InternationalAPA




Denis Sassou Nguesso, l’insubmersible

En République du Congo où l'âge moyen est de 19 ans, une bonne frange de la population n'a connu que…

En République du Congo où l’âge moyen est de 19 ans, une bonne frange de la population n’a connu que Denis Sassou Nguesso au pouvoir.Du haut de ses 77 ans, Denis Sassou Nguesso a déjà passé 36 années à la tête du Congo. Le président sortant que l’on surnomme « empereur » sur le continent n’a visiblement pas étanché sa soif de pouvoir puisqu’il brigue un quatrième mandat.

Six candidats se dressent sur son chemin pour l’élection de ce dimanche 21 mars. Il s’agit de Guy-Brice Parfait Kolélas, Mathias Dzon, Joseph Kignoumbi Kia Mboungou, Albert Oniangué, Anguios Nganguia Engambé et Dave Uphrem Mafoula.

Grâce à une modification de la Constitution intervenue en 2015, Sassou Nguesso pourrait encore diriger jusqu’en 2031 cette ancienne colonie française. Dans une vidéo postée sur sa page Facebook, l’écrivain à succès, Alain Mabanckou, dresse un réquisitoire : « Le constat que j’ai fait de la politique de mon pays est malheureusement triste. Les mêmes personnes, les mêmes histoires, la jeunesse verrouillée, la liberté de presse inexistante… Ces grands chantiers n’ont jamais été entamés ».

Toutefois, l’auteur de « Lumières de Pointe-Noire » ou encore de « Petit piment » a exhorté ses concitoyens à exercer leur devoir civique en allant « voter dans le calme et la dignité parce que le Congo est plus fort que les personnes recherchant le pouvoir. Le Congo restera, les hommes passeront. La postérité reconnaîtra votre geste démocratique et se souviendra de ceux qui l’ont corrompu ».

En 2016, la réélection dès le premier tour du candidat du Parti congolais du Travail (PCT) a fait l’objet de contestations. En tout cas, les évêques du Congo ont fraîchement plaidé en faveur de « l’alternance au pouvoir (pour qu’elle) devienne une règle intangible et immuable ». En outre, les religieux ont appelé de leurs vœux l’instauration d’« un mandat renouvelable une seule fois ».

Le paradoxe congolais

Large de 342.000 km², le Congo est peuplé par 5 millions d’habitants. Le pétrole, première ressource naturelle de ce pays, représente 55 % du Produit Intérieur Brut (PIB), 85 % des exportations et 80 % des recettes budgétaires de l’Etat. Mais depuis 2014, cette nation est confrontée à une sévère crise économique ayant nécessité l’aide du Fonds Monétaire International (FMI).

Appelé « otchouembé », lutteur traditionnel musclé en langue mbochi, l’ethnie de Sassou Nguesso, l’ancien militaire, né en 1943 à Edou (Nord), doit une fière chandelle à l’institution de Bretton Woods qui a injecté dans son pays des centaines de millions de dollars au titre de la Facilité élargie de crédit (Fec).

L’objectif, à en croire le FMI, est d’aider le Congo à « relancer son économie ». En 2019, la dette de ce petit pays de l’Afrique centrale était estimée à 120 % de son PIB. Selon un récent rapport de l’African Economic Outlook, « la situation sociale (au Congo) est marquée par une pauvreté persistante (40,9 %) et des inégalités de revenu (avec un coefficient de Gini de 0,46 en 2011). De plus, la main d’œuvre locale est caractérisée par une inadéquation entre la formation et les besoins du marché de l’emploi, qui s’explique par la faiblesse de l’offre de l’enseignement technique et professionnel ».

A lire aussi: Présidentielle congolaise : six prétendants face à Denis Sassou Nguesso

Malgré son bilan désastreux aux yeux de certains acteurs politiques, l’homme fort de Brazzaville ne supporte aucune voix discordante. Le général Jean-Marie Mokoko, ex-conseiller du tout-puissant président ainsi que André Okombi Salissa, ancien ministre et candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2016 l’ont appris à leurs dépens.

En effet, les deux opposants ont été condamnés à 20 ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’État ». Le premier nommé, dont l’état de santé s’était dégradé en cachot, a été évacué fin juillet 2020 dans un hôpital militaire à Ankara, la capitale de la Turquie.