnelle » –

Depuis, Israël n’a connu que « Bibi », passé maître dans l’art de former des coalitions, de coopter des petits partis et des formations ultra-orthodoxes, pour asseoir son pouvoir.

Lui se présente comme le grand défenseur de l’Etat hébreu face à l’Iran, nouvel « Amalek », ennemi mortel des Hébreux dans la Bible. Ses adversaires décrivent plutôt un autocrate prêt à tout pour rester à son poste.

Idéologue ou pragmatique? C’est la grande question. « Bien que Benjamin Netanyahu sympathise avec la politique de son père (…), ses actions comme Premier ministre sont avant tout motivées par des considérations pragmatiques », écrit l’universitaire Neill Lochery dans une biographie récente.

Marié et père de trois enfants, Benjamin Netanyahu est désormais dans le collimateur de la justice pour corruption, fraude et abus de confiance dans des affaires de dons reçus de la part de milliardaires, d’échanges de bons procédés avec des patrons d’entreprises, et de tentatives de collusion avec la presse.

Pour Gideon Rahat, professeur de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem, Benjamin Netanyahu oscille entre « faucon extrémiste » et « modéré ».

Mais « depuis les accusations de corruption, il est plus à droite, plus enclin au populisme et à des lois antidémocratiques (…) Il se bat pour sa survie, pour éviter les tribunaux, c’est une guerre personnelle », dit-il.

Après son inculpation, des médias israéliens avaient déclaré la « fin de l’ère Netanyahu ». Mais ils pourraient encore attendre…

Israël, puissance majeure au Proche-Orient

L’Etat d’Israël, où des élections législatives sont prévues le 2 mars, a été proclamé en mai 1948 à la suite d’un vote de l’ONU sur le partage de la Palestine, et il est depuis devenu une puissance majeure au Proche-Orient.

– Conflits –

Le pays a été confronté à sa première guerre face aux nations arabes dès le lendemain de sa proclamation par David Ben Gourion le 14 mai 1948.

Officiellement, Israël a livré huit guerres, dont celle dite des « Six Jours » en juin 1967, qui aboutit à l’occupation de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, ainsi que du plateau syrien du Golan et du Sinaï égyptien.

Israël a ensuite unilatéralement annexé Jérusalem-Est, puis le Golan, des décisions dénoncées par la communauté internationale.

La dernière grande opération armée a été menée en 2014 à Gaza.

Deux traités de paix ont été signés avec des pays arabes voisins d’Israël: l’Egypte en 1979 –traité aux termes duquel ce pays a récupéré le Sinaï en 1982– et la Jordanie en 1994.

Israël est considéré comme la première puissance militaire du Proche-Orient et la seule de la région à détenir l’arme nucléaire. Il reçoit près de quatre milliards de dollars d’aide militaire annuelle des Etats-Unis.

– Colonisation –

Israël continue d’occuper la Cisjordanie mais a évacué unilatéralement en 2005 la bande de Gaza, contrôlée depuis 2007 par le mouvement islamiste Hamas.

Plus de 600.000 colons israéliens mènent une coexistence souvent conflictuelle auprès d’environ trois millions de Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Israël considère Jérusalem comme sa capitale « unifiée et indivisible ». Mais la communauté internationale ne reconnaît pas l’annexion de la partie orientale occupée de la ville, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

Israël a affronté en 1987 puis en 2000 deux soulèvements (Intifada) des Palestiniens des territoires occupés. Le premier s’est conclu par la signature en 1993 à Washington des accords d’Oslo sur l’autonomie dans les territoires.

– Tensions régionales –

Dès le début de la guerre en Syrie en 2011, Israël –officiellement en état de guerre avec Damas– a veillé à ne pas être aspiré dans le conflit, mais fait campagne contre la présence du mouvement libanais Hezbollah et de l’Iran, alliés du régime de Bachar al-Assad.

Israël a mené des centaines de frappes en Syrie, la plupart visant des cibles iraniennes ou du Hezbollah.

Il n’entretient de relations diplomatiques qu’avec l’Egypte et la Jordanie, mais tente de se rapprocher actuellement d’autres pays arabes comme les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite.

– Appui de Trump –

Dès sa prise de fonctions, le président américain Donald Trump a adopté une politique de soutien sans faille à Israël, rompant avec des décennies de diplomatie américaine.

Après la reconnaissance unilatérale en 2017 de Jérusalem comme capitale d’Israël et celle de la souveraineté de l’Etat hébreu sur le Golan syrien en 2019, il a dévoilé fin janvier un plan de paix controversé pour le Proche-Orient qui accorde de nombreuses concessions à Israël.

– Lois fondamentales –

Israël est régi par des lois fondamentales faisant office de Constitution.

En 2018, le Parlement a adopté une loi définissant le pays comme « l’Etat-nation du peuple juif ». La loi, qui confère aux Juifs le droit « unique » à l’autodétermination en Israël, est dénoncée comme « discriminatoire » notamment par l’opposition et l’importante communauté arabe israélienne.

Les Arabes israéliens sont les descendants des Palestiniens restés sur leurs terres après la création d’Israël.

– « Start-up » –

Avec neuf millions d’habitants, la population a décuplé depuis 1948. Le pays connaît un chômage très bas, une inflation quasi inexistante et une croissance de près de 3%, mais selon l’agence nationale de la sécurité sociale, près de 1,8 million d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté.

Israël, qui se proclame la « start-up nation », est considéré comme un centre mondial de la haute technologie et dispose d’un terreau d’entreprises très actives dans les secteurs de la cyberdéfense, de l’informatique et des systèmes de surveillance. Le secteur de la high-tech représente plus de 40% des exportations.

Le pays, qui a peu de ressources naturelles, a découvert ces dernières années d’importants gisements de gaz naturel en Méditerranée.

Le tourisme constitue aussi une source de revenus.

A La Mecque, les pèlerins se protègent du coronavirus et s’en remettent à Dieu

« Nous sommes entre les mains de Dieu »: en pèlerinage à La Mecque, Nadia Bitam dit ne pas avoir peur du coronavirus. Comme les autres fidèles arrivés dans la ville sainte juste avant la suspension jeudi des visas par les autorités saoudiennes, elle prend toutefois ses précautions.

Arrivée d’Algérie cinq jours avant la décision de Ryad de suspendre l’octroi de visas pour la Omra, le petit pèlerinage, Nadia, la cinquantaine, se considère « chanceuse ».

Elle se trouve à quelques mètres du sanctuaire le plus saint de l’islam, la Kaaba, une structure cubique enveloppée dans une étoffe noire brodée d’or et vers laquelle les musulmans du monde entier se tournent pour prier.

« Je n’ai pas peur (…) Nous prenons des précautions », dit-elle en désignant les masques blancs couvrant le bas de son visage et celui de sa soeur qui l’accompagne.

Le royaume qui n’a pas encore été touché par l’épidémie de coronavirus, a annoncé jeudi suspendre « temporairement » l’entrée des pèlerins se rendant dans la ville sainte, une décision d’une ampleur sans précédent destinée à prévenir « l’arrivée » du nouveau coronavirus qui s’est propagé dans le Golfe, affectant particulièrement des personnes revenant d’Iran, pays le plus lourdement touché après la Chine.

Les sols de la Grande mosquée sacrée sont lavés quatre fois par jour, quelque 13.500 tapis de prière ont été retirés, d’autres ont été désinfectés, selon les autorités. Chaque année, La Mecque accueille des millions de fidèles pour la Omra.

Parmi eux, Hossam Eldin Ali, un jeune Turc de 21 ans qui étudie la loi islamique -la charia-, à l’université d’Al-Azhar au Caire. « Comment pourrait-on avoir peur dans la maison de Dieu? », s’interroge-t-il. « Même si j’étais infecté, je mourrais en martyr ici. »

– « Pertes importantes » –

Robina Mahmoud guide un groupe d’une centaine de pèlerins venus des Pays-Bas. Elle dit s’assurer en permanence que tous portent un masque, boivent de l’eau et se lavent les mains régulièrement.

« Cela nous protégera certainement, mais le reste est entre les mains de Dieu », lance la jeune femme qui, sous ses lunettes, porte elle-même un masque.

Avec des centaines de milliers de fidèles en pèlerinage, les masques ont été pris d’assaut dans les pharmacies adjacentes à la Grande mosquée.

« La demande au cours des deux derniers jours est sans précédent. J’ai vendu 200 boîtes en trois jours, notre stock pour tout le mois », indique un pharmacien syrien.

Les affaires sont en revanche moins bonnes pour les hôteliers. « Des groupes entiers (de pèlerins) ont annulé leurs réservations à cause de la suspension des visas », déplore Mahfouz, un expatrié égyptien qui loue des chambres dans plusieurs hôtels de la ville sainte.

« Je compte toujours mes pertes, elles sont importantes », se désole-t-il.

« Au moins 20 chambres sont annulées quotidiennement. Malheureusement, cela se produit pendant la saison haute de la Omra », confirme un employé d’un hôtel près de la Kaaba.

– « Sécurité des personnes » –

Les autorités saoudiennes, appuyées par les plus grandes institutions musulmanes comme l’Université al-Azhar, martèlent que leur décision est justifiée.

« Nous avons chaque mois des centaines de milliers de pèlerins de toutes les régions du monde. Si (le virus) arrive ici et se propage, ce sera une épidémie mondiale », explique un responsable saoudien qui a requis l’anonymat.

Pour le royaume, qui observe une application très strict de l’islam, « la sécurité des personnes est plus importante que la pratique de la Omra », assure-t-il.

En 2003, l’Arabie saoudite avait suspendu l’octroi de visas pour la Omra mais seulement à certains pays d’Asie, en raison du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras), qui avait fait 774 morts dans le monde, bilan largement dépassé par le nouveau coronavirus.

En plus du visa pour le petit pèlerinage, Ryad a décidé de suspendre l’octroi de visas touristiques au ressortissants de sept pays, dont ceux particulièrement touchés par le virus, tels que la Chine, l’Italie et la Corée du Sud.

Les autorités saoudiennes ne se sont pas encore exprimées sur d’éventuelles mesures de précaution dans l’organisation du hajj, le grand pèlerinage de La Mecque qui doit avoir lieu cette année entre fin juillet et début août. Il avait rassemblé quelque 2,5 millions de fidèles en 2019.

Netanyahu, le maître de la survie politique

Premier ministre le plus pérenne de l’histoire moderne d’Israël, Benjamin Netanyahu est un « magicien » de la survie politique qui va devoir sortir deux lapins de son chapeau: remporter les élections de lundi puis « vaincre » la justice qui l’accuse de corruption.

Souvent surnommé « Roi Bibi » par ses partisans, le Premier ministre est devenu en novembre le seul chef de gouvernement en fonction de l’histoire israélienne à être inculpé par la justice. Avec à la clé un procès pour corruption, abus de pouvoir et malversation qui s’ouvre le 17 mars, 15 jours après des élections cruciales à sa survie politique.

Voix rauque de ténor, cheveux argentés inamovibles, souvent vêtu d’un complet-cravate bleu sur chemise blanche, Benjamin Netanyahu, 70 ans, s’est imposé au coeur du système politique israélien comme s’il en avait toujours fait partie.

Ce fin stratège, habitué au louvoiement, est pourtant le seul Premier ministre d’Israël à être né après la création de l’Etat hébreu en mai 1948.

Né à Tel-Aviv le 21 octobre 1949, Benjamin Netanyahu a hérité d’un bagage idéologique musclé par son père Benzion, qui était l’assistant personnel de Zeev Jabotinsky, leader de la tendance sioniste dite « révisionniste », favorable à un « Grand Israël » intégrant la Jordanie.

Aujourd’hui, Benjamin Netanyahu prône une vision d’Israël comme « Etat juif » dont les frontières doivent s’étendre au nord-est jusqu’à la Jordanie, d’où sa promesse d’annexer la vallée du Jourdain, située en Cisjordanie, territoire palestinien occupé.

– Plus jeune Premier ministre –

Le jeune Netanyahu effectue son service militaire dans un commando prestigieux. Le Proche-Orient est alors dans l’après-guerre des Six Jours, qui a vu en 1967 Israël s’emparer des territoires palestiniens de Cisjordanie, Jérusalem-Est et la bande de Gaza, ainsi que du Golan syrien et du Sinaï égyptien.

Côté arabe, la défaite est amère. Hors du champ des armées classiques, de nouveaux acteurs s’imposent comme l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui regroupe des groupes armés palestiniens.

En 1976, le frère de Benjamin, Yoni, commandant de l’unité chargée de libérer les otages d’un vol Tel-Aviv/Paris détourné par deux organisations palestinienne et allemande en Ouganda, est tué pendant l’assaut israélien.

La mort de son frère aîné ébranle profondément Benjamin Netanyahu, qui fera de la « lutte contre le terrorisme », qu’il associe souvent aux Palestiniens, l’un des fils conducteurs de sa carrière politique.

Orateur né, pugnace, il devient diplomate à Washington, puis ambassadeur à l’ONU dans les années 1980. De retour en Israël, il est élu député en 1988 sous la bannière du Likoud, grand parti de droite dont il devient, avec son style à l’américaine, l’étoile montante.

Pendant la guerre du Golfe de 1991, qui expose Israël à une pluie de missiles Scud irakiens, le nouveau membre du Parlement défend le point de vue israélien sur la chaîne américaine CNN. A l’aise devant la caméra, il connaît les codes des médias et maîtrise l’anglais, pour avoir déjà étudié au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT).

Il continue son ascension jusqu’à une première consécration en 1996. A 47 ans, Benjamin Netanyahu triomphe alors du doyen Shimon Peres et devient le plus jeune Premier ministre de l’histoire d’Israël.

Mais son règne est de courte durée. Trois ans. Puis après une brève retraite, il retourne à sa passion: la politique. Et reprend la tête du Likoud, puis redevient Premier ministre en 2009.

– « Guerre personnelle » –

Depuis, Israël n’a connu que « Bibi », passé maître dans l’art de former des coalitions, de coopter des petits partis et des formations ultra-orthodoxes, pour asseoir son pouvoir.

Lui se présente comme le grand défenseur de l’Etat hébreu face à l’Iran, nouvel « Amalek », ennemi mortel des Hébreux dans la Bible. Ses adversaires décrivent plutôt un autocrate prêt à tout pour rester à son poste.

Idéologue ou pragmatique? C’est la grande question. « Bien que Benjamin Netanyahu sympathise avec la politique de son père (…), ses actions comme Premier ministre sont avant tout motivées par des considérations pragmatiques », écrit l’universitaire Neill Lochery dans une biographie récente.

Marié et père de trois enfants, Benjamin Netanyahu est désormais dans le collimateur de la justice pour corruption, fraude et abus de confiance dans des affaires de dons reçus de la part de milliardaires, d’échanges de bons procédés avec des patrons d’entreprises, et de tentatives de collusion avec la presse.

Pour Gideon Rahat, professeur de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem, Benjamin Netanyahu oscille entre « faucon extrémiste » et « modéré ».

Mais « depuis les accusations de corruption, il est plus à droite, plus enclin au populisme et à des lois antidémocratiques (…) Il se bat pour sa survie, pour éviter les tribunaux, c’est une guerre personnelle », dit-il.

Après son inculpation, des médias israéliens avaient déclaré la « fin de l’ère Netanyahu ». Mais ils pourraient encore attendre…

Benny Gantz, une main de fer dans un gant de velours

Ancien chef de l’armée israélienne, le centriste Benny Gantz affiche une image de « Monsieur Propre » de la politique face à son rival aux élections de lundi, Benjamin Netanyahu inculpé pour corruption, dont il partage toutefois une vision sécuritaire musclée.

A 60 ans, celui qui se veut pragmatique face aux idéologies radicales de la droite va tenter pour la troisième fois en moins d’un an d’obtenir suffisamment de voix pour former une coalition gouvernementale.

Ce père de quatre enfants, à l’attitude décontractée et abordable, n’avait aucune expérience politique lorsqu’il s’est jeté dans l’arène il y a un an pour former un nouveau parti centriste, Kahol Lavan, « Bleu-blanc » en français, les couleurs du drapeau israélien.

Mais en fédérant les opposants au Premier ministre, il a réussi, avec sa liste regroupant des personnalités de gauche et de droite, à terminer ex-aequo avec M. Netanyahu aux législatives d’avril et septembre 2019.

Son message est clair: le but est de chasser Benjamin Netanyahu, au pouvoir sans discontinuer depuis dix ans et dont le procès pour corruption doit s’ouvrir mi-mars.

« Le monde doit savoir que nous sommes pragmatiques et voyons uniquement le bien de l’Etat d’Israël sans se préoccuper d’intérêts personnels », estime celui qui veut restituer un sens de « l’honneur » à la fonction de Premier ministre.

– « Stabilité et honnêteté » –

Pur « sabra » –terme qui désigne les juifs nés en Israël–, ce fils d’immigrants rescapés de la Shoah est né le 9 juin 1959 à Kfar Ahim, un village du sud du pays.

Le jeune Gantz rejoint l’armée en tant que conscrit en 1977. Parachutiste, il gravit les échelons et obtient le grade de général en 2001 avant de devenir chef d’état-major de 2011 à 2015.

Dans un pays où l’armée est fédératrice, cet homme d’1m95 aux yeux bleus bénéficie d’une grande aura conférée par ses faits d’armes et son rang d’ancien commandant des armées.

« Il n’a pas laissé de traces indélébiles dans l’armée, mais a conservé une image de stabilité et d’honnêteté », selon Amos Harel, journaliste spécialiste des affaires militaires au quotidien Haaretz.

S’il propose une vision plus libérale de la société que M. Netanyahu, et souhaite mettre en place un gouvernement laïc favorable au mariage civil, ce qui n’est pas d’usage en Israël, il soigne, comme le Premier ministre, son image de faucon.

Il affirme vouloir conserver le contrôle militaire israélien sur la majeure partie de la Cisjordanie occupée, annexer la vallée du Jourdain et mettre fin aux attaques incessantes à partir de Gaza sur le territoire israélien.

Lors de la dernière guerre à Gaza (2014), c’est d’ailleurs lui qui était aux commandes et s’est targué du nombre de « terroristes » palestiniens tués durant cette guerre dans un clip de campagne, sans évoquer les victimes civiles.

Il a accusé le gouvernement actuel de « faire trop de concessions » et a promis d’imposer « une politique de dissuasion » contre le mouvement islamiste Hamas, à qui Israël a livré trois guerres depuis 2008.

Benny Gantz a fait alliance avec deux autres anciens chefs d’état-major, Moshe Yaalon et Gaby Ashkenazi.

– « Fréquentes bourdes » –

Cultivant son image de « dur à cuire », M. Gantz a multiplié les appels du pied en direction de l’électorat de droite, poussant M. Netanyahu à le qualifier de « pâle imitation » de sa personne.

« Soudain, tout le monde est de droite », a ironisé le Premier ministre.

Le Likoud a publié une vidéo avec des extraits d’interventions de Benny Gantz durant lesquelles il a commis des bourdes, confondant des noms ou bégayant lors de discours de campagne.

Interrogé par un journaliste sur ses « fréquentes bourdes », Benny Gantz a répondu que parfois « il pense plus vite qu’il ne parle ».

« Je ne fais pas carrière à la télévision, je ne suis pas présentateur au journal télévisé, je suis un leader avec derrière lui près de 40 ans de direction dans l’armée », a-t-il encore asséné.

Benny Gantz est titulaire d’une licence d’histoire de l’université de Tel-Aviv, d’un master en Sciences politiques de l’université de Haïfa et d’un master en gestion de ressources nationales de la National Defense University aux Etats-Unis.

Face au brillant orateur qu’est Benjamin Netanyahu, aura-t-il convaincu les électeurs de voter pour lui? La question reste ouverte.

Mais où est Obama? Le grand absent omniprésent face à l’ascension de Sanders

Pour un grand absent, Barack Obama pourrait difficilement être plus présent dans l’âpre bataille que se livrent les candidats à l’investiture démocrate pour la présidentielle.

Cité des dizaines de fois lors des débats, mis en vedette (non consentante) dans des spots de campagne, lui s’en tient strictement à son silence malgré ses avertissements, en coulisses, contre le coup de barre à gauche promis par le favori Bernie Sanders.

« L’establishment panique » ou « Présenter Bernie Sanders contre Trump serait un acte de folie »: les gros titres des médias américains reflètent le désarroi de certains démocrates modérés, qui revendiquent leur filiation avec Obama.

Ils s’inquiètent de voir ce « socialiste » autoproclamé affronter en leur nom le président républicain Donald Trump lors de la présidentielle de novembre.

Après ses bons résultats dans les premiers Etats ayant voté, le sénateur indépendant est, à 78 ans, le grand favori des primaires démocrates.

Et l’avalanche de scrutins prévue mardi pour le « Super Tuesday » pourrait lui offrir une avance pratiquement imparable pour remporter l’investiture du parti.

« La plupart des démocrates initiés sont convaincus qu’il n’y a qu’une façon d’arrêter, ou du moins de freiner, Sanders »: que Barack et Michelle Obama « se rallient derrière un autre candidat »… Et de préférence avant le « Super Tuesday », avançait mardi un éditorialiste de CNN, Chris Cillizza.

En novembre, Barack Obama avait affirmé devant des donateurs démocrates que la bataille électorale se remporterait au centre.

Les Américains ne pensent pas « que nous devons détruire complètement le système et tout recommencer », avait-il déclaré, soulignant que les Etats-Unis n’étaient pas un pays « révolutionnaire ».

S’il ne citait personne, tous avaient pensé à Bernie Sanders, qui prône une « révolution » politique.

A l’automne toujours, le site Politico affirmait que l’ex-président comptait s’exprimer publiquement si le sénateur prenait une nette avance dans les primaires, « afin de l’empêcher d’être investi ».

– Comme « Obama l’a dit » –

Barack Obama reste « extrêmement populaire au sein du parti démocrate », souligne Kyle Kondik, politologue à l’université de Virginie.

Sa voix résonnerait donc avec force s’il prenait parti. Mais il y a peu de chances qu’on l’entende.

S’il a « plusieurs amis en lice, y compris, bien entendu, son propre vice-président » Joe Biden, Barack Obama « a dit qu’il ne prévoyait pas de soutenir quelqu’un pendant les primaires », a rappelé mercredi sa directrice de communication, Katie Hill.

« Car il estime que pour que les démocrates gagnent à l’automne, ce sont les électeurs qui doivent choisir leur candidat ».

En 2016, il n’avait ainsi déclaré son soutien à Hillary Clinton qu’une fois qu’elle fut assurée de décrocher l’investiture démocrate.

Mais il s’est impliqué dans des élections à l’étranger, en annonçant son soutien à Emmanuel Macron, en France, et à Justin Trudeau, au Canada, pendant leurs campagnes.

Le rare commentaire de sa directrice de communication venait dénoncer un groupe de soutien à Donald Trump qui a diffusé une « publicité ignoble », dans laquelle d’anciens propos de Barack Obama ont été utilisés « hors de contexte » pour nuire à Joe Biden.

L’ex-président reste en revanche muet sur les nombreux spots de campagne des candidats à l’investiture démocrate qui utilisent ses anciens discours pour laisser entendre qu’ils ont son soutien.

– Sanders privé de discours? –

Joe Biden, mais aussi le milliardaire Michael Bloomberg, la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, l’ex-maire Pete Buttigieg: c’est à qui proclamera la meilleure relation, l’entente la plus ancienne, l’héritage le plus évident…

Et tous le citent à l’envi pour appuyer leurs positions.

« Comme Barack Obama l’a dit, nous devons prendre en compte la position des électeurs de ce pays. Or dépenser près de 60.000 milliards de dollars, ce n’est pas ce qu’ils veulent », a ainsi tweeté Amy Klobuchar jeudi pour dénoncer le programme de Bernie Sanders.

A l’exception notable de Bill Clinton, qui avait soutenu son épouse Hillary lors des primaires de 2008 et 2016, « de nombreux ex-présidents ont tenté de rester au-dessus de la mêlée politique », explique Kyle Kondik.

Et il n’y a pour l’heure « aucune indication » que Barack Obama s’apprête à rompre avec la tradition. « Il est peut-être, comme de nombreux autres démocrates, sincèrement indécis », poursuit le politologue.

Mais si Bernie Sanders décrochait l’investiture, « je me demande vraiment si Obama ferait un discours à la convention » démocrate qui officialiserait en juillet la victoire du socialiste.

Changer la Constitution pour rester au pouvoir, une pratique courante en Afrique

A l’instar du Guinéen Alpha Condé, accusé de manœuvrer pour briguer un troisième mandat, de nombreux chefs d’Etat africains ont tenté – et très souvent réussi- de se maintenir au pouvoir en modifiant la Constitution.

– Tentatives réussies

– COMORES: Un référendum constitutionnel renforce en 2018 les pouvoirs d’Azali Assoumani, lui permettant de briguer deux mandats au lieu d’un. Celui-ci est réélu en 2019 lors d’un scrutin entaché de fraudes.

– RWANDA: Une réforme de la Constitution adoptée fin 2015 permet à Paul Kagame de se présenter pour un nouveau mandat en 2017 et de potentiellement diriger le pays jusqu’en 2034.

– CONGO: Une nouvelle Constitution adoptée par référendum en 2015 fait sauter les verrous qui interdisaient à Denis Sassou Nguesso de briguer un 3e mandat: la limite d’âge et celle du nombre des mandats. Il est réélu en 2016.

– BURUNDI: La candidature de Pierre Nkurunziza à un 3e mandat plonge le pays en 2015 dans une grave crise (au moins 1.200 morts). M. Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, a annoncé en 2018 qu’il ne se présenterait pas à sa succession en 2020, alors que la nouvelle Constitution adoptée par référendum le lui permet.

– ZIMBABWE: Une nouvelle Constitution adoptée en 2013 permet à Robert Mugabe de se porter candidat à la présidentielle. Mais celui-ci est contraint à la démission en 2017, après 37 ans de règne. Il est décédé en 2019.

– DJIBOUTI: Le Parlement, entièrement acquis à la cause d’Ismaël Omar Guelleh, adopte en 2010 une révision constitutionnelle supprimant toute limitation du nombre de mandats présidentiels. Au pouvoir depuis 1999, Omar Guelleh a pu briguer de nouveaux mandats en 2011 et 2016.

– ALGERIE: Le Parlement adopte en 2008 une révision de la Constitution supprimant la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels. Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999, est réélu en 2009 puis en 2014. Il est poussé à la démission en avril 2019 sous la pression d’une contestation inédite.

– CAMEROUN: Une révision constitutionnelle en 2008 supprime la limitation des mandats présidentiels. Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, est réélu pour un 7e mandat en 2018.

– OUGANDA: Une réforme de la Constitution supprime en 2005 toute restriction du nombre de mandats pour le chef de l’Etat. En 2019, la Cour suprême valide la suppression de la limite d’âge pour la présidence, permettant à Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, de se représenter en 2021.

– TCHAD: Une révision constitutionnelle adoptée lors d’un référendum controversé en 2005 supprime la limitation à deux quinquennats présidentiels. Idriss Deby Itno, au pouvoir depuis 1990, est réélu en 2016 pour un 5e mandat.

– TOGO: Un amendement à la Constitution fait disparaître fin 2002 la limite de deux mandats présidentiels, permettant à Gnassingbé Eyadéma, au pouvoir depuis 1967, de briguer un nouveau mandat en 2003. Son fils, Faure Gnassingbé, qui lui a succédé après son décès en 2005, a été depuis réélu lors de scrutins contestés par l’opposition.

– Tentatives avortées

Au BURKINA FASO, la volonté de Blaise Compaoré de modifier la Constitution afin de briguer un nouveau mandat après plus de 27 ans de pouvoir est à l’origine du soulèvement populaire qui le contraint à l’exil en 2014.

En ZAMBIE, Frederick Chiluba a dû y renoncer en 2001 sous la pression populaire, et au MALAWI, le Parlement s’est opposé en 2002 à ce que Bakili Muluzi brigue un 3e mandat en 2004.

Nigeria: un cas de coronavirus recensé à Lagos, mégalopole économique de 20 millions d’habitants

Un cas de contamination au nouveau coronavirus a été confirmé à Lagos, la capitale économique du Nigeria, rappelant les peurs déclenchées pendant l’épidémie d’Ebola qui avait touché cette mégalopole tentaculaire de 20 millions d’habitants il y a six ans.

Le ministère fédéral de la Santé « confirme un cas de coronavirus (Covid-19) dans l’Etat de Lagos. Ce cas qui a été confirmé le 27 février 2020 est le premier à être recensé au Nigeria depuis le début de l’épidémie », a-t-il indiqué sur Twitter.

Le ministère précise qu’il s’agit d’un ressortissant italien travaillant au Nigeria et qui est revenu dans ce pays depuis la ville italienne de Milan le 25 février.

« Le patient est dans un état clinique stable et ne présente pas de symptômes inquiétants », a assuré le ministère, sans toutefois donner de précisions sur les lieux de son hospitalisation.

Il s’agit de la première contamination confirmée et officielle en Afrique subsaharienne, jusque là apparemment préservée de l’épidémie mondiale.

– Pays vulnérable –

Le Nigeria, pays le plus peuplé du continent avec près de 200 millions de personnes, est l’un des pays les plus vulnérables au monde avec un système de santé fragile et une densité de population extrêmement importante (près de 7.000 habitants au km2, selon World Population Review).

En 2014, lorsque le premier cas d’Ebola avait été signalé à Lagos, capitale économique du pays, le monde entier avait retenu son souffle et un vent de panique absolue s’était propagé dans la ville.

Finalement, seules sept personnes sont décédées, sur 19 contaminées, de cette maladie très contagieuse qui a fait plus de 11.000 morts en Afrique de l’Ouest entre fin 2013 et 2016.

L’OMS avait salué « le succès spectaculaire » face à ce qui aurait pu devenir « une épidémie urbaine apocalyptique »: les autorités de l’Etat de Lagos avaient réagi à temps, du personnel médical de fondations internationales en poste à Abuja a été déployé, et la maladie était restée confinée dans les quartiers huppés de la ville.

De nombreux Nigérians partent en Chine pour acheter des biens qu’ils revendent ensuite sur les marchés de ce hub économique qui dessert toute l’Afrique de l’Ouest, et les autorités sanitaires nigérianes s’étaient déjà préparées à faire face à une potentielle contamination.

« Nous avons des centres de quarantaine à Abuja (capitale fédérale), et aussi à Lagos », avait déclaré à la mi-février le ministre de la Santé Olorumibe Mamora, assurant que le pays était « sous surveillance » et que des laboratoires pour détecter le virus ont été ouverts dans plusieurs villes du pays.

– « Leçons d’Ebola » –

« Nous avons tiré des leçons d’Ebola », a, de son côté, assuré le directeur général de WAHO (West African Health Organization), Stanley Okolo.

« Tous nos pays membres contribuent à un fonds de sécurité sanitaire, appelé le « fonds Ebola, et nous avons des partenaires internationaux qui contribuent aussi. La dévastation d’une épidémie a des effets sur tout le monde », a-t-il déclaré la semaine dernière, invitant tous les pays de la zone a rendre un plan stratégique de préparation.

En effet, la « principale préoccupation » de l’OMS « continue d’être le potentiel de dissémination du Covid-19 dans les pays dont les systèmes de santé sont plus précaires », a déclaré son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Situé dans un zone tropicale non loin de l’équateur, le Nigeria est un terrain propice aux virus et il a dû affronter des maladies aussi rares que dangereuses (Ebola, poliomyélite, méningite, fièvre de Lassa,…).

Il est mieux préparé à la gestion des épidémies que de nombreux autres pays de la région, selon les experts.

Dans un pays où la moindre ville « moyenne » frôle le million d’habitants et qui compte deux mégalopoles de plus de 10 millions d’habitants, la pression des partenaires internationaux, et notamment de l’OMS, est très importante.

Le Nigeria a prévu un montant de 427,3 milliards de nairas (800 millions d’euros) pour le secteur de la santé en 2020 (soit 4,1% de son budget, bien loin des recommandations de l’OMS qui s’élevaient à plus de 13% du budget).

Le manque d’infrastructures, la vétusté des équipements, mais aussi l’incapacité des patients à payer leurs traitements ou le départ massif de ses médecins vers l’étranger, font du premier exportateur de pétrole en Afrique l’un des plus mauvais élèves du continent en matière de santé.

Mexique: près de 15 ans de prison pour l’un des assassins du journaliste Javier Valdez

L’un des assassins d’un journaliste mexicain tué en 2017, Javier Valdez Cardenas, collaborateur de l’AFP, a été condamné jeudi à 14 ans et 8 mois de prison, une première dans le pays pour l’homicide d’un représentant de la presse.

Heriberto Picos Barraza, surnommé le Koala, avait été l’un des auteurs de ce crime commis à Cualiacan (nord-ouest), selon le parquet spécialisé dans les délits contre la liberté d’expression (Feadle).

Il avait servi de chauffeur à deux hommes, Juan Francisco Picos Barrueto et Luis Idelfonso Sanchez, qui avaient abattu l’homme le 15 mai 2017 à la sortie de son bureau.

Le meurtre du cofondateur de l’hebdomadaire Riodoce et collaborateur du quotidien La Jornada, salué pour ses enquêtes sur le trafic de drogue, avait provoqué une vague d’indignation internationale.

Le parquet a ordonné que le condamné paie 9 millions de pesos (environ 420.000 euros) à la famille du journaliste. La somme doit être versée par la Commission exécutive d’attention aux victimes (CEAV), une branche du ministère de l’Intérieur.

L’accusation estime que l’assassinat a été commandité par le fils d’un narcotrafiquant, Damaso Lopez Serrano, furieux d’avoir été critiqué dans un article de Riodoce, et aujourd’hui incarcéré aux Etats-Unis. Lopez Serrano, qui aurait versé 100.000 pesos (près de 4.700 euros) et fourni les armes, a toujours nié.

Juan Francisco Picos Barrueto ayant refusé de plaider coupable en échange d’une peine de 20 ans et 8 mois de prison, il doit être jugé en mars comme principal auteur de l’assassinat.