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Italie: face au virus, le sud engagé dans une course contre la montre

C'est une course contre la montre qui s'est engagée à l'hôpital Cardarelli de Naples où est montée une nouvelle unité…

C’est une course contre la montre qui s’est engagée à l’hôpital Cardarelli de Naples où est montée une nouvelle unité de soins intensifs: le sud de l’Italie est jusqu’à présent relativement épargné mais beaucoup s’inquiètent de la fragilité de son système sanitaire si la pandémie de coronavirus devait s’étendre à cette région pauvre.

Dans le bâtiment M, rebaptisé « Aile coronavirus », ne restent que quelques brancards qui laisseront bientôt la place à du matériel, des équipements et des médicaments plus sophistiqués dont l’objet sera de sauver des vies.

En Campanie, la région de Naples, l’ambiance est radicalement différente de celle de Milan, dans le nord du pays. Une seule personne y est décédée contre 827 dans l’ensemble du pays, et 154 cas y ont été détectés (sur près de 12.500), selon un bilan publié mercredi. La Calabre, à la pointe de la botte, a recensé 19 cas, la Basilacata voisine huit.

Mais les spécialistes préviennent que le sud n’est pas à l’abri.

Samedi, quelques heures avant l’annonce officielle, les mesures de confinement prises pour le seul nord de l’Italie, ont fuité dans les médias. Des milliers d’Italiens originaires du sud sont alors rentrés en catastrophe chez eux, autant de véhicules potentiels de contagion.

Or dans le Mezzogiorno, les infrastructures hospitalières sont autrement plus fragiles qu’en Lombardie. Si même dans cette région riche qui pèse pour plus de 20% du PIB du pays pour 10% de la population, les structures sanitaires sont sur le point de craquer, comment pourront faire face celles du sud, épuisées par des années de restrictions budgétaires?

– ‘Prix fort’ –

« Le sud est moins préparé et pourrait le payer au prix fort », prévient le directeur de l’hôpital Cardarelli de Naples, Giuseppe Longo 63 ans. « L’Etat nous dit de nous préparer. Nous embauchons des centaines de nouveaux médecins, d’infirmières et de personnel soignant », poursuit-il dans un entretien avec l’AFP.

Les sept régions du sud et les îles (Sicile et Sardaigne) disposent de 1.582 lits en soins intensifs sur les 5.400 du pays, selon un décompte du quotidien La Repubblica. Mercredi, le Premier ministre Giuseppe Conte, a promis des efforts pour la production et la distribution d’équipement spécialisé dans les hôpitaux.

Si les services spécialisés devaient être saturés, l' »aile coronavirus » de Cardarelli entrerait en action. Huit lits de soins intensifs et 12 pour la haute dépendance y sont prévus.

S’ils devaient être occupés à leur tour, d’autres ailes seraient converties. Près des urgences, une tente a été dressée. C’est là que seront faits les tests pour les patients qui se présenteraient avec des symptomes inquiétants.

– ‘Ni les ressources, ni l’équipement’ –

« Le nord a été pris par surprise alors que nous avons eu un peu de temps pour nous préparer. J’espère que cela suffira… », dit à l’AFP Maria De Cristofaro, 65 ans, cheffe du service de soins intensifs de Cardarelli. Les médecins des services de soins intensifs ont été « décrits comme des héros », « mais nous ne pouvons pas faire de miracles », prévient-elle.

A ses yeux, il est « difficile de justifier » la décision de rentrer chez eux prises par nombreux méridionaux travaillant dans le nord, au risque de « ramener le virus dans leurs maisons, directement à leurs proches ».

Mais à Naples, la plupart comprennent ce réflexe. « Si j’avais été là-bas, j’aurais essayé de revenir », dit Cristina Agosto, 22 ans, venue sur le front de mer regarder le Vésuve de l’autre côté de la baie.

Roberta Fusco, une influenceuse de 26 ans se promène avec sa mère. Elle est récemment revenue de Milan. Elle explique qu’elle s’est isolée une semaine, mais n’en pouvait plus de ne pas voir la mer. « Nous sommes inquiets, mais nous savons qu’il y a beaucoup de gens qui ont lancé des opérations de crowfunding (financement communautaire) pour les hôpitaux, et ça va aider », assure-t-elle.

Lancée par une étudiante en médecine de 23 ans, Federica De Masi, une campagne de ce type a permis de lever plus de 350.000 euros pour l’hôpital Cotugno de Naples, spécialisé dans les maladies infectieuses. « Nous devons nous entraider, parce que nous n’avons pour le moment ni les ressources ni l’équipement nécessaires », résume la jeune femme sur le site gofundme.