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Ghana: quand les excréments de poules boostent l’agriculture

A Tamalé, la métropole du nord du Ghana située à 433 km de la capitale du pays, Accra, les excréments…

A Tamalé, la métropole du nord du Ghana située à 433 km de la capitale du pays, Accra, les excréments ou fientes de poules sont utilisés pour améliorer la production de maïs, de soja et de riz.« Les excréments de la ferme sont utilisés comme de l’engrais pour améliorer la production de maïs et de soja », explique Osman Abdulaï, gestionnaire de la ferme de Cudjoe Abimash Poultry Farms mise en place dans le cadre de l’initiative de la Banque africaine de développement appelée « Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine en savane » (TTAA-S).

Ce programme a pour objectif de convertir une partie des terres en terrains agricoles non préparés et davantage rentables sur le plan commercial pour la culture du soja, du maïs et du riz.

A la faveur des Assemblées annuelles de la Banque Africaine de Développement prévues du 23 au 27 mai 2022 à Accra, la Banque a organisé le samedi 21 mai 2022 à Tamalé, une visite de presse sur des sites d’une série de projets de cette initiative dont les bénéficiaires allient agriculture et élevage.

Cudjoe Abimash Poultry Farms est un site intégré où se trouvent des fermes avec une variété de volaille (des pondeuses, des poulets de chair, des pintades et des dindes), des enclos de bétails (bœuf, moutons et cabris), une chambre froide et un entrepôt de stockage de la production de maïs, soja et riz.

« Dans la production de la volaille, 70% des dépenses sont absorbées par l’aliment. C’est pourquoi, nous essayons d’avoir une économie circulaire avec toute cette chaîne de production », ajoute Osman avec un large sourire, en présentant à ses visiteurs les machines agricoles acquises dans le cadre de ce projet.

« Ici, les excréments de poule sont une ressource très importante pour nous. Nous les utilisons pour nourrir nos sols », poursuit-il dans un contexte où les prix de l’engrais ont flambé sur le marché international à cause de la crise russo-ukrainienne, se félicitant que « tout le cycle de la production est profitable ».

« La commande des œufs se fait à la veille et ce sont les commerçants eux-mêmes qui viennent ici pour chercher les plateaux d’œuf à leurs frais », explique encore le gestionnaire du site qui a réalisé une « bonne affaire » lors de la récente fête de Ramadan célébrée début mai dernier.

Tamalé, la troisième ville du Ghana, compte près de 500 000 habitants. Elle est majoritairement peuplée de l’ethnie Dagomba parlant le dagbani et adepte de la religion musulmane. La demande de volaille dans cette région est très « croissante », constate Osman Abdulaï qui comptabilise avec ses associés « 6000 poussins », dans les fermes implantées sur le site.

Le Projet d’amélioration de la productivité agricole dans la zone de la savane (SAPIP) a démarré la phase pilote de l’initiative « Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine en savane » (TTAA-S ou TAAT-S en anglais) sur 87 hectares en 2018, rappelle M. Félix Darimaani, le coordonateur national du projet SAPIP et du programme SIP.

Suite au succès de cette phase pilote, il a été étendu et a obtenu un appui supplémentaire dans le cadre du Programme d’investissement dans les savanes (SIP) financés tous les deux par la BAD. Selon Boahen Philip, économiste en chef des politiques agricoles à la BAD, le système de production utilise l’agriculture de conservation comme mesure d’atténuation du fait des variabilités climatiques.

L’initiative fournit plusieurs services dont le soutien à l’aménagement du territoire, des intrants agricoles de haute qualité et des divers soutiens techniques. L’intervention du projet d’amélioration de la productivité agricole dans les zones de savane dans le cadre de la TAAT-Savane portait sur le maïs, le soja et le riz.

Elle a suscité un important intérêt pour la production de maïs et de soja et a jeté les bases du lancement du Programme d’investissement dans les savanes en 2019 afin de créer une plus grande marge de manœuvre budgétaire pour soutenir davantage le secteur de la volaille et de l’élevage.

Il s’agit d’une approche à tirer parti des cultures et de la production d’aliments pour bétails afin de développer la production avicole et la transformation d’agroproduits tels que les aliments pour bétails, le poulet et la viande, le riz et l’huile alimentaire.

Les superficies de production sont passées de 87 hectares en 2018 à 13 364 hectares en 2021. Les superficies cultivées devraient atteindre l’objectif de 20 000 hectares en 2022, estime M. Darimaani. De même, explique-t-il, les rendements pour le maïs sont passés de 4,03 millions de tonnes à 6,6 millions de tonnes et de 1,83 million de tonnes à 2, 35 millions de tonnes pour le soja.

Au total, 118 agriculteurs, commerciaux ont produit 102 675 millions de tonnes de maïs et 12 395 millions de tonnes de soja depuis 2018.

Depuis sa création, les agrobussinessmen soutiennent près de 30 000 exploitants agricoles avec une exploitation moyenne de deux hectares par agriculteur. Cette démarche s’inscrit dans le cadre des efforts pour faciliter le transfert de connaissances aux petits exploitants et leur permettre d’accéder aux marchés, aux services financiers et à la mécanisation par l’intermédiaire des agrobusinessmen.